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samedi 11 juillet 2015

Agrandissement de la famille de faucons pèlerins de l'Université de Montréal

Une jeune faucon pèlerin femelle, trouvée au sol à Trois-Rivières et dont les parents n'ont pas pu être retracés, a été relâchée le 8 juillet à l'Université de Montréal par l'UQROP en vue d'être adoptée par les faucons pèlerins de l'endroit, Arthurin et Spirit.

L'histoire de Marie

D'après Guy Fitzgerald, directeur de l'Union Québécoise de Réhabilitation des Oiseaux de Proie (UQROP), la jeune femelle a été trouvée au sol le 23 juin près de la rue Lavoie à Trois-Rivières. Elle a été acheminée à l'UQROP le 26 juin, où il a été constaté que ses blessures étaient bénignes (quelques plumes de la queue brisées, qui ont été extraites pour faciliter la repousse des nouvelles).

Quand est venu le moment de la relâcher, un problème se posait: elle était bien trop jeune pour être autonome, en particulier pour la recherche de nourriture. Elle avait encore besoin de ses parents pour la nourrir et lui apprendre toute les facettes de la vie de faucon. Mais voilà: une recherche à Trois-Rivières via le club ornithologique local n'a pas permis de localiser sa famille.

Le docteur Guy Fitzgerald a alors décidé de recourir à une technique déjà utilisée avec succès dans le passé: relâcher l'oiseau dans le territoire d'une famille de faucons pèlerins en vue de son adoption par cette famille. Le choix s'est porté sur les faucons de l'Université de Montréal pour différentes raisons, la principale étant la proximité d'âge entre les juvéniles (à l'Université de Montréal Céleste avait été retrouvée en bas du nid 5 jours seulement après la juvénile de Trois-Rivières).

Le lâcher a été effectué le 8 juillet. La nouvelle a été rendue publique presque aussitôt, d'abord par un courriel de Guy Fitzgerald puis via le blogue d'Eve Belisle et la page Facebook des faucons de l'UdeM. Dans son courriel, Guy Fitzgerald incluait une photo d'une radiographie de la juvénile. Avec son autorisation, je reproduis partiellement cette photo (j'ai supprimé les données numériques de part et d'autres de l'image) puisqu'elle donne une vue inhabituelle de ce faucon, à l'allure presque humaine!
Radiographie de Marie (crédit photo: Guy Fitzgerald, CHUV-COP)


Le nom de la juvénile, Marie, a été choisi par les personnes qui l'ont secouru à Trois-Rivières.


Les premiers moments de Marie à l'Université de Montréal

Il se trouve que j'étais à l'Université de Montréal l'après-midi du 8 juillet pour suivre les progrès des juvéniles de l'UdM après leurs premiers vols.

La première chose qui sortait de l'ordinaire, c'est l'utilisation d'un nouveau perchoir par rapport aux jours précédents. En examinant plus attentivement la photo on peut par ailleurs remarquer la bague claire à la patte gauche (les 3 juvéniles nées à l'Université de Montréal ont toutes une bague noire à cette patte, avec inscrit dessus un code à 3 caractères). Autres différences par rapport aux jours précédents: les tentatives d'une juvénile de se poser sur la paroi verticale de la tour, une chose qui avait été observée les années précédentes mais pas cette année.

Ce que je n'ai pas observé est tout aussi intéressant: je n'ai remarqué ni comportement agressif des adultes, ni harcèlement de la part des autres juvéniles: Marie était donc tolérée sur le territoire dès les premières heures.

Il restait une étape importante à franchir: l'accès à la nourriture. Durant les jours suivants j'ai tenté sans succès de documenter un repas de Marie. Lorsqu'un adulte arrivait avec un repas, elle ne faisait pas partie du comité d'accueil en vol. Elle ne semblait pas non plus se joindre à un repas en cours. De façon générale, Marie semblait très réservée au début puis s'est peu à peu rapprochée.

Le 9 juillet vers 7h10, alors que le trio de l'UdM était réuni sur le toit de l'ancienne chapelle,

Marie était perchée, seule, sur le pavillon André-Eisenstadt:

5 minutes plus tard, l'une des 3 s'est envolée, a survolé Marie et s'est posé sur le pavillon Jean-Coutu.
À 7h22, un adulte arrive avec un repas. Les 2 juvéniles restées sur l'ancienne chapelle partent à sa rencontre. Le repas est livré sur l'ancienne chapelle. Une des juvéniles mange pendant que l'autre surveille d'un perchoir plus haut.
À 7h39, Marie s'envole en direction de l'ancienne chapelle. Elle est prise en chasse par la juvénile qui veillait sur le repas de sa sœur. Marie se pose sur la petite tour.
À 7h58, Marie déloge cette même juvénile du toit de l'ancienne chapelle puis je perds les 2 oiseaux de vue.

À 9h Marie est de retour sur le toit de l'ancienne chapelle. Une juvénile se pose à ses côtés. Comme le montre la vidéo suivante, cela ne se passe pas trop mal entre les deux!


Vers 16h, Marie est surprise par la caméra d'Eve Belisle en compagnie cette fois-ci de 2 juvéniles: Luna et Céleste:
 
Marie et ses sœurs - 9/07/2015, 16h (vidéo d'Eve Belisle)
Bien qu'un repas semble s'être déroulé récemment à cet endroit (on voit d'ailleurs Éclipse un peu plus loin qui continue de manger), rien ne prouve que Marie a mangé. D'après les archives photo, il semble qu'elle ait rejoint le groupe à 14h44mn17, groupe qui était déjà présent à 13h52mn24 (entre ces 2 dates, un faucon se tenait au pied de la croix sur le toit de l'ancienne chapelle, une place que semble affectionner Marie). Cependant Eve Belisle m'a fait remarquer que le jabot de Marie était plein, ce qui indiquait qu'elle avait mangé récemment. Ceci réglait donc la question de l'accès à la nourriture et confirmait que Marie avait bel et bien été adoptée.


À 20h, Marie s'est positionnée au pied de la croix sur le toit de l'ancienne chapelle, probablement pour la nuit. Elle avait déjà utilisée cette place la veille au soir.


En vrac

  • On peut se demander quel est l'incitatif pour les parents de prendre à leur charge un juvénile qui ne porte pas leurs gènes, au risque de possiblement nuire à leurs propres progénitures (moins de nourriture, moins de temps d'apprentissage, ...). Peut-être qu'il n'existe pas de mécanisme permettant à un adulte de reconnaitre ses propres enfants tout simplement puisqu'il est très invraisemblable qu'un enfant d'ailleurs apparaisse subitement au sein de la famille, en dehors de toute intervention humaine ?  Et bien, contre toute attente, cette apparition d'un juvénile venu d'ailleurs a été documentée dans la nature! Cela s'est passé dans le Grand Nord Canadien, où la densité des nids est très grande:  un juvénile âgé de 36 jours a franchi la distance séparant son nid de celui des voisins (536m) et y a été adopté pendant plusieurs jours, avant de finalement revenir chez lui.
  • Déjà l'an dernier un jeune faucon pèlerin avait été secouru à Trois-Rivières. Selon cet article, un jeune mâle avait été trouvée sous le pont Laviolette, apparemment abandonné par ses parents. Une autre approche avait alors été utilisée pour le réhabiliter: l'apprentissage par un fauconnier.


1 commentaire:

Christophe Meyer a dit…

Le 20 juillet, la caméra d'Eve Belisle a capté un repas de choix pour Marie: un goéland juvénile. Voici la vidéo.

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