Sauvetage et relâche du jeune faucon pèlerin mâle de l'Oratoire Saint-Joseph

Cet article a été publié le 1er décembre 2021 et daté du 13 octobre 2021 pour le placer à l'endroit approprié dans le blogue. Au moment de publier cet article Jean est au Cornell Wildlife  Hospital dans l'État de New-York après avoir été trouvé blessé à Utica le 8 novembre.

Jean, le jeune faucon pèlerin mâle né à l'Oratoire Saint-Joseph, a été retrouvé blessé au sol le 29 juillet près de l'Oratoire Saint-Joseph à Montréal. Après avoir reçu les premiers soins dans une clinique vétérinaire de Laval, il a été transféré à la Clinique des oiseaux de proie où il a subi plusieurs opérations. Après une période de convalescence dans les installations de l'UQROP il a été relâché le 7 octobre près de l'Université de Montréal.

Jean peu avant sa relâche le 7 octobre (crédit: Élise Deshaies)

Remerciements: un grand merci aux différentes personnes et organismes impliquées dans le sauvetage, les soins et la relâche de Jean, plus particulièrement la personne qui l'a secouru et les personnels du Centre Vétérinaire Laval, de la Clinique des oiseaux de proie et de Chouette à voir. Merci également à Faucons de l'UdeM et à Divinerowecom_Xyz pour la permission de publier l'enregistrement de la poursuite entre 2 faucons le jour de la relâche de Jean, ainsi qu'à Elise Deshaies pour la permission d'utiliser sa photo.

24 juillet: dernière observation (quasi) certaine avant l'accident

Le 24 juillet pour la première fois de la saison j'observe et je photographie un faucon pèlerin juvénile bagué perché sur un édifice de l'Université de Montréal. Les bagues ne sont pas lisibles mais comme Jean a été le seul faucon pèlerin juvénile bagué dans le secteur, il fait peu de doute qu'il s'agit de lui. 

 

Ce qui suit est tiré de ma publication sur la page Facebook de Faucons de l'UdeM.  Vers 8h28 je surveillais aux jumelles depuis l'avant du pavillon Roger-Gaudry des oiseaux en contrebas vers la station de métro Université de Montréal. Le premier oiseau était un corvidé mais le 2ième ressemblait beaucoup à un faucon. Je l'ai suivi jusqu'à ce qu'il se perche sur le toit du pavillon Claire McNicoll. 

 

Là j'ai pu constater que c'était un faucon pèlerin juvénile bagué aux 2 pattes, très probablement Jean né à l'Oratoire Saint-Joseph il y a quelques semaines. 

 

Je l'ai perdu de vue vers 8h37. Plus tôt, de 6h19 à 7h15 environ, un faucon pèlerin adulte était perché sur la tour (utilisation de plusieurs perchoirs sur les façades Avant et Chapelle). Et à 7h47 je pense bien avoir entendu des cris de juvénile.

 

Le 27 juillet à 16h58 Esmo signale un faucon pèlerin juvénile poursuivant un adulte entre Decelles et McKenna ''direction ville''. Arrivé à l'Oratoire Saint-Joseph à 17h25 j'entends des cris de juvénile à partir de 17h28. Je constate quelques minutes plus tard qu'il s'agit de Jacinthe. Si j'étais arrivé un peu plus tôt j'aurais possiblement pu éliminer Jacinthe comme juvénile dans l'observation d'Esmo.

 

29 juillet: sauvetage

D'après cette publication Facebook de Faucons de l'UdeM datée du 8 septembre, le jeudi 29 juillet Jean  ''a été trouvé au sol dans un stationnement près des tours Rockhill à Côte-des-Neiges. Il a été transporté par un bon samaritain chez un vétérinaire de Laval [...]''.  Ces informations ont été communiquées par le Docteur Guy Fitzgerald. Il n'y a pas d'indication d'heure dans les informations reçues mais la clinique de Laval où il a été transféré (Centre Vétérinaire Laval) offre peut-être un indice puisque c'est une clinique ouverte 24h sur 24: il est possible par exemple qu'il ait été trouvé avant l'heure d'ouverture des cliniques ayant un horaire plus traditionnel.

 

Le 29 juillet était une rare journée de cette période où je n'ai fait aucune observation, peut-être à cause de la météo: d'après Environnement Canada, la température maximale ce jour-là était de 20,1C avec un ennuagement à partir de 7h et de la pluie à partir de 11h; la vitesse maximale du vent était de 11km/h. Rien n'indique que la météo ait joué un rôle dans l'accident.

 

Les soins

Les informations suivantes ont été communiquées à Eve Belisle par le Docteur Fitzgerald et partagées via cette publication Facebook.

• 29 juillet: admission au Centre Vétérinaire Laval. Premiers soins.
  
• 30 juillet: transfert à la Clinique des oiseaux de proie par une bénévole de l'UQROP.  Les examens montrent que Jean souffre d'une fracture ouverte de l'aile gauche (ulna et radius).
• 2 août : opération chirurgicale. Implantation de tiges d'acier inoxydable pour réduire la fracture.
  
• 17 août: opération chirurgicale visant à retirer les tiges.
  
• 19 août: transfert dans une volière à Chouette à Voir (UQROP), à Saint-Jude, en compagnie d'une femelle adulte. 
• 21 septembre: point sur l'état de santé de Jean par Elise Deshaies qui l'a visité le 18 septembre en compagnie de Huguette Lenoir. Jean est dans une volière avec une femelle adulte en provenance de la falaise de Prévost et un juvénile mâle en provenance de Québec, et est sur liste d'attente pour être transféré dans la grande volière. La précision que la blessure est à l'aile gauche provient de cette publication.
  

 

Jean aura été en réhabilitation à l'UQROP (Union Québécoise de Réhabilitation des Oiseaux de Proie) du 19 août au 7 octobre, jour de sa relâche, soit pendant plus de 1 mois et demi. L'UQROP ne bénéficie d'aucun financement récurrent des différents gouvernements pour les soins aux oiseaux et leur nourriture. Il est possible d'aider l'UQROP dans sa mission de réhabilitation des oiseaux de proie blessés par différents moyens, indiqués sur cette page.

 

 

7 octobre: relâche de Jean

Le 5 octobre Eve Belisle m'informe que Jean a récupéré de façon spectaculaire et que sa relâche est imminente. Je suis alors à l'extérieur du Canada. Il est relâché le 7 octobre à 11 heures depuis le cimetière Côte-des-Neiges près de l'Université de Montréal. Sa relâche plus rapidement que prévu était certainement une bonne nouvelle mais le timing n'était pas idéal: des travaux d'installation de paratonnerre étaient en effet en cours sur la tour de l'Université de Montréal avec la présence intermittente de travailleurs au niveau du nichoir et au-dessus, ce qui a possiblement réduit les chances de le suivre avec la caméra, mais il n'était évidemment pas envisageable de demander à l'UQROP de le garder quelques jours de plus. Sa relâche a été diffusée en direct:

Diffusion en direct de la relâche de Jean  (crédit: Faucons de l'UdeM)

 

Faucons de l'UdeM a partagé la vidéo sur sa page Facebook et des photos de la relâche ont été publiées par Elise Deshaies.

 

Les travaux sur la tour n'ont pas empêché Jean d'aller s'y percher après quelques minutes de vol (il n'y avait alors apparemment pas de travailleurs présents d'après les images de la vidéo). La retransmission en direct par Eve Belisle a pris fin alors que Jean était perché sur la tour mais il a quitté peu après en direction de l'Oratoire d'après les personnes présentes. Une vérification à l'Oratoire Saint-Joseph par Huguette Lenoir et Elise Deshaies a permis de trouver Sphinx (le père de Jean) mais Jean n'a pas été revu. 

À 17h30 la caméra du nichoir de Faucons de l'UdeM a filmé une poursuite entre 2 faucons près du nichoir. Divinerowecom_Xyz a enregistré cette séquence et me l'a communiquée. Merci à lui ainsi qu'à Faucons de l'UdeM pour la permission de partager ces images. Voici la séquence. Rien ne prouve que Jean était impliqué mais c'est à mon avis assez probable.

 

Le 9 octobre Élise Deshaies a observé Eve et Sphinx à l'Université de Montréal mais n'a pas vu Jean, voici ses photos.

Le 11 octobre à 14h la caméra du nichoir a montré ce qui apparait être 2 faucons pèlerins à l'Oratoire Saint-Joseph, dont un qui poursuivait un 3ième oiseau.  Un des faucons montrait un comportement typique de juvénile (battre des ailes sans s'envoler) mais ce comportement est surtout typique en juin/juillet et est parfois aussi observé chez l'adulte. Le fait que la scène a été filmée de loin rend l'identification de l'oiseau poursuivi difficile mais il semble s'agir d'un pigeon. À ma connaissance Jean n'a pas été revu à Montréal de façon certaine après sa relâche.