Pages

dimanche 31 mai 2015

Au Pont Champlain les faucons pèlerins adoptent un nichoir

Cette année, contrairement aux 2 années précédentes les faucons pèlerins qui fréquentent le Pont Champlain ont choisi de nicher dans un nichoir. Le nid semble contenir un seul fauconneau à un stade de développement assez avancé.

Recherche du nid. Observations depuis la piste cyclable de la Voie Maritime

Je suis retourné sur la piste cyclable de la Voie Maritime le 20 mai pour la première fois depuis ma première visite de l'année le 1er avril. En 2h15 je n'ai vu aucun faucon.

J'ai été plus chanceux le 26 mai. À 7h49 je repère un faucon sur le pilier Sud qui borde la voie maritime. Il disparait environ 15 minutes plus tard alors que je suis occupé à changer les piles de mon appareil photo.
Pendant que j'attends son retour éventuel, j'ai le temps de réfléchir. Lors de ma visite le 1er avril j'avais constaté 2 choses: a) le pilier du côté Nord de la Voie Maritime (celui situé juste à côté de la piste cyclable) avait été refait et b) le nichoir qui y était installé avait été retiré. Le pilier du côté Sud avait été restauré en premier. L'idée m'a alors traversé l'esprit que le nichoir avait peut-être été déplacé sur ce pilier Sud.

À 9h28 un faucon longe le pont, venant de Montréal. Je le perds de vue quelques instants près du pilier Sud, puis il réapparait, poursuivant apparemment un grand oiseau: défense de territoire ?

Quelques instants plus tard, une employée travaillant pour une compagnie impliquée dans la construction du nouveau Pont Champlain me confirme qu'un nichoir a été installé sur le pilier Sud. Elle ignore cependant quel endroit les faucons ont choisi.

Avant de quitter je remarque qu'une partie du nichoir est même visible depuis la piste cyclable:
Nichoir partiellement visible depuis la piste cyclable de la Voie Maritime

Découverte du nid: observations depuis la Rive Sud

Le 29 mai je pars observer depuis la piste cyclable "La Riveraine" sur la Rive Sud. Première surprise: il n'y a pas 1 mais 2 nichoirs:
2 nichoirs visibles depuis la Rive Sud
Je surveille plus particulièrement celui que j'avais localisé 3 jours plus tôt (celui de gauche sur la photo). Je n'ai pas à attendre longtemps: un adulte vient régulièrement visiter le nichoir:


Un unique fauconneau à un stade avancé de développement ?

Ce n'est qu'en rentrant chez moi que j'ai réalisé que la vidéo ne montrait pas des relais au nid, mais apparemment plutôt un fauconneau déjà capable de manger par lui-même.


Nidifications passées

L'an dernier mes observations suggéraient que les faucons pèlerins n'avaient pas niché (typiquement, les 2 faucons étaient vus en même temps en train de relaxer sur un perchoir à un moment où un des faucons aurait logiquement du couver). Mes observations étaient cependant insuffisantes pour conclure mais d'après mes informations les biologistes de Services Environnementaux Faucon étaient arrivés à la même conclusion.

En 2013, les faucons avaient niché sur le Pont Champlain mais n'avaient pas utilisé de nichoir. Comme des travaux devaient être effectués près de l'endroit où se trouvait le nid, il avait fallu déplacer le nid avec ses 3 œufs pour la sécurité des travailleurs. Les œufs (en réalité, temporairement des œufs factices) avaient été placés dans un des nichoirs, en espérant que les faucons continueraient la couvaison à ce nouvel endroit. À ma connaissance il n'y a pas eu de naissance cette année-là.

Le fait que les faucons ont adopté un nichoir en 2015 est certainement une bonne nouvelle pour les gestionnaires: si des travaux d'urgence devaient être effectués près du nichoir, les chances seraient plus élevées que les faucons continuent la couvaison si les œufs étaient déplacés dans un nichoir similaire situé plus loin.  De plus les faucons tendent à garder le même nid d'une année à l'autre si la nidification a réussi: il y a donc de bonnes chances que les faucons continueront d'utiliser un nichoir l'an prochain. Un nichoir qui pourrait d'ailleurs bien ne pas être à la même place l'an prochain, si par exemple des travaux étaient planifiés sur le pilier en question.

samedi 30 mai 2015

Relais au nid tard le soir à l'église Saint-Marc

Ces derniers jours j'ai fait des observations de fin de journée à l'église Saint-Marc pour tenter de déterminer où Éole passait ses nuits. Éole est le faucon pèlerin mâle qui niche à cette église depuis quelques semaines. Malheureusement la femelle contrarie mes plans en le faisant travailler tard le soir...

Il semble néanmoins qu'Éole s'éloigne vers la rue de Bellechasse, en suivant approximativement la 2ième avenue. Par ailleurs hier le dernier relai au nid (en l’occurrence, la femelle qui vient remplacer le mâle sur les œufs) est intervenu à 21h23, soit presque 1 heure après le coucher du soleil.

23 mai 2015

Le dernier relai au nid semble avoir eu lieu à 20h30. En tout cas c'est la femelle qui s'est envolée du clocher à ce moment-là. Un faucon, présumément le mâle, s'est posé quelques instants plus tard sur le clocher Est, à gauche du demi-ovale où les faucons se tiennent habituellement (voir photo). Il a quitté à 20h41 en direction de l'antenne.
23 mai: position d'Éole après son dernier relai de la journée


24 mai 2015: arrivée d'un faucon de la direction de l'Incinérateur des Carrières

À 20h14 un faucon arrive en provenance de la 1ère avenue, survole la cour de récréation de l'école Saint-Marc et la 2ième avenue puis se pose sur le clocher Est. Il est intéressant de noter que la direction d'où venait ce faucon est celle de l'incinérateur des Carrières, leur précédent domicile, où l'on s'attend à les revoir de temps à autre. Le faucon s'est envolé à 20h35, s'est posé brièvement sur l'antenne puis a continué sa route.

26 mai 2015: un faucon quitte le secteur au coucher du soleil

Un faucon qui était perché sur le clocher Est s'envole à 20h31, passe au-dessus de la cour de récréation et s'éloigne vers Bellechasse dans l'axe de la petite ruelle située entre la 1ère et 2ième avenue. C'est la première fois que je peux établir qu'un faucon quitte le secteur au coucher du soleil mais ce n'est pas suffisant pour conclure qu'Éole ne dort pas à l'église puisqu'il a très bien pu revenir. Une petite marche dans la direction où il s'est éloigné ne m'a pas permis de le retrouver.

27 mai 2015: Éole (et la femelle ?) me joue un tour

Suite à l'observation de la veille je me positionne de façon à pouvoir surveiller la petite ruelle, de l'autre côté de la cour de récréation. Un faucon est présent sur le clocher de la cheminée Est, je vois juste sa queue de l'endroit où je suis. Il s'envole vers 20h54 et se pose juste au-dessus du nid. Sa silhouette est clairement visible.  À 21h03 il s'envole à nouveau. Je surveille le ciel au-dessus de la cour de récréation: rien... Avant de rentrer chez moi, je passe devant le nid. Et à ma grande surprise je découvre un faucon perché sur le toit du clocher Est! Quelques minutes plus tard il avait disparu. Je commence alors à soupçonner  que le faucon que je surveillais jusqu'à 21h n'était pas Éole mais la femelle, et qu'un relai est intervenu à 21h03. La prochaine observation allait confirmer cela, avec un relai encore plus tardif.

29 mai 2015: un relai à 21h23!

J'arrive vers 20h30. Le faucon qui est perché sur le clocher ne semble pas bagué: il s'agirait donc de la femelle. Je me positionne en face du nid. À 21h04, le faucon s'envole. Je guette attentivement son arrivée sur la corniche du nid: rien... Je me déplace un peu pour examiner le clocher: il est vide. Pas de faucon non plus à l'endroit où il s'était perché 2 jours plus tôt à peu près à la même heure. Je commence à penser qu'il s'agissait peut-être quand même d'Éole, ou pire qu'il s'agissait bien de la femelle mais qu'elle n'est pas allée au nid. Et soudain je la vois: elle était perchée au sommet du triangle dont le côté gauche abrite le nid, à peine visible dans l'obscurité.

À 21h23 elle s'envole. Et cette fois je n'ai pas à attendre longtemps: elle se pose sur la corniche du nid, on entend de la communication, Éole s'envole et la femelle prend sa place. Un échange comme je les aime puisque j'ai pu discerner les 2 faucons simultanément.

Éole s'est posé sur le clocher Est. Puis à 21h35 il s'est envolé dans l'axe de la 2ième avenue en direction de la rue de Bellechasse.

Conclusions

L'étape suivante pour tenter de localiser le dortoir d'Éole serait de vérifier que le faucon traverse effectivement la rue de Bellechasse ou mieux encore, l'avenue Rosemont. Mais cette étape est évidemment impossible à réaliser tant qu'il quitte aussi tard.

Ces observations auront permis de découvrir autre chose: des relais au nid bien après le coucher du soleil, dans un quartier qui n'est de surcroit pas exagérément éclairé la nuit. Pour moi il s'agit d'une surprise.

À surveiller dans les prochains jours: d'éventuelles naissances...

dimanche 24 mai 2015

Naissances de 3 faucons pèlerins à l'Université de Montréal

3 fauconneaux sont nés à l'Université de Montréal entre le 19 et le 21 mai 2015. Un 4ième œuf n'a pas éclos.


Les naissances

Voici une chronologie des évènements:

  • 19 mai, 16h30: sur cet agrandissement d'une photo prise par la caméra d'Eve Belisle, le 3ième œuf à partir de la gauche semble cisaillé sur tout son contour.
    Les 4 œufs, dont un semble près d'éclore (crédit photo: Eve Belisle, http://ornithologie.ca/faucons/)


  • 19 mai vers 18h: naissance du premier fauconneau:
    Vidéo d'Eve Belisle: naissance du premier fauconneau


  •  Nuit du 19 au 20 mai: naissance du 2ième fauconneau. Le 2ième fauconneau est visible dans cette vidéo d’Ève Belisle, captée vers 5 du matin et qui montre le mâle découvrant pour la première fois les bébés.
    Vidéo d'Eve Belisle: le mâle fait connaissance avec les 2 premiers fauconneaux


  • 20 mai, 7h: premier repas pour les 2 fauconneaux.
    Vidéo d'Eve Belisle: premier repas des 2 premiers fauconneaux


  • Nuit du 20 au 21 mai: naissance du 3ième fauconneau. Pendant les premières heures de son existence, le petit dernier est affalé et est difficile discernable parmi ses 2 ainé(e)s. Les 3 fauconneaux sont cependant clairement visibles sur cette photo prise vers 16h:
    21 mai, 15h54: les 3 fauconneaux attendent que papa les nourrisse (crédit photo: Eve Belisle, http://ornithologie.ca/faucons/)


Un mâle qui cherche à nourrir ses petits

Chez les faucons pèlerins, c'est généralement la femelle qui nourrit les petits avec les proies apportées par le mâle. Mais depuis la naissance des fauconneaux on a pu observer plusieurs manœuvres du mâle pour nourrir lui-même sa progéniture.

Dès le 21 mai, soit quelques heures après la naissance du 3ième fauconneau, Arthurin profite du départ de Spirit pour arriver au nichoir avec une proie et entreprend de nourrir les fauconneaux:
Vidéo d'Eve Belisle: Arthurin nourrit les jeunes (21 mai, 15h54)


Le 22 mai, c'est la file d'attente pour nourrir les fauconneaux: au premier plan, Arthurin avec une proie pendant que Spirit est déjà en train de nourrir les fauconneaux avec une autre proie:

22 mai, 19h47: Spirit nourrit les fauconneaux pendant qu'Arthurin attend son tour (crédit photo: Eve Belisle, http://ornithologie.ca/faucons/)


Pour d'autres photos et vidéos ainsi que les dernières nouvelles, consultez la page Facebook des faucons de l'Université de Montréal. Les faucons pèlerins de l'Université de Montréal peuvent également être suivis en direct grâce aux 2 caméras d'Eve Belisle.

 

 

Couverture médiatique

La naissance des fauconneaux a été couvert par plusieurs médias.

Radio-Canada a été le premier à en parler à l'émission matinale  C'est pas trop tôt, sauf erreur dès le 19 mai, c'est-à-dire avant la naissance du premier fauconneau. Il en a été question de nouveau le lendemain, après les premières naissances. Parallèlement, un article, signé par le journaliste René Saint-Louis, a été publié sur le site internet de la chaîne. Cet article a également été repris par le Huffington Post et traduit en anglais par CBC.

Il en a aussi été question à l'émission matinale Salut Bonjour de la chaine de télévision TVA le matin du 21 mai d'après un message publié sur la page Facebook des faucons de l'Université de Montréal.

Finalement, un article très intéressant a été publié le 23 mai par le journal local "L'express d'Outremont".


samedi 23 mai 2015

Église Saint-Marc: des bébés faucon pèlerin dans la première quinzaine de juin ?

Suite à mon annonce d'un nid de faucon pèlerin à l'église Saint-Marc (voir mon précédent billet), Richard Dupuis a visité le site et a discuté avec des résidents. Vous trouverez à la fin de l'article des liens vers ses photos, vidéos et récits sur la page Facebook des faucons de l'UdeM. J'ai par la suite aussi eu l'occasion de discuter avec certaines personnes. Voici ce qu'on peut dire.

Présence ancienne d'au moins 1 faucon 

Une résidente m'a indiqué avoir vu occasionnellement 1 faucon pèlerin sur le clocher de l'église avant ce printemps. Elle et son fils se sont même souvenus avoir vu à une occasion 2 faucons pèlerins, chacun sur un clocher de l'église (cette église comporte 2 clochers). Malheureusement elle ne peut pas me dire précisément à quel moment de l'année, excepté que ce n'était pas cette année.

Cette présence ancienne rend plus facile à comprendre comment les faucons ont trouvé la corniche sur laquelle ils nichent, particulièrement si l'un ou l'autre fréquentait cet endroit en automne ou en hiver quand les arbres sont dépourvus de leurs feuilles.

Accentuation de la présence des faucons durant la dernière semaine d'avril

Toujours selon ces informations, la présence des faucons était plus perceptible depuis 3 semaines, notamment par leurs cris. Le 3 semaine est à compter à partir des visites de Richard Dupuis des 16 et 17 mai.  Cet intervalle de temps est probablement plus ou moins approximatif mais si on remonte dans le temps de 3 semaines, on arrive au 25 avril. Or le 24 avril j'ai vu un accouplement et entendu les cris caractéristiques d'un autre à l'Incinérateur des Carrières. C'était aussi la dernière fois que j'y voyais les 2 faucons ensemble. Voir cet article sur les observations à l'incinérateur des Carrières.


Quand pourrait-il y avoir naissance ?

Le fait qu'il y a eu accouplement le 24 avril à l'incinérateur des Carrières permet de penser qu'il n'y avait pas encore d’œuf à l'église Saint-Marc. Des accouplements ont probablement eu lieu aussi par la suite à l'église Saint-Marc, ce qui pourrait d'ailleurs expliquer certains des cris entendus.  En revanche depuis que j'ai découvert le nid le 13 mai aucun accouplement n'a été observé et les faucons semblaient se relayer au nid sans interruption, ce qui suggère que la couvaison avait commencé.

Ce qu'il faut savoir, c'est que les faucons pèlerins commencent généralement à couver après que l'avant-dernier œuf a été pondu, que le nombre d’œufs se situe généralement entre 2 et 4 et qu'il s'écoule environ 55h entre la ponte de 2 œufs. De plus il s'écoule entre 32 et 35 jours entre le début de la couvaison et l'éclosion.

Pour simplifier les choses, considérons le scénario où 3 œufs ont été pondus. Dans le meilleur des cas, le premier œuf a été pondu à 0h le 25 avril et le 2ième œuf environ 55h plus tard, disons pour simplifier le 27 avril à 7h. Si les faucons suivent à la lettre le manuel ;-), la couvaison commencerait à ce moment précis, avec une éclosion entre le 29 mai et le 1er juin. Si le nombre d’œufs pondus n'est pas 3, il faut retrancher ou ajouter 55h par œuf en moins ou en plus.

Considérons maintenant la date la plus tardive, en supposant toujours que la couvaison avait commencé le 13 mai. La fourchette des 32-35 jours nous mènerait alors vers une éclosion entre le 14 et le 17 juin.

Bien entendu tous les chiffres utilisés sont approximatifs et certaines hypothèses ont été faites: il ne faut donc pas prendre ces estimations à la lettre. Ceci dit, la première quinzaine de juin est sans doute la période la plus probable pour d'éventuelles naissances.


Comment détecter les naissances ?

Dans la mesure où on peut pas voir ce qui se passe dans le nid, il faudra se contenter de signes indirects. Dans les 24h suivant leur naissance, les fauconneaux recevront leur premier repas de viande crue. Par ailleurs, tant que les fauconneaux ne sont pas nés, les adultes n'apportent pas de nourriture au nid à cause des bactéries qui pourraient pénétrer les œufs. L'arrivée de nourriture au nid est donc un indicateur très fiable qu'il y a eu naissance.

Attention cependant: il ne faut pas confondre le nid avec la corniche sur lequel il est situé. Je soupçonne en effet que le mâle apporte occasionnellement de la nourriture sur la corniche à l'intention de la femelle, qui sera soit mangée sur place par la femelle à une certaine distance du nid ou emportée ailleurs. Ce qu'il faut donc guetter, c'est un faucon qui se dirige vers la gauche de la corniche avec de la nourriture, là où se trouve le nid.



Lien vers les photos et vidéos de Richard Dupuis

Ces liens vous amènent vers la page Facebook des faucons de l'UdeM. D'autres informations y seront certainement publiées dans l'avenir.

samedi 16 mai 2015

Accouplements et autres comportements de nidification des faucons pèlerins à l'incinérateur des Carrières - avril 2015

Jusqu'au 24 avril 2015 au moins, tout indiquait qu'Éole et sa compagne nicheraient à l'incinérateur des Carrières comme l'an dernier. Puis le 13 mai 2015, le couple est localisé dans un nid à 1.6km de là. Le but de cet article est de partager les observations qui m'ont fait penser que les faucons nidifieraient à l'incinérateur des Carrières. Pour cela il fallait que je repasse à travers mes notes, photos et vidéos. Cet exercice m'a permis de redécouvrir un fait intéressant: la présence probable dès le 22 avril du faucon pèlerin juvénile, possiblement femelle, qu'un faucon pèlerin adulte avait longuement cherché à chasser le 5 mai,  voir les détails en fin d'article.

L'ancien nid de corbeau

Le nid de corbeau est situé sur l'avant-dernière plateforme de la cheminée Est. C'est un endroit susceptible d'être utilisé comme nid par les faucons pèlerins (il faut se rappeler que les faucons pèlerins ne construisent pas eux-mêmes leur nid). Et de fait, cet endroit était très utilisé, souvent en conjonction avec des accouplements (dans le sens où un des faucons se trouvait dans le nid juste avant ou juste après l'accouplement; à ma connaissance il n'y a pas eu d'accouplement d'observé sur la plateforme du nid).  Il faut garder à l'esprit cependant que cet endroit était très fréquenté l'an dernier aussi (c'est d'ailleurs ce qui avait permis de localiser le couple) mais que les faucons avaient finalement choisi un autre endroit de l'incinérateur pour y installer leur nid (voir section suivante).

Les visites à l'ancien nid de corbeaux était trop nombreuses pour que je les énumère toutes.


14 avril 2015:  faucon pèlerin au nid de corbeau, trahi par sa queue qui dépasse


Le 19 avril, lorsque la femelle rejoint le nid de corbeau au coucher du soleil, je croyais bien que c'était pour la nuit mais elle est en ressortie 4 minutes plus tard. À 20h17 lorsque j'ai quitté, les 2 faucons étaient tous les deux visibles sur les cheminées, à l'extérieur du nid.

Le nid de 2014

L'endroit qui a été utilisé en 2014 pour nidifier se trouve entre la cheminée Est et le bâtiment, voir l'article que j'avais écrit à l'époque.

La première visite que j'ai notée à cet endroit par la femelle remonte au 11 avril. Mais avant cela elle a montré un comportement étrange sur une corniche de l'incinérateur: elle y courrait de part et d'autre tout en vocalisant fortement. Elle est restée là pendant 7 minutes environ. L'idée m'a traversé la tête qu'elle considérait peut-être cet endroit pour pondre.
11 avril: comportement étrange de la femelle sur une corniche de l'incinérateur
Lorsqu'elle s'est envolée, ca a été pour visiter brièvement l'ancien nid de 2014. À noter que toute cette action suivait un accouplement.

Le 14 avril à 19h45 un faucon se rend au nid de 2014 pendant que l'autre faucon se trouve à l'ancien nid de corbeaux. Ce dernier rejoint le premier au nid de 2014. Un accouplement suit sur le perchoir de la cheminée Ouest situé juste en face de l'une des entrées du nid.

Le 15 avril, à mon arrivée à 6h20, un faucon se tenait à l'entrée du nid de 2014. Un accouplement a suivi peu après sur un perchoir situé juste en face.
15 avril: faucon pèlerin à une des entrées du nid de 2014
À 8h12 ce même jour la femelle se rend au nid de 2014, qu'elle quitte à 8h19.
 
Le 16 avril à 7h, la femelle se rend au nid de 2014 et se met à appeler le mâle. Celui-ci - que j'ai pu identifier comme étant Éole par sa bague - s'est posé sur le mur de la bâtisse à 7h20. Il y était toujours à 7h31 mais avait disparu à 7h36. À 7h41 un faucon quitte le nid de 2014. Dans la mesure où je n'ai pas surveillé spécifiquement les allées et venues à cet endroit, j'ignore s'il s'agissait d'un seul séjour de 41 minutes de la femelle ou s'il y a eu plusieurs courtes visites, possiblement de faucons différents.


Accouplements

Le premier accouplement que j'ai observé s'est passé le 5 avril. J'en parle dans ce billet.

L'accouplement suivant a eu lieu le 11 avril vers 18h30. Les 2 faucons étaient brièvement ensemble au nid de corbeau une dizaine de minutes avant l'accouplement.

Tout de suite après l'accouplement, le mâle est retourné au nid de corbeau. La femelle s'est rendue sur une corniche de la bâtisse où elle a eu un comportement étrange, puis a visité brièvement le nid de 2014 (voir plus haut).

Le 14 avril, ce sont 2 accouplements que j'observe à 17h50 et 19h52.

À nouveau 2 accouplements le lendemain 15 avril à 6h25 et 7h43. Après le 2ième accouplement, le mâle s'est posé au nid de corbeau. J'ai pu l'identifier quelques minutes plus tard lorsqu'il s'est posé sur un coin de la bâtisse: c'était Éole.

Le 16 avril, un autre accouplement à 6h20 suivi d'une visite du mâle au nid de corbeau.

Ma visite suivante a eu lieu le 19 avril. À nouveau 2 accouplements à 18h22 et 19h02, le dernier étant suivi d'une visite du mâle au nid de corbeau.

Je n'ai pas fait d'observation le 20 avril. Le 21 avril entre 17h12 et 20h04 je ne remarque aucun accouplement. L'absence de communication me donne même à penser que le faucon que j'observe par intermittence pourrait être seul. Même chose le lendemain entre 6h30 et 7h30. Je n'y suis pas allé le 23 avril.

Le 24 avril cependant j'observe un accouplement à 18h06. À en juger par les cris un autre accouplement a eu lieu un peu plus tôt à 16h53 mais je n'ai pas pu le voir.

Il s'est passé presque une semaine jusqu'à ma prochaine visite, le 30 avril. Je n'ai plus vu d'accouplement, ni même les 2 membres du couple ensemble à l'incinérateur.


Déplacements vers le nid actuel de l'église Saint-Marc

Le 6 avril vers 9h30, un faucon solitaire qui était perché sur la plateforme du nid de corbeaux s'envole dans cette direction.

Le 9 mai à 6h11 un faucon solitaire s'envole dans cette direction après avoir mangé sur la cheminée Est.

Le 11 mai à 15h57 un faucon qui arrive de cette direction se pose sur la cheminée Est.


Intrusion par des humains et d'autres faucons

  • Le 4 avril, le faucon pèlerin mâle David est identifié à l'incinérateur des Carrières. Un 3ième faucon, probablement toujours David, a été observé la veille par Richard Dupuis et le lendemain par moi.

  • Entre le 2 et le 4 mai un graffiteur est monté jusqu'au nid de corbeau. J'ai eu l'occasion de le rencontrer par hasard quelques jours plus tard sur la piste cyclable. D'après lui il n'y avait pas d’œuf dans le nid. Voir à ce sujet cet article.

  • Le 5 mai j'ai observé une longue défense de territoire contre un faucon pèlerin juvénile, apparemment une femelle, qui m'avait laissé penser (à tort) que le couple de faucons pèlerins nichaient bien à l'incinérateur. Or en rédigeant cet article j'ai découvert une vidéo montrant une action en tout point semblable (au point que j'ai d'abord soupçonné que j'avais mal classé la vidéo) mais enregistrée le 22 avril...  En particulier l'intrus(e) se tenait exactement au même endroit, sur la plateforme supérieure de la cheminée Ouest. Contrairement au 5 mai je n'ai pas pu prendre de photos permettant d'identifier l'intrus(e) comme juvénile mais il est tentant de penser qu'il s'agissait du même individu. Voici la vidéo:  

 

Conclusion

Pour moi il ne fait pas de doute que les faucons pèlerins envisageaient de nicher pour une 2ième année de suite à l'incinérateur des Carrières. Mais ce n'est pas ce qui s'est produit. Leur départ pourrait être du à une combinaison de 2 facteurs:
  • Dérangement humain: l'an dernier lorsque j'observais les faucons depuis la piste cyclable j'ai été surpris par le nombre de gens qui m'abordaient en me disant être monté sur le toit de l'incinérateur et/ou sur les cheminées. Il faudra que j'écrive un article là-dessus un jour. La plupart des intrusions se font discrètement, il serait naïf à mon avis de penser que le graffiteur dont il était question plus haut était le premier à monter sur l'incinérateur cette année. Un premier indice de présence humaine non autorisée à l'incinérateur est l'incendie qui s'y est déclenché dans la nuit du 9 mars 2015.

  • Dérangement causé par d'autres faucons pèlerins. Comme indiqué plus haut il y a eu ce printemps au moins 2 autres faucons pèlerins à l'incinérateur des Carrières, en plus du couple nicheur: un adulte mâle, David et un juvénile, possiblement femelle. La présence de ce dernier est certaine le 4 mai et probable le 22 avril. S'il s'agissait bien du même faucon, il n'y a pas de raison de penser qu'il n'était pas présent également à d'autres moments. Or le 4 mai, cet intrus avait mobilisé un adulte pendant 15 minutes et je ne suis même pas sur que l'adulte ait réussi à le faire fuir (l'intrus semble être parti après que l'adulte ait arrêté ses tentatives de le déloger). On connait au moins un autre cas à Montréal où un site de nidification n'a exceptionnellement pas été utilisé suite à des conflits entre plusieurs faucons pèlerins: il s'agit de la Tour de la Bourse en 2010 (source: article du journal spécialisé Droit-Inc).

vendredi 15 mai 2015

Nid de faucon pèlerin à l'église Saint-Marc

Dans mon précédent billet je racontais comment j'avais retrouvé Éole et sa compagne à l'église Saint-Marc, qui est située à l'intersection de Beaubien et de la 2ième avenue, dans la soirée du 13 mai. J'y suis retourné le lendemain et ce que j'ai vu me laisse à penser qu'il pourrait y avoir présence d’œufs.

Localisation du nid

Le nid est située sur la facade de l'église donnant sur la 2ième avenue, à l'endroit indiqué par la flèche sur la photo suivante

La hauteur du nid correspond approximativement à celle d'un immeuble à 3 étages, ce qui en fait un nid relativement bas pour des faucons pèlerins. Le nid est situé juste à côté de la cour de récréation de l'école Saint-Marc, bruyante comme toutes les cours de récréation, et de nombreux enfants passent régulièrement à proximité pour se rendre à l'école, une autre illustration de l'adaptation de ces faucons à l'activité humaine.

Les branches de l'arbre qu'on voit à droite sur la photo touchent quasiment l'église. Il faut espérer qu'il n'y a pas d'animal de la famille de la belette dans le secteur puisque ce petit animal devrait être capable d'accéder à la corniche et dévorer les éventuels œufs (ou les fauconneaux s'il y a naissance). Je doute en revanche que le raton-laveur, trop lourd, puisse utiliser l'arbre pour accéder au nid mais on ne sait jamais.


Présence probable d’œufs

Comme on ne peut pas voir le nid, il faut chercher des indices indirects de la présence éventuelle d’œufs. Le meilleur indice est l'occupation (quasi)-continuelle  de l'endroit par les faucons: quand un faucon quitte pour aller manger ou se dégourdir les ailes, il est immédiatement remplacé par son partenaire.

Durant mon observation, les relais n'étaient généralement pas nets, au sens où un faucon qui se rendait au nid disparaissait complètement de vue avant qu'un faucon quitte. S'il s'agissait de 2 faucons différents, bingo! Mais il pouvait aussi s'agir d'une brève visite d'un seul et même faucon.

La meilleure indication qu'il y a des œufs est ce dernier relai que j'ai observé avant de quitter:


L’ambiguïté dont je parlais plus haut est toujours présente: le faucon arrivant disparait de vue avant que le faucon qui quitte apparait. Mais cette fois-ci l'écart est tellement petit entre la disparition et la réapparition - et le faucon n'est pas dans la même position - qu'on peut difficilement nier qu'il y a 2 faucons différents. Les cris sont aussi significatifs.

Le faucon qui a quitté était la femelle, à en juger par cette photo prise après qu'il se soit posé sur le clocher Est de l'église.

Le relai est intervenu  24 minutes après que je commence à filmer. Je peux donc affirmer, après avoir visionné la vidéo, que la femelle était au nid durant cette période. Avant cela j'ai du changer les piles: cela m'a pris moins de 2 minutes. Je considère comme très improbable qu'elle ait profité de ce moment pour arriver au nid sans que je m'en aperçoive puisque je continuais à surveiller visuellement. En outre il y aurait eu probablement communication avec le faucon qui était perché sur le clocher Est de l'église depuis 12h34 (le faucon qu'on voit arriver dans la vidéo, et qui est donc logiquement le mâle). Dans la mesure où ma vidéo précédente dure 1h, on peut donc affirmer que la femelle était présente au nid depuis au moins midi 4 (le relai est intervenu à 13h30).

Si on continue de remonter dans le temps,  un faucon s'est posé dans la partie droite de la corniche à 11h41. Il semblait communiquer avec un autre faucon, qui était présumément au nid. Le faucon s'est rendu au nid à 11h44. Une minute plus tard un faucon quittait les lieux.

Le degré de certitude quant à la présence d’œufs montera d'un autre cran lorsqu'on pourra prouver que le mâle passe lui aussi un temps significatif au nid, mais on peut d'ores et déjà être très optimiste. Une chose est sure: les faucons montrent exactement ce qu'on cherchait à observer à l'Incinérateur des Carrières.


Que s'est-il passé entre le 24 avril et le 13 mai ?

D'après google maps le nid est situé à 1.6km de l'incinérateur des Carrières où ont été observés les accouplements . Ceci suggère que les faucons avaient l'intention de nicher à l'Incinérateur et non à l'église Saint-Marc. Qu'est-ce qui leur a fait changer d'avis ? L'endroit le plus fréquenté par les faucons à ce moment-là était l'ancien nid de corbeau sur la cheminée Est. On sait qu'au moins un humain est monté là-haut entre le 2 et le 4 mai pour poser des graffitis, mais d'après une de ces personnes avec qui j'ai pu discuter il n'y avait pas d’œuf au nid. Se pourrait-il que ce dérangement ait eu lieu juste avant que la femelle ne ponde et que les faucons aient déménagé d'urgence à l'église Saint-Marc ? On ne peut pas exclure non plus que quelqu'un ait grimpé là-haut avant les graffiteurs: après tout, tout le monde ne ressent pas le besoin de marquer son passage.

Pour brouiller encore plus les cartes, j'ai pu observer ce qui semblait une longue défense de territoire le 4 mai à l'incinérateur des Carrières contre un jeune faucon pèlerin, vraisemblablement une femelle. Ceci s'est passé après l'intrusion du graffiteur et suggérait que l'incinérateur jouait alors toujours un rôle important pour les faucons. Malheureusement le faucon défendant n'a pas pu être identifié. Se pourrait-il qu'il s'agissait de David, un autre mâle observé à l'Incinérateur ce printemps à l'Incinérateur et que la chicane était motivée par autre chose que la défense du territoire ?

Si la nidification aboutit à la naissance de fauconneaux, on aura une idée plus claire sur la date à laquelle les œufs ont été pondus. D'ici là, si quelqu'un a vu quelque chose dans le secteur de l'église Saint-Marc pendant cette période et qui pourrait concerner les faucons, vous pouvez laisser un commentaire sur le blogue ou m'envoyer un courriel à l'adresse falcoUrbanis@gmail.com.







jeudi 14 mai 2015

Le couple nicheur de faucon pèlerin de l'incinérateur des Carrières retrouvé

Jusqu'au 24 avril 2015 au moins, tout allait bien pour Éole et sa compagne à l'Incinérateur des Carrières, avec en particulier plusieurs accouplements. Ma visite suivante a eu lieu le 30 avril: les faucons étaient bien plus discrets, je n'en ai vu que 1. Mais c'était dans l'ordre des choses: l'autre faucon était surement quelque part, caché, en train de couver les œufs. Mais plus les jours passaient, plus il devenait étrange de ne jamais être là au bon moment, c'est-à-dire au moment où les 2 faucons se relayaient au nid. Puis le 5 mai il est devenu évident que quelqu'un était monté jusqu'au nid de corvidé, l'endroit le plus probable pour abriter le nid. Ce dérangement humain aurait-il fait échouer la nidification ? Apparemment non puisque j'ai eu l'occasion de discuter avec le poseur de graffiti et il m'a affirmé qu'il n'y avait pas d’œuf. Mais que se passait-il donc ?

C'est dans ce contexte d'incertitude totale que je me suis rendu à l'Incinérateur ce mercredi 13 mai.  J'y suis arrivé à 16h30. À 18h je n'avais toujours pas vu un seul faucon et comme il ne faisait pas spécialement chaud j'ai décidé de marcher un peu, quitte à refaire un passage à l'incinérateur un peu plus tard.

J'avais remarqué qu'à plusieurs reprises les faucons semblaient arriver ou quitter d'une même direction, soit d'approximativement l'intersection du boulevard Rosemont et de l'avenue Papineau. À quelques reprises ces derniers jours j'avais marché dans cette direction, essayant de repérer des bâtiments ou des structures qui pourraient faire de bons perchoirs pour les faucons, en espérant qu'un faucon y serait justement perché quand je passerais... Cette fois-ci ma promenade m'a amené à l'intersection des rues d'Iberville et Beaubien, d'où je comptais prendre le bus 18 pour retourner vers l'incinérateur. Depuis l'intersection on distingue l'église Saint-Marc. J'ai décidé d'y jeter un coup d’œil. Et qu'est-ce que j'ai vu ? Rien... Et mon bus venait juste de passer!

Un premier faucon

J'attendais donc le bus lorsque subitement un gros oiseau est apparu dans le ciel. Je n'ai pas tardé à réaliser qu'il paraissait gros parce qu'il transportait un autre oiseau... Il a disparu de vue et je me suis dit que je ne saurai jamais quel oiseau de proie c'était. Mais il est revenu. Et mieux encore, il s'est posé sur un des clochers...


Un faucon pèlerin! Je me suis dit que c'était probablement un faucon célibataire mais c'était toujours ça.

Voici une vidéo montrant une partie de son repas (ou peut-être plutôt la préparation d'un repas) ainsi que son départ:




Et un 2ième...

La première fois que j'ai entendu un petit cri, je me suis dit que c'était surement la circulation qui l'avait causé. La 2ième fois, j'ai (re)commencé à filmer...  Mais le faucon s'est envolé avec sa proie et a contourné l'église.  Et là j'ai entendu des cris plus forts...

J'ai fait aussi vite que j'ai pu pour me rendre là-bas, sans me faire écraser en traversant la rue... J'ai retrouvé un faucon sur une corniche située sous le toit de l'église en  train de manger.


On continuait d'entendre par moment des cris mais aucun autre faucon n'était visible. Finalement le faucon s'est envolé et s'est posé sur le clocher.

Je suis resté sur place dans l'espoir d'obtenir une confirmation visuelle de la présence d'un 2ième faucon.  Cette confirmation est venue à 19h53 lorsque le faucon qui était perché sur le clocher est revenu à la corniche et que j'ai vu brièvement un deuxième faucon s'éloigner de cet endroit avant de se poser à son tour sur le clocher.


Identification des faucons

Ce deuxième faucon s'est avéré être bagué. Bien que la photo suivante ne soit pas aussi nette que je l'aurais voulu, on reconnait le E83 caractéristique d'Éole.

L'autre faucon n'est pas bagué, il s'agit donc vraisemblablement de la femelle avec laquelle Éole s'était accouplé à l'Incinérateur:


J'y suis retourné aujourd'hui pour tenter de savoir si le couple nous préparait peut-être une heureuse surprise, mais ça c'est pour un autre article!

samedi 9 mai 2015

Faucons pèlerins de l'incinérateur des Carrières: pas d'oeuf à l'ancien nid de corbeaux

Entre le 2 et le 4 mai, une ou plusieurs personnes sont montées jusqu'au nid présumé des faucons pèlerins pour déposer des graffitis sur la cheminée. Bien que regrettable au plus haut point, cette action a permis d'apprendre qu'il n'y avait pas d’œuf à cet endroit.


Pose de graffitis

J'ai remarqué les graffitis le 5 mai. Il était difficile de les manquer puisque le soleil couchant les faisait briller. Comme j'observe rarement depuis la rue des Carrières, j'espérais que ces graffitis étaient là depuis longtemps et qu'ils ne m'avaient tout simplement jamais encore sauté aux yeux (il y a toujours eu des graffitis sur l'incinérateur des Carrières). Mais une fois rentré chez moi, j'ai bien été obligé de me rendre à l'évidence:
Photos du nid présumé de faucon pèlerin montrant l'apparition d'un graffiti
J'ai utilisé une photo du 5 mai puisque le graffiti y est bien visible, mais on remarque déjà le graffiti dans le haut de cette photo prise le 4 mai:
Par ailleurs Richard Dupuis a annoncé sur Facebook que les graffitis n'étaient pas encore là le 2 mai, ce qui nous amène à conclure que les graffitis ont été produits entre le soir du 2 mai et le matin du 4 mai.

Une nouvelle à TVA

Cette pose de graffiti dans un secteur de nidification du faucon pèlerin a fait hier l'objet d'une nouvelle à TVA. J'endosse tout à fait l'idée principale de l'article, à savoir que les accès non-autorisés de gens sur le toit de l'incinérateur et sur les cheminées causent - ou sont susceptibles de causer - un important dérangement à la nidification du faucon pèlerin, une espèce vulnérable. L'article est cependant incorrect, selon moi, sur ce qui s'est passé l'an dernier. Pour référence, voici mes articles sur l'emplacement du nid et sur l'échec de la nidification.


Une rencontre matinale

J'étais à l'Incinérateur tôt ce matin en train de photographier un faucon pèlerin qui mangeait sur la plateforme supérieure de la cheminée Est.
À cette heure, la piste cyclable était essentiellement déserte, excepté pour 4 jeunes qui ont  engagé la conversation en me demandant ce que je photographiais et si j'étais déjà monté là-haut. Celui qui m'avait posé cette dernière question a tout de suite ajouté que lui y était monté la semaine dernière... Je leur ai montré le faucon sur la caméra et je leur ai expliqué qu'il nichait à l'incinérateur, que c'était une espèce vulnérable qui avait failli disparaitre complètement dans les années 1970 et que pour cette raison on n'apprécie pas trop que les gens grimpent sur l'incinérateur et sur les cheminées pendant la période de nidification. Il m'a signalé avoir vu un gros nid de branches là-haut  et m'a demandé si c'était le nid des faucons. J'ai expliqué que les faucons ne construisent pas de nid, qu'ils pondent soit sur une falaise, soit dans un nid construit par une autre espèce, en l’occurrence ici un nid de corbeaux. L'occasion était trop belle pour la laisser passer: je lui ai demandé si le nid contenait des œufs: la réponse a été non.

Pendant la discussion le faucon s'est déplacé sur le bord de la passerelle et a regardé à plusieurs reprises en bas.
Puis il s'est envolé approximativement vers l'intersection Papineau/Rosemont. Détail intéressant: le faucon n'est pas bagué: s'agirait-il de la femelle ?


Mais où est donc le nid ?

D'abord commençons par nous entendre sur le sens du mot.  Comme les faucons ne construisent pas de nid, j'appelle "nid" l'endroit où ils pondent leurs œufs. Par conséquent, tant qu'il n'y a pas d’œuf, je n'utilise personnellement pas le mot "nid".

Mes observations ne m'ont jamais permis cette année d'identifier l'ancien nid de corbeaux comme étant le nid des faucons. Il est vrai en revanche que beaucoup d'activité à été observée à cet endroit, mais c'était déjà le cas l'an dernier avant que les faucons finalement ne pondent leurs œufs entre la cheminée Est et la bâtisse. Pour être précis, le signe que l'on recherche, c'est l'occupation quasi-permanente d'un endroit très localisé. Concrètement, lorsqu'un faucon quitte cet endroit, il y est aussitôt remplacé par l'autre (relai). Ce signe est observé à partir du moment où tous les œufs sont pondus. Le fait que je n'ai pas observé ce signe n'exclut cependant pas que d'autres aient pu l'observer, puisqu'il s'agit essentiellement d'être présent au bon moment. Dans la mesure où on sait maintenant qu'il n'y a pas d’œufs au nid de corvidé, j'espère que personne n'a observé le  signe que je mentionnais plus haut, sinon on se retrouverait avec une situation plus grave (pillage du nid). Mais dans ce cas on devrait observer une reprise des accouplements, ce qui à ma connaissance n'a pas encore eu lieu.


Si le nid se trouve à l'incinérateur, où pourrait-il se trouver ?
  • Il pourrait être à la même place que l'an dernier. J'ai en effet observé la femelle (et plus rarement le mâle) visiter cet endroit à plusieurs reprises ce printemps. Ainsi par exemple le 16 avril au matin, un faucon pourrait avoir été présent à cet endroit pendant 40 minutes (plus précisément il s'est passé 40 minutes entre l'observation d'un faucon qui se rend à cet endroit et l'observation d'un faucon qui le quitte, mais il y a pu avoir d'autres aller-venues pendant cette période). J'étais cependant arrivé à la conclusion que cet endroit n'avait finalement pas été retenu mais j'ai pu me tromper.
  • Une autre possibilité à considérer est que le nid se trouve à l'incinérateur mais à un 3ième endroit, par exemple sur le toit. Les relais pourraient alors être tout simplement inobservables: typiquement on verrait un faucon disparaitre "derrière" l'incinérateur puis réapparaitre quelques instants plus tard, mais le faucon pourrait être différent.

Autre possibilité à considérer: une nidification ailleurs qu'à l'incinérateur, l'incinérateur ne servant plus que de poste d'observation et/ou de points de départ pour des attaques sur des proies. Dans ce cas, pour trouver le nouveau site,  il faudrait soit "suivre" les faucons lorsqu'ils viennent à l'incinérateur, soit espérer que quelqu'un signale le nouveau nid comme cela avait été le cas l'an dernier.  Un argument qui pourrait cependant plaider pour la présence du nid à l'incinérateur est la grande énergie mise par un faucon pour déloger un intrus ce lundi 4 mai.

Conclusion

Si les faucons pèlerins nichent vraiment à l'Incinérateur des Carrières, ce n'est donc pas sur une des cheminées comme on le pensait mais plutôt au niveau du toit de l'incinérateur.  Il va de soi que la demande qui était faite dans l'article de TVA de ne pas fréquenter les cheminées s'étend au toit de la bâtisse, voir aussi la demande de Richard Dupuis sur Facebook. Ces demandes font appel à votre bonne volonté pour contribuer au rétablissement d'une espèce qui avait failli disparaitre complètement il y a seulement une cinquantaine d'années et qui a toujours le statut d'espèce vulnérable au Québec. Mais il faut savoir aussi que s'approcher trop près d'un nid de faucon pèlerin peut donner lieu à des attaques potentiellement dangereuses, voyez par exemple cet article du Daily Mail avec ses spectaculaires photos et vidéo.

jeudi 7 mai 2015

Naissances à l'Échangeur Turcot

L'heureuse nouvelle a été annoncée de façon un peu énigmatique par Richard Dupuis ce mardi 5 mai sur la page Facebook des faucons de l'UdeM:

Algo, Polly, repas et....... 05/05/2015
Posted by Faucons de l'UdeM / UdeM Falcons on mardi 5 mai 2015

La vidéo montre clairement un fauconneau et possiblement un 2ième à sa gauche à partir de 40".

On distingue plus nettement les 2 fauconneaux alors qu'ils sont en train de manger sur cette vidéo de Robert Lussier captée le lendemain (à partir de 4'20").

lundi 4 mai 2015

4 mai 2015: Intrusion d'un faucon pèlerin immature à l'Incinérateur des Carrières

J'étais allé à l'Incinérateur des Carrières dans l'espoir d'assister à un relai au nid entre les faucons pèlerins qui nichent là-bas, un relai qui aurait signifié avec une forte probabilité la présence d’œufs. C'est finalement autre chose que j'ai observé.

J'ai pu en effet observer 2 disputes entre faucons pèlerins. Pour le 2ième incident, j'ai pu photographier l'un des faucons impliqués, qui s'avère être un faucon pèlerin immature non bagué, vraisemblablement une femelle.

Premier incident

Dans le premier incident, les 2 faucons sont arrivés à quelques secondes d'écart, de la même direction, celle du boulevard Rosemont. Il y a eu des cris d'alarme et des poursuites, avec quelques contacts. Le tout a duré moins de 2 minutes.Voici une vidéo:
À 30'' dans la vidéo, les 2 faucons paraissent de taille nettement différente, ce qui pourrait signifier qu'il s'agit d'un mâle et d'une femelle (le plus grand étant la femelle).

Après l'incident, un des faucons a pu regagner le nid, quoique j'avais plutôt l'impression qu'il est allé se percher plus haut, sur la plateforme supérieure de la cheminée Ouest du côté de la rue des Carrières (donc invisible pour moi d'où j'étais).


2ième incident

Le 2ième incident s'est produit à peu près 30 minutes plus tard. Cette fois-ci un des faucons venait de la direction de l'avenue Papineau tandis que l'autre a semblé décoller de la cheminée Est, d'un perchoir situé sous le nid. C'est ce dernier faucon qui a semble-t-il encaissé le premier coup de cette altercation. Les 2 faucons ont ensuite disparu du champ de la caméra. 30 secondes plus tard, un faucon est allé se poser sur la plateforme supérieure de la cheminée Ouest. L'intrus(e) le suivait. Le premier faucon a décollé de la cheminée, laissant l'intrus(e) prendre sa place. Pendant tout le reste de l'incident, un faucon (ou peut-être 2 qui se relayaient mais je n'ai jamais vu plus que 2 faucons simultanément) a tenté de déloger l'intrus(e), une tâche difficile à cause des garde-fous. Ces maneouvres ont duré au moins 15 minutes, sur fond de cris d'alarmes, avec des pauses de temps à autres. La vidéo suivante montre une partie de l'action:

Ajouté le 18 mai 2015: version longue de la vidéo.

L'intrus, un faucon pèlerin immature non bagué

Les photos suivantes de l'intrus(e) ont été prises tout de suite après la fin de la vidéo.

La première photo montre qu'il  s'agit d'un(e) immature, reconnaissable à son dessous chamois rayé de brun et à son bec bleu-gris:

La 2ième photo montre que l'individu n'est pas bagué:

Basé sur sa taille quand il évolue sur la plateforme (voir la vidéo), il pourrait s'agir d'une femelle.


samedi 2 mai 2015

Un autre rejeton de Spirit visite le nichoir, en plein milieu de la période de couvaison!

Nouveau coup de théâtre à l'Université de Montréal ce jeudi 30 avril 2015: les gens qui regardaient la caméra du nichoir d'Eve Belisle peu avant 10h du matin ont eu la surprise de voir 3 faucons pèlerins au nichoir. Et ce 3ième faucon n'était pas un des faucons vus au nichoir ces 9 derniers mois...

La visite

Le faucon pèlerin mâle Arthurin était en train de couver les œufs lorsque Spirit est arrivée à 9h52. Il y a une légère discontinuité dans la vidéo à ce moment-là mais le faucon pèlerin intrus apparait quasiment au même moment à droite du nichoir. Arthurin quitte.
Extrait vidéo (crédit Eve Belisle,  http://ornithologie.ca/faucons/)

Spirit s'avance vers les œufs. L'intrus en profite pour s'approcher. Spirit prend alors une position défensive en couvrant les œufs de ses ailes:
Spirit protège les œufs avec ses ailes, l'intrus à droite (crédit Eve Belisle,  http://ornithologie.ca/faucons/)

L'intrus quitte 2 minutes plus tard.Voici le lien vers la vidéo publiée par Eve Belisle sur YouTube.

Il y aurait eu une 2ième visite de l'intrus en début d'après-midi d'après une personne qui regardait la caméra mais cette visite a été apparemment trop courte pour laisser des traces photographiques  (les photos sont prises aux 30 secondes).
J'étais présent sur place pratiquement toute la matinée de vendredi et je n'ai vu aucun signe d'une autre visite de l'intrus.


Identification de l'intrus

Agrandissement de la photo précédente
La bague sur la patte gauche du faucon intrus  a été déchiffrée par Paul Brunelle comme étant E82 en zoomant sur la photo précédente. Voir ci-contre un agrandissement de cette photo.

Le faucon pèlerin E82 est né à l'Université de Montréal au printemps 2011 et porte le nom de Rick. Une vidéo de son baguage est disponible ici. La page Facebook des faucons de l'UdeM contient quelques photos de ce faucon après son premier vol, par exemple celle-ci.





Que signifie cette visite ?

Rick n'est pas le premier faucon né à l'Université de Montréal à visiter le lieu de sa naissance. Algo et Polly, tous deux nés en 2009, ont visité ensemble le nichoir le 29 octobre 2013 (rappelons qu'ils forment un couple). Puis l'année suivante c'était au tour d'Éole le 7 septembre 2014 (Éole est né en 2011, tout comme Rick). Mais les visites d'Algo, Polly et Éole ont eu lieu à l'automne, pas en plein cœur de la période de nidification.

Si des rejetons de Spirit n'avaient pas été détectés jusqu'à maintenant sur la tour de l'Université de Montréal au moment de la nidification (excepté en 2010 pour Polly mais il s'agissait d'un faucon né l'année précédente - donc un immature - qui n'avait pas encore quitté ses parents), cela ne signifie pas pour autant que le couple de faucons résidents ne reçoit pas de visite pendant la période de nidification. Au contraire, chaque année on observe des intrusions. En avril 2013 une femelle juvénile intruse s'était même brièvement posée au nichoir alors que des œufs étaient probablement déjà présents:
Ces visites,  qui se sont poursuivis jusqu'à après la naissance des fauconneaux, ont aussi été documentées par Eve Belisle: album 1, album 2.

La visite de Rick le 30 avril 2015 est cependant particulière à plusieurs titres:
  • De 2009 à 2014, le couple de faucon pèlerin de l'Université de Montréal était formé de Spirit et Roger. Il n'y avait pas beaucoup d'inquiétude sur la capacité de ce couple expérimenté et solidaire à repousser les intrusions. En 2015 au contraire, on ne peut pas parler de couple stable et soudé. Le couple Spirit-Arthurin a été formé il y a moins d'un mois. Ce couple succédait lui-même au couple Spirit-Éole qui a duré de l'automne 2014 au 7 avril 2015.
  • Rick est un mâle adulte, âgé de 4 ans (en gros, l'âge adulte est atteint au bout de 2 ans chez les faucons pèlerins). On ignore l'âge d'Arthurin mais certains de ses comportements suggéraient qu'il en était à sa première nidification. Il ne semble en tout cas pas avoir l'expérience de Roger, et il n'est pas certain qu'il puisse compter sur l'appui de Spirit si jamais Rick décidait de le défier. 

Un 6ième rejeton de Spirit identifié

L'identification de Rick porte à 6 le nombre de rejetons de Spirit identifiés après la première année de leur vie. Voici la liste des 5 autres, par ordre chronologique:
Sur les 13 fauconneaux qui se sont envolés de la tour de l'Université de Montréal jusqu'ici, c'est un score tout à fait remarquable compte tenu de la difficulté de photographier un faucon pèlerin de façon à pouvoir lire sa bague et du petit nombre d'endroits où de telles photos sont prises.