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vendredi 9 décembre 2016

Les faucons pèlerins de l'Échangeur Turcot expropriés

C'était attendu. C'était dans le cours normal des choses compte tenu de l'avancée du chantier du nouvel Échangeur Turcot. Mais cela m'a fait un coup quand même: la demeure des faucons pèlerins a été barricadée, en attendant sa démolition pure et simple dans les prochains mois/années (une petite pensée en passant pour les hommes et les femmes qui ont été expropriés dans ce projet).

Cela s'est passé entre ma dernière visite le 9 octobre et ce 6 décembre. La corniche que les faucons pèlerins Algo et Polly utilisaient depuis 2012 pour nicher (avec l'exception de 2015) a été obstruée - de même que tous les autres endroits similaires qu'ils pourraient utiliser - de façon à inciter les faucons à se trouver un endroit plus tranquille pour élever leur progéniture.

Corniche du nid obstruée avec un matériau noir - 6 décembre 2016

À l'automne 2015 déjà, plusieurs corniches avaient été obstruées - incluant celle que les faucons avaient utilisée au printemps 2015 pour nicher (c'était la seule année où les faucons avaient niché du côté de la rue Saint-Patrick).  Les faucons avaient néanmoins été autorisés à revenir nicher à leur endroit habituel en 2016, ce dont ils ne s'étaient pas privés. Malheureusement cette dernière nidification semble avoir été un échec, avec 2 des 3 fauconneaux décédés et peu d'espoir pour le 3ième qui a disparu trop tôt pour survivre seul.

Algo et Polly disposent maintenant d'un peu plus de 3 mois pour trouver un nouvel endroit pour nicher, et je n'ai aucun doute qu'ils réussiront. Il est même possible que les faucons ont identifié des sites alternatifs depuis des mois, voire des années. Les faucons pèlerins disposent en effet de beaucoup de temps pour parfaire leur connaissance de leur territoire et repérer des endroits intéressants. Cette aptitude des faucons à se trouver un site de remplacement a été illustrée récemment par 2 couples de faucons pèlerins:
  • En 2012, les faucons pèlerins de l'Université de Montréal (qui se trouvent être les parents d'Algo et Polly) ont niché à l'Oratoire Saint-Joseph alors que la tour de l'Université de Montréal où est situé leur nichoir était en chantier. Cette tentative de nidification n'a malheureusement pas abouti, possiblement parce que l'endroit choisi était exposé aux intempéries (absence de toit).
  • En 2015 les faucons pèlerins de l'Incinérateur des Carrières se sont installés in extremis à l'église Saint-Marc située à 1.6km de l'incinérateur, après avoir donné toutes les indications qu'ils tenteraient pour une 2ième année de suite de nicher à l'Incinérateur. Cette nidification avait été une réussite remarquable avec 4 fauconneaux à l'envol, surtout si l'on considère que c'était la première fois que ce couple menait une nidification à terme. On ignore quand et comment ils ont trouvé cette corniche de cette église mais on peut penser qu'un des faucons avait identifié cet endroit depuis un moment.

Nostalgie

Une page se tourne donc pour Algo et Polly, mais c'est probablement pour l'observateur (moi) que c'est le plus difficile...

Berceau de ma passion pour les faucons pèlerins

Le site de l'Échangeur Turcot a en effet joué un rôle déterminant dans le développement de ma passion pour les faucons pèlerins, après la déception causée par l'échec de la tentative de nidification de Roger et Spirit à l'Oratoire Saint-Joseph. Comparé à l'Université de Montréal et à l'Oratoire Saint-Joseph, les faucons pèlerins de l'Échangeur Turcot évoluaient à une altitude particulièrement basse, ce qui permettait de les voir de près. C'est aussi cette année-là et à cet endroit que j'ai pu voir en vrai (et non sur l'écran de mon ordinateur via une webcam) mon premier fauconneau, malheureusement décédé quelques jours plus tard.

Des rencontres avec des biologistes spécialistes des faucons pèlerins

Rien n'était simple avec des faucons pèlerins qui nichaient sur une structure vieillissante comme l'Échangeur Turcot. D'une part, comme le faucon pèlerin est une espèce protégée, la loi interdit de les déranger pendant la période de nidification (quelques exceptions existent). D'autre part l'Échangeur Turcot devait faire régulièrement l'objet de travaux d'entretien et de réparation - parfois de façon urgente. Pour concilier ces 2 impératifs souvent contradictoires, des biologistes ont été engagés par le ministère des Transports avec comme mission de s'assurer que les travaux ne dérangeaient pas les faucons, ou quand ce n'était pas possible, de minimiser le dérangement occasionné aux faucons. Les biologistes devaient aussi veiller à la sécurité des travailleurs puisque les faucons pèlerins peuvent attaquer quiconque s'approche trop près de leur nid.

Des biologistes étaient donc régulièrement présentes sur le site (c'était presque exclusivement des jeunes femmes), ce qui a donné lieu à des discussions à la fois très agréables et très intéressantes pour un amateur comme moi. Je salue donc ici les biologistes de Services Environnementaux Faucon et je les remercie pour le temps qu'elles ont consacré à répondre à mes questions et à échanger les dernières nouvelles sur notre famille ailée. Ces moments vont assurément me manquer en 2017.  

Un site très intéressant

Le site de l'Échangeur Turcot était idéal pour observer les faucons pèlerins. Ils ne nichaient pas haut, comme par exemple à la Tour de la Bourse ou à l'Université de Montréal, ce qui permettait de facilement les observer. Et puisque les faucons étaient habitués à voir de près des humains, ils étaient relativement peu farouches et se tenaient souvent sur les poteaux d'électricité qui longent le canal. Parfois on pouvait même assister au bain d'un des faucons dans le canal. Le site lui-même était très agréable au printemps et à l'été, avec le bleu du canal et le vert des berges. Et finalement on avait une vue dégagée dans plusieurs directions.


Quelques souvenirs

De mes nombreux souvenirs, je n'en évoquerai que 2 ici.

8 juillet 2012: un faucon attaque une proie volant au ras du sol à 2 mètres de moi

Le 8 juillet 2012 je filmais un faucon pèlerin perché sur  un panneau publicitaire géant, en espérant qu'il décollerait.  Ce qu'il fit. J'avais un œil collé au viseur pour garder le faucon dans le champ de la caméra et l'autre œil probablement fermé. Le faucon ne cessait de grandir dans le viseur, à tel point que je me suis demandé si par hasard ce n'était pas moi qu'il attaquait! Le faucon visait en fait un merle à 2 mètres de moi. J'ai probablement distrait le faucon en décollant brusquement mon œil du viseur pour voir directement ce qui se passait, ce qui fait qu'il n'a pas osé passer entre les 2 barres horizontales du garde-fou et a donc raté sa proie. Je n'ai plus jamais assisté à une attaque sur une cible aussi proche de moi depuis.



Juin 2014: les aventures de Samantha sur le bord de la piste cyclable

Le 17 juin 2014 je suis arrivé tôt à l'Échangeur Turcot. On était dans la période où Samantha, une jeune fauconneau femelle, pouvait faire son premier vol. Je marchais sur la rue Côte-Saint-Paul en regardant vers le nid lorsqu'une signaleuse de chantier m'a demandé de passer sur le trottoir opposé. Je pensais que sa demande était liée aux travaux jusqu'à ce que je la vois: Samantha avait fait son premier vol et se trouvait sur le trottoir!  C'était la première fois qu'Algo et Polly arrivaient à amener un fauconneau jusqu'au stade de l'envol, et surtout c'était ma première rencontre rapprochée avec un fauconneau. Cette journée mémorable est racontée dans cet article.

Samantha avait été placée en sécurité en hauteur par les biologistes pour la nuit. Le lendemain matin j'y suis retourné. Samantha n'était plus sur le pilier, elle était au sol, au pied de celui-ci... Le problème c'est qu'il y avait des joggeurs qui passaient sur la piste cyclable, certains avec leur chien non tenu en laisse... Je me suis donc transformé en gardien de fauconneau. Stressant sur le moment, délicieux souvenirs par après.
Voici une vidéo montrant quelques uns de ces moments:

L'article au complet se trouve ici.

samedi 3 décembre 2016

Un couple de faucon pèlerin s'installe sous le Pont Viau

Depuis le 19 novembre je soupçonnais qu'il se passait quelque chose en lien avec des faucons pèlerins au Pont Viau mais ce n'est que le 1er décembre que j'ai enfin eu confirmation qu'un couple de faucon pèlerin s'y était installé.


Le faucon pèlerin est une espèce protégée (statut d'espèce vulnérable au Québec et d'espèce préoccupante au Canada). Encore relativement rare à Montréal (une quinzaine de nids connus sur l'ile de Montréal), sa population est en croissance constante depuis quelques années. Plusieurs des ponts de la région de Montréal ont abrité un nid en 2016, incluant le Pont Champlain et l'Échangeur Turcot.

Cette article relate avant tout cette découverte mais fait aussi état d'un certain nombre d'observations récentes d'un individu isolé dans ce secteur et discute le lien possible avec les faucons pèlerins de l'Ile de la Visitation. L'article se termine avec une courte discussion  de plusieurs questions posées par cette présence, en particulier sur son caractère temporaire (hivernage) ou permanent.


Découverte de la présence des faucons pèlerins

19 novembre: un faucon pèlerin sur un lampadaire du pont

Le 19 novembre il me restait un peu de temps libre avant le coucher du soleil et il faisait beau: j'ai donc décider d'aller sur la rive Lavalloise de la Rivière des Prairies vérifier si les canards branchus étaient toujours présents dans un bras mort de la rivière. Je n'y suis jamais allé: sur le pont Viau, sur un lampadaire, trônait un faucon pèlerin adulte!


Comme c'était sans doute le faucon pèlerin que j'avais activement cherché à revoir cet été (voir dans la  section "Observations récentes"), j'ai décidé de rester avec lui, curieux de voir dans quelle direction se trouvait son dortoir.

Quelques minutes avant le coucher du soleil, j'ai remarqué un groupe de bernaches qui s'en venait vers le pont, en volant à basse altitude, avec une trajectoire qui les amènerait à passer approximativement à la verticale du faucon pèlerin. J'ai évidemment filmé la scène: ce n'est pas tous les jours qu'on peut avoir des bernaches et un faucon pèlerin sur la même vidéo au même moment!


Le faucon n'était pas pressé de partir:

C'est finalement à 16h27 qu'il s'est envolé, vers l'Ouest comme je l'avais anticipé. Mais à ma grande surprise il est descendu au ras de l'eau (alors qu'il n'y avait pas de proie en vue), a fait demi-tour et a disparu sous le pont. Comme j'étais du côté Ouest du pont, je n'ai pas pu voir s'il était ressorti de l'autre côté mais j'en avais assez vu pour décider de revenir les prochains jours tenter de confirmer qu'il dormait sous le pont.

22 novembre: cris et silhouettes, 2 faucons pèlerins?!

Ce n'est que le 22 novembre que j'ai pu retourner sur les lieux pour tenter de confirmer qu'un faucon pèlerin utilisait bien le pont Viau comme dortoir. Quand je suis arrivé, aucun faucon n'était visible sur les lampadaires et le soleil s'est couché sans qu'il ne se passe rien. Évidemment le faucon pouvait rejoindre un perchoir sous le pont sans passer par la case "lampadaire" mais dans ce cas les chances que je l’aperçoive étaient presque nulles. Je m’apprêtais donc à rentrer chez moi sur un échec lorsque j'ai entendu des cris qui ressemblaient étrangement à ceux du faucon pèlerin! Quelques instants après, 2 silhouettes sont passées devant moi au ras de l'eau avant de s'évanouir dans les ombres du pont. La poursuite de leur discussion pendant quelques instants suggérait qu'ils étaient quelque part sous le pont. Quelques minutes plus tard j'ai eu l'occasion de revoir les 2 silhouettes en vol et même de les filmer. Attention, ils ne sont pas faciles à distinguer!


23, 24, 27, 29 et 30(matin) novembre: aucun signe de faucon pèlerin

Les 23 et 24 novembre je suis revenu bredouille de mes surveillances de fin d'après-midi. Le 22 c'était les cris des faucons qui m'avaient permis de les repérer. Comme je l'ai déjà indiqué plus haut, si les faucons restaient discrets, les chances étaient minimes de les voir: pour apercevoir un oiseau qui vole au ras de l'eau alors qu'il y a des vagues, qu'il fait gris et que la nuit tombe, il faut vraiment regarder attentivement au bon endroit et au bon moment!  Ma stratégie était donc de multiplier mes moments de présence sur place de façon à augmenter les chances que les faucons finissent par trahir à nouveau leur présence.

Dans cet esprit, j'ai commencé à faire également des visites de jour, près du pont mais aussi dans les environs, comme par exemple au Parc Nicolas-Riel où un faucon pèlerin avait été vu perché cet été (voir plus bas). Le 29 novembre, j'ai également tenté une observation à l'aube mais sans succès.

Parallèlement, le 28 novembre un faucon pèlerin aurait été vu à midi près du pont selon ce rapport eBird, malheureusement sans plus de détail. D'après la durée de l'observation (10mn) et le nom du site (le parc à côté du pont, et non le pont lui-même), on pouvait s'aventurer à penser que l'oiseau était perché et qu'il était perché dans un arbre. Or le 30 novembre vers 9h10, j'observais un oiseau de proie perché dans un arbre, exactement à l'endroit indiqué (la partie de ce parc du côté Ouest du pont est très petite), mais il s'agissait d'un épervier:
    
Épervier au parc Jeanne-Sauvé, à l'ouest du pont Viau - 30 novembre 2016

Erreur d'identification? Pas nécessairement puisque le lendemain 1er décembre j'observais moi-même un faucon pèlerin en train de chasser dans ce parc. Ce qui est certain, c'est qu'avec 2 faucons pèlerins et un épervier (au minimum), les pigeons du secteur ne sont vraiment pas gâtés!

Pigeons sur le pont Viau - 30 novembre 2016


30 novembre (après-midi): cris au coucher du soleil

Le 30 novembre vers 16h15 j'ai enfin ré-entendu des cris de faucon pèlerin mais je n'ai pas réussi à les apercevoir. N'empêche que cette observation était importante puisqu'elle montrait qu'il y avait toujours au moins un faucon pèlerin qui fréquentait les lieux (après plus d'une semaine sans signe de présence) et suggérait fortement (dans la mesure où ce genre de cris implique généralement la présence d'un 2ième individu) que la visite du 2ième faucon le 22 novembre n'était pas un évènement isolé.

1er décembre: les 2 faucons observés pendant presque une journée entière

Lorsque je suis arrivé à 9h45 les pigeons volaient en formation très serrée et rapide. Il m'a semblé en outre apercevoir un oiseau qui n'était pas un pigeon. Effectivement, quelques instants plus tard, un faucon pèlerin passait à basse altitude près de moi, possiblement dans l'espoir de capturer un pigeon qui aurait tenté de s'abriter dans l'entrée du pont, côté Montréal.

Mieux encore, quelques minutes plus tard des cris de faucon pèlerin se sont faits entendre, venant du pont. Cette fois il faisait jour et j'étais bien décidé à découvrir où ils se perchaient! Mais j'ai du attendre que l'un d'eux s'envole puis revienne vers le pont pour voir pour la première fois un faucon pèlerin perché sous le pont. Le faucon était perché du côté Est, plus proche de Laval que de Montréal. J'ai donc traversé le pont et je me suis installé au belvédère de la berge Délia-Tétreault, dont le toit était très pratique pour me protéger de la pluie/bruine qui tombait par intermittence ce jour-là.

Un 2ième faucon s'est posé à côté du premier vers 10h06 (il s'agit de la première séquence de la vidéo qui se trouve au début de cet article). Le fait qu'ils soient restés ensemble ainsi côte-à-côte pendant de longues minutes sans s’agresser (verbalement ou physiquement) plaide pour un couple. Le faucon arrivant était beaucoup plus actif que l'autre, qui a passé la plus grande partie de son temps perché sous le pont.

J'ai pu observer plusieurs déplacements en direction de l'Ile de la Visitation du faucon actif. Le faucon inactif s'est aussi une fois envolé dans cette direction, après une série de vocalisations (cette séquence est également montrée dans la vidéo mais j'ai réduit le temps entre les vocalisations et le départ du faucon en coupant une partie de la séquence). Il est cependant revenu très vite. Le faucon actif a aussi volé perpendiculairement à la rivière vers l'intérieur des terres de Laval. Finalement, lorsque je suis revenu en début d'après-midi, j'ai pu voir les 2 faucons chasser ensemble près de l'entrée du pont, côté Montréal.


Observations récentes

Je continue cet article en rapportant quelques observations récentes de faucon pèlerin dans ce secteur, qui pourraient possiblement jeter de la lumière sur l'origine de ce couple. Je vais commencer par des observations faites à l'Ile de la Visitation puisqu'elles sont à la fois les plus récentes et les seules à impliquer un couple de faucon pèlerin. Je relaterai ensuite une série d'observations faites à l'Ouest du pont d'un individu isolé. Je terminerai en mentionnant brièvement quelques observations moins récentes.

Les observations de l'Ile-de-la-Visitation

L'Ile de la Visitation est située à l'Est du pont Viau, à environ 2km. La centrale hydro-électrique où se font la plupart des observations de faucon pèlerin est à 3km du pont Viau.

Le 1er novembre 2016, Evelyne Samson a observé un couple de faucons pèlerins perchés dans le même arbre et qui chassaient par moments les canards et les goélands (source: rapport eBird). Environ 1 mois plus tôt, le 5 octobre 2016, Joël Coutu observait 2 faucons  pèlerins perchés sur le belvédère de la centrale hydro-électrique (source: rapport eBird). Plusieurs photos montrent d'ailleurs 2 faucons pèlerins perchés sur cette centrale, comme par exemple celles prises par Pierre André il y a approximativement 1 an et celles prises par Joël Coutu le 3 janvier 2016. À noter aussi les photos prises le 20 septembre 2016 par Joanne Masson d'un faucon pèlerin sur les rochers en face de la centrale.

Je me limiterai à ces observations afin de ne pas trop alourdir cet article mais il faut savoir qu'elles ne représentent qu'une faible fraction des observations faites à cet endroit en 2016.


Les observations à l'Ouest du pont (individu isolé)

 

18 mai 2016, immeuble en construction "Condominium O'Cartier"

Mon premier contact avec possiblement un des 2 faucons pèlerins du pont Viau remonte à la fin de la journée du 18 mai 2016. Alors que je me dirigeais vers un des endroits qui m'avait été assigné pour l'inventaire des bâtiments religieux utilisés par le martinet ramoneur, j'ai remarqué un faucon pèlerin voler autour du condominium en construction O'Cartier puis s'y poser. Cet édifice est situé près de l'entrée du pont Viau, à Laval. Le faucon pèlerin n'était pas bagué. Après une dizaine de minutes il s'est envolé vers Montréal, approximativement dans la direction de la prison de Bordeaux. Voici mon rapport eBird.




18 août 2016, parc Nicolas-Viel

Le parc Nicolas-Viel est situé à environ 700 mètres du pont Viau. Dans l'après-midi du 18 août 2016 Catherine Douesnard remarque un faucon pèlerin perché dans un gros peuplier. Elle envoie alors un courriel sur la liste ornitho-qc pour signaler la présence de ce faucon. Comme je n'habite pas très loin, je m'empresse d'y aller. J'y retrouve Catherine Douesnard qui m'indique l'arbre mais le faucon, lui, avait déjà filé... Elle a cependant eu le temps de prendre de superbes photos, incluant la photo ci-dessous (un gros merci à elle pour la permission de reproduire cette photo ici). Ses photos ainsi qu'une courte vidéo sont visibles dans son album Google.

Crédit photo: Catherine Douesnard

13 et 15 septembre: pylône électrique près de la gare de Bois de Boulogne

Dans le cadre de tentatives pour retrouver celui que j'appelais désormais "le faucon pèlerin d'Ahuntsic" (je considérais que ceux de l'Ile de la Visitation venaient de Laval), j'ai fini par en localiser un le 13 septembre sur un pylône électrique en face de la gare Bois de Boulogne (rapport eBird). Cet endroit est situé à 1.86km à  vol d'oiseau du pont Viau. Lorsque le faucon est finalement parti, il a longé la voie ferrée en direction de la rivière des Prairies.

Or, dans cette direction mais cette fois-ci du côté de Laval, un faucon a été observé 2 jours plus tard le 15 septembre, approximativement à la même heure.  Voici le rapport eBird.


Quelques observations moins récentes

La seule mention que j'ai trouvée sur eBird d'un faucon sur le pont Viau est celle de Georges Lachaine en février 2009. Plus récemment, le 13 janvier 2013, lui et une autre personne ont également observé et photographié un faucon pèlerin sur le clocher d'une église, possiblement l'église Saint-Christophe située à un peu plus de 500 mètres du pont (rapport eBird). De décembre 2013 à février 2014 j'ai pu moi-même observé un faucon pèlerin sur différents clochers du quartier Ahuntsic, dont la cathédrale Saint-Maron située à 660 mètres du pont.


Conclusion

Cette observation de 2 faucons pèlerins sous le pont Viau soulève de nombreuses questions:
  • Que font-ils là ?   À ma connaissance, 2 faucons pèlerins adultes ne se mettent ensemble que pour une seule chose: faire des bébés! Mais cela ne veut pas dire qu'il y aura automatiquement une nidification sous le pont Viau au printemps. Ces faucons pourraient en effet nicher ailleurs (par exemple à la Carrière Lagacé qui est située à 5km du Pont Viau et où l'on sait qu'il y a un nid) et passer l'hiver dans un environnement plus confortable (incidemment le dessous du pont Viau est éclairé la nuit, ce qui suppose une source de chaleur...) ou mieux pourvu en proies. C'est ce qu'on appelle de l'hivernage. Un exemple d'hivernage a été observé récemment à l'hôpital Louis-H. Lafontaine. À mon avis cependant, si la présence des faucons sous le pont Viau persiste dans les prochaines semaines, ces faucons ne sont pas ceux de la Carrière Lagacé: cette carrière est en effet située derrière le palais de justice de Laval et à proximité de centres commerciaux, et doit donc certainement posséder une bonne population de pigeons. S'éloigner de 5kms ferait courir aux faucons le risque de voir s'installer un autre couple sur leur territoire à une époque où la compétition pour les sites de nidification n'a jamais été aussi forte. D'après ce raisonnement, si les faucons du pont Viau ne nichent pas sous le pont au printemps prochain, ils ne devraient donc pas nicher très loin.
  • Viennent-ils de s'installer sous ce pont ou sont-ils là depuis plusieurs années? J'ai du mal à croire qu'une nidification sous ce pont soit passée inaperçue ou n'ait pas été rapportée mais ce n'est pas totalement à exclure. Un hivernage en revanche pourrait plus facilement passer inaperçu. Il est possible que cet article ou d'autres mentions de cette présence provoquent des témoignages, qui pourraient jeter de la lumière sur cette question.
  • Qui sont ces faucons? Jusqu'à il y a 2 semaines, j'étais convaincu que l'individu observé à l'ouest du pont Viau n'était pas le même que ceux observés au parc de l'Ile de la Visitation, tout simplement parce qu'il était toujours observé seul. Évidemment cet argument ne tient plus... Les déplacements que j'ai observé vers l'Ile de la Visitation d'un faucon du pont Viau pourraient être un argument en faveur d'un seul et même couple. D'un autre côté, s'il y avait 2 couples, il devrait y avoir entre eux des tensions au sujet du territoire et dans ce cas on pourrait imaginer que des rencontres (ou des escarmouches) entre des  individus des 2 couples aient lieu quelque part entre les 2 sites. Dans ce scénario on devrait donc observer également des déplacements des faucons du pont Viau vers l'Ile de la Visitation. De futures observations pourraient permettre de trancher cette question.
  • Qui sont ces faucons? (bis). Mes photos du faucon perché sur le lampadaire ne montrent pas de bague mais qu'en est-il de l'autre? 

Cette histoire est indéniablement à suivre. Mentionnons pour terminer que la période des amours chez les faucons pèlerins commence fin février- début mars et que les accouplements se font généralement près du site choisi pour nidifier. Alors si vous voyez des accouplements sur le pont ou près du pont, faites-le moi vite savoir!





vendredi 18 novembre 2016

Des nouvelles des faucons pèlerins de la Tour de la Bourse

Cela fait un moment que je n'ai pas parlé des faucons pèlerins de la Tour de la Bourse. C'est pourtant ce couple qui a été le plus productif cette année parmi les faucons pèlerins que je surveillais avec 4 fauconneaux (contre 3 à l'Échangeur Turcot et au Pont Champlain, 2 à l'Incinérateur des Carrières et 0 à l'Université de Montréal).  Cet après-midi le couple était toujours présent sur la Tour de la bourse et sur le toit d'édifices avoisinants. Il est probable que ces faucons étaient les 2 individus observés au-dessus du Vieux-Port par Samuel Denault le 25 octobre. Ces faucons sont probablement reliés aussi à l'observation d'un faucon pèlerin sur un lampadaire du boulevard Robert-Bourassa le 29 octobre par 3 autres personnes.

Observations du 18 novembre

Quand je suis arrivé en face de la Tour de la Bourse à 14h50, un faucon pèlerin était perché à un de ses endroits favoris, sur une barre brisée (si quelqu'un connait le terme architectural exact, je serais heureux de le connaitre!) de l'étage technique où se trouve le nid. Quelques minutes plus tard, quelque chose de blanc s'est déplacée rapidement dans le tiers gauche. Heureusement la chose s'est arrêtée au coin, ce qui m'a permis de la photographier et de constater que c'était le 2ième faucon pèlerin.

Les 2 faucons pèlerins sur la Tour de la Bourse à 15h03
Le faucon pèlerin qui était sur la barre brisée a plongé vers le Square-Victoria à 15h13.  Je ne l'ai pas vu revenir et en me rendant sur place je n'ai pas réussi à le retrouver. Je suis revenu à mon point d'observation initial qui me permettait de surveiller le faucon qui était au coin.

Ce faucon a quitté vers 15h32 en direction de l'édifice de la Banque Royale, situé au 360 rue Saint-Jacques.  En marchant dans cette direction, j'ai effectivement localisé un faucon pèlerin sur le sommet de cet édifice:


Tandis qu'un autre faucon pèlerin était perché sur le toit du 500 Place d'Armes au coin des rues Notre-Dame Ouest et Saint-François Xavier:


J'ai choisi de surveiller ce dernier. Il s'est envolé peu avant 16h en direction approximativement de la Tour de la Bourse. Un passereau était en vol à ce moment dans cette direction mais il était trop loin pour constituer une cible réaliste. À moins que l'autre faucon était impliqué dans la chasse. Et de fait, ce faucon n'était plus sur l'édifice de la Banque Royale.

Je suis revenu sur mes pas pour tenter de les revoir sur la Tour de la Bourse mais sans succès. J'ai ensuite revu un des faucons à 16h20 alors qu'il traversait en vol la rue McGill en direction du bassin Alexandra du Vieux-Port de Montréal.


Autres observations

Samuel Denault, un ornithologue de profession, a observé 2 faucons pèlerins au-dessus du Quai Jacques-Cartier le matin du 25 octobre. J'ai souvent vu ces faucons survoler l'eau au-dessus du bassin Alexandra, un petit peu plus au sud. Les faucons pèlerins observés par Samuel Denault pourraient donc être ceux de la Tour de la Bourse.

Le 29 octobre en début d'après-midi, 3 personnes ont observé un faucon pèlerin adulte perché sur un lampadaire du boulevard Robert-Bourassa, approximativement à la hauteur de la rue Notre-Dame. Là encore il s'agit certainement d'un faucon pèlerin de la Tour de la Bourse. À noter que ces personnes ont été particulièrement chanceuses puisque je n'ai jamais vu un faucon pèlerin adulte se percher si bas dans ce secteur.

Si je remonte plus loin dans le temps, le 19 novembre 2014 j'avais pu observer un faucon pèlerin attaquer un épervier depuis le toit du 500 Place d'Armes.



 

samedi 5 novembre 2016

Une colombe pour souper chez les faucons pèlerins de l'Université de Montréal

Même quand on passe beaucoup de temps à observer les faucons pèlerins, c'est plutôt rare d'avoir la chance d'observer une chasse victorieuse. Et encore, dans l'histoire que je vais raconter ici, je n'ai pas assisté à la capture proprement dite!

La chasse

Peu après 17h ce samedi 5 novembre 2016, un oiseau de la taille d'un pigeon et venant du cimetière se dirige vers la Tour de l'Université de Montréal, avec apparemment comme intention de se poser tout en haut. Logiquement, c'est un faucon pèlerin; je ne me souviens pas avoir jamais vu un pigeon si haut sur la tour. L'ennui, c'est qu'il volait comme un pigeon... Mes doutes ont très vite disparu quand un faucon pèlerin est apparu derrière lui. J'étais alors près du pavillon J.-Armand Bombardier de l'École Polytechnique de Montréal. Le pigeon m'avait semblé se poser au sommet de la tour mais en réalité il a probablement continué de l'autre côté. Le faucon pèlerin a contourné la tour par la droite,  pour disparaitre de mon champ de vision. Un 2ième faucon pèlerin a suivi le premier, excepté qu'il a plongé vers le sol au moment où il contournait la tour.

Quelques instants plus tard les 2 faucons sont réapparus. Un faucon est allé se poser au sommet de l'aile pyramidale du pavillon Roger-Gaudry, pendant que l'autre se rendait au nichoir. Seul le premier pouvait éventuellement avoir une proie, et j'attendais qu'il commence à la plumer pour en avoir confirmation.

Mais quelques minutes plus tard, ce faucon a lancé une attaque vers le sol à l'avant de l'université, donc hors de ma vue. Le faucon du nichoir s'est également précipité dans cette direction. J'ai alors réalisé que le pigeon avait réussi à échapper à la première attaque et que les faucons attendaient patiemment qu'il sorte de sa cachette. Les 2 faucons ne sont plus réapparus.

Le repas

Je suis donc allé à l'avant de l'université pour tenter de confirmer que cette fois-ci ils avaient capturé leur proie. J'ai rapidement repéré un faucon qui vocalisait. Il était perché sur le toit d'un immeuble, à une hauteur relativement basse pour ces faucons pèlerins:

Il semblait attendre son tour pour manger tout en montant la garde, alors j'ai cherché l'autre faucon. J'ai mis du temps à le trouver puisque je ne le cherchais pas si bas: il était au premier étage!


Quelques personnes sont passées devant le faucon sans que cela ne semble le déranger. Probablement parce que ces personnes ne prêtaient aucune attention au faucon: ils ne l'avaient pas vus! En revanche, le faucon a très vite compris que je l'avais repéré... Et cela même si j'étais plus loin que les autres passants et que je m'étais accroupi pour paraitre plus petit. Après quelques secondes d'hésitation, le faucon est parti avec sa proie continuer son repas sur le toit du 3200 Jean-Brillant. L'autre faucon l'a bien entendu suivi.



Il était 17h15 quand j'ai surpris les faucons à l'avant de l'université. Un des faucons s'est envolé à 17h42 du toit du 3200 Jean-Brillant avec les restes du repas, en direction des Résidences Universitaires. L'autre faucon l'a suivi. Malheureusement je n'ai pas réussi à retrouver les faucons, en partie à cause de la nuit qui tombait rapidement (coucher du soleil: 17h32).


Autres observations

Vers 15h40, comme aucun faucon n'était visible sur la tour de l'Université de Montréal, je me suis dirigé vers l'Oratoire Saint-Joseph. J'y ai repéré un faucon tout en haut, sur la croix. Il a disparu à 15h54 pendant que je m'approchais.

De retour à l'Université j'ai découvert un faucon tout en haut de l'antenne de la tour. C'est un perchoir qui est rarement utilisé, en tout cas selon mon expérience. Et les rares fois où je voyais un faucon à cet endroit, c'était souvent dans un contexte où un faucon intrus menaçait le territoire.J'étais donc curieux de voir ce qui allait se passer.

Le faucon s'est envolé à 16h17 vers l'École Polytechnique. Il semblait s'agir d'un déplacement, et non d'une chasse. Je me suis dit que c'était peut-être Éole qui rentrait chez lui.

À 16h32, je remarque un faucon pèlerin tout en haut de l'antenne, mais cette fois de l'École Polytechnique. J'ai pu observer plusieurs départs suivis d'un retour sur l'antenne. Cette fois il semblait s'agir de chasse.

À 16h42 il s'est envolé vers l'université, sans revenir cette fois-ci sur l'antenne. Quelques minutes plus tard, un faucon se rendait au nichoir et commençait à vocaliser. Un autre faucon est alors apparu en vol et s'est posé sur la colonne au-dessus du nichoir. Ce faucon s'est envolé à 16h50, celui du nichoir à 17h02, tous les deux vers le cimetière. Quelques minutes plus tard la colombe arrivait.

Conclusion

Ce n'est pas la première fois qu'une colombe aura servi de repas aux faucons pèlerins.  Ces oiseaux qui se retrouvent subitement dans un environnement qu'ils ne connaissent pas sont des proies faciles pour les oiseaux de proie.  Cette colombe a en plus eu la très mauvaise idée de se diriger tout droit vers le repère des faucons...

Les colombes peuvent être lâchées à l'occasion de baptême, de mariage, de funéraille, d'anniversaire ou d'autres occasions spéciales. Elles sont entrainées à retourner à leur colombier, et sont vaccinées et baguées (source; <a noter que rien n'indique que cette colombe provenait de cette compagnie spécifique).

J'ignore si quelqu'un a été témoin de la capture. Une chose est sure, je n'ai jamais vu ces faucons aussi proches du sol que cet après-midi


dimanche 16 octobre 2016

Un faucon pèlerin juvénile toujours présent au Pont Champlain fin septembre ?

Le 30 septembre je suis retourné voir les faucons pèlerins du Pont Champlain. La dernière fois que j'avais pu les observer, c'était le 30 juin: j'avais alors assisté, entre autres, à l'envol du dernier des 3 fauconneaux. Je n'avais en revanche rien vu le 16 juillet lors de ma dernière visite, et aucune observation n'avait été rapportée sur Ebird depuis. Je ne savais donc pas trop à quoi m'attendre quand j'y suis allé ce vendredi 30 septembre. 

Je suis arrivé sur la piste cyclable de la Voie Maritime à 14h32 après avoir traversé l'Estacade. Après avoir lunché je me suis mis plus activement à la recherche des faucons pèlerins. J'ai fini par en localiser un sur un pylône électrique de la Rive Sud. Une demi-heure plus tard, alors que je surveillais, j'entends des cris qui ressemblaient beaucoup à ceux d'un juvénile! En me retournant j'ai pu voir brièvement un faucon en vol avant qu'il ne disparaisse derrière un pilier. Dans les minutes qui ont suivi, 2 faucons pèlerins se sont montré très actifs, visitant notamment le nichoir. Malheureusement sur toutes mes photos où l'age du faucon a pu être déterminé, il s'agissait d'un adulte.  Cette présence possible d'un juvénile m'a incité à retourner à ce site dans les jours suivants, dans l'espoir de confirmer cette présence. Le 5 octobre j'ai pu photographier un faucon qui n'était de toute évidence pas un faucon pèlerin adulte; cependant il s'agissait apparemment d'un faucon émerillon. La question de la présence d'un juvénile reste donc ouverte. Cet article détaille les observations dont je viens brièvement de parler, mais aussi celles des 2 faucons pèlerins adultes qui sont encore très actifs.


 

30 septembre: des cris (de juvénile ?) suivis d'une forte activité près du nichoir

Comme indiqué plus haut, j'ai d'abord repéré à 14h53 un faucon pèlerin en haut d'un pylône électrique situé près de la berge, sur la Rive Sud.


À 16h08, j'entends des cris que je reconnais comme étant ceux d'un juvénile. En regardant dans la direction d'où venaient les cris, j’aperçois un faucon voler près du nichoir. Un rapide coup d’œil sur le pylône électrique me confirme que le faucon y est toujours. Mais pas pour longtemps puisque moins de 2 minutes plus tard je constate qu'il a disparu.

À 16h14 je remarque successivement un faucon pèlerin perché sur le pilier du nichoir [celui qui a été utilisé pour la nidification cette année; il y a plus que 1 nichoir sur ce pont] puis un autre sur le pilier suivant en direction Sud. Les 2 semblent être des adultes.

Faucon pèlerin sur le pilier du nid

Faucon pèlerin sur le pilier suivant en direction Sud
3 minutes plus tard, à 16h17, le second faucon s'envole et se rend au nichoir. Quelques instants plus tard l'autre faucon s'envole à son tour et semble se diriger également vers le nichoir (il est bon de savoir qu'on ne voit pas le nichoir dans sa totalité depuis la piste cyclable de la Voie Maritime). Mes photos montrent qu'au moins un faucon s'est rendu au nichoir.

À 16h24 je localise un faucon perché sur des échafaudages sur le pilier en face de celui du nid:


(durant la plupart de mes visites suivantes, des travailleurs étaient présents sur ces échafaudages, ce qui fait que je n'ai plus jamais vu de faucon à cet endroit).

Immédiatement après avoir constaté sa disparition à 16h42 j'ai réalisé qu'il y avait de nouveau un faucon sur le pylône électrique. J'ai quitté peu après.


5 octobre: faucon émerillon ou faucon pèlerin juvénile sur un lampadaire

Cette fois j'ai décidé d'observer à partir de la Rive Sud. Entre 15h30 et 17h30 j'ai pu observer à plusieurs reprises un faucon sur le garde-fou du pilier du nid.


À 17h48 je repère un faucon sur un lampadaire un peu plus au sud.

Voici un agrandissement de la photo précédente:

On ne distingue pas clairement sa tête mais il semble s'agir plutôt d'un faucon émerillon. Il s'est envolé vers 17h52, en direction de l'entrée du pont.

Le faucon pèlerin, lui, est revenu sur le garde-fou du pilier du nid à 18h06. Il s'est envolé à 18h22, après le coucher du soleil et a rejoint un perchoir sous la structure du pont, plus ou moins au-dessus du nichoir.   


Matin du 7 octobre

Pour avoir les meilleures conditions d'éclairage, c'est sur la Rive Sud que je me suis rendu ce matin-là. Quand je suis arrivé un peu avant 8h, la brume achevait juste de se lever. Il m'a fallu attendre un peu pour confirmer qu'un oiseau perché sur une pointe du pont était bien un faucon pèlerin.

À 8h01, un faucon pèlerin passe près de celui qui est perché et vole vers moi. Alors qu'il est proche de la rive, un bouquet d'arbres le cache pendant quelques instants. Il m'a semblé qu'il se préparait à se poser. J'ai vérifié les arbres, sans succès. À 8h24 les cris d'autres oiseaux attirent mon attention et je remarque un faucon pèlerin perché sur le pylône électrique situé tout près de moi. Venait-il d'arriver ou bien était-il là depuis une vingtaine de minutes? Mystère.


Le faucon s'est envolé en direction de l'Ile des Sœurs à 8h35. J'ai alors constaté que le faucon qui était perché sur le pont avait aussi disparu.


À 9h45 j'entends une sorte de cris d'alarme venant de sous le pont. J'ai ainsi découvert un corbeau ou une corneille sur ce qui semble être un nid:



À 10h01 un faucon est de nouveau visible sur une pointe du pont:

À 10h25 il a disparu mais je remarque alors un faucon sur le garde-fou du pilier en face de celui du nid. C'est sans doute ce même faucon qui vient se percher sur mon pylône électrique à 10h30. Il s'est envolé à 10h34.


À 10h44 je repère une silhouette sur une portion de pont relativement au Sud. Quelques instants plus tard je l'entends émettre des Tsioups. Malheureusement je n'ai pas réussi à voir le faucon avec qui il discutait. Il a disparu à 10h52.
Le faucon pèlerin est par la suite venu 3 fois sur mon pylône électrique: à 10h55, 11h12 et 11h17. J'ai quitté à midi.


Après-midi du 15 octobre

Cette fois j'ai de nouveau observé depuis la piste cyclable de la Voie Maritime. Cela tombait bien puisqu'un faucon s'est plusieurs fois perché sous la structure du pont, au-dessus de la Voie Maritime, comme ici à 14h, peu après mon arrivée:



Il s'est envolé à 14h01. Mais à 14h04 j'en revoyais un en vol près du nichoir. Et à 14h10 un faucon pèlerin était perché sur le garde-fou du pilier du nid:

Il s'est envolé à 14h30 et a traversé la piste cyclable en direction de l'Ile des Sœurs.


Un faucon est de retour à 15h22 mais je ne parviens pas à localiser où il s'est posé. Puis soudain à 15h30 ils sont 2!

Les 2 faucons sont partis ensemble en direction de l'Ile des Sœurs à 15h39.


Un faucon était de retour à 15h53 au-dessus de la Voie Maritime:

Il a disparu un peu avant 16h20. Un faucon est ensuite revenu se percher sur le garde-fou du pilier du nid, qu'il a quitté à 17h15. J'ai moi-même quitté à 17h30.


Conclusion

Malgré mes multiples visites je n'ai plus eu l'occasion d'entendre le cri qui semblait être celui d'un juvénile, cri entendu le 30 septembre. Et à moins que des personnes plus expertes que moi concluent que le faucon photographié le 5 octobre sur un lampadaire n'est pas un faucon émerillon, je n'aurais donc pas réussi à confirmer la présence d'un faucon pèlerin juvénile. Il se pourrait qu'un juvénile ait effectivement visité ses parents le 30 septembre mais qu'il se tient à distance habituellement. Après tout, je n'ai examiné que la portion du pont comprise entre la Voie Maritime et la Rive Sud. L'autre portion - entre la Voie Maritime et l'Ile des Sœurs - est encore plus grande. Il se pourrait bien sur aussi que les cris entendus ne provenaient pas d'un juvénile mais d'un adulte. Peut-être un adulte excité par une capture qu'il venait de faire?

Ces visites m'auront cependant permis d'observer une variété de perchoirs que je ne soupçonnais pas, et qui semble plus riche que dans les autres sites: pointes au-dessus du pont, pylônes électriques à proximité du pont, poutre sous le pont à différents endroits, garde-fou de différents piliers, échafaudage, poutre dans la partie supérieure du pont à différents endroits, etc.

Mes observations permettent également d'affirmer qu'au 15 octobre aucun des adultes n'avait entrepris une migration. S'il semble que la plupart des faucons pèlerins de Montréal ne migre pas, on sait en revanche que la femelle qui vivait au Pont Champlain en 2009-2010, elle, migrait. Aussi loin qu'au Brésil!  On le sait parce que cette femelle était suivie par télémétrie dans le cadre d'un étude d'impact du développement d'éoliennes sur les oiseaux de proie. Malheureusement le document indique la date précise de son arrivée au Brésil (25 novembre) mais ne donne pas de précision sur la date de départ sinon que c'était en octobre. Il serait intéressant d'essayer de déterminer ce que font les faucons actuels à cet égard.

vendredi 14 octobre 2016

Observations inattendues de faucon pèlerin dans le secteur de l'Incinérateur des Carrières

Depuis quelques semaines il est devenu très difficile d'observer les faucons pèlerins de l'Incinérateur des Carrières aux endroits qu'ils avaient l'habitude de fréquenter ces derniers mois: l'Incinérateur, le 5800 St-Denis et l'église St-Michel-Archange notamment. Ce phénomène s'explique probablement  par le départ des juvéniles et par le fait que le mâle, Éole, fréquente de nouveau assidument l'Université de Montréal (il était encore apparu devant la caméra du nichoir le 5 octobre, quelques heures avant que celle-ci soit mise hors-fonction pour près de 2 mois pour cause de travaux). En réaction à cette quasi-disparition des faucons, j'ai raréfié mes visites qui sont aussi devenues plus courtes, ce qui évidemment n'aide pas à augmenter les observations! Cependant Monsieur et Madame Robert - qui habitent dans le quartier - continuent de garder un œil sur ces endroits et n'ont pas revu les faucons récemment.

Cet après-midi lors d'une de mes visites, surprise: non pas 1 mais 2 faucons pèlerins étaient présents à l'église Saint-Michel-Archange, dont un sur un perchoir que je n'avais jamais vu utilisé! J'ai ensuite pu en suivre un qui est allé se percher sur le toit d'un entrepôt de la rue de Gaspé (c'était seulement la 2ième fois que j'en voyais un à cet endroit!). Quand ce faucon s'est envolé approximativement vers l'Incinérateur des Carrières après le coucher du soleil, j'ai décidé d'aller jeter un coup d’œil à cet endroit malgré la nuit qui tombait rapidement. Et nouvelle et dernière surprise, un faucon pèlerin était perché sur le mur de l'incinérateur près du coin Sud-Ouest!


2 faucons pèlerins à l'église Saint-Michel-Archange

Après une visite infructueuse à l'Incinérateur des Carrières vers 16h, je suis allé sur le viaduc Van Horne. C'est de là que j'ai aperçu à 16h24 un faucon pèlerin perché sur la croix du clocher de l'église Saint-Michel-Archange. Par chance il était encore présent quand je suis arrivé.



Il ne faisait pas grand chose. En le surveillant j'ai remarqué ce que j'ai pris pour un pigeon, de dos, perché au-dessus d'une fenêtre de l'église. À un certain moment, pour passer le temps, j'ai examiné ce pigeon aux jumelles... et je me suis aperçu que c'était en fait un autre faucon pèlerin!

Le "pigeon" devenu faucon pèlerin

Faucon pèlerin au-dessus d'une fenêtre de l'église
Localisation de la fenêtre (photo prise depuis la rue Saint-Urbain)

Ce 2ième faucon s'est envolé à 16h54 approximativement dans l'axe de Saint-Urbain en direction Nord. Le premier faucon s'est redressé comme s'il allait aussi s'envoler mais a finalement décidé de rester. Je suis remonté sur le viaduc Van Horne pour tenter de localiser le faucon qui venait de partir (je pensais notamment qu'il avait pu aller se percher sur la citerne d'eau de l'entrepôt Saint-Laurent) mais je ne l'ai pas trouvé. À aucun moment je n'ai entendu de communication entre les 2 faucons.

Je suis revenu ensuite à l'église St-Michel-Archange où le 1er faucon était toujours présent. Celui-ci s'est envolé à 17h49, approximativement dans l'axe de la rue Saint-Viateur, en direction Est. J'ai attendu un moment son éventuel retour puis j'ai pris la même direction.


Un faucon pèlerin sur le toit du 5455, avenue de Gaspé

Après avoir traversé le boulevard Saint-Laurent j'ai remarqué un faucon en vol qui se dirigeait vers moi (et vers l'église St-Michel-Archange) au-dessus de la rue Saint-Viateur. Il semblait s'agir d'une femelle par la taille. Le faucon a fait demi-tour et s'est posé sur un coin du toit du 5455, avenue de Gaspé. Il observait les passants grouiller sous lui en espérant probablement voir passer un pigeon, ce qui malheureusement pour lui ne s'est pas réalisé.

Localisation du faucon (5455 avenue de Gaspé)
J'avais hâte de voir où il allait aller quand il partirait. J'étais bien placé pour le voir descendre l'avenue de Gaspé en direction de l'église Saint-Jean-Baptiste où un faucon dort régulièrement ces temps-ci, ou pour le voir retourner vers l'église Saint-Michel-Archange, et au-delà, vers l'église Sainte-Madeleine d'Outremont qui a aussi déjà servi de dortoir. À ma grande surprise il est bien parti à 18h15 (soit 7 minutes après le coucher du soleil) dans l'axe de la rue Saint-Viateur mais vers l'Est plutôt que vers l'Ouest... Je l'ai immédiatement perdu de vue au-dessus du toit. J'étais perplexe puisque je ne connaissais pas de dortoir dans cette direction. Mais comme la lune était pratiquement pleine (pleine lune dans 2 jours, le 16 octobre) et que le ciel était dégagé, je me suis dit qu'il était peut-être parti chasser.


Et pour finir, un faucon pèlerin à l'Incinérateur des Carrières

J'ai commencé par remonter sur le viaduc Van Horne pour examiner aux jumelles les églises Saint-Michel-Archange et Sainte-Madeleine d'Outremont (au cas où il aurait fait un arc de cercle ou bien que l'autre faucon était réapparu): aucun faucon n'y était visible.

Je me suis ensuite dirigé vers l'Incinérateur des Carrières qui se trouvait être proche de ma station Bixi. Toujours avec l'idée que le faucon était peut-être parti chasser, j'espérais vaguement le voir déguster une proie sur la passerelle supérieure d'une des cheminées. Compte tenu de l'obscurité qui était déjà bien installée, c'était essentiellement tout ce que je pouvais espérer. Pour être franc, je ne pensais pas voir quelque chose! Mais à ma grande surprise, un faucon était perché sur le mur de l'Incinérateur près du coin Sud-Ouest!


Il était alors 18h42. Le faucon était toujours présent 20 minutes plus tard quand j'ai quitté. Se pourrait-il qu'il dorme là? Je n'en sais rien mais c'est à rapprocher d'une observation (ou plutôt d'une absence d'observation) que j'ai faite hier: l'église Saint-Jean-Baptiste semblait déserte hier soir à 19h30, ce qui m'a amené à aller examiner le dortoir alternatif de l'église Sainte-Madeleine d'Outremont: désert lui aussi.

(À noter que, comme me l'a fait remarquer Monsieur Robert, la piste cyclable passant derrière l'Incinérateur des Carrières est actuellement fermée une grande partie de la journée.)



vendredi 2 septembre 2016

La famille de faucons pèlerins de l'Incinérateur des Carrières s'agrandit

La famille de faucons pèlerins de l'Incinérateur des Carrières est passée de 3 individus à 5 individus jeudi dernier, 25 août, avec la relâche de 2 fauconneaux qui avaient été soignés à la Clinique des Oiseaux de Proie de l'Union Québécoise de Réhabilitation des Oiseaux de Proie (UQROP).

Un des relâchés, un mâle, ("Zigor") était né à l'Incinérateur des Carrières au début de l'été mais avait été transporté à l'UQROP après avoir chuté du nid le 28 juillet. Le deuxième relâché est une femelle ("Anna"), trouvée au sol à Westmount à la même date. Les 2 juvéniles rejoignent le jeune mâle "Gus", dont les premiers vols s'étaient passés sans incident majeur.

Les parents sont "Éole" (le mâle), né en 2011 à l'Université de Montréal et "Eve" (la femelle), dont on ne connait pas grand chose puisqu'elle n'est pas baguée. Éole et Eve habitent à l'Incinérateur depuis 2014.

Zigor a très vraisemblablement été revu à l'Incinérateur des Carrières le 28 août. Anna n'a pour l'instant pas encore été revue. Il est probable que les juvéniles fréquentent le Plateau-Mont-Royal, dans le quadrilatère défini par l'avenue Papineau à l'Est, la rue Sherbrooke au Sud, le boulevard Saint-Laurent à l'Ouest et les voies de chemin de fer au Nord, et que des contacts avec les adultes aient lieu là-bas. Si vous pensez les avoir vus, laissez-moi un message via Facebook ou par courriel. Parmi les signes de présence des faucons: cris inhabituels; poursuite en vol avec cris; oiseau qui plume une proie sur un toit; oiseau perché sur une église ou une sortie d'air, particulièrement à l'approche du coucher du soleil; carcasse de pigeon au sol, ...




Présentation des 3 juvéniles

Le mâle "Gus"

Né à l'Incinérateur des Carrières à la fin juin, il a quitté le nid le 1er août. Après une journée et demie passée à l'Incinérateur des Carrières, il avait disparu. Il a été retrouvé le lendemain matin sur la rue Saint-Grégoire par Adam Jones qui lui avait donné le nom de "Gus". Le fauconneau était revenu de lui-même à l'incinérateur le lendemain. Le récit de ses premiers jours hors du nid fait l'objet de cet article.  Ce juvénile avait également été baptisé "Jeunot" par M. Robert.

Gus à l'église Saint-Michel-Archange, 27 août 2016

Ces temps-ci Gus fréquente le 5800 Saint-Denis, l'église St-Michel-Archange, ainsi que l'église Sainte-Madeleine d'Outremont où il semble dormir, voir cet article.

Le mâle "Zigor"

C'est le frère de Gus. Des employés de l'Incinérateur l'avait retrouvé au matin du 28 juillet boitillant au pied du nid. Il a été transporté à l'UQROP par Eve Belisle et Richard Dupuis, où il a été soigné puis placé dans une volière en compagnie d'un faucon pèlerin adulte qui s'est chargé de son éducation.

Il a été relâché le 25 août dans le parc Sir-Wilfried-Laurier par Eve Belisle, Richard Dupuis et Christian Fritschi. Immédiatement après sa relâche, il a été aperçu près de l'Incinérateur. Il a très vraisemblablement été observé à nouveau le 28 août (voir plus bas).

Zigor s'éloigne, trainant avec lui des bandes de papier (crédit photo: Christian Fritschi)

À noter sur la photo quelques bandes de papier qui sont restés accrochées à ses pattes. Le papier déchiqueté tapissait le fond de la boite dans laquelle il a été transporté afin de lui rendre le voyage plus agréable. Cette particularité non volontaire a permis de l'identifier lorsqu'il est passé en vol près de l'Incinérateur quelques instants plus tard. Zigor a été relâché par Eve Belisle que l'on distingue à droite de la photo.

Son nom se veut un complément à "Gus": Zigor et Gus sont en effet un duo de clowns français, qualifié de "clowns maladroits" dans cette émission de M6. "Clown" et "maladroit" s'applique plutôt bien à de jeunes faucons pèlerins! 

Zigor est bagué à la patte droite.

La femelle "Anna"

Cette jeune femelle a été trouvée le 28 juillet sur le trottoir de l'avenue Sherbrooke Ouest, entre les rues Claremont et Prince-Albert. Recueillie par la Sécurité Publique de Westmount et la SPCA, elle a été acheminée le lendemain à l'UQROP par Christian Fritschi.

Ironiquement, si un cadavre de faucon pèlerin femelle n'avait pas été trouvé près de l'Échangeur Turcot, on aurait sans doute conclu qu'il s'agissait d'Acacia, la jeune femelle de l'Échangeur Turcot. En effet l'endroit où Anna a été retrouvée est située à moins de 400 mètres d'un immeuble (le 4999 Sainte-Catherine ouest) fréquenté par les juvéniles de l'Échangeur Turcot l'an dernier.

Le nid connu le plus proche d'où pourrait provenir cette femelle est celui de la Tour de la Bourse où sont nés au moins 4 fauconneaux cette année. Mais il est intéressant de noter qu'avec une distance de 4 kms, ce nid n'est pas le plus proche dans l'absolu. Le nid le plus proche est celui de l'Échangeur Turcot (1,6km), suivi de celui de l'Université de Montréal (2,7km). La femelle ne pouvait pas provenir de ces 2 nids puisque le cadavre de la seule femelle née à l'Échangeur Turcot avait déjà été trouvé et puisqu'il n'y a pas eu de naissance cette année à l'Université de Montréal. Bien entendu Anna pouvait également provenir d'un nid restant à découvrir.

Anna est baguée à la patte gauche. Son nom a été choisi par Christian Fritschi qui l'avait amené à l'UQROP le 29 juillet et qui l'a relâché le 25 août.

Relâche d'Anna par Christian Fritschi (crédit photo: Eve Belisle)

La décision de relâcher un jeune faucon pèlerin dans une famille qui n'est pas la sienne n'est pas une première. L'an dernier par exemple, une jeune femelle trouvée blessée à Trois-Rivières et soignée à l'UQROP avait été relâchée à l'Université de Montréal et adoptée par Spirit, Arthurin et leurs 3 filles.



L'opération de relâche

Les 2 faucons Anna et Zigor ont été soignés et ont séjourné pendant plusieurs semaines à l'UQROP.  Je commencerai donc par dire quelques mots sur l'UQROP. Avant la relâche, un comité d'accueil s'était mis en place à l'Incinérateur en les personnes d'Éole et de Gus: je parlerai donc aussi de mes observations précédant la relâche.

L'Union Québécoise de Réhabilitation des Oiseaux de Proie

L'Union Québécoise de Réhabilitation des Oiseaux de Proie (UQROP) a été fondée en 1987 par le docteur Guy Fitzgerald. Cette organisme poursuit principalement 2 missions:
  • soigner les oiseaux de proie. La Clinique des Oiseaux de Proie de la Faculté Vétérinaire de l'Université de Montréal, située à Saint-Hyacinthe, est l'élément central de cette mission. Cette mission est rendue possible par de nombreux intervenants (agents de la faune, bénévoles, ...) qui acheminent les oiseaux de proie blessés à la clinique. Plus de 350 oiseaux sont soignés en moyenne chaque année.
  • sensibiliser le public. À travers le site Chouette à Voir, et via des visites avec des oiseaux-ambassadeurs dans les écoles et d'autres endroits. À noter que des volières de Chouette à Voir accueillent aussi les oiseaux de proie convalescents; il n'y a donc pas de frontière hermétique entre les 2 missions.
L'UQROP ne reçoit aucune subvention récurrente de fonctionnement de la part des différents paliers de gouvernement et dépend donc pour son fonctionnement de ses revenus autonomes (dons, commandites, cotisation des membres, revenus provenant de conférences et du site Chouette à Voir, vente d'articles promotionnels). Si vous le souhaitez, il est possible de contribuer en devenant membre, en parrainant un oiseau, en visitant Chouette à Voir, en participant à une activité photo ou de remise en liberté, en effectuant des achats à la boutique en ligne ou en faisant un don ou un leg. Voir la section "Comment nous aider" de l'onglet "À propos de nous" sur le site web de l'UQROP.

Observations précédant la relâche

Le but de ces observations étaient de tenter de localiser les 3 faucons déjà présents (Éole, Eve, Gus) dans l'espoir de mieux comprendre ce que l'on verrait lors de la relâche de Zigor et Anna.

  • Église Saint-Michel Archange

Peu avant 8h, les 2 adultes étaient présents sur le clocher de l'église Saint-Michel-Archange. L'un d'eux était occupé à plumer une proie. À 8h04 ce faucon est parti avec la proie en direction approximativement du 5800 Saint-Denis.

  • 5800 Saint-Denis

C'est sur le toit du 5800 Saint-Denis que j'ai trouvé Gus à 8h12. La vidéo ci-dessous, filmée à 8h40, le montre après son repas, quand soudain un faucon émerillon (merci au Docteur Guy Fitzgerald pour l'identification) surgit de nulle part et l'accroche!


Le faucon émerillon a lancé une dernière attaque alors que Gus était en vol; puis a disparu. Gus, qui s'était posé à nouveau sur le toit, s'est envolé à 8h50 en direction de l'incinérateur des Carrières.

  • Incinérateur des Carrières

À 9h j'ai trouvé Gus sur le garde-fou du toit de l'incinérateur, au coin sud-ouest.
Gus à l'incinérateur des Carrières

Cette observation était inespérée puisque depuis vendredi matin je n'avais plus vu de faucon à l'incinérateur des Carrières. Au contraire, Gus semblait s'être déplacé vers l'église Saint-Michel-Archange, et peut-être même l'église Sainte-Madeleine d'Outremont: voir cet article. La présence de Gus à l'incinérateur des Carrières allait peut-être faciliter le contact avec les 2 juvéniles qui devaient être relâchés de l'autre côté des voies ferrées, au parc Sir-Wilfried-Laurier.

Mieux encore, un faucon qui par la suite a été identifié comme étant Éole par Richard Dupuis, était aussi présent tout en haut de la cheminée Ouest. Le comité d'accueil était en place!

Gus avait la bougeotte. Il a visité plusieurs perchoirs sur les cheminées ainsi que le coin sud-est de l'incinérateur, entrecoupé de courts vols. À 10h10, alors qu'Éole était toujours sur son perchoir, un faucon est apparu en vol près des cheminées. Son arrivée a provoqué le départ groupé d'une dizaine de pigeons. Possiblement excité par ces mouvements, le faucon s'est mis à les poursuivre. Après les avoir pourchassé au-dessus des voies ferrées il est revenu près de l'incinérateur et a même tenté de débusquer des pigeons qui s'étaient réfugiés entre la cheminée Ouest et la bâtisse. Même si je n'ai pas pu identifier le faucon, il ne fait guère de doute dans mon esprit qu'il s'agissait de Gus. C'était la première fois que je le voyais poursuivre des pigeons. Sa poursuite l'a amené à franchir une nouvelle fois les voies ferrées mais cette fois-ci il n'est pas revenu. Il se trouvait ainsi à se diriger vers l'endroit où devait se faire la relâche!


La relâche

La relâche des 2 jeunes faucons pèlerins Zigor et Anna a été effectuée par Eve Belisle et Richard Dupuis de Faucons de l'UdeM, accompagné de Christian Fritschi,  depuis le parc Sir-Wilfried-Laurier vers 11h20. Richard Dupuis et Christian Fritschi agissent couramment comme bénévoles pour l'UQROP. Plusieurs photos de l'évènement ont été publiées:

De mon côté j'étais à l'Incinérateur des Carrières au cas où les relâchés décideraient d'y venir. M. Robert et sa femme m'y ont rejoint. L'incinérateur des Carrières était une destination possible pour les relâchés, et la présence d'Éole renforçait encore la possibilité qu'il s'y passe quelque chose.  Mais ça pouvait être dans un horizon de plusieurs heures. J'ai été totalement pris de court par la rapidité avec laquelle les choses se sont passées! C'est M. Robert qui a remarqué le faucon au-dessus de la piste cyclable. J'ai immédiatement jeté un coup d’œil sur la cheminée Ouest: Éole y était toujours. Incrédule j'ai jeté un coup d’œil sur mon téléphone et j'ai vu le message d'Eve Belisle: "on va relâcher le premier"! Pendant ce temps le faucon s'était éloigné en direction de l'avenue Papineau. Puis est arrivé un second message "Les deux sont partis vers l'Incinérateur".

A priori le faucon observé pouvait être Gus, ou même un tout autre faucon. Mais un détail observé par M. Robert permet de l'identifier comme étant Zigor. M. Robert a en effet remarqué qu'il trainait derrière lui une sorte de ficelle. Cette ficelle est en fait du papier déchiqueté qui remplissait la boîte dans laquelle le juvénile avait été transportée. On voit très bien Zigor décoller avec ce papier dans la photo publiée plus haut.

Anna n'a pas été vue après sa relâche ce jour-là, et Zigor n'a pas été revu.     


Observation très probable de Zigor le 28 août

Cette observation a déjà été décrite dans un de mes articles Facebook. Je la décris ici à nouveau. L'observation a commencé par celle d'un juvénile qui était très vraisemblablement Gus au 5800 Saint-Denis. L'observation de Zigor a été faite à l'incinérateur des Carrières une quarantaine de minutes plus tard.

Juvénile au 5800 Saint-Denis

À 16h je surveillais depuis le viaduc Van Horne un faucon pèlerin perché sur l'antenne du 5800 Saint-Denis quand un groupe de pigeons a traversé le viaduc tout près de moi, poursuivi par un faucon pèlerin. Après avoir abandonné la chasse, ce faucon pèlerin est allé se percher sur le toit du 5800 Saint-Denis et a commencé à crier. Des cris de juvénile.

Juvénile sur le 5800 Saint-Denis

Le juvénile n'était pas bagué à la patte droite, ce qui exclut Zigor. Il s'agissait vraisemblablement de Gus qui est un habitué de cet immeuble.

À 16h12 l'adulte s'est envolé et a descendu l'avenue de Gaspé en direction sud. Le juvénile a suivi.

Puisque je les avais perdus, j'ai décidé d'aller à l'Incinérateur des Carrières, où M. Robert avait signalé un faucon à 13h10.


Juvénile avec 2 adultes à l'Incinérateur des Carrières

Quand je suis arrivé à l'Incinérateur à 16h30, aucun faucon n'était visible. Mais à 16h37 un faucon venant de l'autre côté des voies ferrées s'est posé sur la cheminée Est en criant. Le fait qu'il criait signalait la présence d'un autre faucon. Et effectivement quelques instants plus tard j'aperçois un autre faucon en vol. Puis à 16h39 un juvénile se pose sur la passerelle à mi-hauteur de la cheminée Ouest en criant.

Quelques instants plus tard j’aperçois un faucon pèlerin tout en haut de la cheminée Ouest. Ce faucon est bagué, il s'agirait donc d'Éole (qui incidemment était à l'Université de Montréal 37 minutes plus tôt). Comme je ne vois plus le faucon sur la cheminée Est, j'en conclus que c'est le même qui s'est déplacé mais la suite allait bientôt montrer que ce n'était pas le cas.

À 17h j’aperçois un faucon en vol qui a apparemment décollé de la cheminée Est. Eole et le juvénile sont toujours à leurs perchoirs. Ils sont donc 3. Cela faisait plusieurs semaines qu'il n'y avait pas eu autant de faucons observés à l'Incinérateur!

Je perds rapidement le faucon de vue. Il se pourrait qu'il soit allé au nid par l'entrée Est, d'après les Robert qui arrivaient à ce moment-là. Ce qui est certain en revanche, c'est que le juvénile, lui, est allé au nid! Par l'entrée Ouest. Ce comportement ne ressemblait pas du tout à celui de Gus, qui à ma connaissance n'a plus jamais été revu au nid après son envol. L'absence d'hésitation du juvénile à se rendre à cet endroit suggère que des 2 relâchés il s'agirait de Zigor, le seul à avoir connu cet endroit. Les photos montrant sa patte gauche non-baguée ont d'ailleurs permis par la suite d'exclure Anna.

Pour être certain qu'il s'agissait de Zigor, il aurait fallu prouver l'existence d'une bague à la patte droite du juvénile. Malheureusement si le juvénile nous a montré à plusieurs reprises sa patte gauche, il était beaucoup plus réticent à montrer sa patte droite. M. Robert a réussi cependant à prendre une photo qui montre ce qui semble être une bague là où se trouve en principe sa patte droite. Comme la patte en tant que telle n'est pas visible, je garde une toute petite réserve. Personnellement j'estime à 95% la probabilité que le juvénile que nous avons vu était bien Zigor.

Photo de M. Robert montrant ce qui semble être une bague à la patte droite


Autre photo de M. Robert suggérant une bague à la patte droite

Le juvénile s'est envolé à 17h30 en direction parc Sir-Wilfried-Laurier. Éole était toujours présent (un faucon y était d'ailleurs toujours présent à 19h40)  mais le 3ième faucon (probablement Eve) avait disparu depuis un moment.

Conclusion

Si le juvénile observé le 28 août était bien Zigor comme je le pense, le fait que les faucons venaient du sud des voies ferrées et que le juvénile est reparti dans cette direction suggère que Zigor fréquente le Plateau Mont-Royal. Des contacts entre les adultes et Zigor ont certainement eu lieu - et continuent d'avoir lieu - dans ce secteur. De plus Anna, qui n'a plus été revue depuis sa relâche, pourrait également fréquenter ce secteur.

Plusieurs déplacements des adultes avaient déjà été observés dans le passé vers ce secteur. Si peu de choses sont connues sur les endroits que fréquentent les adultes dans ce secteur on sait cependant que l'église Saint-Jean-Baptiste située à l'intersection des rues Rachel et Saint-Julien fait partie des endroits qui ont déjà fréquentés. Cela a au moins le mérite de donner une idée de l'étendue de leur territoire. On peut penser en particulier que le Parc Lafontaine ne leur est pas inconnu. Si vous localisez d'autres endroits, merci de me le signaler en laissant un message via ma page Facebook ou par courriel