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mardi 26 décembre 2017

Un corbeau opportuniste

L'histoire se déroule en 2 actes, qui correspondent chacun à un de mes passages à l'église Saint-Jean-Baptiste aujourd'hui en milieu de journée.

Premier acte

Sans grand espoir de voir un faucon pèlerin à l'église Saint-Jean-Baptiste compte tenu de l'heure et du soleil radieux, je suis passé à cette église vers 11h20. Première surprise: un faucon pèlerin était bel et bien présent à l'un des endroits qu'Eve utilisait pour dormir.

Je remarque aussi un restant de proie à moitié submergé dans un grand tas de neige:

Je le dégage de façon à identifier la victime
(manifestement un pigeon, à moitié mangé) et je le dépose à la poubelle, histoire de ne pas le recompter à mon prochain passage ou dans quelques temps lorsque le tas de neige aura fondu. Comme la poubelle est pleine, le restant de proie était bien évidence sur le dessus.

Je quitte à 11h40 en direction du parc Laurier.


Deuxième acte

À 12h47 je suis de retour à l'église St-Jean-Baptiste. Le faucon pèlerin est toujours là mais il parait davantage réveillé.  À 12h58 il s'envole et va se percher sous le toit du côté gauche. Et là, surprise: il se met à alarmer... La vidéo plus bas contient une petite partie de ces cris, malheureusement la batterie de mon appareil photo a rapidement flanché (la température devait avoisiner les -20C avec le facteur vent).

 À 13h03, alors que le faucon pèlerin s'était calmé, il s'envole. J'anticipe un changement de perchoir mais je ne le vois pas revenir à l'église.

1 minute plus tard, un corvidé (que j'ai pu identifier plus tard comme étant un grand corbeau) se pose sur le toit d'une maison de la rue Rachel, un peu plus loin en direction ouest. Le corbeau venait approximativement de la direction où le faucon était parti, et était très probablement la cause de ses cris d'alarme quelques minutes plus tôt. Le corbeau s'est envolé vers l'église. Il a fait plusieurs passages très près de la façade avant (je m'attendais à le voir se poser sous le toit) puis il s'est posé près de la poubelle où j'avais déposé le restant de pigeon! Un petit saut et il était sur la poubelle...



Un passant qui s'approchait l'a fait s'envoler, avec sa carcasse de pigeon. Il l'a emporté dans un arbre de la rue Drolet et il s'est mis à manger.


Jusqu'à tant qu'il échappe la proie au sol. Il a manifesté sa frustration en croassant (si j'avais encore un doute sur son identité, ce doute s'est envolé à ce moment-là). Il s'est posé sur la rue, a sauté sur le trottoir et a récupéré son bien. Cette fois il est allé se percher sur un fil électrique pour poursuivre son repas. La vidéo contient quelques séquences du repas sur le fil.

À 13h25 il avait fini de manger.

Il a disparu peu après. J'ai retrouvé au sol le restant de proie, mais en 2 parties (2 ailes séparées). Et non je ne l'ai pas remis à la poubelle!

Le faucon pèlerin était revenu à l'église pendant que j'étais occupé avec le corbeau. J'ai remarqué sa présence à 13h16. Il était toujours là quand j'ai quitté à 13h34.







dimanche 26 novembre 2017

Relâche de Spirit!

Spirit a été relâchée ce 19 novembre depuis le site de Chouette à Voir de l'UQROP (Union Québécoise de Réhabilitation des Oiseaux de Proie) où elle était soignée depuis le 24 juillet. Spirit est un faucon pèlerin femelle née dans l'Ohio (États-Unis) en 2004 et qui a régné sur l'Université de Montréal de 2008 à 2017.

Cet article a été publié le 29 décembre 2017 et a été antidaté en novembre de façon à  placer l'article dans une chronologie naturelle dans le blogue. L'article contient une référence à un article de l'UQROP publié le 15 décembre 2017.

 

La relâche

Afin de couvrir une partie des coûts des soins, l'UQROP avait organisé un encan pour déterminer qui la relâcherait. Cet encan a été remporté par Roger Rousselle, qui en plus d'avoir fait le plus grand don, agit fréquemment comme bénévole pour le transport d'oiseau de proie blessé.  La relâche a eu lieu depuis le site de Chouette à Voir, situé à Saint-Jude en Montérégie, à environ 55kms à vol d'oiseau de l'Université de Montréal. Voici l'annonce par l'UQROP de la relâche

Plusieurs photos de l'évènement ont été publiées: en plus de celles qui figurent dans la publication de l'UQROP citée plus haut, mentionnons les photos de Christian Fritschi et cette photo de Richard Dupuis qui a été choisie comme photo de couverture par l'UQROP pour sa page Facebook.

Cette relâche a suscité beaucoup de réactions et de questions dans les réseaux sociaux (voir en particulier les commentaires qui suivent l'annonce sur Facebook par l'UQROP de sa prochaine relâche)
  • Plusieurs étaient inquiets devant la perspective que Spirit - qui est relativement âgée pour un faucon pèlerin - doive de nouveau chasser sa nourriture et peut-être même se battre. Certains ne cachaient pas qu'ils auraient préféré qu'elle ne soit pas relâchée. Outre que l'option du maintien en captivité se serait vraisemblablement heurtée à un obstacle financier (ou aurait drainé des ressources financières qui n'auraient alors plus été disponibles pour d'autres oiseaux qui en auraient eu plus besoin), il est loin d'être évident que Spirit aurait été heureuse entre 4 murs malgré la protection et les repas garantis. Concernant les éventuelles batailles, Spirit aura toujours le choix de les éviter en s'installant dans un territoire non revendiqué par un couple nicheur: les secteurs qui ne sont pas propices à la nidification du faucon pèlerin (absence de falaises, de ponts ou d'édifices élevés) ne devraient pas manquer au Québec. Il est bien sur possible qu'elle cherche à fonder une nouvelle famille ou même qu'elle tente de récupérer son territoire de l'Université de Montréal: dans ce cas elle devra vraisemblablement se battre mais ce sera alors son choix. En restant en captivité, elle n'aurait eu aucun choix. Rappelons aussi que la mort fait partie de la vie: Spirit mourra dans un avenir plus ou moins rapproché mais cela est dans l'ordre des choses.
  • D'autres se sont demandés pourquoi Spirit n'a pas été relâchée à l'endroit où elle a été trouvée ou bien à l'université de Montréal. Une réponse qui a été donnée est que Spirit aurait été inutilement stressée par le voyage en cage alors qu'elle peut facilement revenir à Montréal par ses propres moyens (55km n'est rien comparé à la distance Montréal - Brésil enregistrée il y a quelques années par un faucon pèlerin muni d'un émetteur). Une autre raison est que Spirit aurait pu être amenée à se battre immédiatement après sa relâche si celle-ci avait eu lieu à l'Université de Montréal ou près de Décarie. Pour l'Université de Montréal, cela fait peu de doute puisque cet endroit est maintenant occupé par la femelle qui a causé ses blessures. Pour ce qui est de l'endroit où elle a été trouvée, c'est un peu moins clair puis qu’aucune observation récente de faucon pèlerin n'a été faite dans ce secteur mais il a été établi qu'un couple de faucon pèlerin fréquentait ce secteur dans les jours et les semaines suivants le sauvetage de Spirit, voir par exemple cet article.
  • Plusieurs demandaient si Spirit  retournera à l'Université de Montréal. Basé sur ce qui s'est passé ailleurs, il est tout à fait possible en effet que Spirit tente un retour. Mais à moins qu'elle réussisse à vaincre sa rivale ou qu'elle soit trouvée blessée à proximité de l'université, il est peu probable qu'on saura si elle a tenté un tel retour. Quelqu'un (Micheline Arcand) a fait référence à ce qui s'est passé à Dorchester, dans l'état de New-York. L'histoire très riche de ce site est décrite ici (en anglais). En particulier, en 2012, Beauty, la femelle résidente blessée lors d'une bataille territoriale, a été relâchée d'un centre de réhabilitation  située à environ 70kms de son nid. Quelques jours plus tard, elle était de retour au nichoir, sa rivale ayant trouvé la mort heurtée par une voiture alors qu'elle chassait un pigeon. Je suis convaincu qu'il existe également des cas où une femelle réhabilitée a formé un couple ailleurs. Finalement une dernière possibilité est que Spirit termine sa vie en solitaire. Un cas très intéressant à cet égard est celui de Grand Morne, dans les Chaudières Appalaches, où une femelle nicheuse qui avait été munie d'un émetteur continue d'être présente dans la région après qu'elle ait été remplacée par une autre femelle (source: ornitho-qc).

 

Une vidéo

Alexandre Sheldon, le réalisateur du documentaire "Algo, Polly & Turcot" (voir à ce sujet cet article) a produit la vidéo "Saving Spirit" qui raconte les déboires de Spirit et qui documente une partie des soins qu'elle a reçu à l'UQROP.  Cette courte vidéo (d'une durée de 2mn40) est absolument à voir pour sa qualité professionnelle et pour les éléments nouveaux qu'elle apporte, en particulier concernant les soins à l'UQROP. Malheureusement une petite erreur de mois s'est glissée dans la narration des évènements par Christian Fristchi: ce n'est pas le 26 juin que la bagarre dans le nichoir a eu lieu mais le 26 avril. Dans la mesure où l'état de santé de Spirit s'était visiblement amélioré après cette bataille spectaculaire, les blessures qui ont finalement cloué Spirit au sol ont probablement été plutôt causées par des batailles subséquentes,  qui ont vraisemblablement culminé le 11 juin avec la disparition de Spirit de l'Université de Montréal. Ce qui suit est un rappel plus détaillé des faits.

Tout comme en 2016, Spirit a du défendre son territoire - l'université de Montréal - contre une autre femelle. Le 26 avril, les accrochages observés les jours précédents font place à une spectaculaire bataille de plus de 30 minutes dans le nichoir. Les 2 faucons chutent de plusieurs dizaines de mètres. Quelques minutes plus tard, l'intruse se présente dans le nichoir: elle semble alors être la gagnante. Mais le lendemain matin Spirit regagne le contrôle du nichoir. Malgré ses blessures, elle résiste aux assauts de sa rivale pendant plusieurs jours avant que les attaques ne s'estompent.

Le 17 mai, énorme surprise quand Spirit pond un 3ième œuf, 1 mois après les 2 premiers! Cet œuf, contrairement aux 2 premiers, est couvé par Spirit, ce qui relance l'espoir de voir naitre un fauconneau. Les attaques semblent avoir complètement cessé.

Un premier dérangement notable de la couvaison est observé le 4 juin. La situation se dégrade à partir du 7 juin. Le 10 juin, Richard Dupuis enregistre une dizaine de passes rapides de l'intruse sur Spirit, dont la dernière provoque la chute de Spirit de la tour. Spirit est vue la dernière fois au nichoir à 16h54. Le lendemain matin, Spirit a manifestement tenté un retour comme elle l'avait fait le 26 avril. Mais elle a échoué. À 7h32, sa rivale présente des blessures fraiches qui laissent craindre le pire pour la perdante, c'est-à-dire Spirit. Voir cet article pour plus de détails.

Spirit ne sera revue que le 24 juillet, alors qu'un camionneur la signale au sol dans la cour d'une entreprise près de l'Échangeur Décarie. Un autre faucon pèlerin au comportement territorial est observé les jours suivants sur la tour d'eau au pied de laquelle Spirit a été trouvée. Ce faucon pourrait être un des membres du couple observé non loin de là au CÉGEP de Saint-Laurent à la fin août. Même si on ignore exactement ce qui a amené Spirit au sol, l'hypothèse d'une brève confrontation avec cet autre faucon ne peut pas être exclue.

Suite au signalement du camionneur, l'UQROP a demandé à un de ses bénévoles - Christian Fritschi - de récupérer Spirit et de l'amener à la Clinique des Oiseaux de Proie de Saint-Hyacinthe. Là-bas il a été constaté que le faucon avait plusieurs plaies autour du bec, de l'arthrite à l'aile droite et était très maigre (l'arthrite était une arthrite septique, c'est-à-dire une infection de l'articulation causée par une blessure antérieure, plutôt qu'une arthrite chronique associée à l'âge, ce qui explique que Spirit ait pu être complètement guérie). Une radiographie a par la suite montré également une fracture de la hanche. Spirit a été traitée à la Clinique des Oiseaux de Proie puis placée dans une volière de Chouette à Voir le temps que ses blessures guérissent, avant d'être finalement relâchée le 19 novembre.

Un article de l'UQROP

Le 15 décembre 2017, l'UQROP publie sur son site un article sur Spirit avec des photos inédites et un fait nouveau, en tout cas pour ceux qui n'ont pas visité Spirit à Chouette à Voir: les radiographies ont permis de constater la présence d'un plomb de carabine dans son corps! L'article ne se prononce pas sur quand elle a été tirée, il se pourrait que cela soit arrivé lors du voyage qui l'a amené de son Ohio natal jusqu'à Montréal.

Un grand merci à l'UQROP pour en premier lieu les soins qu'elle a apportée à Spirit et qui ont permis un rétablissement complet de cette dernière, mais aussi pour l'information sur cette opération de réhabilitation.





Cet article a été publié le 29 décembre 2017.

samedi 25 novembre 2017

"Algo, Polly & Turcot", un documentaire d'Alexandre Sheldon

Algo et Polly - les faucons pèlerins qui nichent à l'Échangeur Turcot - sont la vedette d'un court-métrage qui a été présenté dimanche 12 novembre au RIDM (Rencontres Internationales du Documentaire de Montréal) dans la section "Soirée de la Relève ICI RDI" (annonce Facebook de l'évènement).

Intitulé "Algo, Polly et Turcot" et réalisé par Alexandre Sheldon, ce documentaire présente les faucons pèlerins Algo et Polly qui nichent depuis 2011 sous l'Échangeur Turcot et qui sont contraints de se trouver un nouveau nid suite à la destruction de l'échangeur et son remplacement par une nouvelle structure moins propice à une nidification. Le documentaire fait le parallèle avec les résidents du quartier Saint-Henri qui doivent eux s'adapter au bouleversement socio-économique (gentrification) de leur quartier, forçant certains d'entre eux à chercher, comme les faucons pèlerins, un nouveau chez-soi.

Le documentaire a bénéficié du soutien financier de la SODEC  (l'annonce par la SODEC) ainsi que -  selon l'article du journal l'Initiative - du soutien de l'arrondissement du Sud-Ouest et de Revenu Canada à travers les crédits d'impôt.

Titre "Algo, Polly & Turcot"
Durée 26 minutes
Réalisation Alexandre Sheldon
Production Sylvie Van Brabant
Amélie Lambert Bouchard
 Productions du Rapide-Blanc
Diffusion RIDM: 12 novembre
Short Docs (CBC): 21 novembre
Youtube: 21 novembre

Les images sont magnifiques, avec notamment plusieurs gros plans des faucons pèlerins. En plus de constituer un témoignage de très haute qualité du passage des faucons pèlerins à cet endroit, le court-métrage contribuera à conserver une trace du méga-chantier de l'échangeur, avec en particulier de très belles prises de vues aériennes effectuées par drone.

Quelques personnages du documentaire

Après les faucons pèlerins, le personnage le plus important du documentaire est sans doute Christian Fritschi, dont les apparitions et les explications servent de fil conducteur. Christian Fritschi est un photographe (lien vers sa page Flickr, lien vers son annonce du documentaire)  qui fait partie des observateurs réguliers de faucon pèlerin, particulièrement à ce site. À titre de bénévole de l'UQROP, il a également eu le triste honneur de recueillir le cadavre du fauconneau femelle Acacia en vue d'une nécropsie (j'ai d'ailleurs appris à travers ce documentaire l'endroit exact où ce fauconneau avait été trouvé). D'autres personnes associées aux faucons ont également participé à ce documentaire:
  • Luana Graham-Sauvé, de Services Environnementaux Faucon. Cette compagnie a eu pendant plusieurs années le mandat de veiller à la bonne cohabitation entre les faucons pèlerins (qui est une espèce protégée) et les travailleurs chargés de l'entretien de l'échangeur. 
  • Guy Fitzgerald, de l'UQROP (Union Québécoise de Réhabilitation des Oiseaux de Proie) dont il est le fondateur et le président du conseil d'administration. L'UQROP  a  comme principale mission de soigner les oiseaux de proie blessés. L'UQROP a notamment soigné puis remis en liberté un fauconneau né en 2015 à l'Échangeur Turcot qui avait foncé dans la baie vitrée de la piscine du Centre Gadbois.
  • Richard Dupuis, à travers une vidéo de nourrissage des fauconneaux par les 2 parents. 

Pour en savoir plus sur les faucons pèlerins de l'Échangeur Turcot


Cet article a été publié le 29 décembre 2017.

dimanche 19 novembre 2017

Des faucons pèlerins de retour à l'église Saint-Jean-Baptiste

Jusqu'à 3 faucons pèlerins ont pu être observés à l'église Saint-Jean-Baptiste en fin d'après-midi cette semaine, dont 1 juvénile. L'église Saint-Jean-Baptiste est située à Montréal, sur Rachel ouest, près de l'intersection avec la rue Saint-Denis. Le faucon pèlerin qui a été observé chaque jour depuis mardi est probablement Éole, qui niche depuis quelques années à l'Université de Montréal. Éole est un habitué de cette église puisqu'il y rencontrait fréquemment Eve, qui utilisait cette église comme dortoir durant l'hiver. Il est communément admis que c'est Eve qui a remplacé Spirit à l'université de Montréal cet été. L'activité observée cette semaine à l'église Saint-Jean-Baptiste est donc une surprise mais elle pourrait s'expliquer par l'intrusion du juvénile sur le territoire d'Éole.

Mardi 14 novembre: un faucon pèlerin interdit l'accès de l'église à un faucon pèlerin juvénile

Mon observation

Cet après-midi là j'avais décidé de jeter un coup d’œil à l'immeuble situé à l'intersection des rues Rachel et Clark où j'avais observé un faucon pèlerin le mois précédent (11 octobre et 12 octobre). L'église Saint-Jean-Baptiste faisait partie de mon parcours puisque j'étais convaincu qu'un jour ou l'autre Éole ou Eve la visiteraient. De la rue Saint-Denis, j'ai remarqué un faucon sur la croix du clocher Est. J'ai pris rapidement 2 photos au zoom puis j'ai couru vers l'église. Rétrospectivement je regrette ma précipitation puisque c'est l'une de ces photos qui suggère peut-être le plus clairement que ce faucon est un juvénile:

Arrivé devant l'église j'ai remarqué un autre faucon pèlerin perché sur la pointe du toit de la façade avant. La photo ci-dessous montre l'emplacement des 2 faucons, B étant le juvénile.

À 16h30 - donc après le coucher du soleil - le faucon B s'envole, traverse la rue Rachel puis revient quelques instants plus tard vers l'église avec l'intention évidente de se percher sur la façade. Il est alors attaqué par le faucon A. Les 2 faucons disparaissent en criant en direction de l'avenue des Pins puis reviennent. Le faucon A se perche sur la croix où se tenait le juvénile un peu plus tôt et on entend de vives vocalisations qui accompagnent d'habitude les intrusions. Le juvénile n'insiste pas et disparait définitivement en direction de l'avenue des Pins. Cette vidéo ne montre malheureusement pas l'action mais on peut y entendre les vocalisations, incluant ce qui ressemble à un cri de juvénile. Le faucon A a quitté l'église à 16h49.

Faucon pèlerin B (juvénile)

 

Une autre observation

Par le plus grand des hasards, une autre observatrice de faucon pèlerin, Sandy, était passée par là quelques minutes plus tôt. Elle a vu arriver les 2 faucons ensemble vers 16h venant de l'ouest. Le premier faucon s'est perché sur la corniche de l'église alors que le 2ième tournait au-dessus de l'église. Ce 2ième faucon est par la suite venu se percher sur la croix d'un des clochers. Sandy n'a pas entendu de vocalisations.

Commentaire

Que voulait le juvénile en tentant de se percher sur l'église? Comme sa tentative a été faite après le coucher du soleil, il est naturel de penser qu'il voulait y passer la nuit (scénario #1). Dans ce cas, ce n'était sans doute pas sa première nuit à cette église. Il est en effet difficilement imaginable qu'un faucon pèlerin juvénile choisisse de dormir pour la première fois à un endroit où se trouve un adulte!

Le juvénile ne visait pas l'un des endroits sécuritaires où Eve avait l'habitude de dormir (flanc est ou flanc ouest), mais plutôt la façade avant, possiblement sous le toit. Or un restant de proie a été découvert le sur-lendemain au sol, sans doute amené là par le vent. Cela suggère une autre hypothèse (scénario #2): le juvénile avait peut-être l'habitude de manger là, il attendait patiemment que A parte pour finir de manger une proie qu'il y avait stocké mais voyant que A ne bougeait pas et compte tenu de la noirceur qui s'en venait, il a décidé de tenter de récupérer son bien.

Une variante du scénario #2 est qu'il y avait bien une proie sous le toit mais qu'elle appartenait à l'adulte (faucon A) et que le juvénile B a tenté un vol (scénario #3). B avait peut-être précédemment pillé la cache de A, ce qui a amené A à surveiller cet endroit. C'est le scénario qui me semble le moins crédible, à moins que le juvénile était désespéré, tellement sa tentative supposée avait peu de chance de réussir. 

Quoi qu'il en soit, il est probable que le juvénile n'en était pas à sa première visite à cette église. Le faucon A (que je soupçonne être Éole) a fini par découvrir sa présence et a défendu son territoire. Comme cela s'est vu ailleurs (par exemple à l'endroit où Spirit a été trouvée cet été), on pourrait alors  s'attendre à ce que le faucon A surveille plus particulièrement cette partie du territoire les jours suivants. C'est peut-être la raison pour laquelle le faucon a été revu tous les soirs depuis ce jour.


Jeudi 16 novembre: visite d'un 2ième faucon adulte

C'était ma première occasion de revenir à cette église depuis l'observation de mardi. La brigadière scolaire - qui était déjà au courant de la présence de rapaces à cette église - n'avait pas remarqué de faucon mais m'a informé qu'il y avait un restant de proie devant l'église.


Un premier faucon (adulte) est arrivé vers 15h58 et s'est perché sur la croix du clocher Est. À 16h07 un 2ième faucon (adulte) est arrivé du sud en suivant approximativement la rue Drolet et s'est perché sous le toit du côté droit. Le premier faucon est venu le rejoindre sous le toit mais en gardant ses distances. On pouvait entendre des vocalises mais celles-ci n'étaient pas a priori hostiles. Le 2ième faucon est reparti dans la direction d'où il est venu 3 minutes plus tard. Le premier faucon est resté sous le toit jusqu'à 16h26, moment où il s'est envolé en direction de l’Hôtel-Dieu.



Voici 2 photos du visiteur ou de la visiteuse. Les avis sont ouverts: s'agit-il d'Eve ou d'un autre faucon?

Le visiteur ou la visiteuse

Le visiteur ou la visiteuse

 

Visites quotidiennes, bague visible aux 2 pattes, ...

  • J'ai pu observer le faucon à tous les soirs, excepté le 15 novembre. Mais ce jour-là M. Robert l'a observé. Le faucon était donc présent sans exception tous les soirs du 14 au 19 novembre (le 19 novembre est la date de la publication de cet article). 
  • À chaque fois que j'ai réussi à le voir partir (c'est-à-dire à 3 reprises), il allait droit vers l'hôpital Hôtel-Dieu, ce qui n'est pas sans rappeler les observations du début de l'année où le faucon pèlerin avait pu être identifié comme étant Éole.
  • Je n'ai vu arriver le faucon qu'à une seule reprise, le 18 novembre. Il semblait alors venir de la direction de l'Incinérateur des Carrières.  Le faucon est toujours arrivé vers 16h, à l'exception notable du 17 novembre où il était déjà présent à 14h50 d'après Stéphane Cantin.
  • Le 17 novembre, le ciel était dégagé en fin de journée, ce qui a permis de prendre des photos de meilleures qualités. Ces photos montrent que le faucon est bagué aux 2 pattes, à la manière d'Éole, malheureusement il n'a pas été possible de lire la bague.
        La bague à l'autre patte est bien visible sur cette belle photo prise par Stéphane Cantin.
  • 2 rapides passages en milieu de journée n'ont rien données: samedi 18 novembre vers 11h et dimanche 19 novembre vers 13h.
  • Les caméras de Faucons de l'Université de Montréal n'ont enregistré la présence d'aucun faucon durant les  périodes où le faucon était présent à l'église Saint-Jean-Baptiste. Par ailleurs, le 17 novembre, avant d'aller à l'église Saint-Jean-Baptiste, j'ai fait un rapide passage à l'université de Montréal: aucun faucon n'était visible sur la tour entre 14h55 et 15h05.

Conclusions

Les observations de cette semaine à l'église Saint-Jean-Baptiste soulèvent plusieurs questions:
  • À moins que de nouveaux témoignages apparaissent, on ne saura sans doute jamais vraiment ce que le juvénile venait faire à cette église.
  • Éole (je suis quasiment certain que c'est lui mais cela reste à confirmer formellement) va-t-il continuer à fréquenter cette église ces prochains jours? Un arrêt de ses visites pourrait suggérer que c'était bien l'intrusion du juvénile qui était à l'origine de sa présence.
  • Si Éole continue de fréquenter l'église, recevra-t-il d'autres visites? Et quelle est l'identité de ce visiteur(se)? Sa conjointe de l'Université de Montréal? Une nouvelle femelle? (Rappelons que Eole avait 2 femelles jusqu'à cet été; avec la relâche de Spirit aujourd'hui, ces 2 femelles sont de nouveau toutes deux dans la nature).
  • Où dort la femelle de l'Université de Montréal ces temps-ci? Retournera-t-elle dormir à l'église Saint-Jean-Baptiste?



mardi 31 octobre 2017

Début des travaux de démantèlement de l'Échangeur Turcot au coeur du territoire des faucons pèlerins

Le chantier de l'Échangeur Turcot est entré dans une nouvel phase ce mois-ci avec la destruction d'une première structure de l'ancien échangeur dans le secteur du Centre Gadbois où niche le couple de faucon pèlerin Algo et Polly. Pour la première fois des structures qui ont déjà été utilisées comme perchoir par ces faucons pèlerins ont été abattues. D'autres travaux de démantèlement pourraient avoir lieu d'ici au printemps prochain mais uniquement au nord du canal Lachine. En particulier toutes les structures où les faucons pèlerins ont niché depuis 2012 seront encore en place à l'été 2018, ce qui laisse planer un maigre espoir d'une autre année de nidification à l'Échangeur Turcot.

Cet article est basé sur les publications du site Turcot du ministère des Transports, de la Mobilité durable et de l'Électrification des transports (MTMDET), plus particulièrement sur les bulletins électroniques de septembre et octobre 2017 ainsi que la présentation faite aux citoyens du secteur sud-ouest le 10 octobre. Il s'appuie également sur les réponses reçues de M. Paquette du  MTMDET à ma demande d'information: un grand merci à lui.

Le démantèlement de la bretelle de l'A-15 Nord vers l'A-20 Ouest

La fermeture de cette bretelle fin septembre avait fait beaucoup parler d'elle à Montréal en raison de son impact sur le déplacement des Montréalais, comme illustré par exemple par cet article de Radio-Canada daté du 25 septembre:  "Échangeur Turcot: un nouveau casse-tête pour les automobilistes". Il s'agit de la bretelle qui passe (passait) le plus proche du Centre Gadbois. Elle est indiquée ici en orange sur cette photographie que m'a transmise M. Paquette:

Identification de la bretelle A-15 Nord vers A-20 Ouest (Crédit: ministère des Transports, de la Mobilité durable et de l'Électrification des transports (MTMDET))

L'article de Radio-Canada cité plus haut mentionne la date du lundi 2 octobre pour le début du démantèlement de la bretelle. Lors de mon passage le 6 octobre vers 18h, le démantèlement était en cours derrière le Centre Gadbois:
Travaux de démantèlement de la bretelle, 6 octobre 2017, avec le centre Gadbois au premier plan
Le démantèlement de cette bretelle est l'objet d'un article dans le numéro d'octobre 2017 du bulletin Turcot. Des photos du démantèlement sont disponibles sur le site web du projet Turcot.

Les faucons pèlerins sur la bretelle détruite

À ma connaissance cette bretelle n'a pas été utilisée souvent comme perchoir par les faucons pèlerins. Je me souviens néanmoins les avoir observé à 2 reprises sur cette bretelle en mars 2014, plus précisément les 21 et 24 mars (cette année-là, les premiers signes indirects de présence d’œuf avaient été observés le 26 mars).

Localisation de 2 faucons pèlerins, 21 mars 2014

Les 2 faucons pèlerins perchés sur la bretelle détruite, 21 mars 2014
Localisation d'un faucon pèlerin, 24 mars 2014

En revanche j'ai plus souvent observé un faucon pèlerin perché plus au sud, à quelques dizaines de mètres de la bretelle détruite, à la hauteur de Côte Saint-Paul, sur un boitier électrique. Ma dernière observation d'un faucon à cet endroit remonte au 4 septembre 2017.

Changements à venir

Le démantèlement de la bretelle de l'A-15 Nord vers l'A-20 Ouest n'est que la première étape d'une série de changements qui vont affecter les faucons pèlerins, jusqu'à la démolition complète de l'ancien échangeur (d'ici 2020 s'il n'y a pas de retard).  Comme l'information la plus facilement accessible sur le site du Ministère des Transports concerne la planification à court et à moyen terme, je me limiterai ici à mentionner les changements d'ici la prochaine saison de nidification, c'est-à-dire jusqu'au début de l'été 2018.

Configuration à la fin de l'année 2017

Sur l'ensemble de l'Échangeur, les changements seront significatifs d'ici à la fin de l'année: "Des 12 bretelles que comportait l'échangeur originel, 3 seulement seront toujours en place d'ici la fin de l'année" peut-on lire dans le Bulletin électronique Turcot de septembre 2017.  Pour illustrer ceci, je reproduis, avec l'autorisation du Ministère des Transports, un agrandissement pour le secteur Gadbois de 2 figures tirées de la présentation faites aux citoyens du secteur Sud-Ouest lors de la rencontre du 10 octobre. La première figure montre la géométrie de l'ancien Échangeur.

Portion sud de l'ancien échangeur, extrait du transparent 35 de la présentation  (Crédit: ministère des Transports, de la Mobilité durable et de l'Électrification des transports (MTMDET))

Le secteur des faucons pèlerins se situe au bas du graphique, là où l'échangeur traverse le canal Lachine. La bretelle indiquée "Vers A-20 ouest" (en bas à droite) est celle qui a été démolie ce mois-ci.

La 2ième figure montre la géométrie qui existera fin 2017/début 2018.

Portion sud de la nouvelle géométrie de l'échangeur fin 2017/début 2018, extrait du transparent 36 de la présentation  (Crédit: ministère des Transports, de la Mobilité durable et de l'Électrification des transports (MTMDET))
Les bretelles de l'ancien échangeur qui seront toujours en place sont en bleu, en rouge la nouvelle voie en train d'être construite, et en filigrane les structures de l'ancien échangeur qui auront disparu. De cette figure, on peut tirer 2 conclusions:
  • Une autre bretelle sera détruite d'ici la fin de l'année entre le chemin de Côte-Saint-Paul et la rue Notre-Dame: il s'agit de la bretelle qui permet d'accéder à l'A15-sud depuis la 720 quand on vient du centre-ville, et qui est en quelque sorte symétrique à celle qui a été détruite ce mois-ci.
  • Les piliers principalement fréquentés par les faucons pèlerins au nord du canal et qui sont situés sur la bretelle menant de la 720 ouest à l'A15 sud ne sont pas menacés dans l'immédiat.

Mise en service partielle du nouveau pont au-dessus du canal Lachine fin novembre

D'après le bulletin électronique Turcot de septembre 2017, d'ici à la fin novembre 2017 les automobilistes pourront rouler sur une partie du nouveau pont au-dessus du canal Lachine (de précédents numéros du bulletin Turcot évoquaient le début de l'année 2018 pour l'ouverture du pont à la circulation en direction nord). Rappelons que les faucons avaient choisi de nicher de 2012 à 2016 sur un des piliers de l'ancien échangeur qui borde le canal Lachine (pilier sud). La construction du nouveau pont au-dessus du canal Lachine explique en grande partie la décision de fermer ces corniches aux faucons pèlerins. Malgré la mise en  service partielle de ce nouveau pont d'ici à la prochaine saison de nidification, les travaux se poursuivront sur ce nouveau pont jusqu'à 2019, date de l'ouverture complète. À cause de ces travaux, une réouverture des corniches utilisées par les faucons ne semble donc pas envisageable (une telle réouverture irait aussi à l'encontre de la politique de découragement des faucons évoquée plus bas).

Maintien du pont de l'ancien échangeur au-dessus du canal Lachine

Le document présenté aux citoyens du Sud-Ouest le 10 octobre mentionnait un échéancier de novembre 2017 au début de l'été 2018 pour la destruction des infrastructures, sans préciser de quelle infrastructure il s'agit (transparent 39). Monsieur Paquette m'a confirmé que l'ancien pont au-dessus du canal Lachine n'est pas concerné par cet échéancier. Ceci en théorie permet d'envisager une nouvelle nidification à l'endroit où les faucons ont tenté de nicher en 2017.


Perspective pour les faucons

Ces 2 dernières années, la politique qui a été suivie est une politique de découragement de l'utilisation de l'ancien échangeur pour nicher en rendant les endroits propices inutilisables, tout en installant des nichoirs à proximité. On peut s'attendre à ce que cette politique soit poursuivie pour la saison de nidification de 2018. Si tel est le cas, l'endroit que les faucons avaient choisi en 2017 pour nicher sera probablement obstrué d'ici à l'hiver.

Rappelons qu'en 2017, les faucons avaient déjoué les responsables du projet en décidant pour la première fois de nicher entre 2 piliers (plutôt que sur une corniche d'un pilier), à la verticale de la rue Saint-Patrick. Beaux joueurs, les responsables avaient décidé de laisser les faucons nicher à cet endroit après avoir conclu que les travaux prévus n'entreraient pas en conflit avec la nidification. Voir aussi l'article "Le couple de faucons Algo et Polly de retour pour la nidification" dans le numéro de mai 2017 du bulletin Turcot. Cette nidification plus tardive que d'habitude avait finalement échoué.

Même si des structures de l'ancien échangeur auront été détruites au moment de la nidification 2018 - ce qui diminue le nombre de sites possibles pour un nid - il est quasiment impossible d'obstruer tous les endroits que les faucons pourraient utiliser. Il se pourrait donc que les faucons réservent une autre surprise aux responsables du chantier en 2018, auquel cas la décision d'intervenir ou de laisser faire sera sans doute prise sur les mêmes bases qu'en 2017.


D'après mes quelques brèves visites sur place, les faucons sont encore bien présents sur le site. À quelques reprises, un des faucons a tenté d'accéder à une corniche obstruée. Je n'ai en revanche pas eu la chance d'observer un accès au nid utilisé en 2017.


vendredi 15 septembre 2017

Perchoir de nuit pour 2 jeunes faucons pèlerins près de la Tour de la Bourse

Cette année j'ai suivi avec moins d'attention les faucons pèlerins de la Tour de la Bourse que l'année dernière,  année de recensement des faucons pèlerins. En particulier j'étais hors du pays lorsque les fauconneaux de la Tour de la Bourse ont effectué leur premier vol, quelque part dans la 2ième moitié de juin.

Vers la fin juillet, j'ai fini par localiser l'endroit que 2 juvéniles utilisaient pour passer la nuit: des dessus de fenêtres de l'édifice du 500 Place d'Armes. Les juvéniles se rendaient à cet endroit depuis un édifice voisin: l'édifice de la Banque Royale. La courte vidéo qui suit montre précisément l'endroit utilisé comme dortoir.

 

Le reste de cet article décrit mes principales observations pour la période juin - août 2017.

Prologue

J'ai pu voir les premiers fauconneaux se promener à l'étage du nid le 31 mai 2017. Ils étaient 2, mais compte tenu de la difficulté d'observer depuis le sol des oiseaux qui se tiennent si haut, il est probable qu'ils étaient plus nombreux. J'ai revu au moins 2 fauconneaux le 8 juin, à quelques jours de mon départ pour la France:



3 faucons pèlerins (juvéniles?) en vol au-dessus du palais de justice le 30 juin. Première observation de juvéniles sur la façade du 500 Place d'Armes

Vers 9h20 le 30 juin j'ai aperçu 2 faucons pèlerins qui interagissaient en vol au-dessus de l'autoroute Ville-Marie à la hauteur du boulevard Saint-Laurent. Les faucons venaient du quartier Chinois. Un des faucons s'est posé sur le toit du palais de justice alors que l'autre disparaissait derrière le bâtiment. 5 minutes plus tard, 2 oiseaux apparaissent au-dessus du palais de justice et se dirigent en direction de la Tour de la Bourse. En les voyant, le faucon perché sur le toit s'est envolé à leur suite. Les 3 oiseaux ont volé à la queue leu leu, ce qui m'a convaincu que les 2 premiers étaient aussi des faucons pèlerins. L'absence de cris suggère par ailleurs qu'il n'y avait pas d'adulte dans le groupe. Il y avait même un 4ième faucon présent, perché sur le fait d'un toit d'un édifice du quartier chinois, mais il s'agissait cette fois d'une crécerelle d'Amérique. Le rapport eBird contient une photo de la crécerelle. J'ai tenté de retrouver les faucons pèlerins mais sans succès.

En fin de journée j'ai revu à plusieurs reprises 2 faucons pèlerins juvéniles qui se pourchassaient en vol dans le secteur compris entre la Tour de la Bourse et l'édifice de la Banque Royale. À 20h24, 1 juvénile est allé se percher sur une fenêtre du 500 Place d'Armes, avant d'être délogé par un 2ième. Je n'ai malheureusement pas vérifié si un juvénile était encore à cet endroit quand j'ai quitté.


Surprise le 15 juillet: un juvénile à la Tour de la Bourse

Les 4, 7, 8, 9, 10 et 11 juillet j'ai effectué quelques brèves visites dans le secteur de la Tour de la Bourse sans remarquer de signe de présence de juvéniles. J'étais arrivé à la conclusion que les juvéniles avaient sans doute déjà quitté le secteur. C'est donc avec une certaine surprise que j'ai découvert le 15 juillet un juvénile sur la Tour de la Bourse, du côté du Square Victoria,  un étage technique en-dessous de celui du nid.


Le juvénile s'est envolé à 15h53.

À noter que cette observation suit de quelques jours la découverte des restes d'un faucon pèlerin juvénile à l'Université de Montréal le 12 juillet, juvénile qui venait nécessairement d'ailleurs puisque le nid de l'Université de Montréal n'a produit aucun fauconneau cette année. Ce juvénile décédé était apparemment accompagné d'au moins un autre juvénile. Le 15 juillet était ma première visite à la Tour de la Bourse depuis cet évènement tragique. Il aurait été intéressant de savoir si les juvéniles étaient vraiment absents du 1er au 11 juillet du secteur de la Tour de la Bourse et s'il y a eu un retour après le 12 juillet, malheureusement mes observations sont beaucoup trop fragmentaires pour conclure quoi que ce soit.

2 brèves visites le 21 juillet ne m'ont pas permis de voir de faucon. En revanche le 23 juillet j'ai pu observer 3 faucons pèlerins entre 17h55 et 19h30, vraisemblablement les 2 adultes et un juvénile. Le juvénile s'est envolé de l'édifice de la Banque Royale à 19h23 en direction du Vieux-Port, possiblement à la suite des adultes puisque ceux-ci avaient aussi disparu.

25 juillet: autre observation d'un juvénile au 500 Places d'Armes

Depuis le quai Alexandra du Vieux-Port j'observe à 18h50 2 faucons: un sur la tour de la Bourse qui était probablement un adulte et un autre qui s'avèrera être un juvénile sur l'édifice du 360 rue Saint-Jacques, apparemment en train de manger. À 18h53, un faucon (probablement l'adulte) me survole et disparait au loin dans la direction de la Cité du Havre. Je me rapproche de l'édifice du 360 Saint-Jacques pour mieux surveiller le juvénile. Celui-ci s'envole à 19h41 en direction du Palais de justice. Je retrouve un juvénile 3 minutes plus tard sur le toit du 500 Place d'Armes au coin des façades donnant sur la rue Notre-Dame et sur la Place d'Armes. À 20h41, un autre faucon survole l'édifice à quelques reprises avant de disparaitre. Il n'y a pas eu d'interaction avec le juvénile perché sur l'édifice. J'arrête la surveillance à 21h10 alors que le juvénile est toujours perché au même endroit.

26 juillet: 2 juvéniles au dortoir de l'édifice du 500 Place d'Armes 

À 19h30 je repère un juvénile sur l'édifice du 500 Place d'Armes, au coin des rues Notre-Dame et François-Xavier. Le faucon s'envole à 20h04 et se pose sur la façade du 500 Place d'Armes donnant sur la rue Notre-Dame. En zoomant il apparait que le juvénile s'est posé sur un dessus de fenêtre et surprise: un autre juvénile était déjà là! La scène est documentée dans la vidéo du début d'article.

2 faucons pèlerins juvéniles sur des dessus de fenêtre du 500 Place d'Armes

29 juillet: 3 juvéniles? (dont 2 au dortoir)

À 19h33 je repère un faucon pèlerin sur une barre brisée de la Tour de la Bourse, un perchoir typiquement utilisé par un adulte.

À 20h05 je repère un 2ième faucon sur l'édifice de la Banque Royale. À partir de 20h09 j'assiste autour de cet édifice à des poursuites (jeux) en vol et on entend des cris de juvénile. Mes photos ne montrent jamais plus que 2 juvéniles à la fois mais je suis persuadé qu'il y en avait 3.  Ainsi par exemple à 20h13, 2 faucons étaient en vol autour de l'édifice et un 3ième était perché sur l'édifice. Se pourrait-il qu'il y avait un adulte dans le trio? Je ne peux pas l'exclure à 100%. Cependant à 20h15 je suis retourné à un endroit d'où je pouvais voir le faucon que je soupçonnais être un adulte sur la Tour de la Bourse: il était exactement au même perchoir qu'à 19h33.

À 20h28, un juvénile rejoint le dortoir sur l'édifice du 500 Place d'Armes. À 20h31 j’aperçois 2 faucons en vol interagir au-dessus de l'édifice de la Banque. Il m'a semblé que c'était un mâle et une femelle. À 20h33, un 2ième juvénile rejoint le dortoir. Le 3ième faucon est resté un moment sur l'édifice de la Banque Royale avant de s'envoler à 20h52 en direction de la rue Saint-Antoine. Voici une photo de ce 3ième faucon qui malheureusement n'est pas suffisamment nette pour conclure hors de tout doute que c'est un juvénile.

Faucon sur l'édifice de la Banque Royale à 20h41 alors que 2 juvéniles sont au dortoir


5 août et 12 août: 1 seul juvénile au dortoir

Mon observation suivante a eu lieu le 5 août. À 19h33 je repère un  juvénile sur l'édifice de la Banque Royale. Il s'est envolé à 20h11 et a dépassé l'édifice du 500 Place d'Armes. Cependant 3 minutes plus tard, un faucon rejoint le dortoir. Cette observation est documentée sur la  vidéo en début d'article. J'ai arrêté la surveillance à 20h33. À aucun moment je n'ai eu l'impression qu'il y avait plus que 1 juvénile.

Le 9 août, entre 19h55 et 20h36 je n'observe aucun faucon dans le secteur des édifices de la Banque Royale et du 500 Place d'Armes.

Le 12 août en revanche, un juvénile se pose sur l'édifice de la Banque Royale à 20h et rejoint 10 minutes plus tard le dortoir. J'ai arrêté la surveillance à 20h23.

Les 24 et 25 août, après un séjour en Basse-Côte-Nord, je n'ai observé aucun faucon au dortoir.

Conclusions

Les 2 édifices, celui de la Banque Royale et celui du 500 Place d'Armes sont fréquentés chaque été par les faucons pèlerins juvéniles de la Tour de la Bourse (en tout cas depuis 2015 lorsque j'ai commencé vraiment à les observer). Mais c'est la première fois cette année que je réalisais que le 500 Place d'Armes était utilisé comme dortoir. Il sera intéressant de vérifier si cet endroit continue d'être utilisé à cette fin les prochaines années.
 
Ce n'était pas la première fois que j'ai eu la chance de suivre un dortoir de faucon pèlerin juvénile: en 2015 j'avais suivi un tel dortoir en face du métro Rosemont. Le point commun entre les 2 observations, c'est que les juvéniles venaient par paire. Comme le dortoir de 2015 (qui était en fait une sortie d'air sur un immeuble) ne permettait d'accueillir qu'un seul individu, j'avais assisté à une course entre 2 juvéniles pour l'utilisation de cet endroit!

Ma dernière conclusion porte sur le nombre de faucons pèlerins juvéniles présents fin juillet dans le secteur de la Tour de la Bourse: bien que je ne puisse prouver que 2 juvéniles, je suis quasiment certain qu'ils étaient 3, ce qui serait un autre résultat intéressant pour ce site. 

  
Cet article a été publié le 24 décembre 2017.








vendredi 8 septembre 2017

Une tentative de vol d'un poisson par un faucon pèlerin sur un balbuzard pêcheur?

Le 13 août 2017 Pierre Pesant a documenté une scène inhabituelle à Boucherville, près de Montréal: un faucon pèlerin immature qui poursuivait un balbuzard pêcheur qui transportait un poisson. Plusieurs photos sont visibles dans son rapport eBird.

Les faucons pèlerins n'hésitent pas à poursuivre et à attaquer d'autres oiseaux de proie, parfois nettement plus grands qu'eux, mais ce comportement s'observe généralement lors de la saison de nidification pour défendre le nid contre des prédateurs potentiels. Par ailleurs les faucons pèlerins juvéniles (i.e., nés dans l'année) s'amusent parfois à poursuivre de grands oiseaux, inconscients du risque encouru (le poursuiveur pourrait rapidement devenir le poursuivant). Ici le poursuivi est un balbuzard pêcheur alourdi par sa proie, ce qui facilite les choses pour le faucon pèlerin. Mais le faucon semble être un immature (i.e., né l'an dernier) et non un juvénile donc l'hypothèse du jeu ne tient plus vraiment. Puisque poursuivre un autre oiseau consomme de l'énergie on peut penser que le faucon pèlerin espérait tirer quelque chose de cette poursuite, et le quelque chose pourrait bien être le poisson... 

Le poisson est une nourriture très inhabituelle pour le faucon pèlerin. Le faucon pèlerin se nourrit en effet très majoritairement d'oiseaux, généralement attrapés en vol. Viennent ensuite plus rarement les petits mammifères. Seulement quelques observations font état de reptile ou de poisson, voir par exemple les références à des observations de faucon pèlerin tentant de voler un poisson à un balbuzard dans cet article de Western North American Naturalist (2013). Cet article rapporte l'observation d'une femelle faucon pèlerin qui nourrissait sur une base régulière ses fauconneaux  avec du poisson (apparemment des truites) dans le nord de l'Arizona, alors que le mâle, lui, rapportait des oiseaux. L'auteur n'a pas réussi à découvrir où et comment la femelle s'approvisionnait en poisson.

Un autre article, également publié en 2013, rapporte 2 observations de faucon pèlerin surpris en train d'attraper des poissons au Brésil.  Dans le premier cas le faucon pèlerin volait au ras de l'eau et attrapait un poisson qui nageait près de la surface à la manière d'autres oiseaux de proie pêcheurs. Mais dans le second cas le faucon pèlerin (une femelle) n'hésitait pas à plonger verticalement!

Plus près de nous, dans la région de Pittsburgh, un faucon pèlerin a été observé en train de pêcher en 2010: après au moins 20 passages au ras de l'eau il est reparti avec un poisson, qu'il s'est empressé d'aller manger sur une tour voisine. L'histoire a été rapportée dans le blogue "Outside my Window" de Kate Saint-John. Les commentaires contiennent plusieurs anecdotes similaires, qui sont cependant à prendre avec prudence puisqu'on ne connait pas toujours le degré d'expertise de leurs auteurs.

Un faucon pèlerin tenté d'attraper un écureuil gris

Je profite de cet article pour mentionner l'observation d'Alain Bessette le 4 janvier 2017 à la Cité du Havre à Montréal d'un faucon pèlerin qui a tenté d'attraper un écureuil gris perdu sur la glace du fleuve. L'écureuil a sans doute été jugé trop gros, en tout cas le faucon pèlerin a renoncé et est revenu se percher pendant quelques minutes sur son lampadaire avant de filer au loin.




jeudi 31 août 2017

Un (parfois 2) faucon pèlerin au CÉGEP de Saint-Laurent

Dans la foulée des évènements à l'ancienne tour d'eau d'Ericsson à la fin de juillet (voir cet article et les liens qu'il contient), il a été découvert qu'un faucon pèlerin fréquentait le CÉGEP de Saint-Laurent en fin de journée et possiblement la nuit. En observant ce faucon, j'ai eu la surprise de découvrir qu'il recevait parfois la visite d'un 2ième individu! J'ai pu observer les 2 faucons ensemble à 2 reprises: après le coucher du soleil le 23 août et avant le lever du soleil le 27 août. Ces observations confirment qu'il y a bien un couple de faucon pèlerin dans ce secteur et posent toute une série de nouvelles questions.

Les faucons pèlerins ont été principalement observés sur le clocher de l'ancienne église St Paul's Church of Scotland qui abrite maintenant la salle Émile-Legault  du CÉGEP de Saint-Laurent ainsi que le musée des maitres et artisans du Québec. Puisque cette église est située au sud du campus du CÉGEP, je référerai à cet endroit par l'expression "clocher sud".

Le faucon pèlerin est une espèce d'oiseau de proie qui se nourrit principalement de pigeon qu'il attrape en vol et qui avait quasiment disparu dans les années 1970s. Encore relativement rare à Montréal, sa population est en pleine croissance au point qu'il est question de le retirer de la liste des espèces protégées.

Un faucon pèlerin au CÉGEP le 13 août

J'ai exploré les alentours du CÉGEP de Saint-Laurent le 13 août suite à l'observation par Richard Dupuis d'un faucon pèlerin le 7 août dans ce secteur.  J'ai repéré le faucon à 17h45 sur le clocher sud.



Le faucon n'est pas bagué. Il s'est envolé à 19h37 en direction de l'avenue Sainte-Croix mais n'a possiblement pas quitté le campus puisque je l'ai retrouvé 5 minutes plus tard sur la tour principale.

Faucon sur la tour centrale

Faucon sur la tour centrale

À 19h46 il s'est envolé à nouveau, cette fois-ci vers l'échangeur Décarie et l'ancienne tour d'eau d'Ericsson. J'ai marché dans cette direction jusqu'à pouvoir voir cette tour mais je n'y ai pas vu le faucon. Je suis retourné au CÉGEP de Saint-Laurent juste à temps pour voir le faucon revenir à 20h05. Il suivait une direction parallèle à l'avenue Sainte-Croix en venant du sud. Il s'est posé à nouveau sur le clocher sud.

Faucon pèlerin sur la tour du bâtiment EL, 20h12
Il y était encore à 21h quand j'ai quitté. Le soleil s'est couché à 20h05 ce jour-là.


Un 2ième faucon pèlerin le 23 août après le coucher du soleil!

Après avoir troqué pendant quelques jours les faucons pèlerins de Montréal contre les baleines du Cap de Bon-Désir (Basse Côte-Nord) je suis retourné au CÉGEP de Saint-Laurent le 23 août, curieux de voir si le faucon pèlerin continuait de fréquenter cet établissement. Il était effectivement présent sur le clocher sud à mon arrivée à 19h37.  Au moment du coucher du soleil à 19h48 il a fait un court vol qui l'a amené sur la façade du clocher qui donne vers l'aréna.

5 minutes plus tard un autre faucon pèlerin est arrivé de la direction de l'aréna, a émis un cri au moment de passer près du premier faucon et s'est perché sur la façade du clocher donnant vers la résidence universitaire. Le premier faucon n'a pas réagi. De là où j'étais je pouvais bien voir le premier faucon mais beaucoup moins bien le 2ième. Je ne peux donc pas dire si le 2ième faucon était encore présent sur le clocher lorsque j'ai quitté à 20h15. Le premier faucon était lui encore présent.


Nouvelle observation de 2 faucons pèlerins le 27 août (et peut-être le 28 août)

Le 27 août, après avoir observé de nouveau un faucon pèlerin sur le clocher sud la veille, j'ai décidé de tenter une observation tôt le matin. Alors que j'approchais du CÉGEP j'ai entendu des cris de faucon pèlerins. Les 2 faucons étaient perchés sur le clocher, sur la façade qui donne sur l'avenue Sainte-Croix. Un des faucons s'est envolé vers 6h07 et est revenu se poser tout en haut du clocher sur le coin des façades donnant vers la résidence et l'avenue Sainte-Croix. Les 2 faucons sont ensuite partis ensemble à 6h13 vers le nord.


Je n'ai pas réussi à les retrouver. À 7h, lorsque j'ai quitté le CÉGEP de Saint-Laurent, aucun faucon n'était visible sur le clocher sud.

J'ai possiblement observé les 2 faucons de nouveau le lendemain matin. Alors que j'approchais du clocher sud le matin du 28 août un faucon pèlerin a quitté le clocher en direction approximativement de l'église Saint-Sixte. Il était 6h02. Je me suis approché davantage et j'ai alors remarqué un faucon pèlerin perché sur la façade du clocher qui donne sur l'avenue Sainte-Croix. Était-ce le faucon que j'avais vu s'envoler qui est revenu ou un 2ième faucon? Je ne peux pas le dire. Ce faucon est parti dans la même direction vers 6h12. Une marche jusqu'à l'église Saint-Sixte ne m'a pas permis de retrouver le ou les faucons.


Connexion avec l'ancienne tour d'eau d'Ericsson

Le faucon qui semble dormir au CÉGEP de Saint-Laurent parait étroitement connecté au faucon observé à l'ancienne tour d'eau d'Ericsson fin juillet: soit qu'il s'agit du même individu, soit qu'il s'agit de 2 individus qui se visitent.

J'ai déjà mentionné que le faucon pèlerin était parti du CÉGEP dans cette direction le 13 août.

Le 27 août vers 18h53 le faucon pèlerin a quitté le CÉGEP en direction de la tour d'eau d'Ericsson. Après quelques minutes d'attente, je suis passé de l'autre côté des voies ferrées où j'avais une vue sur cette tour d'eau. Un oiseau de la taille d'un faucon pèlerin était perché sur le garde-fou de la tour. À cette distance, sans mon appareil photo qui est en réparation, il était impossible de confirmer que c'était bien un faucon pèlerin. L'oiseau s'est envolé à 19h25 mais malheureusement -  si c'était bien le faucon pèlerin - il n'a pas pris la trajectoire directe mais a plutôt traversé le chemin de Côte-de-Liesse perpendiculairement (qui était une direction de déplacement du faucon pèlerin que j'avais observé en juillet). À mon retour au CÉGEP Saint-Laurent à 19h34 le faucon pèlerin m'attendait sur la façade du clocher sud qui donne sur l'avenue Sainte-Croix. Il est reparti vers la tour d'eau d'Ericsson à 19h43 pour revenir au CÉGEP à 20h05.

Le lendemain soir j'ai décidé d'observer depuis la tour d'eau d'Ericsson. Malheureusement aucun faucon pèlerin ne s'est présenté entre 18h et 19h35. En revanche 2 corneilles ont visité la plateforme de la tour où le faucon se tenait parfois et l'une des corneilles est repartie avec quelque chose dans le bec: les 2 corneilles pourraient avoir profité des restes d'un repas du faucon pèlerin. Je n'ai pas réussi à voir non plus le faucon pèlerin au CÉGEP de Saint-Laurent entre 19h58 et 20h30.

Une présence irrégulière

Le faucon pèlerin qui semble dormir au CÉGEP de Saint-Laurent n'est pas visible chaque soir. Je l'ai observé les 13, 23, 26 et 27 août. En revanche je ne l'ai pas vu les 24, 28 et 29 août (le 25 août je n'ai pas tenté d'observation). Il y a plusieurs explications possibles: arrivée tardive ou non détectée, présence au CÉGEP mais sur un autre perchoir, existence d'un autre endroit que le CÉGEP pour dormir, ...

Conclusions

L'observation d'un faucon pèlerin le soir après le coucher du soleil et le matin avant le lever du soleil suggère que ce dernier passe au moins certaines nuits au CÉGEP de Saint-Laurent. Ce faucon pèlerin reçoit en outre sporadiquement la visite d'un 2ième faucon pèlerin, une situation qui n'est pas sans rappeler ce qui avait été observé à l'église Saint-Jean Baptiste au début de cette année. Dans le cas de l'église Saint-Jean-Baptiste, les faucons pèlerins étaient Éole et Eve, qui formaient un couple depuis quelques années et dont le nid le plus proche était situé à l'incinérateur des Carrières à 1,85km de l'église. Eve utilisait cette église en hiver pour y dormir et recevait régulièrement la visite d'Éole le soir ou tôt le matin (Éole fréquentait alors une 2ième femelle, Spirit, qu'il a finalement choisi pour fonder une famille; c'est cette femelle qui a été retrouvée blessée au pied de la tour à eau d'Ericsson non loin du CÉGEP de Saint-Laurent le 24 juillet). 

Il se pourrait que la présence du faucon pèlerin au CÉGEP de Saint-Laurent soit nouvelle. En effet d'après les premières informations provenant du CÉGEP de Saint-Laurent (merci à Michel Rondeau pour avoir répondu à mes questions), la présence du faucon pèlerin n'était pas connue avant cet été. Cependant si l'endroit n'est utilisé que pour dormir, les faucons pourraient facilement être passés inaperçus.

Les observations de ce couple de faucon pèlerin au CÉGEP de Saint-Laurent soulèvent plusieurs questions, en particulier:
  • S'agit-il d'un "vieux" couple ou d'un couple en formation? J'avais émis l'hypothèse que le faucon observé fin juillet à la tour d'eau d'Ericsson était un nouveau venu qui avait délogé Spirit. Si on a affaire à un nouvel individu, il est possiblement en train de chercher un endroit idéal pour dormir, et peut-être à plus long terme, pour nicher. Cela expliquerait à la fois que le faucon n'avait apparemment pas été observé antérieurement et qu'il n'est pas présent à chaque soir.
  • Le faucon visiteur est-il bagué? (celui qui dort au CÉGEP ne l'est pas).
  • Est-ce le mâle ou la femelle qui semble dormir au CÉGEP?  
  • Est-ce que le faucon pèlerin est également présent sur le campus en journée?
  • Sinon, où ces faucons passent-ils la journée? S'il s'agit d'un vieux couple, la réponse à cette question pourrait possiblement donner des indices sur l'emplacement de leur nid.
  • Le faucon qui fréquente le CÉGEP de Saint-Laurent fréquente-t-il aussi la tour à eau d'Ericsson? Depuis le parking situé de l'autre côté de la voie de chemin de fer on peut voir simultanément le clocher sud du CÉGEP et la tour à eau. D'après mes observations le faucon pourrait utiliser un trajet direct pour se rendre du CÉGEP à la tour à eau d'Ericsson, ce qui permettrait en théorie de le suivre aux jumelles d'un point à l'autre. 
  • Y-a-t-il eu des observations de faucon pèlerin antérieures à août 2017 au CÉGEP?
Je compte continuer à observer ces faucons dans les semaines et les mois à venir mais de façon beaucoup moins intensive. Un des buts de cet article est d'attirer l'attention de la population Cégépienne sur la présence de ces oiseaux sur leur campus, en espérant que cela contribuera à générer des observations.



 

mardi 15 août 2017

Mystère autour de l'ancienne tour à eau d'Ericsson (3): tentatives d'explication et questions

Le 24 juillet Spirit a été trouvée au sol à proximité de l'ancienne tour à eau d'Ericsson sur le boulevard Décarie près de Côte-de-Liesse; Spirit est actuellement soignée à l'UQROP pour des blessures au bec, de l'arthrite à une des ailes et pour dénutrition. Du 26 juillet au 3 août j'ai observé quasiment quotidiennement et souvent pendant plusieurs heures un autre faucon pèlerin perché sur la tour à eau. Ce faucon pèlerin (ou un autre) a par la suite été observé par Richard Dupuis les 5, 6 et 7 août dans le secteur de la tour à eau, ainsi que sur l'avenue Sainte-Croix le 7 août. J'ai à mon tour observé un faucon pèlerin au Cégep Saint-Laurent le 13 août. Les observations connues de faucon pèlerin dans le secteur de la tour à eau d'Ericsson sont décrites dans cet article. Le présent article considère différentes hypothèses sur les interactions entre Spirit et le faucon observé ces derniers jours.

Paradoxalement un autre faucon pèlerin n'est pas nécessaire pour trouver des explications plausibles à la découverte de Spirit au sol, compte tenu notamment de ces blessures qui résultaient très probablement de ces batailles  à l'Université de Montréal. Mais comme un autre faucon pèlerin a été observé au même endroit à partir du 26 juillet, il est difficile ne pas en tenir compte.

Avant de poursuivre, je tiens à remercier Christian Fritschi pour ses réponses à mes nombreuses questions sur l'état et le comportement de Spirit lorsqu'il l'a capturé.


Spirit avait-elle besoin de l'aide d'un autre faucon pèlerin pour se nourrir?

Jusqu'à ce qu'elle soit chassée de l'Université de Montréal le 10 juin, Spirit pouvait compter sur Éole (son mâle) pour l'approvisionner en proies fraiches. Il ne fait aucun doute que Spirit a mangé entre le 11 juin et le 24 juillet. Cependant ses capacités à chasser étaient certainement réduites par son problème d'arthrite à l'aile droite et cette situation ne pouvait que s'empirer au fil du temps. Ce qui a amené certains à se questionner si elle n'avait pas été aidée par un autre faucon pèlerin.

Il n'est pas clair combien de temps Spirit a séjourné dans le secteur où elle a été trouvée (Spirit a été trouvée le 24 juillet au 8600 boulevard Décarie). Mais dans ce secteur, un faucon pèlerin n'avait pas nécessairement besoin de chasser pour se nourrir. En effet, le parking de ce bloc d'entreprises du côté du chemin de Côte-de-Liesse est utilisé par les goélands pour la sieste... Et fatalement certains se font frapper.

Goéland mort

Autre goéland mort, apparemment très récemment

Une difficulté pour un faucon pèlerin qui voudrait profiter de ces repas gratuits bien entendu, c'est de ne pas se faire frapper lui-même. Il se pourrait que le parking soit moins utilisé vers 4h-5h du matin mais c'est quelque chose que je n'ai pas vérifiée.

Dans la section suivante j'argumente que si elle a tenté de manger à cet endroit et qu'elle ne pouvait plus voler, l'endroit où elle a été trouvée est un endroit assez logique.

L'entonnoir

Supposons que Spirit ait tenté de s'alimenter sur un des goélands morts et qu'elle n'ait plus été capable de s'envoler. Elle ne pouvait alors quitter cet endroit qu'en sautillant. Deux directions de départ sont exclues à cause des voies de circulation très achalandées qui forment un coude (voir carte ci-dessous). Elle pouvait s'éloigner parallèlement à Côte-de-Liesse (grosse flèche rouge sur la carte) et dans ce cas elle aurait abouti sur le terrain vague. Mais si elle suivait la petite flèche rouge (qui est le moyen le plus rapide de s'éloigner de l'autoroute) elle entrait dans ce que j'appelle l'entonnoir. À cause de la clôture et du bâtiment, elle ne pouvait qu'arriver à l'endroit où elle a été trouvée (étoile rouge sur la carte). De là, elle n'avait que 2 sorties possibles: soit revenir sur ses pas, soit se diriger vers Décarie. Dans les 2 cas, cela revenait à se diriger vers des voies de circulation très achalandées.

L'entonnoir (crédit: Google Maps)
Il faut aussi tenir compte du trafic propre à l'entreprise: les camions arrivent par la direction de la petite flèche rouge et manœuvrent souvent à proximité de la tour pour atteindre à reculons leur quai de chargement/déchargement. Ceci pourrait en particulier expliquer qu'elle n'ait pas tenté de s'envoler: compte tenu de ses difficultés à voler elle avait sans doute besoin d'un long espace pour prendre de l'altitude. En regardant la carte il est clair qu'elle n'avait pas cet espace tant qu'il y avait de l'activité liée à l'entreprise.   


Les conditions météo ont-elles joué un rôle?

La journée du 24 juillet a été la 2ième journée la plus pluvieuse du mois de juillet d'après AccuWeather avec 18 millimètres de pluie. Voici les données météo de la station de l'aéroport de Dorval. Il pleut à partir de 8h (et peut-être même avant puisque cette information n'est pas disponible pour 6h et 7h). L'humidité relative varie entre 78% et 86% entre 9h et midi.  La vitesse moyenne du vent excède 20km/h à 5h, 6h, 7h puis de nouveau à 11h et midi. Il n'est pas clair s'il y a eu des rafales.

Il est difficile de faire un lien entre l'humidité et l'arthrite dont souffre Spirit. D'une part parce que c'est l'arthrose et non l'arthrite qui semble sensible à l'humidité; d'autre part parce que l'humidité relative était déjà élevée les jours précédents même s'il pleuvait moins. Se pourrait-il en revanche que les plumes mouillées aient rendu le vol plus difficile (poids additionnel) - et donc possiblement et momentanément impossible?

D'après Christian Fritschi, la première tentative de capture a échoué puisque le vent a retourné la couverture qu'il avait lancé sur Spirit.  Le vent a donc pu s'ajouter aux autres facteurs pour rendre une tentative de vol momentanément impossible.

Le 2ième faucon a-t-il assisté à la capture de Spirit?

Le 2ième faucon semble réagir à la présence humaine. Se pourrait-il qu'il agisse comme cela après avoir vu Christian Fritschi capturer Spirit?

Remarquons d'abord que la capture de Spirit a été réalisée vers 11h45. Dans les jours qui ont suivi, le 2ième faucon était présent à cette heure de la journée à 2 reprises: le 27 juillet et le 29 juillet (soit 2 jours sur mes 6 journées d'observation). Sa présence lors de la capture était donc théoriquement possible.

Cependant les conditions météo qui prévalaient ce matin-là m'amènent à penser que le faucon n'était pas présent, du moins pas sur la tour. Comme indiqué plus haut cela faisait au moins 3h45 qu'il pleuvait. Or les faucons pèlerins n'aiment pas particulièrement la pluie, et sur la tour il n'y a pas d'endroit où s'abriter.

Il y a peut-être un autre élément en faveur de son absence. Christian Fritschi m'a informé que Spirit n'avait pas crié même si elle en avait eu l'occasion puisque la première tentative de capture avait échoué à cause du vent. On aurait pu s'attendre à ce qu'elle alarme s'il y avait un autre faucon à proximité. Quoique si les 2 faucons étaient hostiles il n'est pas clair si Spirit aurait alerté l'autre faucon. Le silence de Spirit pourrait aussi possiblement s'expliquer par ses blessures au niveau du bec.

Qui était là en premier: Spirit ou l'autre faucon?

Si le faucon observé sur la tour est une femelle - ce que plusieurs pensent - il est peu probable que les 2 faucons aient coexisté longtemps  (il est difficile d'imaginer que Spirit ait résisté longtemps à une autre femelle compte tenu de ses blessures). Une coexistence aurait eu plus de chance de se produire si l'autre faucon était un mâle mais même dans ce cas une coexistence n'est pas automatique. Supposons donc pour l'instant qu'il n'y a pas eu coexistence entre les 2 faucons.  Il reste 2 possibilités:
  • Le 2ième faucon était là le premier, ou du moins la tour faisait partie de son territoire, et Spirit est arrivée dans ce secteur tout récemment.
  • Spirit était là depuis un certain temps et c'est le 2ième faucon qui est arrivé récemment. Il a pu soit arriver vers le 24 juillet et dans ce cas possiblement contribuer à amener Spirit au sol, soit arriver après la capture.   
Le problème avec le premier scénario est que si une autre femelle était installée là depuis un moment, on imagine difficilement comment Spirit aurait pu l'ignorer. Et si elle savait qu'il y avait une autre femelle là,  pourquoi chercher le trouble en venant à cet endroit? Doit-on en déduire que le territoire de l'université de Montréal est complètement ceinturé par d'autres territoires et que Spirit n'avait pas d'autres choix que de se frotter à l'une ou à l'autre femelle? Il existe une autre possibilité (qui est plutôt improbable compte tenu de ses blessures), c'est que Spirit cherchait déjà à conquérir un nouveau territoire.

Le 2ième scénario pourrait se heurter aux observations passées dans le secteur, qui suggèrent la présence d'au moins un faucon pèlerin. Dans ce 2ième scénario, le comportement inhabituel du faucon pourrait-il s'expliquer par la conquête toute récente d'un territoire?

Il existe un scénario intermédiaire mais qui est pour l'instant hautement spéculatif. Certaines observations passées suggèrent la présence d'un couple de faucon pèlerin (un couple a été observé en janvier-février 2004 sur la tour à eau, et 2 observateurs mentionnent la présence de 2 faucons pèlerins en vol en 2016 dans le secteur élargi, voir cet article). Jusqu'à présent cependant, je n'ai pas observé d'interaction entre le faucon pèlerin de la tour à eau et un autre faucon pèlerin; une telle interaction n'a pas non plus été rapportée par Richard Dupuis, ni par aucun autre observateur. Se pourrait-il qu'il y avait bien un couple jusqu'à tout récemment mais que quelque chose est arrivée à la femelle de ce couple? Ce genre de situation attire typiquement plusieurs femelles désireuses de mettre la main sur le mâle et sur le territoire! Spirit pourrait être une de ces femelles, ainsi que le faucon observé par la suite sur la tour si c'est effectivement une femelle. Un nouveau couple ne s'est peut-être pas encore formé ou n'est pas encore très solide, ce qui pourrait expliquer l'absence d'observation simultanée de 2 faucons.


Appel à témoignages

Pour avancer dans notre compréhension de ce qui se passe dans ce secteur il faudra d'autres informations. Je lance donc un appel à témoignage à tous ceux/celles qui auraient observé quelque chose en rapport avec cette situation. Vous pouvez me joindre par courriel à l'adresse falcoUrbanis@gmail.com, ou encore en laissant un message sur ma page Facebook ou sur ce blogue. Merci d'avance!

Voici quelques questions un peu plus spécifiques mais les observations qui n'entrent pas dans le cadre de ces questions sont bien sur également les bienvenues!

Questions sur les circonstances de la découverte de Spirit

Ces questions portent sur les instants qui ont précédé la capture de Spirit le matin du 24 juillet.
  • Le faucon s'est-il déplacé entre le moment de sa découverte et le moment de sa capture (la localisation de Spirit au moment de la capture est indiquée par une étoile rouge sur la figure "L'entonnoir" plus haut)? Si oui, où a-t-il été découvert?
  • À quelle heure le faucon a-t-il été remarqué pour la première fois?
  • Est-ce que des cris ont été entendus (soit provenant du faucon trouvé au sol, soit éventuellement d'un autre faucon)?

Questions sur la présence éventuelle d'un faucon sur la tour à eau ou sur le parking

Tel qu'indiqué dans cet article, le 3 août le faucon qui était perché sur la tour à eau s'est mis subitement à vocaliser, ce qui a attiré l'attention d'un camionneur.  Il est donc possible que le faucon se soit fait remarquer ainsi à d'autres occasions.
  •  Avez-vous remarqué un oiseau inhabituel sur la tour à eau (i.e., qui n'est pas un goéland, ni un pigeon, ni une corneille) ou entendu des cris inhabituels semblant venir de la tour à eau? Si oui à quelle date approximativement? Et à quel moment de la journée?
  • Avez-vous remarqué un oiseau de proie au sol dernièrement dans ce secteur? Cette question vise plus spécialement le parking du côté du chemin de Côte-de-Liesse où plusieurs goélands morts ont été observés (voir "parking avec goélands morts" sur la figure ci-dessus) mais d'éventuelles observations portant sur un autre endroit sont également les bienvenues.

Questions sur la présence d'un couple de faucon pèlerin dans le secteur élargi

Cette question concerne le secteur élargi contenant entre autre l'ancienne tour à eau d'Ericsson, le cégep Saint-Laurent et le magasin Ikéa.

De février à avril on peut assister aux accouplements des faucons pèlerins. Ces accouplements sont typiquement brefs, ont lieu sur des perchoirs élevés (toit d'immeuble, clocher d'église, poteau électrique ou de téléphone, etc) et s'accompagnent de cris. La présence de faucon pèlerin se trahit également par des restants de proie au pied d'un perchoir, restants qui se limitent souvent aux 2 ailes souvent encore attachées ensemble tel que montré par cette photo.
Restant de proie de faucon pèlerin - église Saint-Jean-Baptiste, 11 mars 2017
  • Avez-vous remarqué un de ces indices? Si oui, où et quand?
  • Avez-vous observé ce qui vous semblait être un ou des faucons pèlerins? Si oui, où et quand?