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jeudi 30 mai 2024

Double tentative de nidification de faucon pèlerin à l'édifice GLOBE, première partie: 3 mars au 23 mai 2024

Cet article a été publié le 27 juillet 2024 et a été daté du 30 mai 2024 afin de le placer à l'endroit voulu dans le blogue.

Le 3 mars j'observe un accouplement de faucon pèlerin sur l'édifice de la SunLife, un édifice que l'on sait depuis l'an dernier utilisé par le couple qui niche sur l'édifice GLOBE. Comme anticipé, un couple est actif les jours suivants à l'édifice GLOBE. Le 3 mai je suis témoin d'une sévère intrusion par un 3ième faucon pèlerin. Puis le 16 mai j'observe à nouveau des accouplements sur l'édifice SunLife, suivis une semaine plus tard par un accouplement à l'édifice GLOBE. La reprise des accouplements signale l'échec de cette première tentative de nidification. Je n'ai vu aucun fauconneau et je n'ai pas pu observer de signe clair d'apport de proie au nid.

De façon un peu inattendue, le 23 mai j'observe des signes suggérant qu'une nouvelle incubation est en cours. Cette deuxième tentative de nidification fera l'objet d'un autre article.

Faucon pèlerin au balcon 2 le 30 mars

 

1) 3 mars: un accouplement à SunLife

L'an dernier j'ai eu de très fortes indications que le couple de faucon pèlerin qui nichait à l'édifice GLOBE fréquentait l'édifice SunLife: direction de déplacement, présence d'un couple sur l'édifice et surtout présence d'un juvénile. Pendant l'hiver j'ai continué à observer régulièrement un faucon pèlerin sur SunLife.
 
Le matin du 3 mars, pour la première fois de la saison, le faucon que j'observe vocalise, ce qui pourrait indiquer la présence d'un 2ième individu. J'y retourne en après-midi. À 14h45 alors que j'approche de SunLife par la place Ville-Marie j'entends de nouveau des vocalises. Je finis par réaliser que ce n'est pas un faucon pèlerin que j'entends mais un manchot empereur! Une boite permettant de générer le cri de cet oiseau lorsqu'on tourne une manivelle avait été installée sur la place dans le cadre de l’œuvre Cercle Polaire... Arrivé près de SunLife je repère un faucon pèlerin au sommet de la tour CIBC puis un peu plus tard sur l'enseigne. À 16h46 je repère ce qui s'avérera être le mâle sur le toit de la maison Manuvie, puis à 16h51 la femelle sur l'édifice SunLife. À 16h57 la femelle se met à appeler, ce qui provoque presque immédiatement l'envol du mâle. Par chance il a effectué une boucle avant de venir s'accoupler, ce qui m'a donné le temps de démarrer mon appareil photo et de filmer l'accouplement:
Pour mesurer la portée de cette observation, rappelons que l'édifice SunLife est possiblement le premier gratte-ciel en Amérique du Nord à avoir abrité un nid de faucon pèlerin, c'était dans les années 1940-1950, voir par exemple cet article du blogue d'Eve Belisle. Si un faucon pèlerin a parfois été observé sur l'édifice SunLife depuis (voir par exemple ce rapport eBird), je n'ai pas connaissance d'activité liée à la nidification (nidification ou accouplement) sur cet édifice depuis 1953. J'ai rapporté ces observations du 3 mars dans deux publications Facebook: celle-ci et celle-ci.
 
 

2) Nidification à l'édifice GLOBE; incertitude sur le début de l'incubation

Comme lors des 2 dernières années (voir par exemple cet article pour 2022 et celui-ci pour 2023) le couple a niché sur un balcon de l'édifice GLOBE au 1350 rue Sherbrooke ouest à Montréal. Les façades de cet édifice sont nommées d'après les rues sur lesquelles elles donnent: De la Montagne, Sherbrooke, Crescent et Maisonneuve. Le nid est situé sur un des balcons de la façade De la Montagne. Ces balcons sont numérotés de 1 à 5, voir cet article pour plus de détails. L'accès au nid se fait par les balcons 2 à 4: ces balcons communiquent, ce qui permet aux faucons de passer de l'un à l'autre sans être vus depuis le sol.

2.1) Début de l'incubation vers le 22 mars ?

L'incubation pourrait avoir commencé aussi tôt que le 22 mars mais les faits qui appuient cette hypothèse sont assez légers.

Le 20 mars à 12h15 un faucon pèlerin est perché au bord du balcon 2 de la façade De la Montagne de l'édifice GLOBE. Il neige légèrement mais la neige s'intensifiera durant les prochaines minutes. À 12h21 le faucon descend en bas, là où semble se trouver le nid. Il réapparait à 13h36, après le gros de l'averse de neige. L'autre faucon a effectué plusieurs visites mais sans descendre au nid, en particulier il était perché sur le garde-fou du balcon 2 de 12h28 à 13h35. Il est possible qu'il y avait déjà des œufs à ce moment-là, que l'incubation n'avait pas encore commencé mais que le faucon (vraisemblablement la femelle) les ait protégé pendant le gros de l'averse de neige.
 
Le 22 mars à 18h38 un faucon pèlerin arrive au balcon 4 et vocalise. Il descend au balcon 3 à 18h43 et un faucon réapparait presque aussitôt et semble se mettre à manger (l'observation a été faite à l’œil nu). À 18h56 il s'envole vers le Château et revient bruyamment à 19h07 au coin des façades Maisonneuve et De la Montagne . Les vocalises intermittentes ont continué jusqu'à mon départ à 19h22 (coucher du soleil = 19h10). L'observation pourrait correspondre à l'apport d'une proie par le mâle, suivi d'un relai, et donc possiblement indiquer une incubation en cours.
 

2.2) 30 mars: 2 adultes à l'extérieur du nid pendant au moins 5 minutes

Quand je suis arrivé à 16h15 2 faucons pèlerins étaient visibles: l'un sur la cheminée du Château, l'autre sur le mur du balcon 2. À 16h20 celui de la cheminée a disparu (précisément entre 16h20mn08 et 16h20mn24) . Puis à 16h23 celui du balcon 2 s'est envolé. Il est possible que celui de la cheminée est allé au nid sans que je le remarque mais cela correspondrait quand même à une interruption de 5 minutes de la couvaison sans explication apparente, sans compter que j'ignore depuis combien de temps les 2 faucons étaient à l'extérieur du nid quand je suis arrivé. Une autre explication possible est que celui de la cheminée était un(e) intruse(e) et qu'il y avait un faucon au nid tout le long (des intrusions ont été observés par la suite, voir plus loin)

2.3) 31 mars: une surveillance vidéo semble confirmer des absences au nid

Pour tenter de comprendre ce qui se passait, j'ai surveillé les balcons 2 à 4 par vidéo de 10h34mn19 à 12h04mn35 le 31 mars,  avec 2 interruptions de durée respective 3s et 6s. Voici les accès enregistrés:
  • À 10h47mn36 un faucon apparait sur le mur du balcon 2 puis s'envole à 10h47mn59. 
  • À 11h00mn07 un faucon arrive par la voie des airs sur le mur du balcon 2 puis descend en bas à 11h00mn33. 
  • À 11h40mn50 un faucon pèlerin apparait sur le mur du balcon 2 et s'envole à 11h41mn45. 
  • Les interruptions de 3s (à partir de 11h06mn52) et de 6s (à partir de 11h40mn38) correspondent à un arrêt de la caméra suivi d'un redémarrage, de façon à ne pas avoir des fichiers trop gros. Typiquement je garde un œil sur les balcons pendant cette opération, il est donc peu probable qu'il y ait eu un accès pendant ces interruptions.

 À supposer qu'aucun accès n'a eu lieu pendant ces courtes interruptions, il y a 2 possibilités:

  • Soit un 2ième faucon était présent sur les balcons à 10h47 et dans ce cas il n'y a possiblement eu aucune interruption de la couvaison. Le problème avec ce scénario est qu'il y aurait 2 faucons en bas des balcons pendant une longue période, ce qui serait un peu étonnant.
  • Soit il n'y avait pas de 2ième faucon sur les balcons et dans ce cas la surveillance montrerait 2 absences au nid: une de durée d'environ 13 minutes et une autre d'une durée d'au moins 23 minutes.  

Ces apparentes absences au nid pourraient soit indiquer que l'incubation n'avait pas encore commencé, ou que le faucon au nid avait des choses plus importantes à faire, comme par exemple confronter un(e) intrus(e) aperçu(e) au loin. Comme on le verra plus loin, il y a effectivement eu des intrusions.

2.4) 29 avril et 1er mai: probables relais du mâle après livraison d'une proie

Excepté pour le 31 mars, je n'ai pas cherché à documenter des relais à ce site. En cherchant par contre à documenter un possible apport de proie au nid, j'ai observé un probable relai du mâle après une livraison de proie les 29 avril et 1er mai, voir la section suivante. 

 

3) Tentatives de documenter un apport de proie au nid

À partir du 26 avril j'ai consacré plus de temps à ce site pour tenter d'observer l'apport d'une proie au nid, ce qui suggérerait la présence de fauconneau(x). Documenter un apport de proie à ce site comporte plusieurs difficultés. Premièrement il y a 3 balcons qui peuvent servir d'entrée au nid, ce qui complique la surveillance vidéo: soit un mode large est choisi pour surveiller les 3 balcons et dans ce cas on ne verra pas grand chose, en particulier on risque de ne pas voir la proie; soit un balcon ou une partie de balcon est privilégiée mais dans ce cas le risque est de rater une arrivée un peu plus loin. Une autre difficulté est que lorsque le mâle est détecté (généralement grâce aux cris de la femelle), il est vu de dos, ce qui rend difficile de voir s'il transporte quelque chose. Finalement il n'est pas exclu que le mâle apporte directement la proie en bas d'un balcon ou la laisse tomber en bas après s'être perché sur le mur, auquel cas on ne verra pas le transfert de la proie du mâle à la femelle. Et évidemment - mais cela est le cas pour tous les nids - il s'agit d'être présent au bon moment.
 
Ceci étant dit, les apports de proie aux balcons que j'ai observé semblaient tous destinés à la consommation de la femelle. 
 
Le 26 avril lorsque j'arrive près du nid vers 9h50, je remarque beaucoup de mouvements sur un balcon. Je finis par comprendre que c'est le mâle qui se bat avec une proie encore vivante (possiblement un pic flamboyant)...Quelques secondes de cette lutte sont montrées dans cette vidéo. Quand enfin le mâle réussit à tuer sa proie les 2 oiseaux disparaissent de vue puis un faucon pèlerin réapparait avec la proie sur le mur du balcon, de toute évidence la femelle. Elle s'envole avec la proie sur une corniche de l'édifice du 1227 Sherbrooke ouest. J'espérais qu'elle préparait un repas pour des fauconneaux tout en mangeant une partie mais il s'agissait plus probablement de son repas à elle-seule puisque cela a duré près de 20 minutes avant qu'elle ne s'envole dans une direction assez différente de celle du nid et je n'ai pas remarqué d'arrivée au nid dans les instants qui ont suivi.
La femelle et sa proie sur une corniche du 1227 Sherbrooke ouest
 
27 avril. À 12h33 le mâle arrive au balcon 3 avec une proie, la femelle en prend immédiatement possession et s'envole avec sur la tourelle du Château au coin des rues Sherbrooke et De la Montagne. Elle a quitté à 12h58, possiblement avec un restant et possiblement vers le nid (j'avais du m'éloigner beaucoup pour la voir sur la tourelle).  Encore là, la durée (25 minutes) rend plutôt improbable qu'il s'agissait de la préparation d'un repas pour des fauconneaux.

29 avril.  Lorsque j'arrive à 12h41 je trouve les 2 faucons ensemble au 3ième balcon. Un des faucons s'envole et va au nid. L'autre faucon se met à manger puis s'envole à 12h51 avec la proie, apparemment dérangé par les mouvements d'une grue, voir plus loin. Il s'agissait vraisemblablement d'une livraison de proie par le mâle, suivie d'un repas de la femelle. J'étais présent de 12h41 à 14h57.

1er mai. À 18h25mn06 un faucon arrive en vol au 3ième balcon. Il descend à 18h25mn21. 7 secondes plus tard un faucon (sans doute la femelle) resurgit et se met à manger. Elle s'envole à 18h31mn08. J'étais présent de 17h15 à 18h45.


4) Des intrusions

Le 3 mai j'obtiens la meilleure preuve de la présence d'un(e) intrus(e) en observant simultanément 3 faucons pèlerins alors que de fortes vocalises se faisaient entendre.  Dans ce qui suit, par souci de simplicité, je vais utiliser le féminin par défaut pour l'intrus(e) et je vais parler de mâle et de femelle pour le couple mais il est possible que je me trompe sur les genres. Tout a commencé à 16h13 par des interactions en vol entre le mâle et l'intruse. L'intruse s'est perchée un moment au sommet de l'édifice Standard Life. Il y a eu aussi un petit accrochage entre les 2, apparemment à l'initiative de l'intruse. À 16h14mn32 le mâle, qui semblait avoir perdu le contrôle, est allé se percher au balcon 2 de la façade du nid pendant que l'intruse tournait au-dessus de l'édifice. La femelle se trouvait alors sur le 3ième balcon. À 16h14mn54 le mâle est descendu au nid. La femelle s'est envolée vers le Château à 16h15mn08. L'intruse n'était alors plus visible et on n'entendait plus de cris. J'ai fait le tour du Château via l'avenue du Musée, l'avenue du docteur Penfield et la rue de la Montagne mais je n'ai plus rien vu ni entendu. Une partie de la scène est montrée dans cette vidéo.

La première mention d'un possible faucon intrus dans mes notes date du 28 avril. À 12h29 quand je débute ma surveillance vidéo des balcons, un faucon pèlerin est perché sur la structure grillagée un étage au-dessus du balcon 4. Il s'envole à 12h54 et se perche sur une des barres horizontales du balcon 2. À 13h09 je zoome sur le balcon 2, une décision qui possiblement m'empêchera de prouver la présence de 3 faucons. À 13h13 de fortes vocalises se font entendre et simultanément j’aperçois un faucon pèlerin survoler l'édifice du nid et disparaitre au-dessus de l'édifice Standard Life. Le faucon sur la barre qui tournait le dos à la scène se retourne et finit par s'envoler à 13h15. Un faucon revient au balcon 2 13 secondes plus tard et descend immédiatement au nid. La scène est montrée par cette vidéo. Logiquement un faucon devait se trouver au nid, en plus de celui sur la barre, au moins jusqu'à 13h09 car sinon il y aurait une absence au nid de plus de 40 minutes, une absence incompréhensible compte tenu que le faucon sur la barre était disponible. Le retour au nid n'a pas été suivi d'un départ capté par la caméra (fin de la surveillance à 13h25). La décision de zoomer sur le balcon 2 a eu 2 conséquences regrettables: d'abord elle laisse ouverte la possibilité d'un départ du faucon au nid par un des autres balcons entre 13h09 et 13h13 et que c'était ce faucon que j'ai vu en vol (scénario peu probable à mon avis); ensuite elle a probablement empêché que soit documenté un départ d'un des balcons après la détection de l'intrus(e) qui aurait pu prouver qu'il y avait bien 3 faucons.

Le 11 mars à 17h46 il y avait des vocalises inhabituellement fortes alors qu'un faucon était en vol.
 
Voir aussi cette publication Facebook du 8 mai.
 
 
Je mentionne ici, à défaut de trouver un meilleur endroit pour le faire, une autre sorte d'intrusion qui à mon avis a eu peu d'impact sur la nidification. Des travaux se déroulaient sur l'édifice voisin de l'édifice GLOBE qui ont nécessité le 11 mai (et peut-être d'autres jours) l'utilisation d'un camion-grue. Comme le montre cette vidéo, les manœuvres de cette grue ont provoqué l'envol d'un faucon du balcon 4 mais un faucon est revenu sur le balcon 2 peu après alors que la grue était encore présente. La grue n'était présente que pendant quelques heures, le temps de hisser des matériaux sur le toit de l'édifice voisin. Je n'ai pas entendu de cris d'alarme. Le 29 avril il y avait déjà eu utilisation d'une grue plus petite. La femelle qui mangeait à un des balcon a préféré continuer son repas au Château quand la grue a manœuvré mais là encore, pas de cris d'alarme et les faucons ont accédé au nid en présence de la grue.


5) Un changement dans la composition du couple ?

Après une intrusion comme celle du 3 mai, une question naturelle est si l'intrus(e) a réussi à prendre la place d'un des membres du couple. Plus précisément, comme j'avais l'impression qu'il s'agissait d'une intruse femelle, la question est si elle avait chassé la femelle nicheuse. Je n'ai pas de réponse définitive à cette question. Les observations faites les jours suivants ne sont pas incompatibles avec l'apprivoisement de 2 faucons étrangers puis la formation d'un nouveau couple, mais d'autres interprétations de ces observations sont possibles. L'argument le plus fort en faveur d'un changement d'un changement de femelle est possiblement l'apparente ponte réussie de nouveaux œufs (voir plus loin). Cet argument prendrait encore plus de poids si cette 2ième tentative produisait des fauconneaux.

Le 4 mai, après l'intrusion très nette du 3 mai, j'ai effectué une surveillance vidéo des balcons de 13h06 à 16h12 pour tenter de vérifier que la nidification suivait toujours son cours. À 13h06, peu après le début de la surveillance vidéo, je remarque un faucon pèlerin perché sur le balcon au coin des façades De la Montagne et Maisonneuve.  Je déplace la caméra pour le surveiller. Il disparait à 13h07, sans qu'il soit clair s'il s'est déplacé sur la façade Maisonneuve ou s'il s'est envolé dans cette direction (ce comportement sortait un peu de l'ordinaire). Malheureusement, en replaçant la caméra pour surveiller les balcons 2 à 4, une partie du balcon 4 se retrouve en dehors du champ de la caméra. À 13h08 un faucon arrive en vol au balcon 3, se déplace vers la gauche puis descend au balcon 2 où se trouve apparemment le nid. Des vocalises sont entendues à 13h33, 13h44 et 13h56 et un faucon est passé en vol au-dessus de l'édifice Standard Life à 14h02. À 14h14 un faucon apparait sur le bord du balcon 2 puis s'envole. La surveillance vidéo - qui couvre la totalité des 3 balcons 2,3 et 4 seulement à partir de 14h25 - ne montre aucun accès jusqu'à l'arrêt de la surveillance à 16h12. Le fait que la totalité du balcon 4 n'était pas surveillée par la caméra au moment de l'envol de 14h14 laisse ouvert la possibilité que l'autre faucon soit arrivé au nid par ce balcon à peu près à ce moment-là pour prendre le relai (l'absence de relai n'indiquerait cependant pas nécessairement l'absence d'un des membres du couple puisque les fauconneaux pourraient être suffisamment grands pour être laissés seuls quelques temps).

Le 6 mai à 17h37 un faucon pèlerin se pose au balcon 4. Entre 17h37 et 18h19 il descend à 4 reprises en bas du balcon 4, apparemment pour discuter avec l'autre faucon (vocalises audibles). À 18h19 il est de nouveau sur le bord du balcon 4 quand le 2ième faucon apparait à son tour sur le bord du balcon 2. Celui du balcon 4 s'envole à 18h20 en direction approximativement de SunLife, suivi de celui du balcon 2 à 18h28. Comme je n'ai pas effectué de surveillance vidéo, je ne peux pas garantir qu'il n'y a pas eu de retour. J'ai quitté à 18h52. Peu après 19h j'ai observé un faucon pèlerin en vol près de SunLife qui vocalisait et un 2ième oiseau s'est envolé de SunLife, probablement un autre faucon pèlerin.

Le 7 mai je fais une observation que j'ai interprété dans un premier temps comme une indication d'un possible apport de proie en bas d'un balcon, voir cette publication Facebook. À 16h29 la femelle apparait sur le mur du balcon 2 (le nid se trouve sur le sol du balcon) et attend pendant presque 3 heures. À 19h28 elle descend en bas, 15 secondes plus tard le mâle arrive au balcon 4. Je n’ai pas vu s’il avait une proie mais ce n'est pas impossible. Il est immédiatement descendu. Un faucon est réapparu au balcon 4 à 19h32. La vidéo suivante montre la scène.

Il y a ensuite eu plusieurs allers-retours d'un faucon (pas nécessairement le même) entre le mur du balcon 4 et le sol du balcon (non visible), avant qu'un faucon s'envole à 20h06. Au moment d'arrêter la surveillance vidéo à 20h09 (coucher du soleil = 20h10), un des faucons n'avait pas quitté les balcons. S'il y a eu un changement de femelle, la scène pourrait aussi correspondre à une rencontre de couple au (futur) nid.


 

6) Reprise des accouplements

6.1) 16 mai: 4 accouplements à SunLife

Le 16 mai j'observe 4 accouplements de faucon pèlerin sur l'édifice SunLife! J'ai repéré la femelle sur une corniche de l'édifice SunLife à 8h11. Le premier accouplement observé (accouplement #1) a eu lieu à 8h29 suivi d'un autre à 8h38 (accouplement #2). La femelle est restée immobile sur son perchoir jusqu'à 9h27, moment où elle a couru sur la corniche manifestement pour prendre possession d'une proie livrée par le mâle puisque je l'ai retrouvé en train de manger un petit peu plus loin. À 9h45, profitant que les 2 faucons étaient perchés et inactifs, j'ai décidé d'aller jeter un coup d’œil à l'édifice GLOBE: de 9h56 à 10h43 je n'y ai rien vu. À mon retour à l'édifice SunLife à 10h53 la femelle était perchée au même endroit. Deux accouplements ont suivi: un à 11h et l'autre à 11h09 (accouplements #3 et #4). L'accouplement #3 est montré par la vidéo ci-dessous: 

4 minutes après l'accouplement #4, la femelle s'est envolée en direction approximativement de l'édifice GLOBE, suivie par le mâle. Je suis évidemment allé à l'édifice GLOBE. Le premier coup d’œil sur la façade du nid à 11h24 n'a rien donné mais après avoir examiné les autres façades et être revenu devant celle du nid, j'ai repéré un faucon au balcon 2. Il y était toujours quand j'ai quitté à 12h25. Avant de rentrer chez moi je suis repassé dans le secteur de SunLife où j'ai trouvé un faucon pèlerin perché sur l'enseigne de la CIBC à 12h42. Voir aussi cette publication Facebook du 16 mai.

6.2) 23 mai: accouplement à l'édifice GLOBE

À 18h53 j'ai la surprise de découvrir un faucon pèlerin perché sur la grande cheminée du Château, quelque chose que je n'avais plus vu depuis le 24 avril (cette cheminée sert entre autres de point d'attente à la femelle pour les relais). À 19h48 le faucon y était toujours et j'ai commencé à envisager la possibilité qu'il y aurait un relai: j'ai donc commencé à filmer la façade du nid. À 19h51 la femelle arrive au balcon 3 en provenance du Château. À 20h02 le mâle apparait sur le mur du balcon 2 (il était donc sur ce balcon - et donc vraisemblablement au nid - depuis au moins 19h48), s'envole et se perche à côté de la femelle qui avait entrepris son déplacement vers le balcon 2. Elle s'arrête et l'accouplement a lieu. La femelle se rend ensuite directement au balcon 2. La scène est montrée par la vidéo suivante.
 
Cette observation est intéressante à plusieurs titres. D'abord elle semble confirmer que les accouplements observés une semaine plus tôt sur l'édifice SunLife étaient ceux du couple de l'édifice GLOBE. Ensuite, même dans le cas plutôt improbable où les accouplements de SunLife impliquaient un autre couple, l'accouplement à l'édifice GLOBE suggère fortement que la nidification à cet édifice a échoué. Et finalement le fait que le mâle se trouvait pendant près de 15 minutes au balcon 2 où se trouve le nid suggère fortement un relai entre les 2 faucons, et donc la présence d’œuf(s). Cette dernière implication est une surprise pour moi parce que je ne pensais pas que la femelle serait capable de pondre à nouveau si tard après la première ponte (chez les oiseaux les organes reproducteurs régressent après la ponte jusqu'au début de la saison suivante, pour des raisons évidentes d'économie de poids en vol). Une possibilité qu'on ne peut pas écarter a priori est qu'il y a eu un changement de femelle suite aux intrusions (voir plus haut), auquel cas cette tentative de nidification serait la première pour la nouvelle femelle. Voir aussi cette publication Facebook du 23 mai.
 

6.3) Quand la première nidification à l'édifice GLOBE a-t-elle échoué ? 

Je ne peux pas répondre à cette question mais je rapporterai ici quelques observations qui pourraient jeter un éclairage sur cette question. 
 
Commençons par remarquer que la constatation de l'échec de la nidification par le couple précède sans doute de peu la reprise des accouplements. Malheureusement on ignore quand exactement les faucons ont recommencé à s'accoupler, les accouplements observés à SunLife le 16 mai n'étant pas nécessairement les premiers. De plus cette remarque ne vaut que si la composition du couple n'a pas changé: s'il y a eu changement dans la composition du couple, il n'y a a priori aucun lien entre l'échec du 1er couple et les accouplements du 2ième couple.

Voici quelques observations à SunLife qui pourraient jeter un éclairage sur la question. L'édifice SunLife joue manifestement un rôle important pour ce couple et il n'est donc pas surprenant a priori d'y observer un individu. Il peut s'agir par exemple de l'individu qui n'est pas en charge de surveiller les œufs ou les fauconneaux. N'ayant pas surveillé cet endroit de façon régulière, je ne peux pas dire si les observations ci-dessous sortaient de l'ordinaire. 
 
Le 4 mai vers 16h30 j'entends un cri de faucon pèlerin près de SunLife puis je l’aperçois en vol (et possiblement par la suite perché sur l'édifice). Il y avait aussi plusieurs urubus en vol, ce qui pourrait expliquer son cri.  Le 6 mai j'observe un faucon pèlerin lors de mes passages à 11h30 et à 19h: dans les 2 cas le faucon vocalisait en vol puis s'est perché (le matin sur Sunlife, l'après-midi sur l'enseigne de CIBC; l'après-midi il y en avait probablement un 2ième). Le 7 mai un faucon pèlerin était perché sur l'enseigne de CIBC à 15h41.
Faucon pèlerin sur l'enseigne de la tour CIBC - 6 mai

Plus étonnant, le 10 mai, j'observe un faucon pèlerin attaquer à plusieurs reprises des urubus près de l'édifice SunLife. Détail intéressant: ces attaques semblaient silencieuses, en contraste avec ce qui est généralement observé quand les faucons pèlerins tentent de faire respecter une zone d'exclusion autour d'un nid. Les attaques étaient peut-être plutôt de l'ordre du défoulement ou du jeu. Dans une des situations, 2 urubus et le faucon décrivaient en planant le même cercle dans le ciel, avec le faucon et les urubus la plupart du temps diamétralement opposés. À certains moments, le faucon se mettait à battre des ailes, traversait le cercle et allait embêter un des urubus puis les oiseaux reprenaient leur position. La scène s'est répétée à au moins 2 reprises. Ces interactions avec les urubus étaient d'autant plus surprenantes qu'à plusieurs reprises des urubus ont pu passer relativement proche de l'édifice GLOBE sans être inquiétés.


mardi 21 mai 2024

Très probablement un nid de faucon pèlerin sur la tour de la Bourse malgré les travaux!

Depuis un peu plus de 2 semaines j'ai progressivement acquis la conviction que contre toute attente un couple de faucon pèlerin niche à nouveau sur la tour de la Bourse, malgré le retrait des boites de nidification et les travaux extérieurs actuellement en cours. De plus ce nid - qui n'est pas visible depuis le sol - contient très probablement des fauconneaux. La présence de ce nid - s'il est confirmé - pourrait possiblement avoir un impact sur les travaux en cours sur l'édifice, le faucon pèlerin bénéficiant toujours d'un statut de protection particulier au Québec (statut d'espèce vulnérable).  Un couple de faucon pèlerin a niché avec succès pendant de nombreuses années sur cet édifice en utilisant les boites de nidification (une simple caisse remplie de petits cailloux) mises à sa disposition. À ma connaissance, la dernière nidification réussie date de 2019, voir cet article pour un survol des nidifications de 2014 à 2019 et pour des informations sur ce qui s'est passé en 2020 et 2021. Les boites de nidification ont été retirées à l'automne 2021 en prévision de travaux extérieurs prévus sur l'édifice, de toute évidence ceux en cours actuellement (merci à Marilou Skelling d'Environnement Faucon pour l'information  sur le moment du retrait des boites de nidification).

Dernière heure: alors que j'écrivais cet article, 2 personnes travaillant à la tour de la Bourse ont publié des commentaires sur cette publication Facebook qui appuient la théorie de l'existence d'un nid avec présence de fauconneau. Merci à elles.

Cet article est organisé comme suit. Dans la première section je mentionne les observations suggérant une occupation quasi-permanente d'un secteur de la tour de la Bourse début mai, avec relais entre les 2 adultes. La 2ième section est consacrée à une période plus récente où les adultes sont davantage visibles (i.e., ne seraient plus constamment au nid présumé) mais où il y a arrivée de nourriture près du nid présumé. Dans la 3ième section je mentionne quelques autres aspects de la nidification: perchoirs de surveillance, défense territoriale. Finalement dans la dernière section j'aborde brièvement le possible conflit avec les travaux en cours.

Dans ce qui suit, par souci de concision j'omettrai l'adjectif ''présumé'' lorsque je parle du nid. L'existence du nid reste à confirmer hors de tout doute (par des biologistes ou des personnes autorisées). 


1. Localisation approximative du nid, présence quasi-permanente des faucons pèlerins avec relais

Localisation du nid

Le nid semble situé à peu près au même endroit que lorsque les faucons pèlerins nichaient sur l'édifice il y a quelques années, sur l'étage technique supérieur, sur la façade donnant sur la rue Saint-Jacques, voir la photo ci-dessous.
Localisation approximative du nid présumé

Terminologie: l'étage technique est divisé horizontalement en 3 parties que j'appelle tiers gauche, tiers milieu et tiers droit (le nid serait donc situé près de la jonction entre le tiers gauche et le tiers milieu). Chacun des 3 tiers de l'étage technique est divisé en intervalles par les cadres des fenêtres. Ces intervalles sont numérotés à partir de 1, par exemple ''2ième intervalle du tiers milieu''. Au niveau de l'étage technique j'appelle tiret la petite excroissance qui sépare 2 intervalles; ces tirets sont numérotés à partir de 1. L'extrémité d'un tiers n'est pas considérée comme un tiret, ainsi par exemple le 1er tiret du tiers milieu correspond à l'extrémité droite du 1er intervalle de ce tiers.

Comme indiqué dans cette publication Facebook le 1er mai j'avais observé en fin de journée un faucon pèlerin s'envoler du sommet de l'édifice de la Banque Royale en direction de la tour de la Bourse. S'il s'agissait de la femelle et qu'il y avait une nidification, il y avait des chances qu'elle se rendait à son nid puisque la femelle typiquement remplace le mâle au nid à ce moment de la journée pour assurer le quart de nuit. Convaincu que les faucons pèlerins ne pouvaient pas nicher sur la tour de la Bourse (retrait des boites de nidification, travaux, etc) j'ai pensé que le nid pourrait possiblement se trouver sur le toit de l'édifice EVO voisin. Mais le matin du 3 mai j'ai plutôt observé un faucon se rendre sur la tour de la Bourse à l'endroit identifié plus haut...
 

Surveillance vidéo du 3 mai

De 17h15 à 20h06 j'ai effectué depuis la rue Saint-Paul (située à environ 300 mètres de la tour de la Bourse d'après Google Maps) une surveillance vidéo de l'étage technique de la tour de la Bourse où serait situé le nid. L'enregistrement est typiquement interrompu puis redémarré toutes les 30 minutes environ pour éviter d'avoir des fichiers vidéo trop gros, ce qui résulte en de petits trous dans la surveillance d'une durée variant entre 2 et 7 secondes. Une plus longue interruption de 1mn13 a aussi été nécessaire pour changer la batterie. Les faucons pourraient théoriquement se déplacer sur l'étage technique sans être vus puis quitter l'édifice (ou y arriver) hors de vue de la caméra mais il n'y a aucune raison pour qu'ils se compliquent ainsi la vie. Les vidéos ont été examinées à vitesse x4 pour déterminer les arrivées ou départs. Ces précisions étant faites, la surveillance vidéo suggère une occupation permanente du secteur du nid pendant toute la durée de la surveillance. Voici les mouvements qui ont été observés:
  • À 17h59mn40 un oiseau devient visible sur le 1er tiret du tiers milieu puis disparait à 18h02mn32. Ce segment de la surveillance a démarré à17h45mn20 et s'est terminé à 18h14mn01 et aucun vol d'arrivée ou de départ n'a été enregistré, ce qui suggère que l'oiseau provient de l'étage.
  • À 19h47mn06 un oiseau arrive en vol et se perche dans le 8ième intervalle du tiers milieu. À 19h48mn05 il commence à se déplacer vers la gauche. À 19h48mn10 un 2ième individu devient visible au premier intervalle du tiers milieu et s'envole 4 secondes plus tard. À 19h48mn24 le 1er individu reprend sa marche vers la gauche et disparait à 19h48mn28 au niveau du 3ième intervalle. Voir la vidéo ci-dessous. Ce segment a commencé à 19h31mn07 et s'est terminé à 19h58mn34. 



Surveillance vidéo du 6 mai

J'ai effectué une autre surveillance vidéo le lundi 6 mai de 8h00mn25 à 11h16mn40, mais cette fois-ci depuis la rue Saint-Jacques un peu au sud de la tour. L'objectif était de vérifier si l'occupation quasi-permanente pouvait aussi être constatée quand les travailleurs étaient présents. Le même protocole que le 3 mai a été utilisé (en particulier segmentation des vidéos entrainant une interruption de quelques secondes de la surveillance). Voici les mouvements observés:
  • A 8h35mn58 un faucon pèlerin se perche en-dessous de la plateforme de chantier sur le coin Est de la tour; simultanément un faucon quitte le 1er intervalle du tiers milieu. À 8h38mn54 le faucon perché sur le mât s'envole puis à 8h39mn04 un faucon (probablement le même) arrive en vol et se perche dans le 5ième intervalle du tiers milieu. Cet individu disparait de vue à 8h39mn11. Voir la vidéo ci-dessous. Ce segment a commencé à 8h32mn18 et s'est terminé à 8h59mn55.
 

Surveillance vidéo du 10 mai

L'objectif de cette surveillance vidéo, effectuée depuis la rue Saint-Paul de 19h13mn25 à 20h11mn59, était de m'assurer que les faucons continuaient à être présents près du nid avant de partager sur Facebook mes observations des 3 et 6 mai. Cette surveillance vidéo a enregistré beaucoup de mouvements de 2 oiseaux, ce qui pourrait suggérer qu'une présence quasi-constante d'un adulte au nid n'était plus nécessaire.


2. Livraison de nourriture

Le 16 mai, après avoir observé le matin 4 accouplements de faucon pèlerin sur l'édifice SunLife situé à environ 700 mètres de la tour de la Bourse, j'ai décidé d'effectuer une autre surveillance vidéo de la tour de la Bourse depuis la rue Saint-Paul, de 18h36mn58 à 20h41mn25. Les faucons pèlerins continuaient à être présents près du nid - ce qui semblait exclure que c'était ce couple qui a été vu s'accouplant sur l'édifice SunLife - mais les faucons semblaient trop visibles pour qu'il y ait présence quasi-continuelle d'un adulte au nid. Dans un premier temps j'ai pensé que les biologistes avaient stoppé la nidification à cet endroit (comme cela a été fait au pont Laviolette récemment, voir par exemple cet article de Radio-Canada) en raison des travaux en cours. Puis j'ai réalisé que cela pouvait aussi signifier que le nid contenait maintenant des fauconneaux suffisamment âgés pour ne plus avoir besoin constamment de la présence d'un parent. Pour tester l'hypothèse de la présence de fauconneau il fallait que je documente l'arrivée de nourriture près du nid.

Après plusieurs tentatives infructueuses les 17 et 18 mai, c'est finalement le 19 mai vers 13h que j'ai réussi à documenter une livraison de nourriture en me postant à l'intersection des rues Notre-Dame et Gauvin. La proie a été apportée par le mâle au 2ième intervalle du tiers milieu, la femelle est aussitôt apparue au 1er intervalle et s'est emparée de la proie avant de disparaitre de vue.  À 13h12mn19 elle redevient visible et s'envole en emportant quelque chose avec elle, probablement les restants d'un repas. Sur place, pendant le présumé nourrissage j'ai perçu de faibles cris qui pourraient correspondre aux cris poussés par la femelle lors du nourrissage.

 

 

3. Autres indices de nidification

En plus de se rendre régulièrement au nid, les faucons pèlerins utilisent des perchoirs d'où ils peuvent surveiller les abords du nid ou pour attendre leur tour de garde au nid. Ces endroits incluent le sommet de l'édifice de la Banque Royale, le sommet du 622 Saint-Jacques et le mat de l’élévateur de chantier du coin Est.

J'ai également été témoin de comportements territoriaux: plusieurs alarmes apparemment provoquées par des passages d'urubus et au moins une série d'attaques contre ceux-ci, attaque d'un goéland passant trop proche du nid par un faucon pèlerin perché sur le mât du coin Est.

 

4. Les faucons pèlerins et les travaux

Lorsque j'étais présent, les travaux en hauteur sur la tour de la Bourse semblaient en apparence peu dérangeants pour les faucons pèlerins: les travailleurs se déplacent dans une cabine fermée jusqu'à la plateforme de travail située presque tout en haut de la tour; de plus cette plateforme de travail est largement fermée elle aussi. Il y a présentement une telle plateforme à 3 des 4 coins de l'édifice: les coins Nord, Est et Ouest. Un site web a été mis en place avec de nombreuses informations sur les travaux. 
 
Parmi les 3 coins de l'édifice où il y a des travaux, seul le coin Est appartient à la façade où se trouverait le nid. Lors de mes présences je n'ai pas eu l'occasion de voir de cabine monter le long du coin Est donc j'ignore quelle sera la réaction des faucons pèlerins mais je serais étonné s'ils ne réagissaient pas. La structure le long de la laquelle circulerait la cabine est par ailleurs utilisée par les adultes pour surveiller leur nid:
Faucon pèlerin surveillant de haut son nid, 17 mai

Les cabines qui circulent sur les coins Nord et Ouest ne devraient pas déranger significativement les faucons pèlerins mais ceux-ci les surveillent. Le 6 mai vers 7h45 un faucon pèlerin provenant possiblement du sommet de l'édifice de la Banque Royale a volé en direction d'une cabine qui était en train de descendre sur le coin Nord et s'est perché brièvement sur la structure en-dessous de la cabine, c'est-à-dire sur son chemin! 

Les années où les faucons pèlerins nichaient sur la tour de la Bourse, les fauconneaux exploraient d'autres façades de la tour que celle où ils sont nés, avant d'effectuer leur premier vol. On peut imaginer qu'ils apprendront par eux-mêmes ou de leurs parents à ne pas s'approcher des coins sur lesquels il y a des travaux, en particulier les coins Nord et Ouest.  Mais idéalement il serait souhaitable que les fauconneaux ne soient pas dérangés sur la façade où se trouve le nid lorsqu'ils commenceront à se promener et à exercer leurs ailes, de façon à éviter tout risque d'envol prématuré, source d'accident et de mortalité. Ceci pourrait se traduire par exemple par la mise sur pause des travaux sur le coin Est pendant une certaine période, le temps que les fauconneaux apprennent à voler, mais d'autres mesures pourraient être prises.




lundi 13 mai 2024

A propos des mouches Carnus et de leur infestation du nid de faucon pèlerin de l'Université de Montréal

Depuis 2020 le couple de faucon pèlerin qui niche à l'Université de Montréal est affecté par une infestation de mouches mangeuses de sang qui a couté la vie à 2 fauconneaux en plus de possiblement détériorer la santé d'au moins un 3ième fauconneau et qui a entrainé plusieurs interventions humaines au nichoir pour tenter de limiter les dégâts. La mouche en question a été identifiée comme appartenant au genre Carnus. Cet article apporte quelques éléments d'information sur cette mouche à l'aube d'un possible nouvel épisode.

Organisation de l'article. Je commence par donner dans la section 1 quelques informations en bref sur la mouche. Je rappelle ensuite les épisodes d'infestation du nid de faucon pèlerin de 2020 à 2023 à l'Université de Montréal et (peut-être) à l'Oratoire Saint-Joseph. La section 3 est consacrée à une justification des affirmations faites dans la section 1 et à d'autres informations plus pointues sur la mouche. Finalement dans la section 4 je propose deux explications possibles pour l'infestation de mouche à l'Université de Montréal et j'explique pourquoi ce pourrait être préférable de ne pas intervenir et de laisser faire la nature. 

Remerciements: mes remerciements vont d'abord à Eve Belisle pour ses réponses à mes nombreuses questions et pour ses importantes contributions, dans le cadre de Faucons de l'UdeM qu'elle a créé, aux nidifications du faucon pèlerin à l'Université de Montréal via la mise en place de nichoirs et le partage des images par un système de caméras. Merci également au docteur Guy Fitzgerald de l'UQROP, à Jo-Annie Gagnon du Nichoir et à Marilou Skelling d'Environnement Faucon pour leurs réponses à mes questions.


1. En bref

  • La mouche Carnus Hemapterus, principal représentante du genre Carnus et la plus étudiée, mesure jusqu'à 2 mms et se présente à l'âge adulte sous 2 formes: une forme ailée et une forme non-ailée.  Les ailes seraient perdues après que l'adulte ait trouvé des oisillons dont il peut se nourrir du sang. Les femelles pondent des œufs dans le nid. Les larves passent l'hiver dans le nid où ils se nourrissent de débris organiques. La transformation de la larve en mouche adulte coïncide avec la naissance des oisillons. Les mouches disparaissent lorsque les plumes commencent à apparaitre chez les oisillons.
  • Les mouches atteindraient un nid de différentes façons: en naissant sur place d’œufs pondus l'année précédente, en arrivant en vol depuis l'extérieur ou en voyageant sur des proies. Il ne semble pas que les mouches soient transportées par les parents..
  • Les excréments des mouches sur les œufs favorisent le développement de bactéries dont certaines peuvent pénétrer à l'intérieur de l’œuf et causer la mort de l'embryon .
  • Le Nichoir, qui prend soin des oiseaux sauvages malades ou orphelins dans la région de Montréal  en vue de les retourner dans la nature (à l'exception de 2 catégories d'oiseau: les oiseaux de proie qui sont gérés par l'UQROP, et les pigeons) est familier avec un parasite correspondant à la description de la mouche Carnus (qui ne semble cependant pas avoir été formellement identifié en tant que tel), tant sous sa forme ailée que non-ailée (cette dernière forme est appelée 'mite' par Le Nichoir). Ce parasite est trouvé sur des oisillons apportés au refuge lorsque le nid a été accidentellement détruit et sur de jeunes oiseaux apprenant à voler et recueillis au sol. Ce parasite est surtout vu sur des étourneaux (formes ailée et non-ailée) mais les mites sont aussi rencontrées chez les cardinaux, merles et quiscales (cette liste a été donnée de mémoire et n'est donc possiblement pas exhaustive; à noter que comme les pigeons ne sont pas admis au Nichoir, on ne sait pas si cette proie très appréciée des faucons pèlerins est affectée par ce parasite). Un grand merci à Jo-Annie Gagnon, coordonnatrice des soins aux oiseaux au Nichoir, pour avoir pris le temps de répondre à mes questions. 
  • D'après le docteur Guy Fitzgerald de l'UQROP la mouche qui a infesté les fauconneaux à l'Université de Montréal est du genre Carnus mais en date de juin 2020 il restait à confirmer qu'il s'agissait de l'espèce Carnus Hemapterus. Il semble que le cas de l'Université de Montréal était le premier où ce parasite a été observé par la Clinique des oiseaux de proie (d'après Eve Belisle qui a beaucoup échangé avec le docteur Fitzgerald à ce sujet). (La mouche Carnus est cependant connue pour infester des nids de faucon pèlerin sur la côte est des États-Unis, voir cet article de mon blogue pour plus de détails.)

 

2. Rappel des évènements à l'Université de Montréal: 2020-2023

2020

Eve n'étant pas baguée il y aura toujours un léger doute sur son identification - d'autant que son mâle Éole (né en 2011 sur la tour de l'Université de Montréal et bagué) a eu une relation avec au moins 2 femelles différentes - mais il semble que la relation Éole/Eve ait débuté en 2014 à l'incinérateur des Carrières, voir cet article du blogue d'Eve Belisle (le nom d'Eve choisi par Richard Dupuis pour la femelle d'Eole ne s'était pas encore imposé). À l'automne 2014 Eole remplace son père Roger à l'Université de Montréal et a dès lors 2 compagnes: Eve et sa mère Spirit. En 2015 Eve et Eole mènent 4 fauconneaux à l'envol à l'église Saint-Marc et en 2016 2 fauconneaux à l'incinérateur des Carrières. En 2017 Eve parvient à chasser Spirit de l'Université de Montréal et devient la seule femelle d'Éole. En 2018 le couple Eve/Eole amène pour la première fois 4 fauconneaux à l'envol à l'Université de Montréal. Puis 4 autres en 2019.
 
Eole est vu pour la dernière fois par une caméra de Faucons de l'UdeM le 5 avril 2020 vers 9h du matin. Le 6 avril au matin un nouveau mâle - baptisé Sphinx - accompagne Eve jusqu'au nichoir. Le 7 avril à 18h30 Eve pond son premier œuf, voir cet article pour plus de détails. Au total 3 œufs seulement seront pondus avec des écarts inhabituellement longs entre les différents œufs. Dans un premier temps Sphinx ne participe pas à la couvaison, ce qui résulte en plusieurs périodes de plus de 2 heures où les œufs ne sont pas couvés;  ce n'est que le 25 avril que Sphinx commence vraiment à couver, voir cet article pour plus de détails.

À la surprise de beaucoup, malgré ces importantes perturbations de la couvaison, les 3 œufs éclosent les 23 et 24 mai! La dernière éclosion est particulièrement longue et difficile (œuf partiellement écrasé, sang visible), voir cet article

Lors de leurs premiers repas les fauconneaux peinent à rester debout; de plus des tâches noires sont visibles sous leurs ailes. Dans l'après-midi du 27 mai des mouches sont aperçues (voir cette vidéo de Faucons de l'UdeM). En concertation avec la Clinique des oiseaux de proie, une intervention est programmée pour le lendemain matin mais il est trop tard pour le dernier-né, qui affaibli par sa difficile éclosion, est décédé durant la nuit ou tôt le matin. Le cadavre et les 2 survivants ont été amenés à la Clinique des oiseaux de proie par Eve Belisle. Les 2 fauconneaux encore vivants ont été traités à la Clinique puis replacés dans le nichoir l'après-midi du même jour. Un 2ième traitement a été administré aux fauconneaux sur la tour-même le lendemain. Voir cet article pour plus de détails.

Après avoir éte bagués le 16 juin et reçu par la même occasion un autre traitement contre les mouches, les 2 fauconneaux - 2 femelles baptisées Vanadis et Donna - ont effectué leurs premiers vols entre le 30 juin et le 9 juillet. Elles ont cessé d'être observés dans le voisinage du nid vers la mi-août - début septembre  (ce qui est tout à fait normal).

2021

En 2021 à la surprise générale le couple de faucon pèlerin choisit d'aller nicher dans un ancien nid de corbeau à l'Oratoire Saint-Joseph. Cela faisait quelques années que l'on voyait l'un ou l'autre des faucons dans l'un de ces nids de corbeau mais jusqu'à là le couple était toujours venu nicher sur la tour de l'Université de Montréal. Le 7 avril s'est produit une cassure brutale: les faucons ont brusquement cessé de fréquenter l'Université de Montréal et n'étaient plus que visibles à l'Oratoire Saint-Joseph où ils ont finalement niché. Dans cet article je passe en revue différents facteurs qui pourraient éclairer la décision du couple de déménager (un de ces facteurs est ce qui aurait pu être vu par le couple comme une prédation réussie par les humains sur un fauconneau qui était en réalité déjà mort mais ce n'était probablement pas le seul facteur).
 
Puisque ce nid n'était pas suivi par caméra on sait peu de chose sur cette nidification, sinon que 2 fauconneaux seulement ont atteint le stade où ils étaient visibles depuis le sol. On ignore en particulier combien d’œufs ont été pondus, combien ont éclos et ce qui est arrivé aux éventuels fauconneaux en surnombre. Un des 2 fauconneaux était un mâle (baptisé Jean en l'honneur de Me Jean Masson qui durant sa vie était fortement impliqué dans la protection des fauconneaux nés sur la tour de la Bourse) et l'autre une femelle (baptisée Jacinthe). Seul le mâle a pu être bagué, en profitant qu'il s'est retrouvé au sol à l'occasion de son premier vol.
 
Fait remarquable: Jean s'est fracturé par 2 fois une aile! Il a été trouvé au sol blessé une première fois à Montréal pas très loin du nid le 29 juillet puis près d'Utica dans l'état de New-York le 8 novembre, voir cet article. Il a à chaque fois été soigné puis relâché.

Il n'est pas clair si les mouches ont perturbé la nidification cette année-là mais on peut remarquer 2 choses potentiellement suspectes dans cette nidification:
  • Faible nombre de fauconneaux. Ce nombre contraste avec la production d'Eve lors des 3 années précédentes: 4 fauconneaux en 2018 et en 2019, 3 fauconneaux en 2020 (seulement 3 œufs avaient été pondus cette année-là, possiblement à cause du changement de mâle qui a coincidé avec le début de la ponte; un des fauconneaux est mort peu de temps après sa naissance). Ce faible nombre pourrait être attribuable à une autre cause que les mouches, par exemple à une difficulté d'adaptation au nouveau type de nid (mais Eve avait eu 4 fauconneaux lorsqu'elle avait niché dans un endroit assez similaire à l'église Saint-Marc en 2015) ou à de la prédation. Mais on ne peut pas exclure que ce faible nombre soit attribuable à un ou plusieurs  décès causés par les mouches comme en 2020 et en 2023.
  • Le double accident de Jean. La première année est difficile pour les jeunes faucons pèlerins et une proportion non négligeable n'y survit pas.  Les juvéniles peuvent être victime d'accidents, être tué par un autre oiseau de proie, mourir de maladie ou tout simplement mourir de faim faute d'avoir su développer une bonne technique de chasse.  Les chances de retrouver un faucon pèlerin blessé ou décédé sont a priori faibles compte tenu qu'il peut se retrouver à un endroit peu fréquenté (comme par exemple un toit) et/ou être rapidement mangé par un autre animal. Les 2 accidents de Jean pourraient s'expliquer par le destin normal des jeunes fauconneaux, doublé de la chance d'avoir été par 2 fois trouvé par un bon Samaritain. Mais on ne peut pas totalement exclure que Jean souffrait d'une fragilité quelconque (d'ordre neurologique ?) qui aurait pu résulter de l'exposition à des mouches ou aux bactéries qui les accompagnent et qui l'aurait rendu plus susceptible d'être victime d'un accident.
D'après Eve Belisle, au moment du baguage de Jean, les mouches n'ont pas été spécifiquement recherchées mais l'examen de routine n'a rien révélé d'anormal.

2022

Le 21 mars 2022 Sphinx est remplacé par un nouveau mâle après une courte bataille dans le nichoir 1.  Ce nouveau mâle est baptisé Miro, voir cet article de blogue pour plus de détails.

Du 16 au 23 avril 2022 Eve pond 4 œufs dans le nichoir 1. Entre le 25 et le 27 mai 3 des 4 œufs éclosent. Le baguage (et la mesure du poids qui vient avec) effectués le 17 juin révèlent que les fauconneaux sont 2 femelles et un mâle, nommés Véga, Mira et Sirius. Quelques mouches ont été trouvées sur les fauconneaux à cette occasion mais l'infestation était beaucoup plus modérée qu'en 2020 et en 2023, en particulier il n'y a eu ni décès ni nécessité de traiter les fauconneaux.
 
Les fauconneaux effectuent leurs premiers vols à partir du 3 juillet et sont tous capables de remonter sur la tour le 9 juillet, voir cet article pour plus de détails.  Malheureusement le 20 août Faucons de l'UdeM annonçait que le corps de Mira avait été trouvée sans vie au fond de la grande cheminée de l'École Polytechnique, voir aussi cet article.


2023 

Le 22 octobre 2022, Miro est remplacé par un nouveau mâle, baptisé Monsieur ou tout simplement M. Le 16 avril 2023 Eve pond le premier de 4 œufs dans le nichoir 2. C'est la première fois qu'une nidification a lieu dans ce nichoir.

Sur les 4 œufs pondus, seulement 2 éclosent, le 28 mai. C'est la première fois qu'autant d’œufs n'éclosent pas à l'Université de Montréal dans des circonstances en apparence normales (en particulier il n'y a apparemment pas eu d'interruption significative de la couvaison). Lorsque examinés par mirage à la Clinique des oiseaux de proie, les 2 œufs non éclos ne montraient aucun développement embryonnaire.  

Le 31 mai un des fauconneaux décède. Les mouches Carnus sont identifiées comme la cause probable du décès dans cette publication Facebook de Faucons de l'UdeM, qui indique en outre que le 2ième fauconneau semble aussi atteint: difficulté à se tenir debout, taches noires sous les ailes.

Le 2 juin, une intervention est effectuée par Faucons de l'UdeM pour débarrasser le fauconneau survivant de ses mouches et le nourrir. Le fauconneau reprend du mieux suite à cette intervention.
 
Le 17 juin Faucons de l'UdeM annonce sur Facebook que le fauconneau souffre d'une anomalie de la croissance des ailes. Possiblement en raison de cette anomalie, le fauconneau perd la vie le 4 juillet lors d'une chute d'une vingtaine d'étages.

Pour plus de détails sur cette nidification 2023, voir cet article de blogue.



3. Plus sur Carnus Hemapterus

La fin de cette section contient une courte liste de publications qui sont référencées dans les sous-sections suivantes.

Généralités

D'après Wikipédia [6] le genre Carnus est composé de 5 espèces de mouches, toutes des parasites d'oiseau.  L'espèce Carnus Hemapterus est la seule du genre Carnus à être largement répandue en Europe et dans les régions froides et tempérées d'Asie et d'Amérique du Nord d'après Wikipédia [7]. Carnus Hemapterus est aussi la plus étudiée. Le premier point de la section 1 de cet article provient en grande partie de Wikipédia [7].  Le fait que la mouche perd typiquement ses ailes après avoir trouvé un hôte est mentionné par Valera et al.  [3].  
 
Une photo en gros plan d'une mouche Carnus prélevée sur un fauconneau en 2020 a été publiée par le Dr. Fitzgerald en commentaire de cette publication Facebook de Faucons de l'UdeM (rappelons que cette mouche mesure autour de 1,5mm). 

Quelle est la durée de vie d'une mouche ?

Veiga et al. [9] ont déterminé que la durée de vie moyenne d'une mouche Carnus Hemapterus (depuis le moment où la larve s'est transformée en mouche) est d'environ 55 heures, mais c'était en l'absence de leur nourriture préférée, c'est-à-dire d'oisillon gorgée de sang. On peut imaginer plus généralement que les mouches décèdent lorsque leur nourriture devient inaccessible, c'est-à-dire lorsque les oisillons acquièrent leur plumage. En effet, comme les mouches ont perdu leurs ailes, elles peuvent difficilement chercher une autre source d'alimentation, et de toute façon les oisillons ne sont présents qu'à certains mois de l'année. Par contre si on considère l'ensemble du cycle de vie de la mouche, elle pourrait survivre sous forme de larve pendant plusieurs années si le nid d'oiseau n'est pas utilisé. 

Comment les mouches colonisent-elles un nid ?

Une partie des mouches trouvées dans un nid d'oiseau est constituée de celles qui y sont nées. Mais pour cela il fallait qu'il y ait des mouches l'année précédente pour pondre les œufs. Pour coloniser un nouveau nid, les mouches arriveraient soit sur des proies, soit en volant. Poulin [2] écrit ''Les immigrants trouvent les sites de reproduction de leur hôte en volant ou en étant transportés sur les proies, mais probablement pas en s'accrochant aux chouettes adultes, car ces mouches n'ont toujours été trouvées que sur des oisillons [3 références omises]'' (d'après Tomas et al [8], au moins chez certaines espèces d'oiseau, Carnus Hemapterus se nourrirait aussi sur l'oiseau couveur; mais l'adulte serait alors plus une victime collatérale de l'infestation que sa cause). Incidemment la réponse du Nichoir semble confirmer que ces mouches ne s’intéressent qu'aux oisillons ou aux jeunes oiseaux qui viennent de quitter le nid. Dans sa recherche, Poulin [2] a constaté que le nombre de mouches ailées restait constant durant la nidification des chouettes, malgré qu'une partie de ces mouches perdent leurs ailes, ce qui indique que la population ailée est continuellement alimentée soit par des larves nées sur place et qui se métamorphosent en mouche, soit par l'arrivage par la voie des airs de mouches venues de l'extérieur.

La gravité d'une infestation déterminée par la génétique des parents oiseaux ?

Tout comme certains humains se font plus piquer que d'autres par les maringouins, les individus oiseau ne seraient pas égaux face aux mouches Carnus. Une intrigante étude par Roulin et al. [1] suggère que chez l'effraie des clochers, le nombre de mouches trouvées sur les oisillons (et donc l'intensité de l'infestation) varie en fonction de si le nichoir était utilisé ou pas l'année précédente mais aussi en fonction de la proportion de noir sur le plumage de la femelle! (le plumage de l'effraie des clochers varie de blanc immaculé à fortement taché de noir; de plus la femelle est la seule à couver les œufs et les oisillons). Plus la femelle est tachetée, moins il y a de mouches sur les oisillons et moins ces mouches sont fécondes. Selon les auteurs qui s'appuient sur des études similaires, les ornements des oiseaux (dans ce cas-ci, la proportion de tâches noires dans le plumage de la femelle) fourniraient aux partenaires potentiels des informations sur la santé d'un individu (dans ce cas-ci la résistance aux parasites) et les aideraient à décider s'ils veulent former ou non un couple avec cet individu. De plus il a été montré que ces traits sont héritables génétiquement parlant.
 

Un produit anti-mouches sécrété par les plumes de certains oiseaux ?

Pour expliquer que certaines chouettes ont un nombre plus réduit de mouches sur leurs oisillons, il a été spéculé que les plumes de certains individus contiendraient une substance toxique pour les mouches. Dans [2] Poulin écrit ''Un test simple de cette hypothèse serait de mesurer las survie et le succès de reproduction des mouches en présence et absence de plumes, car il a été proposé que celles-ci contiennent des substances toxiques pour les ectoparasites (Winkler, 1993)''. L'article cité (Winkler [5]) étudie l'hirondelle bicolore qui a la particularité d'inclure dans son nid des plumes d'autres oiseaux. Winkler.a constaté que dans les nids où ces plumes étaient retirées, les oisillons avait une croissance moins rapide et étaient davantage infestées par des parasites. S'il est vrai que les plumes de certains oiseaux contiennent une substance toxique pour les mouches, on peut imaginer que la production ou non de cette substance (ou son intensité) est déterminée par la génétique de l'oiseau.
 

Effet indirect des mouches sur le développement embryonnaire

Les mouches Carnus Hemapterus pourraient avoir un effet indirect nuisible aux fauconneaux avant même leur naissance. En effet des études citées par Wikipédia [7] (l'une d'elles est Tomas et al. [8]) ont montré que les excréments des mouches sur les œufs favorisent le développement de bactéries, qui à cause de la porosité de l’œuf peuvent pénétrer à l'intérieur et s'attaquer à l'embryon.

Références

Carnus Hemapterus fait l'objet de nombreux articles scientifiques. Pour donner une idée de leur nombre, une recherche effectuée le 4 mai 2024 dans Google Scholar avec le mot-clé ''Carnus Hemapterus'' a donné 549 résultats: il n'était évidemment pas question pour moi de tout lire! Voici quelques articles que j'ai soit lu, soit simplement parcouru le résumé. Les références sont données sans ordre particulier.
  • [1] A. Roulin, C. Riols, C. Dijkstra et A.-L. Ducrest: ''Female plumage spottiness signals parasite resistance in the barn owl (Tyto alba)'', Behavioral Ecology vol. 12 No. 1: 105-119 (2001)
  • [2] A. Roulin: ''Cycle de reproduction et abondance du diptère Carnus Hemapterus dans les nichées de chouettes effraies Tyto alba'', Alauda, revue internationale d'Ornithologie vol. 66 (4) 265-272 (1998). Fichier .pdf disponible sur le site ''The diptera Site'' à ce lien.
  • [3] F. Valera, A. Cassa-Crivillé and H. Hoi: ''Interspecific parasite exchange in a mixed colony of birds'', The Journal of Parasitology' vol. 89 (2) 245-250 (2003)
  • [4] Danks HV. ''LONG LIFE CYCLES IN INSECTS'', The Canadian Entomologist. 1992;124(1):167-187. doi:10.4039/Ent124167-1 
  • [5] D. W. Winkler: ''Use and importance of feathers as nest lining in Tree Swallows (Tachycineta bicolor)'', The Auk vol. 110 (1): 29-36 (1993)
  • [6] Wikipédia: ''Carnus (fly)''. Lien (en anglais, cet article n'est pas disponible en français)
  • [7] Wikipedia: ''Carnus Hemapterus''. Lien (en anglais, cet article n'est pas disponible en français).
  • [8] G. Tomas, D. Martin-Galvez, C. Ruiz-Castellano, M. Ruiz-Rodriguez, J.M. Peralta-Sanchez, M. Martin-Vivaldi, j.j. Soler: ''Ectoparasite activity during incubation increases microbial growth on avian eggs'', Microbial ecology vol. 76 p. 555-564 (2018)
  • [9] J. Veiga, E. Moreno, J. Benzal et F. Valera: ''Off-host longevity of the winged dispersal stage of Carnus Hemapterus (insecta: diptera) modulated by gender, body size and food provisioning'', Parasitology vol 146 p. 241-245 (2018).
     


4. Discussions

4.1. Première théorie pour la cause de l'infestation à l'Université de Montréal: un ou les 2 adultes ont une mauvaise résistance génétique face cette mouche

Cette théorie est basée sur l'observation que l'intensité de l'infestation et la fécondité des mouches semblent dépendre de la génétique de la femelle chez l'effraie des clochers. Je suppose ici que quelque chose de similaire se passe chez le faucon pèlerin. Pour simplifier, je suppose de plus que le mécanisme à l’œuvre est la présence d'une substance toxique pour les mouches dans les plumes (c'est une hypothèse qui est envisagée mais qui n'est pas prouvée), la production de cette toxine dépendant de la génétique. La toxine ne tuerait pas nécessairement les mouches mais les rendrait moins efficaces et nuirait à leur reproduction.

Contrairement à l'effraie des clochers, chez le faucon pèlerin le mâle et la femelle couvent tous les deux les œufs et les oisillons. Si les 2 parents secrètent la toxine, l'effet protecteur contre les mouches sera maximal et on peut imaginer que toutes les mouches seront neutralisées car constamment en contact avec la toxine. Si un seul parent sécrète la toxine, les mouches pourraient reprendre du mieux lorsque l'autre parent - celui qui ne sécrète pas la toxine - prend place dans le nid: dans ce cas il pourrait soit y avoir aucun effet des mouches sur les fauconneaux, soit un effet modéré. Si aucun des adultes ne sécrète la toxine, les mouches ont le champ libre et les effets négatifs sur les oisillons seront maximaux. Je vais essayer d'argumenter que les 2 membres du couple actuel pourraient ne pas sécréter la toxine. Pour cela, examinons les différents faucons pèlerins adultes impliqués:

Eve

C'est la femelle du couple actuel. Rien n'indique qu'il y a eu un problème de mouche dans ses nidifications jusqu'à l'arrivée de Sphinx en 2020. En 2018 et 2019, Eve a niché sur la tour de l'Université de Montréal sous l’œil des caméras et ses juvéniles ont été examinés lors de leur baguage sans qu'aucune anomalie ne soit constatée. En 2015 (sous la réserve habituelle qu'il n'y a pas eu d'erreur d'identification) elle a amené à l'envol 4 fauconneaux à l'église Saint-Marc. De 2015 à 2019, son mâle était Eole, fils de Spirit (il est intéressant de noter que les nidifications de Spirit ne semblent pas non plus avoir été impactées par les mouches). Se pourrait-il que ce soit Éole qui ait protégé les fauconneaux d'Eve contre les mouches ?
 

Sphinx et M

Les 2 infestations sévères de 2020 et 2023 ont eu lieu sous le règne des mâles Sphinx et M respectivement. Il est intéressant de noter qu'avant l'infestation de 2023, Eve Belisle était d'avis que M était Sphinx; cependant comme il n'y avait pas consensus au sein de l'équipe, un nouveau nom a été donné au mâle. Que M et Sphinx soient ou non 2 individus distincts ne change finalement pas grand chose: les 2 mâles pourraient ne pas produire la toxine.
 

Miro

C'était le mâle du couple en 2022. Lors du baguage des fauconneaux, des mouches ont été trouvées sous leurs ailes mais l'infestation était beaucoup moins sévère qu'en 2020 et 2023, en particulier aucune intervention au nichoir n'a été nécessaire.
 
 
Il parait donc possible que Eve, Sphinx et M ne secrètent pas de toxine contre ces mouches, contrairement à Eole et à Miro. Si cette théorie est correcte, on peut espérer une amélioration de la situation lors du prochain changement dans la composition du couple, que ce changement concerne le mâle ou la femelle. Pour simplifier j'ai raisonné en termes de toxine générée par les plumes mais ce raisonnement peut s'étendre à d'autres mécanismes anti-parasitaires.


4.2. Deuxième théorie pour la cause de l'infestation à l'Université de Montréal: infestation des nombreux nids d'étourneaux près des nichoirs de faucon pèlerin

Selon cette théorie, les mouches Carnus auraient commencé par infester les nombreux nids d'étourneaux du pavillon Roger Gaudry non loin du nichoir puis les mouches auraient ''découvert'' le nid de faucon pèlerin (il n'est pas clair comment cette information se transmettrait d'une année à l'autre mais si les mouches sont présentes en grand nombre il est inévitable que certaines découvrent les fauconneaux; il est possible aussi que le nettoyage des nichoirs à l'automne ne parvienne pas à tuer tous les œufs/larves de mouches). Cette théorie s'appuie sur le fait que d'après la littérature scientifique les nids d'étourneaux semblent être particulièrement infestés par ces mouches, une information que semblent confirmer les données du Nichoir. Si cette théorie est correcte, la mauvaise nouvelle est que ces mouches sont probablement là pour rester, du moins tant qu'il n'y a pas de travaux d'envergure pour refaire les façades dans ce secteur (une lueur d'espoir est que l'Université de Montréal semble actuellement engagée dans de tels travaux dans d'autres secteurs du campus). 
 
Un point faible de cette théorie est que si le nombre réduit de fauconneaux à l'envol à l'Oratoire Saint-Joseph a été causé par les mouches, cette théorie n'explique pas leur présence là-bas. Il faudrait aussi accepter la coïncidence entre le remplacement d'Éole par Sphinx et la découverte du nid de faucon pèlerin par les mouches (à moins que les mouches aient ''senti'' le sang du fauconneau qui a eu de la difficulté à éclore ?)


4.3. Quelques arguments en faveur d'une non-intervention

Les fauconneaux qui naissent sur la tour de l'Université de Montréal ont la particularité de se retrouver dans un grand nombre de foyers via les écrans, ce qui crée envers eux un attachement bien compréhensible.  Mais il n'en reste pas moins que ce sont des animaux sauvages. Et si au Québec on peut être puni pour des mauvais soins à un animal de compagnie, pour les animaux sauvages  la loi sur la conservation et la mise en valeur de la faune stipule que ''Nul ne peut déranger, détruire ou endommager le barrage du castor ou les œufs, le nid ou la tanière d’un animal'' (c'est moi qui souligne). Des exceptions sont prévues par la loi mais à ma connaissance aucune ne permet à un particulier d'intervenir sur un nid sous prétexte qu'il s’inquiète pour ses occupants: une autorisation du Ministère est nécessaire. Le cas du nid de faucon pèlerin de l'Université de Montréal est un peu spécial puisqu'il semble que les interventions - toujours effectuées en consultation avec des experts - soient tolérées par le Ministère. Je pense néanmoins que c'est une situation où il faudrait laisser faire la nature et je présente quelques arguments en ce sens.   
  • Une intervention sans l'autorisation explicite du ministère, qui plus est à un nid aussi médiatisé que celui de l'Université de Montréal, transmet le message erroné que n'importe qui peut intervenir sur un nid à partir du moment où il a des inquiétudes sur la santé de ses occupants. Cela peut mettre d'autres nids - et pas seulement de faucon pèlerin - à risque de dérangement par des personnes pensant bien faire.
  • Une intervention ne garantira pas nécessairement la bonne santé des fauconneaux comme l'a montré tristement ce qui s'est passé en 2023. Les fauconneaux pourraient déjà avoir des dommages résultant de l'anémie provoquée par les mouches au moment où l'intervention est effectuée. Une solution pourrait être une intervention préventive avant que les symptômes soient constatés mais une telle intervention a davantage de chance de nécessiter une autorisation explicite du ministère; ne pas oublier non plus que les bactéries favorisées par les déjections des mouches pourraient avoir affecté les fauconneaux alors qu'ils étaient encore dans leur œuf.
  • Un fauconneau qui survivrait grâce à l'intervention humaine pourrait avoir hérité du bagage génétique favorisant ces mouches (surtout si ses 2 parents ont le ''mauvais'' gène), ce qui pourrait condamner ses petits à lui s'il forme un couple. Autrement dit, on ne peut pas exclure que le drame qui se joue dans le nichoir est un mécanisme de sélection naturelle destiné à renforcer la protection de la population de faucon pèlerin face à ce parasite en limitant la descendance d'individus mal armés génétiquement pour lutter contre lui.
  • Les parents faucon pèlerin ne semblent pas totalement dépourvus face à ces mouches. Par exemple dans cette vidéo publiée par Faucons de l'UdeM on voit le mâle donner de petits coups de bec sur le corps d'un fauconneau nouveau-né, il n'est donc pas inconcevable que les adultes puissent retirer eux-même des mouches. Encore faut-il qu'ils réalisent que les mouches sont le problème. Or à l'Université de Montréal jusqu'à présent, à chaque fois qu'il y a eu décès d'un fauconneau à cause des mouches, des êtres près de 1000 fois plus grand que les mouches ont fait irruption au nichoir: on pourrait comprendre que les faucons pèlerins aient du mal à réaliser que ceux sont les petites mouches qui sont le problème! Il est malheureusement possible qu'une ou plusieurs saisons sans aucun fauconneau survivant soient nécessaires. Ces échecs pourraient possiblement aussi entrainer la dissolution du couple puis la formation d'un nouveau couple, ce qui pourrait être une autre façon de régler le problème si la théorie 1 est correcte.
  • Les faucons pèlerins attrapent occasionnellement des insectes, même si on peut penser qu'ils les préfèrent en vol et de taille plus grosse que la mouche Carnus. 
  • L'irruption au nid d'humain dans la phase la plus critique de la nidification, celle où il y a des fauconneaux sans défense, pourrait potentiellement avoir pour effet d'inciter le couple de faucon pèlerin à chercher un endroit plus sécuritaire où nicher. En allant nicher à l'Oratoire Saint-Joseph en 2021, Eve a démontré qu'elle avait cette capacité à trouver un endroit alternatif. (Il est parfois question d'alternance entre des sites de nidification mais cette alternance se manifeste à mon avis surtout pour les sites naturels où le nid est attaquable par des prédateurs terrestres. Si le couple de faucon pèlerin trouve un endroit sécuritaire où nicher, je ne vois pas de raison pourquoi il ne l'utiliserait pas à nouveau les années suivantes et c'est d'ailleurs ce qui s'est passé pour la tour de l'Université de Montréal jusqu'en 2020). Si Eve décidait de nicher ailleurs qu'à l'Université de Montréal, il est possible que l'on perde pour longtemps la capacité à suivre par caméra leur nidification (rappelons que les faucons pèlerins ne sont pas revenus nicher à l'Université de Montréal par choix en 2022 mais parce que des travaux se déroulaient sur la façade de l'Oratoire Saint-Joseph où ils avaient niché en 2021).

 

4.4. Divers

  • L'apport d'une proie dans le nichoir par un adulte (généralement un mâle) pourrait aussi potentiellement contribuer au problème. Le 26 avril 2020 Sphinx a par exemple trainé une proie sur les œufs comme s'il voulait les nourrir (source: vidéo Youtube de Faucons de l'UdeM partagée sur la page Facebook de Faucons de l'UdeM). Je me souviens avoir lu sur le clavardage de la caméra de Faucons de l'UdeM plus tôt cette année une phrase qui suggère que M aurait aussi amené une proie dans le nichoir, quoique avant la ponte des œufs. J'ignore comment se comportaient Miro et Éole à ce propos (Eole avait amené une proie dans le nichoir le 26 avril 2017 au moment où il y avait déjà des œufs mais c'était dans le contexte très particulier où ses 2 femelles se battaient dans le nichoir; on ne peut pas totalement exclure que l'apport de proie était relié à cet évènement exceptionnel). Je ne pense pas cependant que l'apport de proie dans le nichoir ait un effet très important sur la population de mouches: il faudrait déjà que la proie soit un juvénile et qu'elle soit infestée de mouches (non ailées puisque les mouches ailées pourraient de toute façon facilement se déplacer depuis la corniche où les proies sont mangées); de plus rappelons que seuls les adultes se nourrissent du sang des oisillons et qu'un œuf de mouche met 1 an à donner une mouche adulte: il ne peut donc pas y avoir d'explosion du nombre de mouches suite à l'apport de quelques unes sur une proie. Par contre l'apport d'une proie dans le nichoir avant la naissance des oisillons pourrait y amener des bactéries et autres pathogènes qui eux pourraient se multiplier rapidement et ultimement aggraver les effets de l'infestation de mouches.
  • Une question sans réponse est si la non-éclosion de 2 œufs en 2023 pourrait s'expliquer par une mort embryonnaire possiblement causée par des bactéries favorisées par la présence des mouches. Le 5 juin 2023, Faucons de l'UdeM a écrit sur Facebook: ''Les œufs non-éclos récoltés au nid étaient clairs: pas de développement embryonnaire''. L'examen est typiquement fait par mirage, c'est-à-dire en examinant les œufs par transparence sous une forte lumière, mais ce type d'examen n'est probablement pas capable de détecter un développement embryonnaire qui a été interrompu à un stade précoce.