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jeudi 30 juin 2022

Le mystère du bébé-mouffette et du rongeur sous le pont Jacques-Cartier

Cet article a été publié le 3 août et daté du 30 juin 2022 afin de le placer à l'endroit voulu dans le blogue.

Le matin du 26 juin, après avoir découvert le jeune faucon pèlerin mâle E08 sur une canalisation plus bas que le nichoir, j'ai décidé de traverser de l'autre côté de l'autoroute pour examiner le sol en bas du nichoir du pont Jacques-Cartier au cas où l'autre faucon manquant (P03) s'y trouverait. J'ignorais alors que P03 se trouvait dans une animalerie. Je n'ai donc pas trouvé P03 mais à la place j'ai découvert sous le pont, légèrement à l'extérieur de la piste cyclable du côté est, un bébé mouffette semblant tenir un rongeur, tous les 2 en apparence intacts mais sans signe de vie.

La photo suivante montre mieux le rongeur. Je n'ai malheureusement pas pensé à examiner la queue, ce qui aurait peut-être aidé pour identifier l'espèce.


Plusieurs tentatives d'explication ont été considérées:

  • le rongeur est le repas de la mouffette. S'il est vrai que les petits mammifères figurent dans le régime alimentaire de la mouffette, le rongeur semblait bien trop grand pour un bébé mouffette. Et cette théorie n'explique pas ce que le bébé mouffette faisait seul à cet endroit.
  • Les 2 mammifères sont des proies transportées par un rapace qui a lâché ses prises lorsque attaqué par les faucons pèlerins. Cette explication se heurte à 2 objections. Premièrement les 2 mammifères n'auraient probablement pas été si proches s'ils étaient tombés du ciel (mais un humain les a peut-être bougé; cette contre-objection vaut aussi pour d'autres hypothèses plus bas). Deuxièmement le rapace aurait été très mal avisé de voler sous cette portion du pont; on pourrait s'attendre à ce que les autres rapaces du coin connaissent l'existence du nid de faucon pèlerin et passent à distance.
  • Même théorie que précédemment mais le prédateur est cette fois un prédateur terrestre (renard, chat, ...). La 2ième objection disparait parce que le prédateur n'avait peut-être pas d'autre choix que de passer sur la piste cyclable pour rejoindre son repère. Je ne sais pas d'où me vient l'image d'un mammifère bondissant face aux piqués d'un oiseau de proie mais peu importe la façon de se défendre, c'est sans doute plus simple sans proies dans la gueule! L'an dernier j'avais observé un des faucons pèlerins piquer à plusieurs reprises sur un renard sur la butte au pied du nid (plus précisément je n'ai pas vu la partie de l'attaque au niveau du sol puisque j'étais en bas de la butte mais un renard a quitté la butte peu après, suggérant que c'était lui la cible, voir cet article pour plus de précisions).
  • Un prédateur passe avec 2 proies dans la gueule, aperçoit un jeune faucon pèlerin au sol en mauvaise posture et décide de changer son ordinaire en l'attrapant! Cette théorie a l'avantage d'expliquer pourquoi les 2 proies étaient si proches l'une de l'autre (car déposées tranquillement) mais comme me l'a fait remarquer une biologiste d'Environnement Faucon le prédateur serait bien fou d'échanger 2 proies déjà mortes pour une proie vivante armée d'un bec et de griffes, sans compter l'assistance des parents!
  • La dernière théorie peut paraitre étrange mais plus j'y pense plus je considère que c'est une réelle possibilité. Il s'agirait d'un cadeau destiné aux faucons pèlerins de la part d'une personne qui connait mal cette espèce et qui ignore (volontairement ou pas) l'interdiction de nourrir les animaux sauvages. La mouffette et le rongeur auraient été tués ou trouvés morts ailleurs puis déposés près du nid. Ce cadeau n'avait aucune chance d'être accepté puisque les faucons pèlerins se nourrissent presque exclusivement d'oiseaux attrapés en vol.   

Les 2 cadavres étaient encore là le lendemain. Si vous avez remarqué ces 2 cadavres avant le 26 juin, merci de communiquer avec moi.

mardi 28 juin 2022

Un nid de faucon pèlerin sur un balcon du centre-ville de Montréal!

Une version préliminaire de cet article a été publiée le 28 juin 2022. Cette version a été complétée le 4 juillet, notamment par l'ajout de vidéos.

Le nid se trouve sur un balcon d'un édifice à bureau situé à l'intersection des rues Sherbrooke et Crescent.  Observé pour la première fois le 16 avril, ce nid probable a été confirmé seulement le 24 juin avec l'apparition d'un premier juvénile au côté d'un adulte.


 

Informations pratiques

Localisation

Le nid est situé sur l'édifice GLOBE au 1350 rue Sherbrooke ouest, à l'intersection des rues Sherbrooke et Crescent, en face du Musée des Beaux-Arts. Plus précisément le nid se trouve sur la façade donnant vers la rue de la Montagne. Sur la photo ci-dessous la flèche indique l'endroit où les adultes disparaissent généralement, on peut donc présumer que le nid se trouve à cet endroit mais les balcons voisins sont également utilisés.


On notera que le balcon indiqué par une flèche est le seul de la façade à être muni d'un garde-fou, une indication que ces balcons ne sont pas destinés à un usage humain. Ceci explique évidemment en grande partie qu'ils aient pu être utilisés par les faucons pèlerins. 
 

Numéros utiles

Si vous observez le nid et que vous remarquez qu'un faucon semble en détresse, voici quelques numéros utiles:

À noter qu'il n'est pas anormal qu'un jeune faucon pèlerin se retrouve au sol lors de sa première tentative de vol. S'il se trouve dans un endroit tranquille à l'abri des voitures, gens et chiens, il n'y a peut-être pas lieu d'intervenir.

Additionnellement (et j'insiste sur ''additionnellement''!), je vous invite à me laisser un message, soit via ce blogue, soit par courriel: falcourbanis@gmail.com ou soit via ma page Facebook. Cette invitation vaut aussi  pour rapporter une observation non liée à une situation de détresse.


Consignes pour les occupants de l'édifice

À ce stade il est important d'éviter un dérangement qui pourrait provoquer un envol prématuré, ce qui pourrait causer des blessures ou même la mort des fauconneaux. Par conséquent:
  • N'allez pas sur les balcons (ni sur le toit). En plus de risquer de provoquer un envol prématuré, vous risquez d'être attaqué et blessé.
  • Si la fenêtre de votre bureau donne sur les balcons, évitez les mouvements brusques et les cris près de la fenêtre, et profitez du spectacle!
 

Distances aux autres nids connus (anciens ou actuels)

Voici les distances du nouveau nid à quelques nids connus anciens ou actuels, mesurées avec Google Map.
  • Tour de la Bourse: 1,3kms. Les nichoirs ont été retirés l'automne dernier sur cet édifice en prévision de travaux. On pourrait donc penser que le couple qui y nichait pourrait avoir déménagé sur la rue Sherbrooke. Il ne semble pas que ce soit le cas puisqu'un couple de faucon pèlerin continue d'être observé sur la tour de la Bourse.
  • Allez Up: 1,9kms. Ce site n'est plus utilisé depuis 2021. Le couple qui a tenté d'y nicher en 2019 et 2020 a été observé à l'Université Concordia en 2020 donc pas très loin du nid de la rue Sherbrooke. Il est donc possible qu'un des faucons nichant sur la rue Sherbrooke était auparavant à Allez Up.
  • Tour de l'Université de Montréal: 2,84kms. Le nid de la rue Sherbrooke devient le nid connu le plus proche de celui de l'Université de Montréal, le précédent record était détenu par le nid de l'église River's Edge avec une distance de 3,3kms (la distance Université de Montréal / Oratoire Saint-Joseph est évidemment beaucoup plus faible mais je ne la considère pas puisque ces 2 sites appartiennent au même couple de faucon pèlerin).
  • Église River's Edge: 4,1kms. Ce site a été utilisé pour la dernière fois en 2019.

 

Le couple nicheur 

J'ai pris de nombreuses photos montrant l'absence de bague, ce qui suggère qu'aucun des faucons n'est bagué.
 
Parmi les perchoirs utilisés par les adultes pour surveiller le nid figurent l'édifice de Manuvie, l'hôtel Ritz-Carlton et Le Château, tous situés au coin des rues Sherbrooke et de la Montagne. 
 
 

Album photo

Voici le lien.

 

Des précédents dans le monde

On connait plusieurs cas de couples de faucon pèlerin qui nichent dans un pot de fleur sur un balcon:

 

Les étapes de la nidification

La découverte

Comme pour les autres nids que j'ai découvert (église Saint-Marc et Allez Up) c'est un mélange d'analyse de l'information disponible et de chance qui a permis la découverte du nid. En particulier 2 signalements eBird se sont révélés très utiles.
  • Il existait des raisons de penser qu'il y avait un nid pas très loin de l'Université de Montréal. En effet durant plusieurs années un juvénile n'appartenant pas au couple de l'Université de Montréal a été observé sur le campus à un moment de l'année où les juvéniles ne s'éloignent pas encore trop de leur nid. Ceci n'était cependant pas d'une grande aide puisqu'on ignorait largement dans quelle direction se trouverait ce nid hypothétique.
  • L'abandon du site d'Allez Up a été précédé d'un déplacement du couple vers le secteur du métro Guy-Concordia. Il était donc logique de se demander s'ils n'avaient pas déménagé dans ce secteur.
  • Du 2 au 6 avril, 4 signalements eBird de faucon pèlerin sont enregistrés pour le parc du Mont-Royal, dont un signalement d'un couple. Il y a généralement très peu de signalement de faucon pèlerin dans ce parc, ce qui rendait ces signalements d'autant plus intéressants. J'ai d'abord suspecté le couple de faucon pèlerin de l'Université de Montréal d'être à l'origine de ces signalements puisqu'il devait se trouver un nouveau nid après l’enlèvement des nids de corbeau qu'ils avaient utilisés à l'Oratoire Saint-Joseph en 2021 mais le seul indice qui pointait vers eux (un déplacement apparent de la femelle vers le parc en fin de journée) s'est évanoui quand j'ai découvert le dortoir de l'École Polytechnique (voir cet article pour plus de détails). 
  • Après le 6 avril, les signalements ont cessé dans le parc du Mont-Royal mais un autre est apparu un peu plus bas, celui de Kevin Bates le 12 avril. J'avais également noté le signalement de Bijan S depuis la rue Crescent le 27 mars. Il se trouve que l'édifice du nid est visible depuis ces 2 endroits.

Le 13 mars j'examine les perchoirs dans le secteur de l'Université Concordia où un couple de faucon pèlerin avait été observé en 2020 avant de continuer sur Cote-des-Neiges puis sur Cedar. Je ne remarque rien de particulier mais je ne suis pas passé près de l'édifice du nid.

Le 16 avril vers 16h15 je pars de la station de métro Guy-Concordia pour examiner le secteur, avec l'intention de porter une attention particulière aux lieux des 2 signalements eBird. À 16h26 je vois surgir un faucon au-dessus de l'Université Concordia. Je n'étais pas convaincu que c'était un pèlerin et de toute façon il avait disparu au loin, j'ai donc noté l'information et j'ai continué ma marche. J'avais décidé de parcourir le secteur en zigzag: je montais une rue (par exemple jusqu'à la rue du Dr. Penfield) puis je redescendais par la rue voisine (jusqu'à par exemple la rue Sainte-Catherine) et ainsi de suite, en progressant vers le nord-est. Alors que je m'approchais des endroits où avaient eu lieu les signalements eBird, mon attention a été attirée par l'édifice GLOBE; je me demandais si la partie supérieure noire, c'est-à-dire au-dessus des balcons, ne pourrait pas être utilisée par les faucons pèlerins. J'ai également remarqué que je me trouvais au pied du Belvédère du Mont-Royal, or un des faucons pèlerins signalés dans le parc du Mont-Royal l'avait été près du chalet. À 17h36 je remarque un oiseau perché, qui à l’œil nu pouvait être un simple pigeon (note: la photo a été prise au zoom):

Je le photographie jusqu'à ce qu'il tourne la tête, et bingo, c'est un faucon pèlerin!
 
À ce stade il s'agit de ne pas rater son départ et de noter sa direction de déplacement en espérant qu'elle donne une indication sur la localisation du nid. Mais très vite un 2ième faucon pèlerin arrive et ils volent et se perchent un peu partout sur l'édifice. Avec semble-t-il un intérêt particulier pour le 2ième balcon:
Les jours qui ont suivi ont confirmé l'intérêt des faucons pour cet endroit. 
 
Il m'avait semblé que le 16 avril ce couple en était encore à l'adoption du nid et qu'il n'y avait probablement pas encore d’œuf. Comme le couple de l'Université de Montréal a pondu son premier œuf ce jour-là, j'en ai déduit - apparemment à tort - que ce couple était à un stade moins avancé que celui de l'Université de Montréal.

Des signes d'incubation

Clairement les faucons pèlerins fréquentaient ce balcon. La question était maintenant de savoir s'ils passeraient à l'étape suivante, c'est-à-dire montreraient des signes qu'ils couvent des œufs. À Allez Up cette étape n'a apparemment jamais été franchie, or ce couple était possiblement le couple d'Allez Up. La technique que j'utilise habituellement pour établir l'existence de relai est la vidéo-surveillance. Mais il y avait un hic: l'endroit d'où j'observais est assez passant avec peu de place pour installer un trépied, le prestigieux hôtel Ritz-Carlton est juste en face et il y a plusieurs consulats importants à proximité, dont celui de la Russie... J'ai fini par trouver une façon relativement discrète de filmer le balcon et je n'ai jamais été inquiété. Mais cette difficulté a possiblement retardé un peu le moment où j'ai pu établir clairement l'existence de relais. 

Le 25 avril à 6h44 la femelle surgit du balcon et prend possession d'une proie que le mâle a mis un temps inconfortablement long à tuer (plus de 2 minutes; il s'est même mis à alarmer, probablement parce que sa proie le malmenait!). La femelle s'envole avec la proie; le mâle disparait sur le balcon. La femelle revient à 7h29. Le mâle apparait et saute sur la femelle: accouplement! Puis la femelle descend sur le balcon. À 8h11 elle n'avait pas encore réapparu.
 

Le 26 avril je signale le nid aux agents de la faune, leur laissant le soin de contacter les gestionnaires de l'édifice s'ils le jugeaient à propos.


Des signes de naissance

Convaincu que ce couple était à un stade moins avancé que celui de l'Université de Montréal j'ai commencé à guetter des signes de nourrissage le jour des éclosions à l'Université de Montréal le 26 mai. Mais dès le 26 mai je perçois des cris qui semblent venir du nid et je me demande s'il ne pourrait pas s'agir de cris de nourrissage. Puis le 28 mai lors de ma visite suivante je filme l'arrivée de nourriture sur le balcon (vidéo) et j'entends à nouveau les cris. Le 30 mai je suis témoin d'une situation un peu brouillonne que j'ai racontée dans cette publication Facebook: cela faisait 9 minutes que la femelle était apparue sur le mur du balcon quand le mâle est arrivé avec une proie. Elle s'en est aussitôt emparée mais n'est pas descendu tout de suite nourrir les petits. Cela a semblé créer de la confusion chez le mâle qui ne savait pas trop s'il devait rejoindre les petits ou pas. Voici la vidéo:

Ces mouvements de nourriture ont continué à être observés au fil des jours, suggérant qu'un ou des fauconneaux étaient nés. Une particularité de ce nid est qu'il y a peu d'évacuations de restant visibles, possiblement parce que les restants sont stockés sur un des 2 balcons qui communiquent avec celui du nid.

Première observation d'un fauconneau

Parce que les fauconneaux devaient être capables de sauter sur le mur pour devenir visibles du sol, je savais que ça prendrait du temps pour obtenir une confirmation visuelle.  Je passais régulièrement jeter un coup d’œil, autant pour ne pas rater l'observation d'un fauconneau que pour vérifier que la nidification poursuivait son cours de façon normale.

Le 24 juin j'avais commencé par observer les faucons pèlerins de la Tour de la Bourse, je suis monté ensuite sur la rue Sherbrooke pour m'assurer que la nidification suivait son cours et mon intention était de terminer la journée par une visite au site du pont Jacques-Cartier. En vue de cette dernière visite j'avais avec moi le trépied. En attendant l'arrivée d'un repas qui confirmerait que tout va bien au nid, j'ai décidé d'utiliser le trépied pour filmer un des adultes avec l'espoir de voir ses pattes pour une autre vérification de l'absence de bague. Alors que je le filmais un autre faucon a surgi à côté de lui. J'ai mis quelques secondes à réaliser que c'était un juvénile!! La vidéo de ce moment se trouve ici, voir aussi plus bas. Le juvénile a surgi d'un balcon qui n'est apparemment pas connecté à celui du nid, du moins pour les humains. Cela suggère que le fauconneau avait déjà sauté sur le mur plus tôt, s'était ensuite promené sur le mur puis avait sauté sur cet autre balcon. Le fauconneau a offert par la suite plusieurs autres démonstrations de ces capacités à sauter en bas puis à remonter sur le mur. Quand j'ai quitté il était revenu au bon balcon.
 
 

Plusieurs questions

Plusieurs questions sur ce nid attendent des réponses:
  • Combien y-a-t-il de fauconneau ? Les observations des prochains jours devraient permettre de répondre en partie à cette question. Mon impression est qu'il y a au moins un autre fauconneau puisqu'un adulte continuait de descendre sur le balcon, possiblement pour en nourrir d'autres. D'un autre côté il se pourrait que ce site ait pris de l'avance sur celui de l'Université de Montréal parce que moins d’œufs ont été pondus et donc que l'incubation a commencé 4-5 jours plus tôt qu'à l'Université de Montréal. Il n'y a donc peut-être que 1 ou 2 fauconneaux.
  • Depuis combien d'années ce site est-il utilisé ? La réponse à cette question pourrait venir des résidents du secteur qui connaissaient peut-être ce nid avant moi.
  • À quoi ressemble le nid ? Les faucons ont-ils pondu directement sur le sol du balcon ou dans un pot de fleur ou un autre récipient ? Et si un récipient a été utilisé, a-t-il été placé intentionnellement à l'intention des faucons pèlerins, un peu comme les boites de nidification sur la Tour de la Bourse ? Je rappelle qu'il est trop tôt pour aller examiner le balcon.
  • Dans quelle direction iront les fauconneaux ? S'ils partent vers le Mont-Royal ils pourraient rencontrer ceux de l'Université de Montréal; s'ils partent dans la direction opposée ils pourraient être observés à Nordelec. L'observation de juvéniles et d'adulte(s) à Nordelec pourrait être une indication que le couple nicheur est celui qui hiverne à Nordelec.
     
Si vous avez des réponses à ces questions, n'hésitez pas à me contacter.

jeudi 23 juin 2022

3 jeunes faucons pèlerins dans un nichoir du pont Jacques-Cartier!

Ce n'était pas arrivé depuis au moins au 10 ans: un couple de faucon pèlerin a élu domicile dans un des nichoirs du pont Jacques-Cartier et élève présentement 3 fauconneaux. L'information a été rendue publique par la société Les Ponts Jacques Cartier et Champlain Incorporée à l'occasion du baguage des fauconneaux.

Les 3 fauconneaux, 17 juin 2022


Numéros en cas d'urgence

Voici les numéros à composer si vous constatez une situation anormale près du nichoir:

  • 911: si un individu escalade la structure du pont ou si un fauconneau se retrouve sur l'autoroute par exemple.
  • Agents de la faune: 1-877-346-6763 (heures de bureau) ou 1 800 463-2191 (ligne d'urgence, en tout temps). Ces numéros peuvent être utilisés pour signaler un dérangement du nid ou la présence d'un fauconneau au sol ou un oiseau blessé ou mort. Rappelons que le signalement d'un oiseau de proie blessé ou mort est obligatoire.
  • UQROP/Clinique des oiseaux de proie: pour signaler un oiseau de proie blessé seulement si vous n'arrivez pas à joindre les agents de la faune: 514 345-8521 poste 8427 (heures de bureau) et 450 778-8111 (en dehors des heures de bureau).

À noter qu'un jeune faucon pèlerin au sol n'est pas nécessairement blessé, il est peut-être juste en train d'apprendre à voler. En particulier tenter de le capturer pour l'amener dans une clinique vétérinaire ou à l'UQROP n'est pas toujours la bonne chose à faire. L'UQROP a publié un diagramme expliquant quoi faire selon les circonstances

En plus de faire un signalement à ces organismes ou pour faire un signalement non urgent, vous pouvez contacter Environnement Faucon (courriel: info@environnementfaucon.com) et/ou me laisser un message (par courriel: falcourbanis@gmail.com ou via ma page Facebook). Les situations nécessitant une intervention d'urgence doivent être signalées également aux agents de la faune

Remerciements: merci à Environnement Faucon - plus particulièrement Marilou Skelling et Sarah Gagnon - pour les échanges toujours très intéressants sur ce nid ainsi que pour l'invitation à assister au baguage. Merci également à Les Travaux en Hauteur Skytech inc.pour la permission de publier les vidéos de leur intervention.

 

Le baguage

Le baguage a été effectué le 8 juin par Environnement Faucon en collaboration avec Les Travaux en Hauteur Skytech inc pour Les Ponts Jacques Cartier et Champlain Incorporée dans le cadre du programme fédéral de baguage des oiseaux. Le baguage vise à recueillir des données permettant de mieux connaitre l'espèce, ce qui permet notamment de mieux intervenir si un problème survient (rappelons que la population de faucon pèlerin ne s'est rétablie que très récemment d'une quasi-disparition à l'échelle du continent). Le programme de baguage est basé en grande partie sur la participation du public: si vous parvenez à lire les caractères inscrits sur une bague vous êtes invités à faire un signalement en remplissant un formulaire sur le site reportband.gov ou en laissant un message au numéro sans frais 1-800-327-BAND (2263) (cette page d'Environnement Canada contient plus d'explications sur le signalement des bagues). À noter qu'il est aussi possible de signaler un numéro de bague incomplet. Vous recevrez en retour un certificat d'appréciation avec des informations sur l'oiseau que vous avez signalé.
 
Marilou Skelling qui supervisait l'opération de baguage pour Environnement Faucon a avisé de la date du baguage 2 personnes qui avaient contribué à la surveillance du nid. J'étais une de ces personnes. Merci beaucoup à elle!
 
L'opération s'est déroulée en 3 phases: la capture des fauconneaux, le baguage proprement dit et le retour des fauconneaux au nid. Par la suite le nid a été surveillé pour s'assurer que la famille avait repris sa routine.
 
L'intervention a été rapportée dans les publications suivantes:
 

La capture des fauconneaux

2 intervenants de Skytech sont descendus depuis le tablier du pont jusqu'au nichoir, avec le soutien de plusieurs autres personnes. La femelle faucon pèlerin a détecté l'équipe dès qu'elle est passée sous le tablier du pont. À 10h35 elle a tenté d'impliquer le mâle dans la défense du territoire en le chassant de son perchoir:
 
Les 2 oiseaux ont volé pendant quelques instants ensemble à travers la structure du pont. À ce moment-là je me demandais si un des faucons n'était pas un intrus mais 2 minutes plus tard j'apercevais un premier humain dans la structure, signe que l'opération avait commencé; l'agitation des faucons était leur réponse à cette intrusion humaine. Le mâle s'est rapidement perché à nouveau; il est intervenu à une seule autre reprise quand un homme est apparu juste derrière le nichoir puis il s'est perché à nouveau sur une poutre et a observé de haut toute l'opération (cette passivité du mâle qui s'était pourtant illustré par de nombreux raids vers le nid de corbeau voisin m'a étonné mais ce n'est pas une première: elle avait déjà été observée lors d'un baguage en 2014 à l'Échangeur Turcot). La femelle de son côté a montré beaucoup de courage et de détermination (le manteau d'un des intervenants a été abimé d'après plusieurs sources...) comme le montrent la photo et la vidéo suivante.
 
Pas peureuse la femelle faucon pèlerin!




Le baguage

D'après le plan initial le baguage était prévu sur le pilier-même mais il a finalement été effectué au sol au pied du pilier. Les fauconneaux ont été descendus au sol puis remontés dans un sac de transport. Chaque fauconneau a reçu 2 bagues:  
  • une bague métallique du Bureau de baguage des oiseaux à la patte gauche. Cette bague comporte 9 chiffres et est pratiquement impossible à lire à distance mais elle identifie de facon unique l'oiseau.
  • une bague de couleur (noire) à la patte droite, avec un code à 3 caractères plus facile à lire à distance (par exemple le code est P03 dans la photo ci-dessous).
 
Une des jeunes femelles (crédit: Environnement Faucon)

Le baguage est aussi l'occasion de faire un rapide examen de santé des fauconneaux et de déterminer leur sexe basé sur leur poids. Il a été déterminé que la nichée est composée de 2 femelles et de 1 mâle.

Il s'est passé 30 minutes entre la descente des fauconneaux et leur remontée. Durant ce temps la femelle surveillait de près - en apparence calmement - les 2 hommes depuis une poutre. Étonnamment elle n'est pas allée dans le nichoir constater la disparition des fauconneaux et n'a pas lancé d'attaques au sol pendant que les fauconneaux y étaient (les photos qui ont été publiées montrent pourtant que le baguage a été effectué en plein air; les fauconneaux étaient donc visibles par les adultes).

Le retour des fauconneaux

Ce retour est montré dans la vidéo ci-dessous.
 
La femelle a commencé à attaquer à nouveau quand les 2 hommes se sont préparés pour la remise, ainsi que lors de la remise proprement dite. Dès qu'elle en a eu l'occasion elle s'est perchée sur le seuil du nichoir pour examiner ses fauconneaux mais très vite elle a sauté sur le toit du nichoir pour surveiller les 2 hommes. Elle a ensuite effectué plusieurs vols pour surveiller le retour de l'équipe vers la surface du pont.

Le retour à la normale

Après une série de visites sur la perche du nichoir, la femelle est finalement entrée brièvement dans le nichoir à 12h24 environ 8 minutes après que les 2 hommes aient quitté les abords. Elle a saisi un restant de nourriture puis est repartie. Elle est ensuite retournée dans le nichoir manger un restant à 13h. Puis à 13h43 elle semble avoir nourri un fauconneau, toujours avec un restant. Il semblait que les faucons n'avaient pas de repas en réserve. Après avoir apparemment tenté de chasser seule elle a délogé le mâle de son perchoir à 13h50 et les 2 ont disparu. Le mâle est revenu à 14h03 avec une proie, suivi 2 minutes plus tard par la femelle qui a pris les choses en main (ou plutôt en patte!) et qui a procédé au nourrissage.
 
Le précédent nourrissage remontait à 8h46.
 

 

Quelques dates

Avant 2022
  • 2005: nidification réussie au pont Jacques-Cartier. Dans le rapport du 8ième inventaire quinquennal effectué en 2005 on peut en effet lire: ''Parmi les structures construites par les humains où des dérangements ont été notés, seuls les couples présents sur les ponts Jacques-Cartier et Laviolette ont mené des jeunes à l’envol''.
  • 2018, 2019: couple présent au pont Jacques-Cartier mais aucun nid n'a été localisé et aucun jeune n'a été observé après la période de l'envol. Voir par exemple cette publication de Nature Sauvage  et cet article de mon blogue.
  • 2020: le 18 juillet un faucon est observé perché au-dessus d'un des nichoirs d'après ce rapport eBird.
  • 2021: un nid est découvert sous la bretelle d'accès du pont à l'ile Sainte-Hélène avec au moins 1 fauconneau. Malheureusement une semaine plus tard le nid était abandonné sans que l'on sache pourquoi. Les atterrissages/décollages d'un drone près du nid, incluant à la noirceur, constatés quelques jours plus tard avaient le potentiel de déranger le nid mais on ignore si le drone a opéré les jours précédents. Entre la mi-juin et début août les faucons ont fréquenté les 2 nichoirs installés sur les piliers bordant la voie maritime.

En 2022

  • 26 mars 2022: le mâle attire la femelle au nichoir utilisé cette année avec une proie (vidéo). 
  • 4 avril 2022: accouplement sur une canalisation près du nichoir (vidéo).
  • 8 avril 2022: repas sur un poteau suivi de plusieurs vols avec la proie (vidéo).
  • 17 avril 2022: je documente un relai bien net, qui suggère qu'il y a des œufs et que leur incubation a commencé (vidéo).
  • 18 mai 2022: je filme un nourrissage de fauconneau(x) suivi d'une évacuation des restants. La couleur blanche des restants m'avait au début inquiété (vidéo).
  • 19 mai 2022: des individus escaladent le pilier du nichoir, entrainant l'intervention de la police alertée par une personne qui surveillait le nichoir.
  • 29 mai 2022: autre nourrissage où on commence à discerner les fauconneaux (vidéo). 


Une famille de corbeau comme voisin

Un couple de grand corbeau niche dans la structure du pont Jacques-Cartier au-dessus de l'ile Notre-Dame, donc pas très loin des nichoirs (cette photo de Marc-André Bahl montre la localisation du nid de corbeau; une photo du nid se trouve ici). C'était pensait-on la raison pour laquelle les nichoirs n'étaient pas utilisés par les faucons pèlerins, l'animosité entre les 2 espèces étant bien connue. 
 
La nidification de cette année des 2 espèces pas très loin l'une de l'autre donne un nouveau exemple de cohabitation entre les 2 espèces (un exemple spectaculaire était la double nidification des faucons pèlerins et corbeaux à l'incinérateur des Carrières en 2016 à quelques dizaines de mètres, voir par exemple cet article; les 2 espèces avaient réussi leur nidification). Une cohabitation houleuse, apparemment surtout pour les corbeaux, puisque j'ai vu à de nombreuses reprises le faucon pèlerin mâle foncer vers le secteur des corbeaux et interagir - apparemment pas très amicalement - avec un des adultes.   Ces interactions entre corbeau et faucon pèlerin ont aussi été observées par d'autres personnes. Ainsi, en commentaire de cette publication, Marc-André Bahl écrit ''Et le 11 avril le Pèlerin a attaqué un corbeau dans son nid pas très loin de son nichoir'' en précisant un peu plus loin que de mémoire les 2 oiseaux sont arrivés au nid de grand corbeau à peu près en même temps.  Les attaques du faucon pèlerin n'ont apparemment pas empêché les corbeaux de mener leur nidification à terme. Le 14 mai, alors que je tentais de localiser le petit rorqual depuis l'ile Sainte-Hélène mon attention a plutôt été attirée par un groupe de 5 corbeaux proche du sol approximativement au pied du nid sur l'ile Notre-Dame: 


Le groupe semblait composé de juvéniles et d'au moins 1 adulte.

 

Un autre baguage de faucon pèlerin, à l'Université de Montréal

Le vendredi 17 juin un autre baguage de jeunes faucons pèlerins a été effectué, cette fois à l'Université de Montréal. Il a été déterminé que les 3 faucons pèlerins nés dans un des nichoirs de la tour de l'Université de Montréal sont 2 femelles et un mâle. Le baguage a été retransmis en direct par Faucons de l'UdeM, il est possible de revoir l'enregistrement de la diffusion ainsi que des photos des 3 fauconneaux.




Secteur de Nordelec/Allez-Up: des faucons pèlerins jusqu'au 18 mars puis plus rien

À partir du 9 décembre 2021 Yves Giroux signalait le retour de 1 puis de 2 faucons pèlerins sur les ornements de l'édifice Nordelec.  L'observation de ce couple de faucon pèlerin m'a permis de conclure que les 2 individus étaient non bagués et donc que le mâle avait changé, voir cet article pour les observations de décembre 2021. Les observations ont continué en 2022 avec plus de 30 signalements eBirds, la majorité d'entre eux effectuées par Yves Giroux. Aucune observation n'a été rapportée après le 18 mars. Antoine - mon contact à Allez Up - n'observe plus aucun signe de présence des faucons pèlerins sur son édifice (en particulier il n'y a plus de restants de pigeon sur leur terrain); quant à Yves Giroux il continue de marcher régulièrement dans le secteur sans remarquer de faucon pèlerin. C'est la 2ième année que les faucons pèlerins disparaissent en mars, ce qui pourrait indiquer que le secteur est utilisé maintenant uniquement en hiver.

 

Quelques observations

La plupart du temps les faucons pèlerins sont observés alors qu'ils sont perchés sur les ornements de Nordelec. 
 
2 faucons pèlerins sur des ornements de Nordelec le 21 février
 
Dans cette section je m'intéresse plus particulièrement aux observations qui s'écartent de ce schéma.
 

2 faucons pèlerins au bassin Peel

Le 1er janvier Yves Giroux photographie 2 faucons pèlerins qui prennent leur bain au bassin Peel (rapport eBird).  Cet endroit est situé à environ 900 mètres de Nordelec et à 650 mètres d'Allez Up. Certaines observations faites plus tard suggèrent que cet endroit pourrait être fréquenté par les faucons pèlerins de la Tour de la Bourse, j'y reviendrai plus loin.

Faucons pèlerins sur le toit d'Allez Up

Le 2 janvier Yves Giroux photographie un faucon pèlerin en train de manger sur le toit d'Allez Up (rapport eBird). Le 12 janvier vers midi, il en observe 2: un quitte rapidement, l'autre reste pendant 35 minutes environ (rapport eBird). Le 21 février c'est à mon tour d'observer un faucon pèlerin se percher brièvement sur le toit d'Allez Up; l'autre faucon était perché sur un ornement de Nordelec pendant ce temps (rapport eBird).

2 mars: un faucon pèlerin présent pendant plus de 3h30 sur une fenêtre d'Allez Up

À 12h50 le 2 mars je remarque un faucon pèlerin perché à la fenêtre d'Allez Up qui servait de garde-manger lorsque les faucons pèlerins étaient présents à Allez Up. Cela faisait longtemps que je n'avais pas vu de faucon à cet endroit. Il y était toujours à 16h38 quand j'ai quitté. J'ai examiné à plusieurs reprises les façades de Nordelec sans trouver d'autre faucon. Soupçonnant que cette fenêtre était utilisée comme dortoir j'y suis repassé après le coucher du soleil le 4 mars mais aucun faucon n'était présent.

10 mars: un corbeau mort sur la rue Richardson

Le 10 mars en faisant le tour de Nordelec pour vérifier la présence éventuelle de faucon pèlerin je découvre un corbeau mort sur un trottoir de la rue Richardson:
 
C'était la première fois que je voyais ça. Je l'ai signalé à la ville de Montréal mais j'ignore s'ils ont pu le récupérer et surtout s'ils l'ont fait analyser pour déterminer la cause de sa mort. Est-ce qu'un faucon pèlerin aurait pu le tuer ? C'est assez peu probable d'après moi. Certes les faucons pèlerins n'hésitent pas à attaquer les corbeaux comme le montrent les exemples de l'incinérateur des Carrières et du pont Jacques-Cartier mais dans ces 2 cas ces attaques semblaient liées à la défense du nid; or rien n'indique que les faucons pèlerins nichent dans le secteur (le toit de Nordelec est suffisamment vaste pour qu'une nidification passe inaperçue depuis le sol mais une grande portion du toit est utilisée comme terrasse ce qui diminue très fortement la probabilité d'une nidification). De plus les attaques des faucons pèlerins ne sont généralement pas mortelles. Alors de quoi le corbeau est-il mort ? Il est difficile de ne pas penser à l'importante épidémie de grippe aviaire qui frappe l'Amérique du Nord, ou peut-être que l'oiseau est tout simplement entré en collision avec un des édifices qui borde cette rue.

J'ignorais même qu'il y avait des grands corbeaux dans le secteur. Mais Yves Giroux a à plusieurs reprises au fil des années signalé un individu dans le secteur dont le 16 février 2022 (rapport eBird). Le 21 février j'avais entendu un faucon pèlerin perché sur un ornement de Nordelec alarmer alors qu'un corvidé persistait à voler au-dessus de lui mais je n'ai pas pu identifier le corvidé (rapport eBird).


18 mars: faucon pèlerin sur la plateforme d'Allez Up; dernière observation

À 7h41 il semble bien que c'est un pigeon qui est sur la plateforme d'Allez Up où les faucons pèlerins semblaient vouloir nicher en 2019:

Mais à partir de 9h38 c'est un faucon pèlerin qui est sur la plateforme, pour la première fois depuis bien longtemps:

Il s'envole à 10h27. À 10h33 il survole une personne qui se trouvait sur le toit de Nordelec puis se perche sur une autre plateforme d'Allez Up. Il s'envole presque aussitôt, se dirige vers Nordelec, revient vers Allez Up et disparait du côté canal. C'est ma dernière observation d'un faucon pèlerin dans ce secteur.

En plus des passages réguliers d'Yves Giroux, j'ai effectué des courtes visites les 21 et 26 mars ainsi que les 2 et 18 avril. Le 4 juin j'ai effectué une surveillance de 2 heures, plus particulièrement d'Allez Up.


Observations dans le secteur de Farine Five Roses

Farine Five Roses se trouve dans le port de Montréal à environ 950 mètres au nord-est d'Allez Up. 

Le 13 mars à 15h30 j'ai trouvé un faucon pèlerin sur l'édifice de Farine Five Roses:
À 15h35 il se déplace sur le toit et disparait de vue puis je le revois en vol. Il s'éloigne vers le nord et se met à décrire des cercles. Je l'ai perdu de vue quand il changé de trajectoire, possiblement pour une attaque.
 
Le 18 mars je vois arriver un faucon pèlerin de la direction de la tour de la Bourse (située à 1,3kms de là) qui se perche sur une sortie d'air.


Plusieurs pigeons volaient à proximité, y compris sous son perchoir, mais le faucon ne semblait pas intéressé. Il s'est envolé à 8h22 et a contourné le bâtiment, en direction nord. 
 
Mon impression est qu'il s'agissait d'un faucon pèlerin de la tour de la Bourse: depuis la tour de la Bourse j'ai plusieurs fois observé des déplacements vers cette direction. 
 
 

Conclusion

C'est la 2ième année de suite que les faucons pèlerins disparaissent du secteur Nordelec/Allez Up en mars. Si nidification il y a, elle semble se passer ailleurs. Il y a en fait essentiellement 2 explications possibles pour ce qui a été observé entre décembre 2021 et mars 2022.
 

Les 2 faucons pèlerins forment un couple 

Dans ce cas on peut supposer qu'ils nichent, sinon ils n'avaient pas de raison de partir ailleurs (il y a beaucoup de pigeons dans le secteur, notamment de l'autre côté de la rue Wellington). Il y a très peu d'indice sur la localisation de ce nid hypothétique. Mais entre janvier et mars 2020 (rappelons que la Covid a interrompu les observations à la mi-mars) un couple de faucon pèlerin a été observé dans le secteur de la station de métro Guy-Concordia, voir cet article. Les directions de déplacement et le profil de bagues suggèrent qu'il s'agit du couple de Allez Up. Or c'est dans ce secteur que j'ai découvert un nid de faucon pèlerin à un balcon d'un édifice de bureau ce printemps. Se pourrait-il que le couple qui y niche soit le couple qui hiverne à Nordelec ? Comme aucun des faucons ne semble bagué il sera très difficile de répondre de façon certaine à cette question. Un indice pourrait venir du comportement des fauconneaux qui s'envoleront de ce nid: si Nordelec fait partie du territoire de leurs parents, il est très possible que ces derniers les amènent là-bas. Il sera donc intéressant de garder un œil sur Nordelec cet été pour la possible présence de faucons pèlerins juvéniles. À noter que la présence de faucons pèlerins juvéniles à Nordelec serait un indice que leurs parents hivernent à cet endroit et non une preuve puisque les juvéniles pourraient très bien être arrivés là par hasard; c'est ce qui est apparemment arrivé en 2020 pour le faucon pèlerin juvénile observé sur Nordelec en octobre 2020 par Christian Fritschi puis par moi-même; or cette année-là le couple était très présent à Allez-Up en mai  (mais sans signe de présence de jeune) donc ce juvénile n'a pas pu être produit au nid découvert ce printemps, en tout cas pas par le couple d'Allez Up.
 

Les 2 faucons pèlerins ne forment pas un couple

Cette hypothèse est très spéculative. Rappelons l'ensemble des faits. En 2019 et en 2020 (et peut-être en 2018 ?) les tentatives de nidification à Allez Up avec le mâle bagué ont de toute évidence échoué. La raison de cet échec n'est pas connue mais on ne peut pas écarter a priori la possibilité d'un problème du côté de la femelle. En décembre 2021 le mâle bagué a disparu et un nouveau mâle l'a remplacé.  La dernière observation de 2 faucons date du 25 février et a été faite par Yves Giroux. Puis en mars un faucon solitaire est observé à Allez Up à des endroits associés aux tentatives précédentes de nidification. Le faucon semblait lancer le message: ''j'ai un site où nicher. Qui veut tenter l'aventure avec moi ?''. Se pourrait-il que le mâle bagué ait fini par comprendre qu'il ne pourrait jamais transmettre ses gènes avec cette femelle et qu'il soit allé voir ailleurs ? Et que son remplaçant ait compris lui aussi que cette femelle avait un problème et qu'il l'ait abandonné ?


Annexe: Rapports eBird du 1er janvier au 18 mars 2022

mercredi 15 juin 2022

Le mystère des faucons pèlerins de l'ancienne église Saint-Jean-de-la-Croix

Cet article a été publié le 7 juillet 2022 et daté du 15 juin 2022 afin de le placer à l'endroit voulu dans le blogue.
 
Le 20 avril Raymond Brisson signalait sur la page Facebook de Faucons de l'UdeM avoir observé depuis quelques mois un faucon pèlerin (et parfois 2) sur l'ancienne église Saint-Jean-de-la-Croix. Le même texte avec les mêmes photos était publié sur eBird par Anne Barry. Le soir-même je passais à cette église et je constatais la présence d'un faucon pèlerin. Lors de mes 5 passages suivants à différents moments de la journée, un faucon pèlerin était présent à 3 reprises, une indication que ce faucon pèlerin a ses habitudes sur cette église. Mais depuis le 26 avril je n'ai plus réussi à le voir. Le faucon n'est pas bagué et ne semble pas être un des faucons qui nichent à l'Université de Montréal, même si l'endroit n'est pas loin de plusieurs endroits où la femelle actuelle de l'Université de Montréal) a déjà été observée.


Localisation

L'ancienne église Saint-Jean-de-la-Croix est située au 6651, boulevard Saint-Laurent, à la hauteur de la rue Saint-Zotique. Cette église a été convertie en condos en 2004. par le promoteur immobilier Rachel Julien (description du projet sur leur site web). Les faucons pèlerins ont été observés sur les clochers.

Cette ancienne église est située à proximité de plusieurs endroits où des faucons pèlerins ont été observés dans le passé, dont certains qui sont associés au couple nicheur de l'Université de Montréal. Plusieurs de ces endroits ont été utilisés de 2014 à 2016 lorsqu'un couple de faucon pèlerin (dont la femelle semblait être Eve qui niche dans le secteur de l'Université de Montréal depuis 2018) a utilisé l'incinérateur des Carrières comme point central de leur nidification, voir par exemple cet article de blogue daté d'août 2016.

Observations de M. Brisson

Le 20 avril sur Facebook, M. Brisson mentionne avoir constaté depuis plusieurs mois la présence occasionnelle d'un faucon pèlerin sur l'ancienne église. Puis il décrit plus en détails 2 observations récentes où 2 individus étaient présents.

17 avril

2 individus observés entre 9h et 10h30. 3 photos prises de loin montrent où les faucons sont perchés.
Une vérification des images des caméras de Faucons de l'UdeM montre que Eve était présente dans le nichoir de l'Université de Montréal pendant cette période.
 

20 avril

2 individus observés à 7h, dont un en train de manger. Leur disparition a été constatée vers 7h10. 
Cette fois les caméras de Faucons de l'UdeM indiquent que le mâle et la femelle étaient présents à l'Université de Montréal à ce moment-là.
 
 

Mes observations

20 avril

Le soir de la publication Facebook par Raymond Brisson je décide d'aller jeter un coup d’œil à l'église après mon travail. Mes attentes sont faibles puisque les 2 observations de M. Brisson pour lesquelles il a donné des détails ont été faites le matin.   Mais dès mon arrivée à 17h47 je remarque un faucon pèlerin. 
 


Le faucon s'est envolé à 18h10. Je n'ai pas vu d'autre faucon ni entendu de cri. J'ai quitté à 19h13.
 

22 avril

Le 21 avril j'effectue 2 courts passages à 10h20 et à 14h sans rien voir. Le 22 avril je décide de surveiller l'église tôt le matin; je suis sur place à 6h. À 7h25 un faucon pèlerin effectue une courte escale sur la croix d'un des clochers avant de poursuivre sa route vers le parc de la petite Italie (il venait approximativement du nord-est).  J'ai quitté à 7h55.
 


23 avril

Lors de ma visite suivante le 23 avril je trouve un faucon pèlerin à un endroit qui pourrait potentiellement abriter un nid, c'est-à-dire sous le toit d'un des clochers. 
 
 
Je l'y ai observé de 16h02 à 17h22, moment où il s'est envolé. Il n'était jamais dans une position qui pouvait suggérer une nidification. Cette photo montre qu'il n'est pas bagué à la patte gauche:
 
Pendant qu'il était là, un autre faucon s'est perché brièvement sur la croix d'un des clochers: un faucon émerillon.

 

26 avril

Un faucon pèlerin était de nouveau présent de 11h01 à 12h08, moment où il s'est envolé. C'est ma dernière observation.

Plusieurs photos prises ce jour-là montrent que le faucon n'est pas bagué à la patte gauche. Même si elle manque de netteté, la photo ci-dessous montre que le faucon n'est pas non plus bagué à la patte droite:

Tentatives infructueuses d'observation

De brefs passages à cet endroit les 28 et 30 avril, 2, 6, 7, 19 et 24 mai, et les 6 et 14 juin ne m'ont pas permis de voir de faucon.


Conclusion

La facilité avec laquelle le faucon pèlerin a été vu entre le 20 et le 26 avril, combiné avec les observations de M. Brisson, suggère que cette église joue un rôle important pour ce faucon pèlerin. Il n'est pas clair si l'absence d'observation après le 26 avril indique une moins grande fréquentation par le faucon ou est due à la malchance. Le faucon a peut-être commencé une nidification à un endroit restant à identifier, ce qui pourrait expliquer qu'il soit moins présent.
 
Une nidification à cette ancienne église est plutôt improbable dans la mesure où je n'ai jamais vu quelque chose qui ressemblait à un relai, ni entendu de communication. Mais on ne peut pas totalement écarter cette possibilité.
 
Si ce faucon est impliqué dans une nidification quelque part dans le secteur et que celle-ci a produit des juvéniles, il est très possible que ces juvéniles finissent par être observés à cette église compte tenu de l'importance de l'endroit pour l'adulte. Même s'il n'y a pas de juvénile, le moment où l'adulte recommencera à fréquenter l'endroit pourrait donner une indication intéressante sur ce qui se passe. Et en cas de retour d'un faucon pèlerin, il serait intéressant de savoir s'il reçoit de nouveau de la visite, et le cas échéant, de déterminer si le visiteur ou la visiteuse est bagué.