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lundi 5 mars 2018

Début des accouplements à l'Université de Montréal: que nous réserve la nouvelle femelle faucon pèlerin?

Un premier accouplement de faucon pèlerin a été filmé à l'Université de Montréal le 27 février par la caméra de Faucons de l'UdeM. Depuis, plusieurs autres ont suivi. Cette saison de nidification est particulière puisque pour la première fois depuis que des faucons pèlerins nichent à l'Université de Montréal, une nouvelle femelle est aux commandes. Cet article examine à quoi on pourrait s'attendre dans les prochaines semaines à partir de ce que l'on pense savoir sur les nidifications passées de cette nouvelle femelle.  

 

Les accouplements

27 février 

Le premier accouplement de la saison a été capté par la caméra de Faucons de l'UdeM le 27 février à 8h33. Il a eu lieu juste à gauche du nichoir, sur la tour de l'Université de Montréal. La photo suivante est tirée des archives photo de la caméra.

Accouplement (crédit: Faucons de l'UdeM, http://ornithologie.ca/faucons/)

Une vidéo de l'accouplement est disponible en 2 formats:

28 février

Un accouplement a eu lieu à 11h28 sur le sommet du bâtiment pyramidal, un endroit qui avait souvent été utilisé à cette fin par l'ancienne femelle Spirit.

De 11h49 à 12h42 la femelle était perchée sur la croix de l'ancienne chapelle, surveillée par le mâle qui se trouvait sur la tour. Malheureusement c'est la femelle qui a quitté la première son perchoir. Un accouplement  à cet endroit aurait eu une saveur bien spéciale pour moi: c'est en grande partie un accouplement observé à cet endroit entre Roger et Spirit le 31 mars 2012 qui avait déclenché mon intérêt pour ces oiseaux. Je n'ai plus jamais observé d'accouplement à cet endroit depuis cette date.

3 mars

4 accouplements ont été filmés par la caméra, que l'on peut voir sur cette vidéo de Richard Dupuis.



Une nouvelle femelle

Rappelons qu'en juin dernier Spirit, la femelle qui régnait sur l'Université de Montréal, depuis 2007 a été chassée par une autre femelle. Puisque cette nouvelle femelle n'est pas baguée, aucune certitude n'est possible sur son identité mais tout indique qu'il s'agit d'Eve, la 2ième femelle d'Éole (Éole est devenu le mâle résident de l'Université de Montréal à l'automne 2014 après la disparition de son père). Éole et Eve ont déjà vécu 3 nidifications (2014, 2015, 2016), dont les 2 dernières ont été un succès. L'examen de ces nidifications jette un éclairage intéressant sur des questions que l'on peut se poser sur la période de nidification qui s'amorce, comme par exemple: quand la nouvelle femelle va-t-elle pondre? Combien d’œufs? Sera-t-elle une aussi bonne mère que Spirit l'a été? Etc.

Des pontes tardives

En 2014 à l'Incinérateur des Carrières, les observations suggéraient que le 24 avril les faucons avaient commencé à couver. Puisque cette nidification a échoué, on ne dispose d'aucune information sur le nombre d’œufs pondus, ce qui rend difficile une estimation de la date de ponte du premier œuf.  On peut néanmoins penser que c'était après le 10 avril.

En 2015 à l'église Saint-Marc, les fauconneaux sont nés au début du mois de juin, ce qui a permis d'estimer la ponte du premier œuf entre le 25 et le 28 avril.

En 2016 à l'Incinérateur des Carrières, il a fallu attendre la dernière semaine de mai pour arriver à la conclusion que des œufs avaient été pondus. Les premiers signes de naissance ont été observés le 26 juin, soit plus de 3 semaines plus tard qu'en 2015. On peut estimer que le premier œuf a été pondu vers la mi-mai.

Puisque dans aucune de ces nidifications il n'a été possible de voir ce qui se passait dans le nid, la date de ponte du premier œuf ne peut être qu'estimée. Ces estimations placent en gros cette date entre la mi-avril et la mi-mai. À titre de comparaison, Spirit a pondu à 4 reprises son premier œuf durant la dernière semaine de mars (sa ponte la plus précoce a été un 23 mars en 2011, année de naissance d'Éole).

Des accouplements tardifs

Il est difficile d'estimer précisément la date de début des accouplements, d'abord parce que ceux-ci sont rares au début de la saison et donc il faut être présent au bon moment pour les observer, ou tout simplement parce que le site où se sont produits les accouplements était peu surveillé puisqu'on ne s'attendait pas à ce qu'il y ait des accouplements à cet endroit.

L'accouplement connu de Éole et d'Eve le plus tôt dans la saison a été observé à l'église St-Jean-Baptiste le 23 mars 2017 (en toute rigueur, aucun des 2 faucons n'a été formellement identifié mais l'église St-Jean-Baptiste est connue pour être fréquentée par Eole et Eve). À ma connaissance Eve n'a pas pondu cette année-là.

En 2014, l'incinérateur des Carrières a été signalé comme site de nidification potentiel de faucon pèlerin le 31 mars. Une visite le 1er avril ne m'a pas permis de voir d'accouplement. Les premiers accouplements ont été observés à partir du 3 avril.

En 2015, Éole qui était alors en couple avec Spirit a causé toute une surprise en étant identifié le 3 avril à l'Incinérateur des Carrières (Éole a perdu sa place à l'Université de Montréal quelques jours plus tard, remplacé par Arthurin). J'ai observé un premier accouplement à l'incinérateur le 5 avril, vraisemblablement entre Éole et Eve (un autre mâle était présent la veille à l'incinérateur mais les accouplements des jours suivants sont clairement l’œuvre d'Éole).

En 2016, Eole a rejoint Eve à l'Incinérateur fin avril - début mai après l'échec de la nidification à l'Université de Montréal suite à une guerre territoriale. Le premier accouplement est observé le 3 mai.

Les accouplements observés à l'Université de Montréal entre Éole et Eve ces derniers jours surviennent donc pratiquement 1 à 2 mois plus tôt que les accouplements lors des années précédentes. Ceci peut être interprété comme une indication que l'on n'aura sans doute pas à attendre avril ou mai pour un premier œuf à l'Université de Montréal cette saison. Et qui sait: après avoir battu le record de la ponte la plus tardive, Eve nous surprendra-t-elle en battant le record de ponte la plus hâtive du 23 mars de Spirit?

4 fauconneaux en 2015, 5 œufs?

Pour leur première nidification réussie (en 2015 à l'église Saint-Marc), Eole et Eve ont eu d'emblée 4 fauconneaux, ce qui en soi est remarquable. Mais plusieurs observateurs ont noté qu'un des fauconneaux semblait nettement plus jeune que les autres. Une des explications avancées par Richard Dupuis est qu'il y a pu possiblement y avoir un fauconneau manquant, autrement dit qu'il y avait possiblement 5 œufs dont 1 qui n'a pas éclos (ou dont le fauconneau est rapidement décédé). Une ponte de 5 œufs n'est pas fréquente mais pas rare non plus.  De son côté, Spirit n'a jamais pondu plus que 4 œufs.

Lors de la nidification suivante d'Eole et Eve en 2016, cette fois-ci à l'incinérateur des Carrières, seulement 2 fauconneaux ont été aperçus. Ce faible nombre pourrait s'expliquer par différents facteurs: le caractère très tardif de la nidification, l'énergie dépensée par Eve dans ses batailles contre les corbeaux (et peut-être contre Spirit), ou la mortalité de 1 ou plusieurs fauconneaux (par exemple à cause de la chaleur ou des fortes pluies d'été) avant qu'ils soient en âge de s'avancer au bord du nid.


Conclusion

Eole et Eve ont démontré par 2 fois leur capacité à élever une famille dans des conditions loin d'être idéales. Il sera donc très intéressant de voir ce qu'ils feront dans les conditions a priori bien meilleures de l'Université de Montréal.  Après 2 années sans naissance à l'université, cette saison qui s'amorce pourrait bien être une des plus excitantes. Mais pour cela, il faudra que le couple parvienne à repousser les assauts d'autres faucons pèlerins jaloux. Un premier test en ce sens a été passé avec succès le 27 février mais il y en aura certainement d'autres.










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