La femelle faucon pèlerin P02, qui avait échoué sa nidification l'an dernier au pont Honoré-Mercier, a de nouveau réussi à avoir des fauconneaux mais cette fois à l'Échangeur Saint-Pierre, situé dans l'arrondissement de Lachine à Montréal. Un de ses 2 fauconneaux a disparu en bas âge tandis que le 2ième s'est envolé avec succès autour du 19 juin. Ce fauconneau était toujours dans le secteur le 21 juillet.
Photo de famille, 21 mai 2025
Fauconneau quelques jours avant son envol, 12 juin 2025
Présentation de P02
P02 à l'Échangeur Saint-Pierre, 10/06/2024
P02 est une femelle faucon pèlerin qui nichait sur le pont Honoré-Mercier dans un nichoir fixé sur un pilier du côté de Kahnawake. En 2023 les biologistes ont profité du baguage de ses fauconneaux pour la baguer également. P02 porte 2 bagues: une bague en aluminium sur la patte droite avec un numéro unique à 8 chiffres quasiment impossible à déchiffrer à distance, et sur la patte gauche une bague de couleur avec l'inscription en grands caractères ''P/02'' plus facile à lire à distance (la barre oblique '/' doit être interprétée ici comme un saut de ligne). Pour un résumé plus complet des évènements au nichoir de faucon pèlerin du pont Honoré-Mercier en 2023, voir cet article.
En 2024, P02 a de nouveau niché au pont Honoré-Mercier mais elle n'a pondu que 2 œufs (contre 4 en 2023) avec un écart inhabituellement long entre les 2 pontes. Estimant que les œufs n'écloraient pas, la décision a été prise par les autorités de les remplacer par 4 œufs provenant d'un nid situé dans une zone de chantier du pont Laviolette à Trois-Rivières, dans une opération amplement couverte par les médias. Bien qu'apparemment couvés de façon normale par le couple de faucon pèlerin, ces œufs n'ont pas éclos et ont été progressivement retirés du nid par P02, le dernier en date du 5 juin 2024, voir par exemple cet article de The Gazette du 2 juillet 2024, ainsi que les vidéos accélérées des images de la caméra publiées sur la chaine Youtube d'Environnement Faucon. Deux jours après la fin de la nidification au pont Honoré-Mercier, le 7 juin, Sylvain Cusson observe un couple de faucon pèlerin à l'Échangeur Saint-Pierre, dont la femelle est baguée. Alerté (merci Sylvain!), je parviens le 10 juin à prendre des photos permettant d'identifier P02 à l'Échangeur Saint-Pierre en compagnie d'un mâle, pour plus de détails voir cette publication Facebook. Les présences de P02 et du mâle ont par la suite été documentées à plusieurs reprises à l'Échangeur Saint-Pierre durant le reste de l'année 2024.
Mars 2025: P02 toujours à l'Échangeur Saint-Pierre, accouplements
Au début de 2025 la question se posait si P02 retournerait nicher au pont Honoré-Mercier ou si elle nicherait à l'Échangeur Saint-Pierre. Plusieurs exemples existent où un couple de faucon pèlerin passe les mois d'hiver à un endroit puis niche à un tout autre endroit, parfois situé à plusieurs kms. C'est le cas par exemple du couple de faucon pèlerin observé régulièrement à l'hôpital Louis-H. Lafontaine durant l'hiver 2014 et qui a mystérieusement disparu à la fin du mois de mars, possiblement pour nicher au port de Montréal, ou du couple qui niche sur l'édifice KRB mais qui fréquente le reste de l'année l'édifice SunLife.
Le 11 mars 2025, je commence par reconfirmer la présence de P02 à l'Échangeur Saint-Pierre (ma dernière identification remontait au 9 novembre 2024). Comme à son habitude elle est accompagnée d'un mâle et les 2 faucons sont assez actifs, variant les perchoirs. Des rencontres de couple sont observées sur un bloc de béton pouvant potentiellement accueillir un futur nid sur un des piliers limitrophes au canal Lachine, Des photos sont présentées dans cette publication Facebook. J'étais présent entre 10h20 et 14h.
Une semaine plus tard, le 18 mars, durant approximativement la même tranche horaire entre 11h et 15h15, je n'observe aucun signe de présence du couple de faucon pèlerin, ce qui pourrait indiquer leur déménagement au pont Honoré-Mercier, voir cette publication Facebook.
Le 20 mars je suis sur place à 17h05. Les 2 faucons arrivent ensemble, approximativement de la direction du pont Honoré-Mercier à 18h15 et se rendent sur le bloc de béton où je soupçonne qu'ils pourraient nicher. À partir de 18h22 la femelle est en train de manger au sommet d'un poteau. À 18h48 elle enchaine avec un accouplement (vidéo Facebook montrant la fin de l'accouplement). Elle s'est envolée à 19h13 après le coucher du soleil et semble s'être rendu à un endroit sous l'échangeur, possiblement pour y passer la nuit.
Le 26 mars j'arrive à 17h55. Presque immédiatement des vocalises se font entendre et je remarque le mâle, perché sur une canalisation horizontale. Il salue l'arrivée de la femelle qui arrive approximativement de la direction du pont Honoré-Mercier. Un accouplement sur une extrémité de pilier suit à 18h. J'ai quitté à 18h25.
Fin de l'accouplement du 26 mars
Avril 2025: découverte du nid
Convaincu que le couple nicherait de nouveau au pont Honoré-Mercier, j'effectuais mes visites à l'Échangeur Saint-Pierre en fin de journée, l'objectif étant d'obtenir une date approximative de la ponte par observation de l'arrêt des séjours de la femelle à l'Échangeur pour y dormir. Cette conviction s'appuyait sur le fait que les faucons pèlerins semblaient arriver de la direction du pont Honoré-Mercier. L'accouplement systématique de fin de journée observé à l'Échangeur Saint-Pierre n'était pas incompatible avec une nidification au pont Mercier: en 2019 le couple de faucon pèlerin de l'Université de Montréal s'était accouplé à l'église Saint-Jean Baptiste (photos de S. Cantin), pourtant située à 3,5kms de l'Université de Montréal où ils ont niché quelques semaines plus tard.
Le 1er avril cependant, la femelle était déjà présente lorsque je suis arrivé à 17h30. Logiquement, s'ils avaient l'intention de nicher au pont Mercier, ils devraient y passer de plus en plus de temps, et non arriver de plus en plus tôt à l'Échangeur Saint-Pierre... Le lendemain 2 avril j'ai visité l'Échangeur Saint-Pierre à partir de midi, encore largement convaincu que je ne verrai rien. Mais la femelle - ou en tout cas un faucon pèlerin bagué - était là... J'ai quitté à 14h15 sans voir l'autre faucon.
Le 5 avril je localise le nid sur un bloc de béton sous le tablier de l'Échangeur, entre le canal Lachine et la rue Notre-Dame.
Une surveillance vidéo effectuée entre 9h29 et 10h51 a permis de documenter un relai à 10h47, qui implique que le nid était occupé pendant toute la durée de la surveillance et que donc l'incubation avait débuté. La vidéo ci-dessous montre ce relai.
11 mai 2025: première observation de 2 fauconneaux
Le 6 mai entre 15h et 16h50 le mâle visite par 2 fois la femelle au nid mais repart presque aussitôt. Lors de sa première visite il transportait vraisemblablement une proie, en tout cas il tenait quelque chose entre ses pattes quand il est reparti. Si le mâle a apporté une proie, c'est possiblement qu'il se passait quelque chose. Mais manifestement son timing n'était pas bon (soit le processus d'éclosion n'était pas terminé, soit des fauconneaux étaient nés mais ce n'était pas le bon moment pour un nourrissage).
La scène s'est répétée lors de ma visite suivante le 11 mai: à 10h18 le mâle est arrivé au nid avec une proie mais est reparti presque aussitôt avec elle. Cette fois cependant j'étais bien décidé à rester le temps qu'il faudrait pour déterminer s'il y avait ou non des nourrissages.
J'ai interrompu la surveillance vidéo à 10h31 pour ménager mes batteries et je l'ai reprise à 11h26. Comme la femelle n'était pas couchée sur le nid mais qu'elle adoptait une position plus haute pour laisser de la place aux fauconneaux, elle était clairement visible. À 11h50 elle se redresse et saisit une proie qui se trouvait manifestement près d'elle depuis au moins le début de la surveillance vidéo et entreprend un nourrissage. Un seul fauconneau y est clairement visible, Le nourrissage se termine à 11h56 et la femelle se replace sur ses fauconneaux.
Le processus qui conduit au nourrissage suivant débute vers 12h29 lorsque le mâle arrive avec une proie sur une corniche voisine du nid. La femelle s'envole du nid pour rejoindre le mâle, prend possession de la proie et l'amène sur un autre perchoir pour la préparer. Pendant ce temps le mâle rejoint les fauconneaux. La femelle revient au nid avec la proie 1mn30 plus tard, ce qui entraine le départ du mâle. Le nourrissage débute à 12h31 et cette fois on discerne facilement 2 fauconneaux. La femelle s'envole à 12h39 avec des restants puis revient au nid 1 minute plus tard.
J'ai quitté peu après, heureux que P02 avait de nouveau réussi à avoir des fauconneaux et curieux d'examiner les vidéos pour tenter de déterminer leur nombre. Dans la mesure où seule une petite portion du nid est visible depuis le sol, il est possible que le chiffre de 2 obtenu par examen des vidéos soit une sous-estimation du nombre réel mais on peut remarquer qu'en 2023, au pont Honoré-Mercier qui est surveillé par caméra, P02 avait eu 2 fauconneaux, 2 œufs n'ayant pas éclos.
Ma visite suivante a eu lieu le 21 mai. À nouveau 2 fauconneaux sont visibles. La vidéo ci-dessous montre l'intégralité de l'activité au nid entre 16h35 et 16h49, incluant un nourrissage. On y voit aussi un fauconneau saisir quelque chose avec son bec.
Disparition d'un fauconneau
Le 21 mai est le dernier jour où j'ai aperçu 2 fauconneaux. Lors de ma visite suivante le 30 mai je n'ai filmé le nid que pendant un total de 18 minutes, il n'y a pas eu de nourrissage, le ou les fauconneaux faisaient la sieste et tout ce que je voyais de temps à autre était une tête qui se levait brièvement. Il est absolument impossible d'estimer le nombre de fauconneaux basé sur cette observation.
Par contre le 2 juin j'ai accumulé 1h35 d'enregistrements vidéo dans lesquels on ne voit qu'un seul fauconneau. Le fauconneau est davantage actif que le 30 mai et il y a eu un nourrissage durant la période, Bien qu'il soit théoriquement possible qu'un 2ième fauconneau soit resté caché pendant toute la période d'observation, la durée de l'observation et l'activité du fauconneau visible donnent à penser qu'il n'y avait plus qu'un fauconneau. Durant les visites suivantes, un seul fauconneau a été aperçu.. La vidéo ci-dessous montre quelques scènes captées le 2 juin.
Le 8 juin j'ai pu observer quelques solides battements d'aile du fauconneau:
L'endroit où est situé le nid semblait relativement sécuritaire pour un envol: pas de circulation automobile, cycliste, piétonnière ou canine trop intense dans les environs immédiats du nid, beaucoup de perchoirs où grimper facilement si le fauconneau se retrouvait au sol. Mais l'endroit n'était pas sans danger non plus: d'une part le dessous de l'échangeur est utilisé comme stationnement par la compagnie Signalisation de Montréal inc donc le fauconneau aurait pu se trouver en difficulté s'il lui prenait l'idée de se cacher sous un véhicule; d'autre part le nid est situé en bordure de l'entreprise de recyclage de métaux Acier Century Inc, avec ses amoncellements de métaux opérés par de la machinerie. Je suis donc allé sensibiliser les 2 entreprises sur l'envol imminent du fauconneau. Merci à eux pour leurs accueil et leur ouverture.
À partir du 11 juin j'ai effectué une visite quotidienne (sauf le 13 juin) pour déterminer le plus précisément possible le moment de l'envol. L'idée étant que le fauconneau devrait logiquement se trouver proche du nid après son envol mais qu'il pourrait s'éloigner davantage après quelques jours. Or je voulais maximiser mes chances de le retrouver après son envol pour savoir s'il avait réussi cette étape critique.
Le 14 juin à 11h25 le mâle entreprend de nourrir lui-même le fauconneau mais la femelle arrive et il est obligé de céder sa place:
Le 15 juin le fauconneau n'a toujours pas encore quitté son nid, voici une vidéo qui montre une livraison de proie par un adulte ainsi que quelques battements d'aile:
Le 17 juin à 10h47 je l'ignore à ce moment-là mais je le photographie une dernière fois au nid:
Le 18 juin j'arrive sur place à 13h26. Le fauconneau n'est pas visible sur le bloc de béton où se trouve le nid mais ce n'est pas anormal puisque seule une petite partie du bloc est visible depuis le sol. Il n'y a en fait aucun moyen d'être absolument certain que le fauconneau n'est pas sur le bloc simplement en observant celui-ci. C'est sa mère qui me l'a indiqué! Je l'ai vu arriver en vol avec une proie et je m'attendais à ce qu'elle provoque l'apparition du fauconneau mais elle n'est même pas allée sur le bloc du nid. Elle s'est à la place perchée sur une extrémité de pilier tout près et semblait indécise.
P02 avec la proie posée devant elle, 13h28
P02 après avoir rangé la proie, 13h34
Elle a fini par cacher la proie et s'est envolée. Je l'ai retrouvée sur un poteau d'électricité près de l'intersection de la rue Victoria et du boulevard Saint-Joseph, un endroit où je n'avais jamais vu de faucon pèlerin auparavant.
P02 sur un poteau d'électricité, 13h41
Quand elle s'est envolée je l'ai presque immédiatement perdu de vue. À en juger par son vol suivant, elle n'était pas allée loin, possiblement dans un conifère que j'ai examiné attentivement au cas où le fauconneau s'y trouverait. P02 était repartie vers le nid, poursuivie par une corneille mécontente. J'ai surveillé pendant quelques minutes le bloc de béton du nid mais le comportement de P02 me semblait clair: le fauconneau de P02 n'y était pas, et possiblement même qu'elle ignorait où il était.
Je suis passé au bureau des 2 entreprises pour d'une part les informer que le fauconneau avait quitté le nid, et d'autre part vérifier s'ils n'avaient pas de nouvelles de lui (par exemple, ils auraient pu demander une intervention des agents de la faune s'ils avaient trouvé le fauconneau au sol, auquel cas j'aurais perdu mon temps à essayer de le localiser.
Ceci étant fait, je ne me suis pas attardé dans le secteur. Le fauconneau avait tellement d'endroits où se cacher que c'aurait probablement été une perte de temps de tenter de le localiser. Pire, j'aurais pu provoquer un envol précipité en m'approchant sans le savoir de lui. Mieux valait attendre que le fauconneau fasse d'autres vols, soit localisé par ses parents et apprenne à se percher plus en hauteur où il serait plus facile à repérer.
Le 20 juin je suis arrivé sur place peu avant midi. À plusieurs reprises je repère un adulte perché à un de leurs perchoirs habituels mais soit que je ne regarde pas dans sa direction quand il décolle, soit que je le perds immédiatement de vue derrière l'Échangeur. J'ai marché dans des directions possibles de départ de l'adulte mais sans succès. À 15h38 je repère de nouveau un faucon pèlerin sur une canalisation horizontale de l'Échangeur, près de la rue Notre-Dame. Et cette fois je parviens à l'identifier: c'est P02! Je fais de gros efforts pour ne pas la quitter des yeux et à 16h06 elle s'envole parallèlement à la rue Notre-Dame vers l'avenue Saint-Pierre. Je décide de marcher dans cette direction que je n'avais pas encore exploré et par chance je la localise au sommet des ponts Gauron et Lafleur (ponts côte-à-côte au-dessus du canal Lachine, sur l'avenue Saint-Pierre). Très vite, par les cris d'abord, je réalise que le fauconneau est là aussi!
P02 s'envole quand le fauconneau tente de la rejoindre. Petit moment comique (mais sur le coup un petit peu stressant) quand le fauconneau fait involontairement du toboggan sur une structure lisse du pont! Le fauconneau s'envole du pont à 16h18 et j'ai la chance de pouvoir le suivre longtemps des yeux en vol. C'est ainsi que je le vois disparaitre au niveau d'un grand arbre du côté sud du canal Lachine. Je m'empresse d'aller jeter un coup d’œil et je le parviens à le localiser, perché dans l'arbre!
À 16h36 il s'envole et se pose à nouveau sur le pont Gauron-Lafleur.
La vidéo qui suit inclut d'autres photos ainsi que 2 séquences vidéo, voir aussi cette publication Facebook.
Cette réobservation du fauconneau - et en particulier les vols qu'il a a réalisé - prouve qu'il a su franchir avec succès cette étape périlleuse qu'est l'envol.
Fauconneau toujours présent le 21 juillet
Le fauconneau était toujours présent à l'Échangeur Saint-Pierre le 21 juillet.
Depuis le 28 mars au moins, une nouvelle femelle faucon pèlerin est présente au pont Jacques-Cartier: il s'agit de Gideon, née en 2024 à Don Mills, un quartier de Toronto. Cet article, qui couvre la période du 28 mars au 6 avril, fait le point sur ses premiers jours au pont Jacques-Cartier.
Gideon sur le pont Jacques-Cartier, 6 avril
Remerciements et crédits: l'identification de cette femelle n'aurait pas été possible sans le travail de baguage réalisé par la Canadian Peregrine Foundation à plusieurs nids en Ontario. En plus d'avoir bagué cet oiseau, cet organisme partage de nombreuses photos et compte-rendus d'observation sur leur page Facebook, qui m'ont permis d'identifier le soir même l'oiseau. Une partie de cet article - sur l'histoire de Gideon - utilise largement ces informations. Un grand merci à eux pour leur travail et leur générosité. J'aimerais aussi remercier Sylvain Cusson pour ses observations et pour avoir contribué à remettre en haut de mes priorités l'identification de ce faucon.
28 mars 2025: première observation, chassée par un adulte
En approchant du pilier 23 à 17h30 j'ai entendu des vocalises. Je n'ai pas tardé à repérer la femelle immature sur le pilier 23 du côté aval.
Elle s'est envolée à 17h33 et s'est perchée sur le pilier suivant (le 24), en continuant de vocaliser. Elle s'est envolée à nouveau à 17h35 et a contourné le pilier. Quelques secondes plus tard il y avait 2 faucons en vol et beaucoup de vocalises. Un des faucons - apparemment un adulte - s'est ensuite perché sur le garde-fou du pilier 24.
À 17h42 j'observe une poursuite assez intense entre un adulte et l'intruse, dont un petit aperçu est donné par cette vidéo.
À 17h59 un faucon est de retour sur le garde-fou du pilier 24. Il y est toujours à 18h05. À 18h08 un faucon s'éloigne en ligne droite vers la station de métro Jean-Drapeau, une direction de déplacement que je n'avais jamais observée précédemment. Je constate alors qu'il n'y a plus de faucon sur le garde-fou du pilier 24.
À 18h10 un faucon est de nouveau sur le garde-fou du pilier 24.
Faucon pèlerin sur le garde-fou du pilier 24, 28 mars 18h20
À 18h22 j’aperçois un autre faucon se diriger vers la partie non visible du pilier 24; il y avait à ce moment-là toujours un faucon sur le garde-fou du pilier 24. 1 minute plus tard j'observe une poursuite entre 2 faucons; j'ai pris quelques secondes pour vérifier que le faucon sur le garde-fou n'avait pas quitté son perchoir mais en l'absence de photo je ne peux pas exclure totalement une erreur. C'est cependant ma meilleure indication qu'il y avait 3 faucons pèlerins.
1er avril 2025: revue à 2 moments différents de la journée; premier soupçon qu'elle est baguée
Un premier passage près du pilier 23 le 1er avril entre 9h43 et 10h07 ne m'a pas permis de voir ou d'entendre de faucon.
À mon retour à 12h01 on pouvait entendre des vocalises et 2 faucons pèlerins étaient en vol près du pilier 23. Il y a eu des perchages mais je n'ai jamais réussi à localiser un faucon alors qu'il était perché. Certains des perchages étaient apparemment sous le tablier du pont entre 2 piliers.
À 12h53 des vocalises attirent mon attention sur la femelle immature sur l'étroite corniche du pilier 24. Elle semblait s’intéresser à l'équivalent du coin de corniche du pilier 26 où se trouvait le nid en 2024. Elle s'est envolée à 13h; j'ai quitté à 13h10.
Déplacement vers le coin de corniche du pilier 24, 12h53
Localisation de la femelle sur le pilier 24
Le même jour vers 16h15 Sylvain a été témoin d'une interaction entre la femelle immature et un autre faucon pèlerin, avec des vocalises: la femelle se trouvait sur l'étroite corniche du pilier 24 et l'autre faucon est passée en vol devant elle à plusieurs reprises pendant 10 minutes. Ses photos de la femelle semblent montrer une bague:
1er indice que la femelle est baguée, 1er avril vers 16h15 (crédit Sylvain Cusson)
Le 28 mars j'avais peu d'espoir que cette femelle serait revue près du pont Jacques-Cartier. Mais le fait qu'elle a été observée à 2 reprises le 1er avril suggérait au contraire qu'elle semblait vouloir s'installer. Il devenait dès lors possible et important de déterminer si elle était baguée et si oui de tenter de l'identifier, surtout si des photos suggéraient qu'elle était effectivement baguée. La jeune femelle aurait en effet pu être Estebane, baguée en 2024 à son nid de la tour de l'Université de Montréal.
J'ai repéré la femelle immature à 15h27 sur le pilier 23 côté aval après avoir vu un faucon en vol sembler s'y poser à 15h23. Elle s'est envolée à 16h18. Entre-temps elle appelait par intermittence. Quelques étirements de sa part m'ont permis de photographier ses bagues mais à part cela elle n'a pas bougé beaucoup. La vidéo suivante montre ses appels ainsi que son envol.
Elle s'est envolée en direction de la bretelle d'accès du pont à l'ile Sainte-Hélène. Sylvain Cusson, qui m'avait rejoint, a pris son vélo pour tenter de la relocaliser. Il l'a trouvée tout près de là au sol en train de boire dans une flaque d'eau du parking! Malheureusement elle s'est envolée avant qu'il n'ait pu prendre des photos. Elle a disparu au niveau du pilier 24 et on a entendu des discussions.suggérant qu'il y avait plus que 1 faucon. Effectivement à 16h27 j'ai repéré un adulte sur le garde-fou du pilier 24 côté aval:
Faucon pèlerin adulte sur le garde-fou du pilier 24, 16h27
L'adulte s'est presque immédiatement envolé. Des vocalises ont continué pendant quelques temps mais elles semblaient venir du côté non visible du pilier 24. À 17h24 un adulte était de nouveau visible sur le garde-fou du pilier 24 mais je n'ai plus revu Gideon.
Photographies de ses bagues
À quelques reprises alors qu'elle était perchée sur le pilier 23 la femelle immature s'est étirée, ce qui a permis de voir ses bagues. Par chance 2 photos donnent un assez bon aperçu de ses bagues.
La première photo montre clairement un collant rouge sur la bague en aluminium de sa patte droite:
La 2ième photo montre sa bague de couleur de la patte gauche. La bague est noire, ce qui suggère une origine canadienne. Les inscriptions sur la bague sont partiellement lisibles. En haut un chiffre 4 est lisible, avec apparemment un autre caractère à sa gauche. En bas on croit reconnaitre la séquence 'AB' mais le B pourrait être un 8.
Identification de Gideon
La photo de la bague de couleur donnait de bons indices de son numéro mais elle n'était pas assez nette pour identifier le numéro avec certitude, rendant difficile un signalement au Bureau du baguage des oiseaux (difficile mais pas impossible: pour les bagues de couleur il est en effet possible de signaler un numéro incomplet ou ambigu mais cela réduit les chances que l'oiseau puisse être identifié). En attendant de tenter de prendre une meilleure photo, j'ai décidé de chercher, sur les réseaux sociaux, les fauconneaux bagués en 2024 et dont le numéro de bague pouvait correspondre.
La couleur noire de la bague de couleur suggérait une origine canadienne et le collant de couleur sur sa bague en aluminium suggérait qu'elle provenait d'un nid suivi par caméra (la diffusion au grand public des images de la nidification augmente le nombre de personnes susceptibles de localiser les juvéniles après leur envol mais ces personnes ne sont pas nécessairement équipés pour lire une bague sur un oiseau distant; un collant de couleur apposé sur la bague en aluminium facilite l'identification du juvénile). Mes soupçons se sont immédiatement tournés vers l'Ontario où se trouvent plusieurs nids suivis par caméra. J'ai commencé par consulter le forum Bird Cams around the World (BCAW) à la recherche des numéros de bague des fauconneaux bagués en 2024. J'ai ainsi découvert qu'à Etobicoke une jeune femelle a été munie d'une bague de couleur avec le numéro 33/AB et un collant rouge a été apposé sur sa bague en aluminium: le sexe, les lettres AB et la couleur du collant correspondaient mais pas le numéro. Ça m'a cependant conforté dans mon impression d'être sur la bonne piste.
Comme le forum BCAW ne donnait pas systématiquement les numéros des bagues pour les nids ontariens (ce forum suit avant tout les nids américains), je me suis tourné vers la Canadian Peregrine Foundation qui opérait des caméras et effectuait des baguages, entre autres activités. Mais surprise: je ne parvenais pas à retrouver leur site. Et pour cause: la Canadian Peregrine Foundation a été dissoute fin 2024! Leur page Facebook est cependant toujours active (on y trouve notamment l'annonce et l'explication de la dissolution dans cette publication du 27 janvier 2025). En reculant dans leurs publications j'ai trouvé d'autres fauconneaux bagués en 2024 avec un numéro se terminant par AB, pour finir par trouver cette publication qui décrit le baguage au site de Don Mills/Amexon: 2 mâles et une femelle ont été bagués, avec les informations suivantes pour la femelle ''GIDEON , 894g, female, 44/AB, red tape''. En revoyant ma photo à la lumière de cette information il est presque évident que le caractère à gauche du 4 est un autre 4; avec en plus le collant rouge sur sa bague en aluminium, j'avais peu de doute que c'était le bon oiseau (j'ai réussi par la suite à prendre une meilleure photo de la bague de couleur, cette photo se trouve en tête de cet article).
Quelques informations sur Gideon
Ces informations sont tirées des publications Facebook de la Canadian Peregrine Foundation. Les liens vers les publications sont donnés au fur et à mesure.
Le nid où est née Gideon s'appelle Don Mills/Amexon. Don Mills est un quartier (''neighbourhood'') de Toronto d'après Wikipedia tandis qu'Amexon est le nom d'une société immobilière canadienne qui gère de nombreux édifices tant résidentiels que commerciaux: le nid se trouve sur un édifice de cette société. Il y a 2 nids connus de faucon pèlerin dans le quartier Don Mills: un qui est désigné simplement par ''Don Mills'' et l'autre qui est désigné par ''Don Mills/Amexon''. Les 2 nids ont produit des fauconneaux en 2024 et Gideon provient du second nid. Aucun des nids ne semble plus être suivi par caméra (le site de Don Mills/Amexon ne l'a apparemment jamais été alors que le lien de la caméra du site de Don Mills trouvé sur le forum BCAW est celui de la Canadian Peregrine Foundation qui a cessé d'exister fin 2024).
Gideon a 2 frères, Lerxst et Peter. Ses parents ne sont pas bagués et portent le nom de Nagata (la femelle) et Holden (le mâle). Lors d'une inspection du nid le 24 mai 2024, le nid contenait un très jeune fauconneau ainsi que 3 œufs non éclos. Le baguage a eu lieu le 17 juin (plus précisément il s'agit de la date de la publication Facebook). Lerxst a été le premier à s'envoler, suivi de Gideon et Peter le 6 juillet 2024. Seulement 4 jours après son premier vol, Gideon a tenté d'attraper une proie lâchée à son intention par son père; elle a échoué mais la proie a été récupérée en vol par sa mère qui suivait Gideon de près: de superbes photos de cette action sont disponibles dans cette publication. Les dernières mentions de Gideon près de son nid se trouvent dans cette publication du 31 juillet 2024 et dans celle du 13 août 2024.
6 avril 2025: Gideon et un adulte chassent ensemble, s'intéressent à une carcasse de goéland au sol
En bref: claire observation de Gideon qui faisait équipe avec un adulte; meilleure photo à date de sa bague; intérêt de Gideon pour une carcasse de goéland (grippe aviaire?)
Le 6 avril à 14h je repère Gideon sur l'étroite corniche du pilier 24. Elle s'envole à 14h10. À14h30 je vois 2 faucons chasser ensemble vers la bretelle d'accès du pont Jacques-Cartier à l'ile Sainte-Hélène. Je me trouvais alors à une certaine distance du pont Jacques-Cartier, en amont de celui-ci. Je décide de couper à travers le parking de la Ronde pour aller du côté de la bretelle vérifier s'ils ont capturé quelque chose. Très vite je découvre sur le parking une carcasse de goéland intacte, excepté pour le ventre qui est ouvert et donc les viscères ont apparemment été partiellement mangés. Rien n'indique que le goéland a été tué par un prédateur, je suspecte plutôt qu'il est mort tout seul puis qu'il a servi de repas à des urubus. Ma crainte est qu'il soit mort de la grippe aviaire (en 2024 à la même période de l'année un couple de faucon pèlerin était décédé de la grippe aviaire dans ce secteur, voir cet article). Il est 14h33.
À 15h14 j'observe un faucon pourchasser un pigeon mais l'attaque échoue. À 15h21 Gideon et l'adulte effectuent des vols à basse altitude au-dessus de la carcasse du goéland, sans doute pour s'assurer que le goéland est mort; l'adulte se perche sur un lampadaire du parking.
Pendant que je rassemblais mes affaires (j'étais en train de luncher) pour me rapprocher de la carcasse, Gideon s'est posée à ses côtés:
Gideon s'intéresse à la carcasse de goéland, 15h24
À mon approche elle s'est envolée et s'est perchée sur un pilier du pont Jacques-Cartier, ce qui m'a permis de prendre une autre photo de sa bague. Je reproduis ici la photo du début de l'article, prise à 15h27
À 15h28 elle s'est mise à alarmer, probablement parce que je me trouvais près de la carcasse; l'adulte, plus mesuré, s'est contenté de vocalises plus ordinaires.
J'ai suspendu ma surveillance des faucons pour finir mon lunch, à proximité de la carcasse. À 16h45 c'est probablement Gideon que j'ai photographié sur l'étroite corniche du pilier 24. Elle y était toujours à 16h58. À 17h11 elle s'est rapprochée de la carcasse en se perchant sur une poutre du pont Jacques-Cartier; un peu plus tôt l'adulte était revenu se percher sur un lampadaire du parking.
Gideon sur une poutre du pont Jacques-Cartier, 17h13
À 17h49 elle a tenté de se poser près de la carcasse malgré que je me trouvais à 5 mètres! J'ai fait un pas en avant, ce qui l'a fait renoncer. Elle a ensuite continué ses vols bas, avant de se percher brièvement sur un arbre. Lorsqu'elle s'est envolée et qu'elle est repassée de l'autre côté du pont, je me suis dépêché de récupérer un sac poubelle abandonné que j'avais repéré un peu plus tôt et j'ai enlevé la carcasse. J'ai quitté immédiatement après pour aller me laver les mains même si a priori je n'avais pas touché directement à la carcasse. Voici une vidéo montrant des vols bas de Gideon peu après que je l'ai découragée de se poser près de la carcasse:
Voir aussi ma publication Facebook du 6 avril pour d'autres détails et photos (à noter que dans le présent article je suis davantage prudent sur le sexe de l'adulte qui accompagnait Gideon: compte tenu de son jeune âge elle pourrait encore être prise en charge par une femelle adulte, surtout si on prend en compte le précédent de 2023 à ce pont: l'adulte n'était donc pas nécessairement un mâle)
Article mis à jour le 3 mars 2025: légères modifications du texte et ajout de la première photo
Avec les travaux actuellement en cours sur la Tour de la Bourse, le nichoir de faucon pèlerin situé sur l'édifice de la Banque Royale (360 rue Saint-Jacques) pourrait être une solution de remplacement pour le couple de faucon pèlerin qui nichait sur la Tour de la Bourse. Ce nichoir a été visité par les faucons pèlerins en 2021 et en 2024 (et probablement à d'autres années) mais n'a pas été retenu. Pourtant des faucons pèlerins ont déjà niché dans le passé sur l'édifice de la Banque Royale. Mes observations ont permis d'identifier 2 irritants potentiels qui pourraient expliquer que les faucons n'adoptent pas ce nichoir, dont 1 qui pourrait être corrigé relativement facilement.
Cet article est organisé de la façon suivante: les 2 premières sections sont consacrées respectivement aux anciennes boites de nidification et au nichoir actuel. Dans la 3ième section je mentionne mes observations de visites de faucon pèlerin au nichoir actuel dans le contexte des travaux en cours sur la tour de la Bourse. La 4ième section expose des irritants que j'ai identifiés.
Remerciements: merci à Eve Belisle et Robert J. Galbraith pour leurs réponses à mes questions (et à Eve Belisle pour la permission de reproduire une de ses photos). J'ai également soumis des questions par courriel au professeur David Bird, qui m'a proposé une conversation téléphonique, formule que j'ai déclinée; merci cependant à lui pour son ouverture Merci également à Marilou Skelling et à Sarah Gagnon d'Environnement Faucon pour leurs informations sur les boites de nidification de la tour de la Bourse en 2021, ainsi qu'à Sylvain Cusson pour ses observations.
Édifice de la Banque Royale avec son nichoir, vu de la Basilique Notre-Dame
1. Installation d'une première boite de nidification en 1982 et nidifications subséquentes
Apparemment jusqu'à 3 boites de nidification (une boite de nidification est une simple caisse remplie d'un matériau dans lequel les faucons peuvent creuser une cuvette) ont été installées sur différentes corniches de l'édifice de la Banque Royale dans les années 1980s. Voici ce que j'ai pu reconstituer.
En 1982 Robert Galbraith et sa femme ont installé, avec l'accord des gestionnaires de l'édifice, une première boite de nidification sur l'édifice de la Banque Royale. Cela faisait alors 6 ans que des faucons pèlerins nés en captivité avaient commencé à être relâchés au Québec pour tenter de sauver l'espèce des effets nocifs d'un insecticide (le DDT).
En 1984 un couple de faucon pèlerin s'est plutôt intéressé à la Tour de la Bourse, ce qui a amené Robert Galbraith à installer une boite de nidification également sur cet édifice. Cette boite de nidification a été adoptée par les faucons pèlerins qui ont pondu 4 œufs dont 2 ont éclos. Les 2 fauconneaux se sont envolés avec succès. En 2020 Robert Galbraith a publié des photos de cette nidification sur sa page Facebook.
Il n'est pas clair si ces installations ont été faites par Robert Galbraith à titre personnel ou dans le cadre de son travail au MacDonald Raptor Research Centre de l'Université McGill. Suite à la nidification de 1984 à la Tour de la Bourse, ses relations avec le professeur David Bird se sont dégradés au point où il a perdu tout accès aux boites de nidification. Cet épisode est raconté en détail dans l'article ''The Birdman of Old Montréal'' paru dans Montréal Calendar Magazine en septembre 1984.
En 1985 les biologistes ont vécu une incroyable saga racontée de façon succulente par le professeur David Bird dans un article publié dans le bulletin du trust des oiseaux de proie et reproduit à la fin du Quatrième inventaire quinquennal (1985) du faucon pèlerin au Québec. Pour commencer, la femelle a pondu 3 œufs à 3 endroits différents: 1 à la tour de la Bourse et 2 à des endroits différents de l'édifice de la Banque Royale... La femelle a rapidement abandonné celui de la tour de la Bourse et s'est mise à faire la navette entre les 2 emplacements de la Banque Royale. Le mâle a ensuite disparu, remplacé par une autre femelle qui semblait se prendre pour un mâle (l'article parle de bisexualité...); 2 autres faucons pèlerins sont apparus dont 1 mâle qui courtisait tour à tour les 2 femelles et tentaient de les attirer à un 3ième nichoir sur l'édifice de la Banque Royale... Les œufs, qui n'avaient plus aucune chance d'éclore, ont été regroupés dans un même nichoir dans l'espoir de convaincre une des femelles de les couver, ce qui s'est produit. Au moment où les œufs auraient du éclore, ne voulant pas risquer de précieux fauconneaux pèlerins, les biologistes ont remplacé les œufs par des oisillons crécerelles d'Amérique beaucoup plus facile à reproduire en captivité... Puis constatant que les faucons pèlerins s'en occupaient correctement, les oisillons crécerelles ont été remplacés par 2 fauconneaux pèlerins nés en captivité. Les 2 fauconneaux se sont envolés avec succès.
En 1990 un couple a niché sur l'édifice de la Banque Royale mais ses œufs n'ont pas éclos. Le couple a à la place élevé 3 fauconneaux nés en captivité qui lui ont été confiés (source: Cinquième inventaire quinquennal du faucon pèlerin au Québec).
Le 22 juin 1991le quotidien La Presse rapporte que la veille le professeur David Bird est monté au sommet de l'édifice de la Banque Royale pour baguer 4 fauconneaux. La nichée est qualifiée d'exceptionnelle et il n'est fait mention d'aucune mise en adoption: il pourrait donc s'agir d'une nidification entièrement naturelle. Le couple était formé d'un individu né en captivité et d'un individu sauvage.
D'autres nidifications ont vraisemblablement eu lieu sur l'édifice de la Banque Royale, en particulier entre 1985 et 1990. Dans cette publication de la Migration Research Foundation il est en effet indiqué que les faucons pèlerins ont alterné entre l'édifice de la Banque Royale et la tour de la Bourse pendant presque une décennie avant de se fixer à la Tour de la Bourse. Il n'est pas clair quand les boites de nidification ont été retirées de l'édifice de la Banque Royale.
2. Installation d'un nouveau nichoir en 2010
Fin juillet - début août 2010 Eve Belisle et Simon Duval ont installé un nichoir qualifié de luxueux (en particulier, contrairement aux boites de nidification, il est muni d'un toit et d'une plateforme) sur l'édifice de la Banque Royale d'après cette publication du blogue Histoires de Faucons à l'Université d'Eve Belisle. La publication mentionne que les anciens nichoirs étaient hors d'usage depuis plusieurs années.
Nichoir installé durant l'été 2010 (crédit: Eve Belisle)
Le nichoir a par la suite été légèrement déplacé à une date inconnue à son emplacement actuel.
3. Travaux sur la tour de la Bourse: les faucons pèlerins inspectent le nichoir de l'édifice de la Banque Royale
3.1. Un chantier d'envergure sur la tour de la Bourse
En 2022 des travaux d'envergure s'étalant sur plusieurs années ont débuté sur la tour de la Bourse où nichait un couple de faucon pèlerin depuis plusieurs décennies. Ces travaux visent à remplacer les panneaux de béton qui recouvrent les colonnes de coin du bâtiment d'après le Comité de bon voisinage Place Victoria. Dans la section FAQ (consultée le 28 février 2025) on peut lire que le chantier devrait durer entre 40 et 48 mois, donc ''que tout devrait normalement être complété à la fin de l’été 2027''. Il est aussi précisé que l'échéancier sera mis à jour périodiquement.
3.2. Visite des faucons pèlerins au nichoir de l'édifice de la Banque Royale en 2021
En prévision des travaux à venir sur la tour de la Bourse, la compagnie Environnement Faucon a été mandatée pour inciter les faucons pèlerins à se trouver un nouvel endroit où nicher. C'est possiblement dans ce but que les boites de nidifications de la Tour de la Bourse ont été laissées fermées au début de 2021.
Le 13 mars 2021, alors que je surveillais la tour de la Bourse depuis la bordure du grand parking du 687 Saint-Paul ouest, je remarque un faucon pèlerin au nichoir de l'édifice de la Banque Royale. Je décide alors de tourner ma caméra vers ce nichoir, ce qui me permet de documenter la visite de 2 faucons pèlerins ainsi qu'une offrande de proie.
Pour plus de détails sur les observations de mars, voir cet article.
Les visites continuent jusqu'à au moins le 5 avril. Le 9 avril une surveillance vidéo du nichoir montre aucune visite, par contre j'observe 2 faucons pèlerins sur la tour de la Bourse! Le couple sera à partir de ce moment régulièrement observé sur la tour de la Bourse. Le mystère du quasi-déménagement au nichoir de l'édifice de la Banque Royale sera éclairci lorsqu'on apprendra que les 2 boites de nidification de la tour de la Bourse ont été rendues disponibles aux faucons pèlerins plus tardivement que d'habitude - possiblement avec l'objectif d'inciter les faucons à déménager tout en leur permettant de nicher une dernière fois sur la tour de la Bourse s'ils ne trouvaient pas de site alternatif. Tout indique que le couple est revenu à la tour de la Bourse quasi-immédiatement après la réouverture des boites de nidification! En fait, même durant la période où les faucons fréquentaient le nichoir de l'édifice de la Banque Royale, un individu était observé par intermittence sur la tour de la Bourse, un individu qui de toute évidence n'avait pas perdu espoir que les boites de nidification soient finalement ouvertes... Le couple n'a apparemment pas eu de fauconneaux cette année-là, voir cet article pour plus de détails.
D'après Environnement Faucon les boites de nidification de la tour de la Bourse ont été retirées durant l'automne 2021 en prévision de travaux à venir sur l'édifice.
3.3. Visite d'un faucon pèlerin au nichoir de l'édifice de la Banque Royale en 2024
Le 10 février 2024 à 11h49 j'ai repéré un faucon pèlerin perché sur le toit du nichoir, qui s'est envolé à 11h58.
Durant cette période l'autre faucon était par intermittence perché au sommet de l'édifice. Tout de suite après, les 2 faucons ont visité ensemble la façade Saint-Jacques de la tour de la Bourse où ils ont finalement niché. Les 2 faucons sont revenus un peu plus tard sur l'édifice de la Banque Royale pour un repas sur la corniche située sous le nichoir.
Repas sous la corniche du nichoir, 10 février 2024 13h27
Le 16 février 2024 Sylvain Cusson a photographié un faucon pèlerin perché à côté du nichoir. L'édifice de la Banque Royale a joué un rôle dans leur nidification sur la tour de la Bourse, essentiellement comme poste de surveillance, mais le nichoir n'a pas été adopté.
4. Des irritants potentiels qui pourraient expliquer la non-adoption du nichoir de l'édifice de la Banque Royale
Selon moi, 2 facteurs pourraient expliquer que l'édifice de la Banque Royale ne soit plus utilisé pour nicher par les faucons pèlerins alors qu'il l'a été dans le passé:
Le nichoir actuel est installé sur la terrasse contrairement apparemment aux boites de nidifications des années 1980 qui l'étaient sur une petite corniche. Le nichoir se trouve ainsi davantage exposé à l'activité humaine.
Des fenêtres près du nichoir sont fortement éclairées après le coucher du soleil.
Déplacer le nichoir sur la petite corniche n'est pas possible en raison de sa forme particulière (une solution plus simple - et possiblement temporaire le temps des travaux à la tour de la Bourse - pourrait être d'ajouter une boite de nidification sur la petite corniche) mais le 2ième irritant pourrait être facilement éliminé par l'utilisation de stores dans les bureaux donnant vers le nichoir.
Dans ce qui suit je développe plus en détails ces 2 points.
4.1 Différence de localisation entre les anciens et nouveaux nichoirs
Je n'ai pas réussi à obtenir de photos montrant l'emplacement des boites de nidification des années 1980s mais selon ma compréhension certaines des boites étaient situées sur la petite corniche située en-dessous de la terrasse où est situé le nichoir actuel, comme le montrent les photos ci-dessous:
Annotation d'une image de Google Maps (crédit: Google)
Cette compréhension s'appuie sur les souvenirs d'Eve Belisle ainsi que sur la mention ''petite corniche'' dans le Cinquième inventaire quinquennal du faucon pèlerin au Québec. Cependant la première boite de nidification installée par Robert Galbraith en 1982 l'a été sur la terrasse.
Le nichoir actuel a apparemment été localisé sur la terrasse par souci de simplicité d'installation ainsi que pour faciliter les éventuelles opérations de baguage. Le choix de placer le nichoir à un coin s'expliquerait par une volonté de minimiser les salissures aux fenêtres des étages inférieurs par les déjections. Ce choix multiplie cependant par 2 les risques d'un dérangement en provenance d'une fenêtre (le 30 avril 2022 une fenêtre près du nichoir semblait ouverte à en juger par un rideau ou un autre matériel qui battait au vent; il n'est pas clair si c'était suffisant pour créer un dérangement mais si par exemple quelqu'un penchait la tête hors de la fenêtre le risque de dérangement augmenterait substantiellement).
Également, bien que la terrasse ne semble pas utilisée en temps normal par les humains, elle peut l'être à l'occasion pour des travaux de maintenance et d'entretien: la position actuelle du nichoir permet aux faucons d'apercevoir un humain sur la moitié de la surface de la terrasse, alors que la visibilité serait quasiment nulle depuis la petite corniche.
4.2. Lumière provenant de fenêtres près du nichoir après la tombée de la nuit
En surveillant le nichoir en fin de journée le 21 avril 2024 pour tenter de déceler des signes de son utilisation par les faucons pèlerins, j'ai observé que des fenêtres situées près du nichoir étaient fortement éclairées.
Fenêtres éclairées près du nichoir, 21 avril 20h07
Le contraste était encore plus marqué une heure plus tard le lendemain soir.
Ce n'est pas à mon avis tant la lumière qui est dérangeante que les ombres d'êtres humains que les faucons pourraient discerner, et cela à un moment de la journée où en tant qu'animal diurne l'anxiété est probablement la plus forte.
La forte luminosité semble suggérer qu'aucun store n'est utilisé. Si c'est le cas, l'utilisation de stores pourrait réduire le dérangement des faucons.