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dimanche 24 décembre 2023

Réapparition de Marie!

Au Canada les faucons pèlerins sont bagués par des biologistes dans le cadre d'un programme fédéral de suivi de l'espèce. Mais ce sont probablement les amateurs comme moi qui sont les plus excités lorsqu'un individu observé il y a presque 10 ans refait surface!

C'est ce qui est arrivé avec Marie, une femelle qui a été relâchée en juillet 2015 à l'Université de Montréal à l'initiative de l'UQROP dans le but d'être adoptée par le couple nicheur. En septembre 2023 elle a été réadmise à la Clinique des oiseaux de proie de l'UQROP après avoir été trouvée au sol blessée à Drummondville. Après avoir reçu des soins, elle a été relâchée le mois dernier.

Marie à l'Université de Montréal, 8 juillet 2015

Cet article est organisé comme suit. dans la 1ière section je commence par rappeler plus en détails l'histoire de Marie, avec les références vers les différentes publications la concernant. Puis je mets en avant des faits qui pourraient éclairer la présence de Marie à Drummondville. D'abord l'observation en juillet 2021 d'un faucon pèlerin ayant le même profil de baguage que Marie, qui pourrait suggérer que Marie était déjà dans le secteur en 2021 (section 2). Et également l'observation de juvénile(s) en juillet-août à 2 endroits de Drummondville distants de 15kms, qui permet d'envisager la possibilité que Marie pourrait nicher dans le secteur de Drummondville. D'autres informations tirées de l'examen des rapports eBirds sont également données dans cette 3ième section.

Le type de bague dont Marie est équipé est presque impossible à lire à distance, même avec un puissant objectif. D'autant plus que les photos doivent être faites sans déranger l'oiseau ou son nid (le faucon pèlerin et sa nidification sont protégés par diverses lois fédérales et/ou provinciales). Il ne sera donc peut-être pas possible de prouver hors de tout doute que Marie a fondé sa propre famille. Un objectif sans doute plus facile à atteindre est d'obtenir d'autres preuves de la présence à Drummondville d'un faucon pèlerin bagué à la patte gauche uniquement. La photo prise par Rollande Descôteaux prouve que cela est possible sans déranger l'oiseau, voir la section 2. Donc si vous observez un faucon pèlerin (adulte) perché et êtes en mesure de prendre des photos, essayez d'attendre qu'il montre sa patte gauche (ceci arrive par exemple quand il s'étire, se gratte ou défèque). Une photo prise lors d'un survol peut aussi montrer la bague, voir la section 2. Il pourrait aussi être intéressant que ceux/celles qui ont déjà pris des photos d'un faucon pèlerin à Drummondville agrandissent la partie de la photo montrant les pattes pour vérifier si une bague est visible. J'ai indiqué tantôt qu'il pourrait être difficile de prouver que Marie a des fauconneaux. Un gros pas dans cette direction pourrait être de photographier un adulte en vol accompagné de juvénile(s) (un adulte accompagné de 2 juvéniles a possiblement été observé en 2023, voir la section 3) et que la photo montre que l'adulte est bagué à la patte gauche. Cela ne prouverait pas qu'il s'agisse de Marie mais cela serait un bon indice en ce sens.
 
Remerciements
Merci à l'UQROP pour avoir partagé la nouvelle de la réapparition de Marie, et bien sur pour les soins qu'ils ont apporté par 2 fois à ce faucon pèlerin. Merci également à Rollande Descôteaux et Yvon Roy pour les informations complémentaires sur leurs observations et la permission d'inclure leurs photos dans cet article.


1. Rappel de l'histoire de Marie

Références

Je vais commencer par donner les références sur lesquelles cette section est basée:
  • Fichier pdf de l'UQROP titré ''Une troisième chance pour Marie - par Dr. Guy Fitzgerald''. Ce fichier est disponible sur le site web de l'UQROP en suivant les onglets ''Réhabilitation'' puis ''Statistiques et cas vécus''. Ce fichier a également été partagé le 14 décembre 2023 sur la page Facebook de l'UQROP (lien), publication Facebook qui a ensuite été partagée par Faucons de l'UdeM ainsi que par moi-même (et par d'autres). Finalement le document ''Une troisième chance pour Marie'' est inclus dans le dernier bulletin Envol (vol. 33 no. 2) publié par l'UQROP à l'intention de ses membres.
  • L'article du blogue ''Histoires de faucons à l'Université'' d'Eve Belisle daté du 9 juillet 2015 et dont le titre est ''une fille adoptive pour Spirit et Arthurin''. 
  • Vidéo Youtube d'Eve Belisle titrée ''Fauconneaux de l'UdeM, 9 juillet 2015'' qui montre Marie avec 2 de ses sœurs adoptives sur l'ancienne chapelle de l'Université de Montréal.
  • Mon article de blogue daté du 11 juillet 2015 et dont le titre est ''Agrandissement de la famille de faucons pèlerins de l'Université de Montréal''.
     

2015. De Trois-Rivières à l'Université de Montréal

Marie a été trouvée au sol le 23 juin 2015 sur la rue Lajoie à Trois-Rivières puis acheminée à l'UQROP.  À part quelques plumes brisées qui ont été extraites pour faciliter la pousse de nouvelles plumes, son examen n'a rien montré d'anormal. L'UQROP a contacté des ornithologues locaux pour tenter de retracer ses parents afin de la relâcher auprès d'eux mais sans succès. Le docteur Guy Fitzgerald a alors approché Faucons de l'UdeM pour une relâche à l'Université de Montréal où le couple nicheur élevait à ce moment-là 3 fauconneaux femelles approximativement du même âge. La relâche a été effectuée le 8 juillet. Avant de poursuivre l'histoire de Marie, je vais faire un petit rappel sur la nidification mouvementée de l'Université de Montréal cette année-là...

Au début de 2015 le couple de faucon pèlerin de l'Université de Montréal est composé de Spirit (la femelle) et de Éole (le mâle). Un couple incestueux puisque Éole, né en 2011, est le fils de Spirit...  Le 15 janvier je filme un accouplement entre les 2 à l'Oratoire Saint-Joseph. Le 3 avril 2015 Richard Dupuis observe Éole à l'Incinérateur des Carrières avec une autre femelle qui sera plus tard baptisée Eve (c'est la femelle actuelle à l'Université de Montréal). Le 7 avril Éole est remplacé à l'Université de Montréal par un nouveau mâle baptisé Arthurin. Alors qu'on pensait qu'il faudrait attendre une semaine ou deux pour voir apparaitre des œufs le temps que Spirit et Arthurin apprennent à se connaitre, Spirit pond son premier œuf dans la nuit du 9 au 10 avril! Elle pondra en tout 4 œufs. 3 fauconneaux naissent entre le 19 et le 21 mai, l'œuf non éclos contenait un oisillon qui n'a malheureusement pas réussi à sortir. Lors du baguage des 3 juvéniles le 15 juin, il a été constaté qu'il s'agissait de 3 femelles, baptisées Luna, Eclipse et Céleste à l'issue d'un sondage sur Facebook. Le 28 juin à 19h30 à ma grande surprise je repère une juvénile au 10ième étage, un des rares fauconneaux pour lesquels il n'y a pas d'indication qu'il soit passé par une corniche prison. Le 6 juillet, 2 jours avant l'arrivée de Marie, les 3 juvéniles avaient volé au moins une fois. De son côté Éole était l'heureux papa de 4 fauconneaux à l'église Saint-Marc, voir par exemple cet article et les références qu'il contient.

Revenons à Marie. Elle a été relâchée sur un toit de l'Université de Montréal par Richard Dupuis vers l'heure du midi le 8 juillet 2015 d'après l'annonce de Faucons de l'UdeM. Quand je suis arrivé à l'Université de Montréal vers 14h ce jour-là, peu de signes indiquaient que la famille s'était agrandie et pourtant un examen attentif des photos et vidéos montre que Marie était présente: tel qu'anticipé par le Dr. Guy Fitzgerald elle n'avait pas été chassée. Sur la vidéo ci-dessous que j'ai enregistrée moins de 24 heures après sa relâche, Marie est reconnaissable à l'absence de bague à sa patte droite alors qu'elle est perchée en compagnie d'une autre juvénile sur le toit de l'ancienne chapelle.
Et sur cette vidéo de Faucons de l'UdeM enregistrée moins de 15 minutes plus tard on voit Marie en compagnie de 2 juvéniles sur une corniche de l'ancienne chapelle où un repas vient manifestement d'avoir lieu; son jabot gonflé indique qu'elle a mangé récemment.
 
J'ai enregistré des signes de présence de juvénile à l'Oratoire Saint-Joseph jusqu'à la fin août 2015. Il n'est pas clair si Marie faisait partie des juvéniles toujours présentes à ce moment-là; sa dernière présence confirmée semble être cette observation en vol le 23 juillet à l'Université de Montréal où elle est reconnaissable à ses plumes de queue manquantes (vidéo). 
 

2023. À Drummondville

D'après le document pdf publié par l'UQROP, Marie a été retrouvée blessée dans une cour d'école à Drummondville le 16 septembre 2023. Elle a été acheminée à la Clinique des oiseaux de proie, où une fracture ouverte du bout de l'aile droite a été constatée. Après avoir été soignée, elle a été transférée le 16 octobre dans une volière de Chouette à Voir pour ''une convalescence avec physiothérapie active''. Elle a été relâchée le 24 novembre depuis le site de Chouette à Voir.
 
D'après Wikipédia, Drummondville est une ville de la région Centre du Québec, la 15ième ville la plus peuplée du Québec (en 2022). Gonflée par les fusions municipales (elle a notamment absorbé la ville de Saint-Nicéphore en 2004), sa superficie est de 260km2. 

L'école où a été trouvée Marie n'est pas précisée. D'après cette page de la ville de Drummondville, la ville compte une vingtaine d’écoles préscolaires et primaires ainsi que plusieurs écoles secondaires (la référence à une cour d'école semble exclure les centres de formation, les 2 CÉGEPs et le campus de l'UQTR). 

Les distances suivantes sont calculées par rapport à l’Hôtel de ville de Drummondville. D'après Google Maps, la distance à l'Université de Montréal est d'un peu plus de 97kms, la distance à l’Hôtel de ville de Trois-Rivières d'un peu plus de 51kms et la distance à Chouette à Voir où elle a été relâchée d'un peu moins de 43kms.

Parmi les faucons pèlerins bagués qui ont grandi dans le secteur de l'Université de Montréal, Marie arrive en 2ième position en termes de distance parcourue. La première place est détenue par Jean né à l'Oratoire Saint-Joseph en 2021 et qui a été localisé dans l'état de New-York la même année à 295kms de Montréal, voir cet article et les références qui s'y trouvent.


2. Un faucon pèlerin avec le même profil de baguage que Marie photographié à Drummondville en juillet 2021

Le 5 juillet 2021 Rollande Descôteaux a été survolée par un faucon pèlerin qu'elle a pu photographier:
Faucon pèlerin - 5 juillet 2021 (crédit: Rollande Descôteaux)

En examinant sa photo elle réalise qu'il est bagué à la patte gauche. Dans son signalement eBird, elle écrit ''Il est passé au dessus de chez moi. Porte une bague à la patte gauche, mais ne peut l'identifier.''.
 
J'ai réussi à la joindre via le site Go Oiseaux! de Mireille Poulin où elle avait publié sa photo. À ma demande elle a publié sur ce site un agrandissement de la partie de la photo montrant la bague. Avec sa permission je reproduis ici cet agrandissement:
Agrandissement montrant la bague (crédit: Rollande Descôteaux)

Il y a 2 possibilités:
  • Soit c'est Marie et dans ce cas cela suggère qu'elle n'était pas juste de passage quand a elle été secourue le 16 septembre 2023 mais qu'elle est possiblement établie dans le secteur.
  • Soit ce n'est pas Marie et dans ce cas Drummondville aura été visité en l'espace de 2 ans par 2 faucons pèlerins différents bagués à la patte gauche. Ce n'est pas impossible. Après tout Drummondville n'est qu'à 43kms de Chouette à Voir où plusieurs faucons pèlerins soignés par l'UQROP sont relâchés. Or l'UQROP a comme politique de baguer les individus relâchés à une des pattes (ceux qui n'étaient pas déjà bagués bien sur). À titre indicatif, pour les années 2020, 2021 et 2022, l'UQROP a relâché en moyenne 9 faucons pèlerins par année (sources: bulletins Envol). Un faucon pèlerin bagué uniquement à la patte gauche pourrait aussi avoir été bagué ailleurs au Québec, dans une autre province canadienne ou aux États-Unis. Documenter le passage de 2 faucons pèlerins différents bagués à la patte gauche serait quand même tout un exploit. 
Si d'autres photos émergeaient qui montrent un faucon pèlerin bagué à la patte gauche uniquement, cela renforcerait à mon avis la thèse qu'il s'agit d'un même individu, en l'occurrence Marie. 

 

3. Présences de faucons pèlerins juvéniles. Et autres informations tirées des signalements eBird

Se pourrait-il que les signalements eBird nous apprennent quelque chose sur la présence de Marie dans le secteur de Drummondville ? J'ai déjà mentionné dans la section précédente l'observation en 2021 d'un faucon pèlerin avec le même profil de baguage que Marie. 
 

3.1. Évolution du nombre de signalements eBird 

Afin de tenter d'en savoir plus, j'ai épluché l'ensemble des signalements eBird de faucon pèlerin pour la période 2015-2023 pour le périmètre montré dans la figure ci-dessous
Crédit: image fournie par eBird et créée le 19/12/2023

Le choix du périmètre est totalement arbitraire, en particulier il ne correspond pas aux limites de la ville; de plus j'ai fixé ses limites de façon à inclure les 2 sites de Joanie Lavigne (les 2 gouttes bleues en bas de l'image) en raison des multiples signalements de juvénile. Le nombre de sites (gouttes bleues) dans le périmètre était de 40.

J'ai comptabilisé le nombre de signalements eBird du faucon pèlerin pour chacune des années 2015 à 2023 en ne retenant qu'un signalement par jour et par site. Cela donne à peu près ceci (quelques erreurs peuvent subsister):
 
Le pic de 2021 est attribuable en grande partie à la présence à Drummondville d'une rareté en novembre 2021 (une oie de la toundra, une espèce qui n'avait pas été vue au Québec depuis plus de 40 ans d'après cet article de l'Express de Drummondville) qui a attiré sur place un grand nombre d'ornithologues et cela pendant plusieurs jours.

Si on exclut cette anomalie, on remarque que le nombre de signalements pour la période 2020-2023 est à peu près stable et plus élevé que pour la période 2015-1019. Il serait tentant d'y voir le signe d'une présence accrue de faucons pèlerins mais il semble que cette hausse soit elle aussi plutôt attribuable à une hausse du nombre d'observateurs. En particulier le nombre de personnes ayant produit au moins un signalement a plus que doublé entre 2019 et 2020. Se pourrait-il que les nouveaux observateurs de 2020 étaient déjà actifs les années précédentes mais n'ont pas observé de faucon pèlerin, ce qui serait cohérent avec l'hypothèse d'une plus grande présence du faucon pèlerin ? Il ne semble pas possible de faire une recherche par personne et par lieu sur eBird mais si on génère les cartes eBird pour une espèce facile à observer comme la bernache du Canada on remarque que la carte pour 2020 comporte significativement plus de points que celle de 2019, ces nouveaux points semblant correspondre pour l'essentiel à des sites créés par de nouveaux observateurs. Une analyse plus fine serait nécessaire mais il semble bien que l'augmentation du nombre de signalements de faucon pèlerin est en grande partie attribuable à une hausse du nombre d'observateurs. Un autre facteur qui pourrait contribuer à une hausse du nombre de signalements est qu'une fois qu'un faucon pèlerin est observé à un endroit, cet endroit pourrait bénéficier d'une attention plus soutenue et ainsi générer des nouveaux signalements.

3.2. Que disent les signalements ?

Si on s'intéresse à la nature des signalements, la plupart portent sur un individu, avec quelques signalements de 2 ou 3 individus. Quelques signalements sont accompagnés de commentaires, voici un aperçu de ces commentaires (les mentions de juvéniles sont traitées plus bas):

3.3. Mentions de juvénile

La première mention d'un jeune est faite le 12 octobre 2018 par Yvon Roy. À cette période de l'année les juvéniles sont capables de se déplacer sur de longues distances et rien n'indique donc que ce juvénile soit né à proximité.

Plus intéressantes sont les observations de juvéniles faites à partir de 2019 à la station d'épuration et à partir de 2021 au LET. Ces observations sont faites en juillet et août et certaines impliquent jusqu'à 3 individus dont au moins 2 sont des juvéniles, ce qui rend davantage probable une origine locale. Il est intéressant de noter que ces 2 sites sont distants de 15kms, une distance théoriquement compatible avec 2 nids.

Station d'épuration (position sur Google Maps)

Le 28 juillet  2019, François  Bourret produit un signalement pour un juvénile de sexe inconnu avec le commentaire ''Fait des piqués à chacun des étangs puis se perche dans la tour de télécom''. 5 photos montrant l'une un faucon en vol et les autres un faucon perché sur une tour de télécommunication accompagnent son signalement. Une autre personne a signalé un faucon pèlerin sur la tour de télécommunication 3 jours plus tard mais sans mention d'âge.

Le 16 juillet 2022 Luc Tremblay signale 1 faucon pèlerin. La photo qui illustre son signalement montre un juvénile perché sur un tronc d'arbre abattu.

Le 18 août 2023, soit moins d'un mois avant l'accident de Marie, Yvon Roy soumet un signalement pour un faucon pèlerin avec la mention ''Semble blessé à une patte, semble volée très bien''. Pensant qu'il y avait un autre faucon pèlerin blessé dans le secteur - ce qui aurait pu suggérer qu'il y avait eu des batailles entre 2 pèlerins - je l'ai contacté pour obtenir plus d'information. Il m'a répondu que c'est son comportement peu farouche qu'il l'a amené à penser que le faucon était possiblement blessé. Il a aussi indiqué que le faucon volait à basse altitude. La photo qu'il a jointe montre un juvénile.
Agrandissement d'une photo transmise par Yvon Roy

 

Drummondville - L.E.T Saint-Nicéphore (position sur Google Maps)

J'ai d'abord pensé que L.E.T était l'acronyme pour Lycée d'Enseignement Technique mais ce serait plutôt pour Lieu d'Enfouissement Technique! Les signalements de faucon pèlerin à un site d'enfouissement doivent être considérés avec prudence puisque des faucons pèlerins de fauconnerie sont parfois utilisés pour effaroucher les goélands et autres oiseaux indésirables. Et cela semble effectivement le cas à ce site à en juger par ce document pdf daté de 2019 de l'entreprise WM qui exploite le site: il y est mentionné que 3 faucons et 2 buses s'alternent pour effaroucher les goélands. Mais la photo de profil eBird de Joanie Lavigne qui a produit les signalements suggère qu'elle est elle-même active dans le domaine de la fauconnerie (il est fort probable qu'elle soit une des fauconnières travaillant sur le site). Voici un résumé des signalements de Joanie Lavigne:
  • 2021: sur 16 signalements de 1 faucon pèlerin entre le 7 juin et le 27 septembre, un est identifié comme un adulte (le 2 août) et un autre comme un juvénile (le 3 août). 
  • Un juvénile est signalé le 16 août 2023.
  • Le 28 août 2023 2 juvéniles sont signalés.

Sur un autre site (Drummondville - chemin Tourville, position sur Google Maps) situé environ 6kms plus à l'ouest,  Joanie Lavigne signale par 2 fois un total de 3 faucons pèlerins dont au moins 2 sont des juvéniles:

  • 9 août 2023. Le commentaire complet est '''En vol. Vocalisations et jeux aériens, au moins 2 juvéniles.'
  • 11 août 2023. Le commentaire complet est ''En vol. Vocalisations et l’un d’eux pourchassait un pigeon. Au moins 2 sont des juvéniles.''.

 

Un nichoir pour faucon pèlerin au L.E.T.  conçu pour un fauconneau natif de la même ville que Marie 

Ce qui suit est basé sur 2 articles de l'Express de Drummondville: Des efforts concertés pour réhabiliter Mirage, un faucon pèlerin (daté du 23 février 2015) et Le faucon pèlerin Mirage libéré dans la nature (daté du 11 décembre 2015), voir aussi ce reportage de Radio-Canada du 24 février 2015.

En 2014 un fauconneau - baptisé Mirage = est trouvé sous le pont Laviolette à Trois-Rivières, apparemment abandonné par ses parents (rappelons que Marie a été trouvée dans cette même ville en 2015) . Il est acheminé à l'UQROP qui le confie à un fauconnier de l'entreprise GPF (maintenant connue sous le nom de Artémis) pour lui apprendre la vie de faucon pèlerin sauvage, en particulier la chasse. Ce fauconnier travaille au L.E.T. de Drummondville et l'apprentissage se fait en grande partie à cet endroit. Des élèves de l'école secondaire Jean-Raimbault sont mis à contribution, via l'organisme GARAF, pour construire 2 nichoirs pour Mirage (il y a possiblement ici une petite erreur dans les articles puisque le reportage de Radio-Canada montre un nichoir pour faucon pèlerin et un autre pour une autre espèce). L'entrainement de Mirage a duré 10 mois, principalement à Drummondville mais aussi en partie à Chouette à Voir, avant que Mirage soit relâché à Drummondville dans la première moitié de décembre 2015. D'après Marc-André Fortin cité par le premier article de l'Express, ''Les deux nichoirs resteront en permanence sur le site d’enfouissement''.

La rue Lajoie où a été trouvée Marie est assez longue et d'après Google Maps sa distance la plus petite au pont Laviolette est de 4,25kms. À moins que les parents de Mirage aient déménagé, rien ne permet de penser que Mirage et Marie aient eu les mêmes parents.   

Sachant que le site d'enfouissement de Drummondville est équipé d'un nichoir pour faucon pèlerin, la question naturelle est s'il a été utilisé en 2023. Si oui cela expliquerait les signalements de juvénile dans ce secteur, et bien entendu la question suivante serait si une bague a été observée sur la femelle nicheuse.  Malheureusement je n'ai appris la présence de ce nichoir qu'en fin d'après-midi du 23 décembre, trop tard pour espérer obtenir une réponse à ces questions. À suivre donc...


3.4. Des observations pendant l'absence de Marie 

Les signalements de faucon pèlerin ont continué pendant que Marie était sous les soins de l'UQROP. Rappelons que Marie a été secourue le 16 septembre 2023 et relâchée le 24 novembre 2023. Voici les signalements:







jeudi 20 juillet 2023

Université de Montréal: une nidification qui se termine mal pour les faucons pèlerins

Cet article a été publié le 4 décembre 2023 et a été daté du 20 juillet afin de le placer à l'endroit voulu dans le blogue. Le résultat de la nécropsie du fauconneau décédé le 4 juillet n'était pas connu en date du 4 décembre.

Mise à jour 18 décembre 2023: les principales conclusions du rapport de nécropsie de Ti-Pou ont été partagées par Faucons de l'UdeM: en bref, Ti-Pou était une femelle qui est décédée de lésions internes consécutives à sa chute, voir aussi mes commentaires.

Les centaines de personnes qui suivaient quotidiennement la nidification des faucons pèlerins via les caméras de Faucons de l'UdeM ont vécu de nombreux rebondissements dramatiques jusqu'à la conclusion finale: le décès du dernier fauconneau le 4 juillet. Après un suspens de plusieurs jours, 2 des 4 œufs pondus entre le 16 et le 23 avril éclosent le 28 mai. Malheureusement un des fauconneaux décède le 31 mai, très vraisemblablement des conséquences d'une infestation de mouches. Le 2 juin la dégradation de l'état de santé du fauconneau survivant, surnommé Ti-Pou, conduit Faucons de l'UdeM à intervenir au nid pour le traiter. Suite à cette intervention le fauconneau reprend du mieux. Une autre intervention est envisagée le 12 juin mais l'idée est abandonnée lorsque Ti-Pou recommence à manger par lui-même. Puis le 17 juin Faucons de l'UdeM annonce que Ti-Pou semble présenter une anomalie dans la croissance de ses plumes qui pourrait rendre son premier vol plus dangereux. Le matin du 4 juillet, comme toutes les autres fauconneaux avant lui, Ti-Pou semble rejoindre une corniche qui sert habituellement de point de départ pour le premier vol. Malheureusement son corps sans vie sera trouvé quelques heures plus tard 13 étages plus bas.

La saga de Ti Pou aura généré énormément d'émotions, au point que le clavardage a du être interrompu pendant quelques jours. Au centre des débats, le niveau d'intervention humaine à adopter lorsque la nidification semble ne pas se dérouler normalement. 

Photo de famille, 28 juin (crédit fauconsudem.com)
 

Notes sur les sources et crédit 
Cet article est basé largement sur les publications Facebook et Youtube de Faucons de l'UdeM (site principal, page Facebook, chaine Youtube) mais aussi sur des échanges avec Eve Belisle (qui a fondé Faucons de l'UdeM): merci beaucoup à elle. Merci également à Huguette Lenoir pour ses précisions concernant l'endroit où elle a trouvé le corps de Ti-Pou. En raison de l'intense activité sur le clavardage des caméras de Faucons de l'UdeM durant la période où des fauconneaux sont visibles, je n'ai pas essayé de sauvegarder les conversations, excepté partiellement certains jours. Quelques rares observations personnelles ont complété mes informations.


Chronologie

Des naissances qui se font attendre

Faucons de l'UdeM avait annoncé les éclosions vers le 23 mai approximativement mais ce n'est que le 28 mai que 2 fauconneaux ont réussi à s'extirper de leur coquille.  

Le matin du 25 mai Faucons de l'UdeM annonce qu'ils croient avoir vu un début d'éclosion sur un des œufs et prévient que le processus peut prendre jusqu'au 48 heures. Le 27 mai à 18h45 Faucons de l'UdeM annonce qu'au moins 2 œufs ont un trou. Le 28 mai à 5h25 Faucons de l'UdeM publie une vidéo où on voit Eve (la femelle faucon pèlerin) brasser un œuf qui a un trou dans lequel on voit bouger un fauconneau; de plus des cris de fauconneau sont perceptibles.
 
Un premier fauconneau s'extirpe de sa coquille le 28 mai peu après 7h30. À 7h39 Eve quitte et est remplacée auprès du fauconneau par M (le faucon pèlerin mâle). Celui-ci achève de dégager le fauconneau de la demi coquille qui lui servait de couvre-chef et la grignote. Eve reprend sa place à 7h44. Ces scènes sont montrées dans cette vidéo publiée par Faucons de l'UdeM et partagée sur Facebook à 9h30.

7 heures plus tard, à 16h31, Faucons de l'UdeM publie une vidéo Facebook montrant 2 fauconneaux sous les plumes d'Eve. Le 2ième fauconneau est né à 12h49 d'après les vidéos subséquentes de Faucons de l'UdeM.
 
En fin de soirée Faucons de l'UdeM partage sur Facebook une vidéo Youtube du premier repas des 2 fauconneaux qui a eu lieu à 20h46.

Les 2 autres œufs n'écloront pas (voir plus loin).

Comment expliquer la différence de 5 jours entre la date d'éclosion prévue et la date réelle ? Les éclosions ont-elles été difficiles ? L'incubation débute généralement après la ponte de l'avant-dernier œuf et dure de 32 à 35 jours (sources pour la durée de l'incubation: plan de rétablissement du faucon pèlerin au Québec - 2019-2029 du gouvernement du Québec et rapport du COSEPAC du gouvernement du Canada). Eve Belisle m'a indiqué avoir fait le calcul avec une durée de 33 jours. Il n'est pas clair comment cette durée a été choisie mais même s'il s'agissait de la durée la plus probable sur un grand ensemble de nids en Amérique du Nord, cette durée pourrait ne pas s'appliquer à Eve. Heureusement comme cette femelle niche depuis 2018 sous les caméras de Faucons de l'UdeM, des données sont disponibles pour évaluer sa durée d'incubation personnelle. Le tableau ci-dessous donne pour chaque année la date de ponte du 3ième œuf, la date d'éclosion du premier fauconneau et la durée entre ces 2 moments (lorsque la ponte ou la naissance a eu lieu durant la nuit et que le moment exact n'est pas connu, j'ai fixé arbitrairement ce moment; une étoile indique les durées pour lesquelles l'incertitude dépasse 1 heure).


Nombre d’œufs Incubation
Année pondus
éclos
Ponte 3ième œuf
1ière éclosion
Durée
2018 4
4
10 avril, 1h*
15 mai, 6h25
35 jours, 5h25*
2019
4
4
15 avril, 16h12
19 mai, 23h55
34 jours, 7h43
2020
3
3
14 avril, 0h37
23 mai, 8h19
39 jours, 7h42
2021
Données absentes - nidification à l'Oratoire Saint-Joseph
2022
4
3
21 avril, 4h26
26 mai, 0h*
34 jours, 19h34*
2023
4
2
20 avril, 22h30
28 mai, 7h41
37 jours, 9h11
 
Pour 2020 j'ai calculé la durée à partir de la ponte du 3ième œuf même si seulement 3 œufs ont été pondus. En calculant la durée à partir de la ponte de l'avant-dernier œuf (le 2ième, dans ce cas) on obtiendrait 42 jours et 22 heures. Rappelons qu'il y a eu des écarts inhabituellement longs entre la ponte des différents œufs, notamment un écart de 86 heures entre la ponte du 2ième œuf et celle du 3ième.  Cette nidification de 2020 a en fait été fortement perturbée par le remplacement du mâle la veille de la ponte du 1er œuf. Le nouveau mâle - Sphinx - a mis beaucoup de temps à s'impliquer dans la couvaison, ce qui s'est traduit par de longues périodes (parfois de plus de 2 heures) où les œufs n'étaient pas couvés, ce qui explique probablement en grande partie la durée inhabituellement longue de l'incubation. De façon surprenante tous les œufs avaient éclos mais un des fauconneaux est mort quelques heures après sa naissance. Pour plus de détails, voir cet article ainsi que celui-ci.

L'examen du tableau montre qu'en 2018, 2019 et 2022 la durée entre la ponte du 3ième œuf et la première éclosion est autour de 35 jours. Elle est nettement supérieure en 2020 pour les raisons juste expliquées mais elle est également supérieure de 2 jours en 2023. Pourtant il n'y a apparemment pas eu d'interruptions significatives de la couvaison en 2023 contrairement à 2020 (le 25 mai, en réponse à une question, Huguette Lenoir a indiqué sur le clavardage que la plus longue durée durant laquelle les œufs étaient laissés seuls était de 7 minutes). Ces 2 jours supplémentaires entre la ponte du 3ième œuf et les naissances sont possiblement le premier indice que quelque chose n'allait pas très bien.
 

Couverture des éclosions par les médias

Comme pour la ponte, de nombreux médias ont rapporté les éclosions. Voici la liste (merci de me communiquer les éventuels oublis).
Médias francophones
Médias anglophones

Pas de développement embryonnaire chez les 2 œufs non éclos

Le 5 juin Faucons de l'UdeM a annoncé sur Facebook le résultat de l'examen par la Clinique des oiseaux de proie des 2 œufs qui n'avaient pas éclos:  ''Les œufs non-éclos récoltés au nid étaient clairs: pas de développement embryonnaire''. L'examen a été fait par mirage. Comme le montre le tableau plus haut, c'est en 2022 que pour la première fois un œuf n'a pas éclos (il était prévu que l’œuf soit récupéré lors du baguage pour être analysé mais il a été oublié dans le nichoir). On ne peut pas exclure que déjà en 2021 à l'Oratoire Saint-Joseph un ou plusieurs œufs n'aient pas éclos: 2 fauconneaux ont été observés mais on ignore le nombre d’œufs pondus et combien ont éclos. 
 
Le résultat de l'analyse des 2 œufs semble en contradiction avec l'observation d'un trou sur un de ces œufs tel que mentionné sur le clavardage l'après-midi du 28 mai. Interrogée à ce sujet, Eve Belisle m'a indiqué qu'aucun des 2 œufs récupérés n'était endommagé et que l'observation d'un trou sur les images de la caméra était donc une erreur.

31 mai: décès du premier fauconneau

Le 31 mai durant la matinée, un des fauconneaux décède.  Sur le clavardage quelqu'un a mentionné que les 2 fauconneaux semblaient corrects lors du nourrissage de la veille au matin mais qu'à 4h48 le fauconneau n'arrivait plus à se redresser. Des mouvements sont rapportés vers 7h45 et 8h33. À 9h48 une participante écrit qu'il ne semble plus avoir de respiration active mais à 9h56 un nouveau mouvement est observé. Plusieurs personnes notent les touchants efforts d'Eve pour le stimuler (notamment par pincement de sa patte). 2 personnes ont demandé pourquoi Eve ne semblait pas le nourrir la veille alors même qu'il dressait (difficilement) la tête (à noter que cela prendrait un examen de la vidéo du nourrissage pour conclure qu'Eve ne l'a pas nourri du tout mais il est possible que le fauconneau en meilleur santé ait raflé la plus grande partie du repas). Le décès est annoncé, apparemment un peu prématurément, à 8h30 par Faucons de l'UdeM dans cette publication Facebook. Cette publication mentionne que la veille le fauconneau semblait avoir de la difficulté à lever sa tête pour réclamer de la nourriture et propose 2 hypothèses: soit qu'il a dépensé trop d'énergie pour naitre, soit qu'il y ait de nouveau présence de mouches carnus
 
Le 1er juin vers 17h45 Eve saisit avec son bec le bec du fauconneau décédé et l'emporte hors du nichoir. Le mâle en profite pour tenter de nourrir le fauconneau survivant mais il en est empêché par le retour de la femelle à 17h48 (vidéo). 
 
Les mouches carnus sont identifiées par Faucons de l'UdeM comme la cause probable du décès et le fauconneau survivant en est aussi atteint: difficultés à se maintenir debout et tâches noires sous les ailes. La publication Facebook de Faucons de l'UdeM d'où ces informations sont tirées mentionne aussi que le fauconneau essaie de se débarrasser des mouches avec son bec.
 
Ce décès a eu des retombées inattendues mais très intéressantes. Parmi les spectateurs de cette nidification, on retrouvait plusieurs classes allant de la maternelle au secondaire, à qui l'enseignant(e) montrait la diffusion en direct. Le décès a permis à plusieurs enfants de s'exprimer sur un deuil qu'ils ont vécu (deuil d'un parent, d'un frère ou d'une sœur et même d'un bébé mort dans le ventre de leur mère). Au moins un CHSLD a également suivi la nidification via le poste de télé de la salle de repos (source: clavardage du 1er juin).


2 juin: intervention sur le fauconneau survivant

Après consultation d'experts (non nommés), Faucons de l'UdeM a décidé d'intervenir pour nettoyer le fauconneau de ses mouches, le nourrir et le réhydrater. Dans sa publication Facebook, ce qui a motivé l'intervention est ainsi expliqué: ''malheureusement après les premiers repas de la journée aujourd’hui, le petit semblait dépérir. Il a passé 2 repas pratiquement sur le dos en mangeant très peu, trop faible pour remonter sa tête''. La diffusion de la caméra 3 a été stoppée pendant l'intervention mais l'incrustation de l'image de la caméra 3 dans la diffusion de la caméra 2 a été laissée (apparemment par erreur), permettant d'avoir un aperçu de l'intervention:
  • 16h11: Eve, alors en position de couvaison, se redresse et alarme
  • 16h12mn55: début des tentatives d'éloigner Eve de son fauconneau
  • 16h15mn: le fauconneau est capturé pendant qu'Eve est tenue en respect.
  • De 16h15 à 16h27: des soins sont apportés au fauconneau hors de vue de la caméra
  • 16h27mn26: les 2 œufs non éclos sont récupérés.
  • 16h27mn50: le fauconneau est déposé dans le nichoir.
  • 16h28mn07: Eve rejoint le fauconneau. 
Il se trouve que j'étais sur place, au sol, ayant du quitter moi-même mon appartement pendant quelques heures suite à un traitement anti-insectes... Contrairement aux autres interventions à l'Université de Montréal que j'avais pu voir dans le passé, Eve avait accès à l'intérieur du nichoir pendant les tentatives de retirer le fauconneau, ce qui a allongé le temps nécessaire pour capturer le fauconneau et a possiblement augmenté son stress. L'image ci-dessous, qui a été enregistrée à 16h13 au début de l'opération, montre Eve les ailes ouvertes à l'entrée du nichoir.

L'absence de référence à la règlementation qui protège les nidifications en général et le faucon pèlerin en particulier dans la communication de Faucons de l'UdeM suggère que cette intervention ne respectait probablement pas ces règlementations (ou sinon cela aurait été une belle occasion de les rappeler). Ce non-respect expliquerait aussi que les experts consultés n'aient pas été nommés publiquement. Il est à souhaiter que cette intervention, qui a été suivie par un grand nombre de personnes en raison de la publicité faite par les médias quelques jours plus tôt, n'inspirera pas d'autres initiatives du même genre potentiellement plus dommageables. La nidification de nombreuses espèces d'oiseau est protégée par la loi fédérale sur la convention concernant les oiseaux migrateurs de 1994 et ses règlements, voir par exemple cette foire aux questions. Curieusement les oiseaux de proie (faucon, aigle, hibou, ...) ne sont pas protégés par cette loi mais le faucon pèlerin reste protégé au niveau provincial.
 

3 au 11 juin: le fauconneau se porte mieux

  • Le 3 juin Faucons de l'UdeM publie une vidéo sur Youtube (partagée sur Facebook) montrant un nourrissage à l'issue duquel le fauconneau tombe sur le dos sans parvenir à se relever. Le mâle le saisit alors délicatement par la peau du cou pour l'aider à se relever.
  • Le même jour Élise Deshaie et Huguette Lenoir observent le comportement des adultes depuis le sol. Leurs observations sont partagées le lendemain sur Facebook.
  • Le 6 juin Faucons de l'UdeM publie sur Youtube une vidéo du premier repas donné par le mâle (partage sur Facebook).
  • Le 10 juin Faucons de l'UdeM publie une vidéo Facebook montrant le mâle interagir avec le fauconneau avant de déguerpir au retour de la femelle.
  • Le 11 juin Faucons de l'UdeM publie une vidéo Youtube montrant le mâle et le fauconneau semblant se disputer une proie, avant que le mâle nourrisse le fauconneau (partage Facebook).

12 juin: détérioration passagère de l'état de santé du fauconneau

Le 12 juin à 13h Faucons de l'UdeM publie sur Facebook une mise à jour indiquant qu'une détérioration de l'état de santé du fauconneau a été constatée et qu'un transport à la Clinique des oiseaux de proie pour évaluer son état est envisagé. Dans un commentaire sur Facebook Milene Marengere décrit ainsi la situation ''[...] le fauconneau semble simplement avoir tombé sur le dos tôt le matin et il n'était pas capable de se relever, il était en détresse et je trouve qu'Eve ne semblait pas savoir comment le retourner, il a crié en vain et dépensé de l'énergie pendant des heures, Eve a même mangé un repas complet devant lui sans lui en donner et en l'appelant même s'il ne pouvait la rejoindre [...]''. Cette fois-ci Faucons de l'UdeM indique être en attente d'une autorisation du Ministère pour intervenir. En commentaires, Faucons de l'UdeM explique que l'intervention du 2 juin était une intervention rapide où on savait comment agir alors qu'ici ''son état requiert un examen, diagnostique, et plan d’action'' (comme indiqué plus haut, en principe l'intervention du 2 juin nécessitait aussi une autorisation du Ministère).

À 16h18 Faucons de l'UdeM indique sur Facebook n'avoir toujours pas reçu de réponse du Ministère mais qu'entre temps l'état du fauconneau s'est amélioré et qu'une intervention n'est plus nécessaire. En commentaires de la publication Facebook de 13h Sarah Desjardins écrit ''Il mange son deuxième repas en ce moment (15:40)!''. Certains sur Facebook ont proposé que c'était possiblement une patte de pigeon avalée entière la veille qui n'était pas bien passée.
 
Le 13 juin Faucons de l'UdeM donne des nouvelles encourageantes du fauconneau en prévenant de ne pas trop s'inquiéter si les repas se font plus rares car la pluie complique la chasse. Faucons de l'UdeM indique également que le clavardage a été temporairement fermé en raison de la forte émotivité des participants et explique la décision prise par les experts de ne finalement pas intervenir. Le 15 juin Faucons de l'UdeM annonce le retour du clavardage.


17 juin: problème de croissance des ailes

Le 17 juin Faucons de l'UdeM publie une mise à jour indiquant que le fauconneau souffre d'un problème de croissance des ailes. Le baguage prévu pour le 21 juin est remis en question. Faucons de l'UdeM écrit également ''Ici nous n'avons pas l'intention de retirer le fauconneau du nid pour l'hospitaliser; il ne semble pas souffrant ni en détresse. Nous préférons laisser les parents s'occuper de lui et le laisser vivre sa vie de faucon sauvage autant que possible''. 
 
Le 20 juin dans une nouvelle mise à jour Faucons de l'UdeM précise encore plus sa position: ''En ce moment, kidnapper le fauconneau pour le traiter en captivité pendant plusieurs jours (voir de façon permanente) signifierait provoquer un échec de la nidification pour les adultes, ce que nous avons toujours évité ici à l'UdeM. Je vous rappelle que les faucons pèlerins se portent bien maintenant au Québec, et que la sélection naturelle joue un rôle important chez les animaux sauvages. Il est encore possible que nous décidions de l'examiner et documenter sa condition, nous sommes en communication avec les différents intervenants à ce sujet. En ce moment, le fauconneau ne souffre pas, il est bien nourri et protégé par ses parents. Il dort beaucoup, mais commence aussi à se tenir debout sur ses pattes et découvrir tous les recoins du nichoir. Bref, il est "heureux" comme un fauconneau normal de son âge. Si la situation change alors nous réévaluerons notre plan d'action, merci de votre compréhension!''
 

20 juin: le fauconneau ''tombe'' du nichoir

Le 20 juin peu avant 17h le fauconneau fait une chute d'une vingtaine de centimètres (vidéo Facebook par Faucons de l'UdeM) et se retrouve sur la corniche de la tour de l'Université de Montréal sur laquelle le nichoir est placé. Plusieurs personnes inquiètes demandent que quelqu'un monte sur la tour pour le replacer dans le nichoir...

Le 22 juin peu avant 8h le fauconneau sort de sa ''prison'' en se glissant sous la perche du nichoir et commence à explorer les alentours (vidéo Youtube de Faucons de l'UdeM partagée sur Facebook). Le nom de ''Ti-Pou'' est pour la première fois utilisé par Faucons de l'UdeM (ce nom vraisemblablement apparu sur le clavardage est utilisé pour la première fois dans un commentaire d'une publications Facebook le 13 juin).
 
Ce même jour Faucons de l'UdeM publie une vidéo comique - mais qui peut aussi symboliser le mauvais karma de ce fauconneau - montrant Ti-Pou se faire déféquer dessus par un de ses parents perché sur le toit du nichoir!
 
 

25 juin au 3 juillet: la routine pour Ti-Pou

Durant cette période Ti-Pou explore les abords du nichoir et exerce ses ailes. Voici la liste des publications de Faucons de l'UdeM durant cette période.
  • 25 juin: montage de plusieurs arrivées d'un adulte sur la corniche suivies d'un nourrissage. Vidéo Youtube partagée sur Facebook
  • 27 juin: photo d'un adulte avec une proie destinée à Ti-Pou.
  • 28 juin: repas en famille + gros plans de Ti-Pou: vidéo Youtube partagée sur Facebook.
  • 28 juin: vidéo Facebook titrée ''Il y avait un deux pour un sur les pigeons à l'épicerie...'': vers 19h55 les 2 adultes apportent presque simultanément chacun un pigeon à Ti-Pou. Cilla Kinross a également publié une vidéo (ce qui ressemble à une erreur de date s'explique probablement par le fait que Cilla Kinross vit en Australie).
  • 29 juin: questions/réponses avec 3 photos: Ti-Pou est un mâle + explication du problème avec les plumes.
  • 1er juillet: Ti-Pou et le coucher du soleil. Vidéo Youtube partagée sur Facebook.

4 juillet: chute fatale de Ti-Pou

Le 4 juillet à 6h05, Ti-Pou semble faire ce que tous les fauconneaux ont fait avant lui, c'est-à-dire descendre sur ce qu'on appelle une corniche-prison située quelques mètres en-dessous du niveau du nichoir. Ces corniches se trouvent à chaque coin de la tour, ont une petite surface (d'où le qualificatif de ''prison'') et pour une raison mystérieuse ont servi de point d'envol à tous les fauconneaux.

Huguette Lenoir s'est rendue sur place pour surveiller Ti-Pou sur cette corniche-prison (les caméras ne permettent pas de voir la totalité de ces corniches) mais elle l'a plutôt trouvé sans vie au pied de la tour. Le cadavre de Ti-Pou a été acheminé à la Clinique des oiseaux de proie pour une nécropsie dont le résultat n'est pas connu au moment de publier cet article.
 
Voici l'annonce de la chute de Ti-Pou par Faucons de l'UdeM publiée à 7h10, l'annonce du décès publiée à 12h03 et des questions/réponses publiées à 15h21.
 

Un bruit mystérieux

Dans la vidéo captée par la caméra 3 de Faucons de l'UdeM (voici un enregistrement de la séquence) on voit Ti-Pou disparaitre après des exercices de battement d'aile puis presque immédiatement on entend un bruit bref. Le bref délai entre la chute et le bruit suggère de façon naturelle que ce bruit est causé par Ti-Pou heurtant une des corniches-prison. Mais il y a quelques éléments à considérer:
  • Les corniches-prison sont séparés du micro par le béton de la tour: ce béton ne devrait-il pas rendre le choc inaudible ? Pas nécessairement si on tient compte que le son se propage via une onde sphérique et non en ligne droite. On peut cependant se demander si le béton ne réduit pas l'intensité sonore captée par le micro.
  • Dans le système utilisé par Faucons de l'UdeM, les images et le son sont enregistrés par 2 capteurs différents puis combinés ensemble. Mais synchroniser parfaitement le son et l'image n'est pas une tâche facile et une désynchronisation a été observée à plusieurs reprises (typiquement on entend un faucon crier mais à l'image il a le bec fermé...). On ne peut donc pas se fier à l'intervalle de temps entre le moment où Ti-Pou disparait et le moment où on entend le bruit).
  • Le micro utilisé a été installé cette année, il n'y a donc pas de comparaison possible avec les descentes sur les corniches-prison des années antérieures.

Le fait qu'on ne peut pas nécessairement se fier au délai entre le moment où Ti-Pou disparait de l'image et le moment où on entend le bruit amène à se demander si le bruit ne pourrait pas correspondre plutôt au choc avec le 10ième étage. Si on néglige la résistance de l'air, il existe une relation très simple entre le temps de chute et la hauteur de la chute. J'ai estimé la hauteur de la chute à 37 mètres (pour arriver à ce chiffre, j'ai utilisé 53 mètres comme hauteur de la tour mesurée depuis le sommet du pavillon Roger Gaudry en me basant sur cette source qui fait apparemment référence à une page de l'Université de Montréal dont le lien est malheureusement brisé; d'autres sources indiquent une hauteur totale d'environ 80 mètres, un chiffre qui semble cohérent avec le 53 mètres si on ajoute la hauteur du pavillon Roger-Gaudry; finalement un calcul de proportion sur le plan de la tour conduit au résultat). Avec une hauteur de 37 mètres, le temps de chute libre est de 2,75 secondes. Ce temps pourrait être plus grand si le fauconneau a pu se maintenir horizontalement avec ses ailes ouvertes puisque la résistance de l'air ne pourrait alors plus être négligée. Il serait intéressant de savoir si le système de Faucons de l'UdeM a déjà expérimenté un décalage de plus de 3 secondes entre le son et l'image. Une autre question est si le micro pourrait capter des sons provenant d'aussi loin: il semble que la réponse à cette question soit positive puisque d'après Eve Belisle le micro a déjà capté des conversations qui semblaient provenir du sol.

Un quasi-accident en 2013

En 2013 j'ai été témoin d'une chute d'un fauconneau à peu près à l'endroit où Ti-Pou a disparu de la corniche (c'était en réalité sur une autre façade mais la géométrie est la même). Le fauconneau se trouvait sur la corniche-prison supérieure depuis quelque temps et tentait de rejoindre l'étage du nid. Malheureusement, alors qu'il avait presque réussi, il est entré en collision avec un de ses frères qui observait de trop près ses efforts, ce qui a provoqué sa chute (cette collision est montrée par cette vidéo). Le fauconneau est tombé dans une sorte d'étroit couloir vertical ouvert sur seulement un côté (marqué en jaune sur la photo ci-dessous, l'étoile bleue désignant la position approximative de Ti-Pou au moment où il disparait de l'image). 
Cet accident nécessitait beaucoup de sang-froid de la part du fauconneau - et peut-être de chance - pour s'orienter dans l'unique direction dans laquelle il pouvait voler. Le fauconneau a chuté verticalement sur environ 2/3 de la hauteur avant de trouver la sortie et de filer vers la tour verte où je l'ai ensuite retrouvé. Si Ti-Pou était tombé dans cet étroit couloir vertical, il aurait pu avoir moins de succès que son congénère 10 ans plus tôt, et son décès dans ce cas n'aurait peut-être même pas été lié à son problème de plumes. J'ai demandé à Huguette Lenoir si par hasard c'est au pied de ce couloir qu'elle l'avait trouvé.  Elle était trop sous le choc au moment de sa découverte pour avoir enregistré précisément sa position mais elle est en mesure de dire qu'elle l'a trouvé loin des murs, ce qui exclut qu'il ait été trouvé en bas du couloir. Ceci n'exclut pas totalement que ce couloir ait joué un rôle: s'il a trouvé la sortie au dernier moment, il aurait pu ne pas être capable de redresser suffisamment sa trajectoire et heurter le 10ième étage plus loin, avec un angle.  
 

Qu'est-il arrivé à Ti-Pou ? 

Compte tenu de son problème de plume, il aurait été très étonnant que Ti-Pou ne se retrouve pas au sol à la suite de son premier vol. Mais se retrouver au sol est une étape habituelle pour un fauconneau qui ne sait pas encore voler et personne je crois n'avait anticipé qu'il se tuerait. Alors qu'est-il arrivé ? Plusieurs possibilités:
  • La portance de ses ailes était finalement trop faible pour amortir sa descente.
  • Perte de conscience consécutive à un choc avec une des corniches-prison.
  • Chute dans le couloir vertical avec impossibilité de s'orienter suffisamment rapidement.  

Il est regrettable que le résultat de la nécropsie ne soit toujours pas connu mais je doute qu'on en apprenne beaucoup sur la cause de la mort. J'ai pu voir une photo de Ti-Pou prise peu après sa découverte et il semblait normal, couché sur le ventre.

En bref:

  • Cause possible du bruit: collision de Ti-Pou avec une des corniches-prison, collision avec le 10ième étage ou bien bruit sans rapport avec l'accident.
  • Les scénarios: a) chute directe au 10ème étage, b) chute au 10ième étage après un contact avec une des corniches-prison, c) descente contrôlée sur une corniche-prison suivie un peu plus tard par une chute au 10ième étage (généralement un fauconneau qui arrive sur une corniche-prison y reste pendant un certain temps, parfois plusieurs jours, ce scénario d'un départ très rapide de Ti-Pou de la corniche-prison apparait donc comme peu probable). Une variante de ces scénarios est qu'il soit tombé dans le couloir vertical.   
  • Comparé aux autres fauconneaux d'Eve à l'Université de Montréal, Ti-Pou a quitté la corniche du nichoir un peu plus tôt qu'habituellement, soit 36 jours et 22h45 après la première éclosion. Les autres chiffres sont 39 jours et 4h35 en 2018, 35 jours et 8h05 en 2019 (probablement une chute accidentelle parce que ce fauconneau n'a volé que 5 jours plus tard; le 2ième fauconneau est descendu à 36 jours et 6h et a volé le lendemain), 38 jours et 7h41 en 2020, et 37 jours et 18h45 en 2022. Ce délai plus court combiné à son problème de croissance des plumes pourrait suggérer que sa descente n'était pas volontaire.


Différents problèmes de santé: plusieurs causes ou une cause unique?

Rappelons les différentes anomalies observées durant cette nidification:
  • Incubation plus longue de 2 jours.
  • Non-éclosion de 2 œufs sur 4. Aucun signe d'embryon dans ces œufs.
  • Infestation de mouches suceuses de sang.
  • Anomalie de croissance des plumes.

Le prélèvement de sang par les mouches cause une anémie, avec des conséquences d'autant plus sévère que les fauconneaux sont tout petits et ne contiennent donc pas une grande quantité de sang. L'anémie peut avoir diverses conséquences, en particulier entrainer des problèmes de croissance. L'anomalie de croissance des plumes pourrait donc potentiellement être une conséquence de l'infestation de mouches.

Les mouches pourraient-elles aussi affecter le développement des fauconneaux dans l’œuf ? Il semble que oui mais indirectement. Dans leur article ''Ectoparasite Activity During Incubation Increases Microbial Growth on Avian Eggs'' paru en 2018 dans le journal Microbial Ecology, des chercheurs ont montré que les déjections des mouches sur des œufs d'étourneaux étaient propices au développement de toutes sortes de bactéries, bactéries qui peuvent entrer dans l’œuf (puisque l’œuf est poreux) et provoquer la mort de l'embryon. On peut imaginer que les bactéries pourraient aussi avoir un impact sur le développement de l'embryon sans nécessairement le tuer, ce qui pourrait avoir pour effet de retarder l'éclosion. 

Dans la mesure où aucun signe d'embryon n'a été décelé dans les œufs non éclos, il semble plus difficile d'attribuer cette anomalie à des bactéries (on pourrait bien sur imaginer qu'elles aient agi à un stade très précoce mais on se retrouverait alors face à 2 extrêmes: d'un côté 2 embryons tués très tôt et de l'autre 2 oisillons viables, ce qui serait étonnant). Une autre explication qui a été avancée pour expliquer les anomalies de cette nidification est l'âge de la femelle. Eve a été observée pour la première fois en 2014 et a donc probablement au moins 11 ans et peut-être bien plus. Il est intéressant de noter que les œufs pondus par Spirit lors de sa dernière nidification en 2017 - alors qu'elle était âgée de 13 ans - étaient tous infertiles, et que l'année précédente déjà 1 œuf sur 4 n'était pas fertile. Cependant le stress causé par ses confrontations avec Eve pourrait possiblement expliquer à la fois le désordre dans la ponte de Spirit en 2017 (seulement 2 œufs avec un écart inhabituellement long de 88h, suivi d'un 3ième œuf près d'un mois plus tard) et leur infertilité.

Bien entendu il n'y aucune raison de soupçonner uniquement la femelle: le mâle dont on ignore tout de l'age pourrait aussi avoir une responsabilité (on note en particulier que la nidification s'était mieux passée l'année précédente, avec un autre mâle).


Conclusion

L'Université de Montréal a pendant longtemps été épargnée par les drames qui affectaient les autres sites: mortalité de fauconneaux au nid (seulement 2 décès, tous en 2010 et  attribués au comportement perturbateur d'une jeune de l'année précédente) ou fauconneau qui se tue lors de ses premiers vols (aucun cas). Depuis 2020 les fauconneaux sont affectés, apparemment chaque année (il y a une incertitude pour 2021, année où ils ont niché à l'Oratoire Saint-Joseph) -  par des mouches suceuses de sang qui ont causé un premier décès en 2020 et un deuxième en 2023. L'intervention de 2020 pour traiter les fauconneaux survivants a été suivie l'année suivante d'un déménagement du couple à l'Oratoire Saint-Joseph. Par une chance inouïe, des travaux étaient planifiés en 2022 sur la façade de l'Oratoire Saint-Joseph où a eu lieu la nidification, travaux qui nécessitait l'enlèvement du nid de corbeau utilisé par les faucons pèlerins. Ces travaux ont en quelque sorte forcé le retour des faucons pèlerins à l'Université de Montréal en 2022.  Comment réagiront les faucons pèlerins en 2024 face à l'intervention de 2023 ? Il faudra attendre le printemps prochain pour connaitre la réponse mais on peut noter 2 différences avec 2020/2021: a) la possibilité pour les faucons de choisir entre 2 nichoirs sur la tour de l'Université de Montréal et b) le fait qu'aucun fauconneau n'a été retiré du nid en 2023 par les humains, ce que les faucons pèlerins pourraient interpréter comme une défense réussie du nid.

Si le couple de faucon pèlerin reniche sur la tour de l'Université de Montréal en 2024 on peut craindre malheureusement que les mouches seront elles aussi de nouveau présentes. Il faudra alors se questionner sur la pertinence d'intervenir à nouveau au nid. On peut comprendre facilement qu'on secoure un oiseau qui s'est blessé en frappant une vitre ou un câble parce que l'humain a sa part de responsabilité. On peut comprendre aussi qu'on secoure un juvénile trouvé au sol blessé après son premier vol. Mais intervenir de façon récurrente au nid alors que les 2 adultes s'occupent au mieux de leurs petits me parait moins facilement défendable, compte tenu du stress important pour les parents que cela implique. Surtout que les actions qui ont été posées (enlèvement mécanique des mouches et nourrissage) auraient essentiellement pu être faites par les faucons adultes. À condition que ceux-ci comprennent que les mouches sont le problème. Or à chaque fois qu'un fauconneau est mort à cause des mouches, un prédateur 1000 fois plus grand (une mouche carnus mesure environ 1,5mm) a fait irruption au nichoir. On pourrait comprendre que les faucons peinent à comprendre que ce sont les mouches qui posent problème!